À lire : un extrait de Les enfants des jours d’Eduardo Galeano

Les enfants des jours. Un calendrier de l’histoire humaine, Lux éditeur, novembre 2015, traduit de l’espagnol (Uruguay) par Jean-Marie Saint-Lu, 22 euros.

 

2 janvier

Du feu au feu

Ce jour de 1492 fut celui de la chute de Grenade, et avec elle celle de l’Espagne musulmane.

Victoire de la Sainte Inquisition : Grenade avait été le dernier royaume espagnol où les mosquées, les églises et les synagogues étaient en bon voisinage.

La même année débuta la conquête de l’Amérique, quand l’Amérique était un mystère sans nom encore.

Et au cours des années suivantes, sur des bûchers distants, le même feu brûla les livres musulmans, les livres hébreux et les livres indigènes.

C’était au feu qu’étaient voués les mots nés en Enfer.

 

3 janvier

La mémoire errante

Le troisième jour de l’an 47 avant Jésus-Christ, un incendie ravagea la plus célèbre bibliothèque de l’Antiquité.

Les légions romaines avaient envahi l’Égypte, et pendant une des batailles de Jules César contre le frère de Cléopâtre, le feu dévora la plus grande partie des milliers et des milliers de rouleaux de papyrus de la bibliothèque d’Alexandrie.

Deux millénaires plus tard, les légions nord-américaines envahirent l’Irak et, pendant la croisade de George Bush contre l’ennemi qu’il avait lui-même inventé, la plus grande partie des milliers et milliers de livres de la bibliothèque de Bagdad fut réduite en cendres.

Dans toute l’histoire de l’humanité, il n’y eut qu’un seul refuge pour livres à l’épreuve des guerres et des incendies : la bibliothèque errante fut une idée du Grand Vizir de Perse, Abdul Kassem Ismaël, à la fin du xe siècle.

Homme averti, cet infatigable voyageur emportait sa bibliothèque avec lui. Quatre cents chameaux portaient cent dix-sept mille livres, en une caravane de deux kilomètres de long. Les chameaux servaient aussi de catalogue général : chacun des trente-deux groupes de chameaux transportait les titres commençant par une des trente-deux lettres de l’alphabet perse.

 

[…]

 

6 janvier

Terre qui attend

En l’an 2009, la Turquie rendit sa nationalité confisquée à Nazim Hikmet et reconnut, enfin, que son poète le plus aimé et le plus haï était turc.

Il ne reçut pas la bonne nouvelle : il était mort depuis un demi-siècle en exil, où il avait passé la plus grande partie de sa vie.

Sa terre l’attendait, mais ses livres y étaient interdits, et lui aussi.

L’exilé voulait revenir :

Il me reste encore des choses à faire.

Je suis allé rejoindre les étoiles, mais je n’ai pas pu les compter.

J’ai tiré de l’eau du puits, mais je n’ai pas pu l’offrir.

Il n’est jamais revenu.

 

7 janvier

La petite-fille

Soledad, la petite-fille de Rafael Barrett, se rappelait souvent une phrase de son grand-père :

Si le Bien n’existe pas, il faut l’inventer.

Rafael, paraguayen par choix, révolutionnaire par vocation, passa plus de temps en prison que chez lui, et mourut en exil.

Sa petite-fille fut criblée de balles au Brésil, au jour d’aujourd’hui de 1973.

Elle fut livrée par le caporal Anselmo, marin insurgé, chef révolutionnaire.

Las d’être le perdant, se repentant d’avoir cru et aimé, il dénonça, un par un, ses compagnons de lutte contre la dictature militaire brésilienne, et les envoya au supplice ou à l’abattoir.

Soledad, qui était sa femme, il la garda pour la fin.

Le caporal Anselmo signala l’endroit où elle se cachait, et s’éloigna.

Il était déjà à l’aéroport quand retentirent les premiers coups de feu.

 

[…]

 

17 février

La fête qui n’eut pas lieu

Les ouvriers agricoles de la Patagonie argentine s’étaient mis en grève contre les salaires démesurément bas et les journées démesurément longues, et l’armée s’occupa de rétablir l’ordre.

Fusiller fatigue. En cette nuit de 1922, les soldats, épuisés d’avoir tant tué, s’en allèrent au bordel du port San Julián pour recevoir une récompense bien méritée.

