Tirer parti de Max Weber. Une conférence de Michael Löwy

Nous publions ici les vidéos de la conférence de Michael Löwy, organisée au Lieu-dit par la Société Louise Michel le 24 septembre 2013. Il y revient sur son dernier ouvrage, consacré à Max Weber et intitulé La cage d’acier. Max Weber et le marxisme wébérien

 

La conférence

Le débat

 

Hostile au socialisme, le sociologue allemand Max Weber (1864-1920), auteur du célèbre L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, est souvent présenté comme l’antithèse de Marx, proposant une version idéaliste de l’histoire de la constitution du capitalisme. C’est pourtant un critique lucide de la dynamique capitaliste, inventeur de la percutante formule « cage d’acier » pour dire son emprise sur l’humanité. À la suite d’auteurs comme Lukacs, Merleau-Ponty, Benjamin ou Gramsci, Michael Löwy considère que s’impose l’examen des analyses de Weber pour mieux comprendre le monde, et en particulier le rôle des religions. C’est ce qu’il expliquera lors de cette soirée autour de son dernier livre.

Résumé de l’ouvrage

On oppose volontiers Max Weber à Karl Marx. Certes, le grand sociologue allemand était un libéral, hostile au communisme. Mais c’était aussi, nous rappelle Michael Löwy, textes à l’appui, un analyste très critique du capitalisme et de sa course effrénée au profit qui enferme l’humanité moderne dans un système implacable. Relisant la célèbre étude sur les « affinités électives » entre l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Michael Löwy prolonge l’analyse. Il explore ainsi les « affinités négatives » entre l’éthique catholique et l’esprit du capitalisme et en retrouve la trace dans divers courants catholiques de gauche en Europe comme dans la théologie de la libération en Amérique latine aujourd’hui. Il suit également les autres filiations anticapitalistes du sociologue de Heidelberg. D’une part celle du marxisme wébérien qui va de Georg Lukàcs à Maurice Merleau-Ponty, en passant par les premiers théoriciens de l’École de Francfort. D’autre part, celle d’un courant socialiste/romantique, essentiellement promu par des auteurs juifs allemands de la République de Weimar, tels Ernst Bloch ou Walter Benjamin. Cette postérité, Michaël Löwy, qui est à la fois un wébérien érudit et un marxiste engagé, l’incarne à sa manière. Et il entend montrer combien le courant critique du marxisme wébérien reste d’actualité alors que la toute-puissance des marchés emprisonne, plus que jamais, les peuples dans la cage d’acier du calcul égoïste.

Publié en 29 langues, Michael Löwy, directeur de recherche émérite au CNRS et enseignant à l’École des hautes études en sciences sociales, est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont Rédemption et Utopie. Le Judaïsme libertaire en Europe centrale (1985), Révolte et Mélancolie. Le romantisme à contre-courant de la modernité (avec R. Sayre, 1992), Walter Benjamin. Avertissement d’incendie (2001) ou encore Franz Kafka, rêveur insoumis (2004). La Cage d’acier (2013) vient après Max Weber et les paradoxes de la modernité, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Débats philosophiques », 2012.

 

Photographie: David Alan Harvey

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