Mais les cinq femmes qui travaillaient là leur claquèrent la porte au nez et les chassèrent en criant assassins, assassins, dehors !

Osvaldo Bayer a recueilli leurs noms. Elles s’appelaient Consuelo García, Ángela Fortunato, Amalia Rodríguez, María Juliache et Maud Foster.

Les putes. Les dignes.

 

[…]

 

26 février

Mon Afrique

À la fin du xixe siècle, les puissances coloniales européennes se réunirent à Berlin pour se partager l’Afrique.

La lutte pour le butin colonial, les forêts, les fleuves, les montagnes, les sols, les sous-sols, fut longue et rude, avant que les nouvelles frontières ne soient dessinées et que, au jour d’aujourd’hui de 1855, soit signé, au nom de Dieu Tout-Puissant, l’Acte général.

Les maîtres européens eurent le bon goût de ne pas mentionner l’or, les diamants, l’ivoire, le pétrole, le caoutchouc, l’étain, le cacao, le café ni l’huile de palme ;

ils interdirent d’appeler l’esclavage par son nom ;

ils appelèrent sociétés philanthropiques les entreprises qui fournissaient de la chair humaine au marché mondial ;

ils annoncèrent qu’ils agissaient mus par le désir de favoriser le développement du commerce et de la Civilisation ;

et, au cas il serait resté le moindre doute, ils précisèrent qu’ils étaient soucieux d’augmenter le bien-être moral et matériel des populations indigènes.

C’est ainsi que l’Europe inventa la nouvelle carte de l’Afrique.

Aucun Africain n’assista, fût-ce comme élément décoratif, à cette réunion au sommet.

 

27 février

Les banques aussi sont mortelles

Toute verdeur périra, avait annoncé la Bible.

En 1995, la banque Barings, la plus ancienne d’Angleterre, fit banqueroute. Une semaine plus tard, elle fut vendue pour le prix total d’une livre sterling.

Cette banque avait été le bras financier de l’Empire britannique.

L’indépendance et la dette extérieure naquirent ensemble en Amérique latine. Nous naissons tous débiteurs. Dans nos régions, la banque Barings avait acheté des pays, loué des personnages influents, financé des guerres.

Et s’était crue immortelle.

 

28 février

Quand

Comme il descendait la passerelle en escargot d’un navire, il se dit que c’était peut-être ainsi que voyageaient les molécules des protéines, en spirale et sur un sol ondulé ; et ce fut une trouvaille scientifique.

Quand il découvrit que c’était à cause des voitures qu’il toussait à Los Angeles, il inventa la voiture électrique, qui fut un échec commercial.

Quand il tomba malade des reins, et comme les médicaments ne le guérissaient pas, il se prescrivit une nourriture saine et des bombardements de vitamine C. Et il guérit.

Quand éclatèrent les bombes sur Hiroshima et Nagasaki, il fut invité à donner une conférence scientifique à Hollywood, et quand il s’aperçut qu’il n’avait pas dit ce qu’il voulait dire, il prit la tête de la campagne mondiale contre les armes nucléaires.

Quand il reçut le prix Nobel pour la seconde fois, la revue Life déclara que c’était une insulte. Le gouvernement des États-Unis lui avait retiré son passeport à deux reprises, parce qu’il était soupçonné de sympathies communistes ou parce qu’il avait dit que Dieu était une idée non nécessaire.

Il s’appelait Linus Pauling. Il est né quand naissait le xxe siècle.

 

 

29 février

Ce que le vent n’a pas emporté

Le jour d’aujourd’hui a l’habitude de s’échapper du calendrier, mais il y revient tous les quatre ans.

C’est le jour le plus étrange de l’année.

Mais en 1940, à Hollywood, ce jour n’eut rien d’étrange.

Tout naturellement, le 29 février, Hollywood remit presque tous ses prix, huit Oscars, à Autant en emporte le vent, qui était un long soupir de nostalgie du bon vieux temps perdu de l’esclavage.

Et c’est ainsi qu’Hollywood confirma ses habitudes. Vingt-cinq ans plus tôt, son premier super-succès, Naissance d’une nation, avait été un hymne à la gloire du Ku Klux Klan.

 

[…]

 

4 mars

Le miracle saoudien

En 1938 éclata la grande nouvelle : la Standard Oil Company avait découvert une mer de pétrole sous les immenses étendues de sable de l’Arabie saoudite.

Actuellement, c’est le pays qui fabrique les plus célèbres terroristes et qui viole le plus les droits de la personne ; mais les puissances occidentales, qui invoquent si souvent le péril arabe pour semer la panique et lancer des bombes, s’entendent le mieux du monde avec ce royaume aux cinq mille princes. Serait-ce parce que c’est aussi celui qui vend le plus de pétrole et achète le plus d’armes ?

 

5 mars

Le divorce comme mesure hygiénique

En 1953 eut lieu au Mexique la premi.re d’un film de Luis Buñuel intitulé Él.

Buñuel, Espagnol exilé, avait tourné le roman d’une Espagnole exilée, Mercedes Pinto, qui racontait les supplices de la vie conjugale.

Il resta trois semaines à l’affiche. Le public riait comme s’il s’agissait d’un film avec Cantinflas.

L’auteure du roman avait été chassée d’Espagne en 1923. Elle avait commis le sacrilège de donner à l’université de Madrid une conférence dont le titre la rendait d’emblée insupportable : Le divorce comme mesure hygiénique.

Le dictateur Miguel Primo de Rivera la convoqua. Il lui parla au nom de l’Église catholique, la Sainte Mère, et lui dit tout en quelques mots :

— Vous vous taisez, ou vous partez.

Et Mercedes Pinto partit.

Dès lors, son pas créatif, qui réveillait le plancher qu’elle foulait, laissa sa trace en Uruguay, en Bolivie, en Argentine, à Cuba, au Mexique…

 

[…]

 

10 avril

La fabrication de maladies

Bonne santé ? Mauvaise santé ? Question de point de vue. Du point de vue de la grande industrie pharmaceutique, la mauvaise santé est très salutaire.

La timidité, pour prendre un exemple, pouvait être sympathique, et peut-être même attirante, jusqu’à ce qu’elle devienne une maladie. En 1980, l’American Psychiatric Association décida que la timidité est une maladie psychiatrique et l’inclut dans son Manuel des troubles mentaux, que les prêtres de la Science mettent périodiquement à jour.

Comme toute infirmité, la timidité nécessite des médicaments.

Sitôt la nouvelle connue, les grands laboratoires gagnèrent des fortunes en vendant des espoirs de guérison aux patients infectés par cette phobie sociale, cette allergie aux gens, cette maladie médicale sévère…

 

11 avril

Communicapeurs

En ce jour d’aujourd’hui de 2002, un coup d’État transforma le patron des patrons du Venezuela en président du pays.

Sa gloire dura peu. Deux jours plus tard, les Vénézuéliens, descendusdans la rue, restituèrent le président élu par les urnes dans sa charge.

Les grandes sociétés de télévision et les radios de grande diffusion du Venezuela avaient fêté le coup d’État, mais elles ne s’étaient pas aperçues que le soulèvement avait remis Hugo Chávez à sa place légitime.

Comme il s’agissait d’une nouvelle désagréable, les moyens de communication ne la communiquèrent pas.

 

[…]

 

21 avril

L’indigné

Cela se passa en Espagne, dans un village de la Rioja, le soir du jour d’aujourd’hui de l’an 2011, pendant la procession de la Semaine Sainte.

Une foule accompagnait, muette, le char de Jésus-Christ et des soldats romains qui le frappaient à coups de fouet.

Et une voix brisa le silence.

Juché sur les épaules de son père, Marcos Rabasco cria au supplicié :

Défends-toi ! Défends-toi !

Marcos était âgé de deux ans, quatre mois et vingt et un jours.

 

22 avril

Journée de la Terre

Einstein a dit un jour :

Si les abeilles disparaissaient, combien d’années de vie resterait-il à la terre ? Quatre, cinq ? Sans les abeilles il n’y a pas de pollinisation, et sans pollinisation il n’y a pas de plantes, ni d’animaux, ni de gens.

Il dit cela dans une réunion d’amis.

Ce qui fit rire ses amis.

Pas lui.

Et voilà qu’aujourd’hui il y a de moins en moins d’abeilles dans le monde.

Et aujourd’hui, Journée de la Terre, il vaut la peine de préciser que ce n’est pas par volonté divine ni malédiction diabolique que cela arrive, mais à cause de l’assassinat des forêts naturelles et de la prolifération des bois industriels ;

à cause des cultures d’exportation, qui interdisent la diversité de la flore ;

à cause des poisons qui tuent les fléaux et au passage la vie naturelle ;

à cause des fertilisants chimiques, qui fertilisent l’argent et stérilisent le sol,

et à cause des radiations de certaines machines que la publicité impose à la société de consommation.

 

23 avril

La célébrité n’est qu’un conte

Aujourd’hui, Journée du livre, il n’est pas inutile de rappeler que l’histoire de la littérature est un incessant paradoxe.

Quel est l’épisode le plus populaire de la Bible ? Adam et Eve mordant une pomme. Qui n’est pas dans la Bible.

Platon n’a jamais écrit sa célèbre phrase : Seuls les morts ont vu comment s’achève une guerre.

Don Quichotte de la Manche n’a jamais dit : Ils aboient, Sancho, signe que nous chevauchons.

Voltaire n’a ni dit ni écrit sa phrase la plus connue : Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire.

Georg Friedrich Hegel n’a jamais écrit : Grise est la théorie, et vert l’arbre de la vie.

Sherlock Holmes n’a jamais dit : Élémentaire, mon cher Watson.

Dans aucun de ses livres ni pamphlets Lénine n’a écrit : La fin justifie les moyens.

Bertolt Brecht n’est pas l’auteur de son poème le plus célébré : Lorsqu’ils sont venus chercher les communistes / je n’ai rien dit / je n’étais pas communiste…

Jorge Luis Borges n’est pas l’auteur de son poème le plus diffusé : Si je pouvais de nouveau vivre ma vie / j’essaierais de faire plus d’erreurs…

 

 

24 avril

Le danger de publier

En l’an 2004, le gouvernement du Guatemala rompit, pour une fois, la tradition d’impunité du pouvoir, et reconnut officiellement que Myrna Mack avait été assassinée par ordre de la présidence du pays.

Myrna s’était livrée à une recherche interdite. En dépit des menaces, elle s’était enfoncée dans les forêts et les montagnes où déambulaient, exilés dans leur propre pays, les indigènes qui avaient survécu aux massacres militaires. Et elle avait recueilli leurs voix.

En 1989, lors d’un congrès de sciences sociales, un anthropologue des États-Unis s’était plaint de la pression des universités, qui obligent à constamment produire :

— Dans mon pays, avait-il dit, si vous ne publiez pas vous êtes mort.

Et Myrna avait dit :

— Dans mon pays, si vous publiez vous êtes mort.

Elle publia.

Ils la tuèrent à coups de couteau.

 

25 avril

Ne me sauvez pas, s’il vous plaît

En ce jour de 1951, Mohammad Mossadegh fut élu premier ministre de l’Iran, par une écrasante majorité.

Mossadegh avait promis qu’il rendrait à l’Iran le pétrole qui avait été offert à l’Empire britannique, et il mit les mains à la pâte.

Mais la nationalisation du pétrole risquait d’engendrer un chaos propice à la pénétration communiste. Le président Eisenhower donna alors l’ordre d’attaquer et les États-Unis sauvèrent l’Iran :

en 1953, un coup d’État envoya Mossadegh en prison, envoya au cimetière nombre de ses partisans et octroya aux compagnies américaines quarante pour cent du pétrole que Mossadegh avait nationalisé.

L’année suivante, très loin de l’Iran, le président Eisenhower donna un autre ordre d’attaquer et les États-Unis sauvèrent le Guatemala. Un coup d’État renversa le gouvernement de Jacobo Arbenz, démocratiquement élu, parce qu’il avait exproprié les terres non cultivées de la United Fruit et était en train d’engendrer un chaos propice à la pénétration communiste.

Le Guatemala paie encore pour cette faveur.

 

26 avril

Il ne s’est rien passé ici

C’était à Tchernobyl, en Ukraine, en 1986.

Ce fut la plus grave des catastrophes nucléaires qu’ait jusque-là connues le monde entier, mais les oiseaux qui s’enfuirent et les vers qui s’enfoncèrent sous terre furent les seuls à donner dès le premier instant la nouvelle de la tragédie.

Le gouvernement soviétique ordonna de garder le silence.

La pluie radioactive arrosa une bonne partie de l’Europe et le gouvernement continuait à nier ou à se taire.

Un quart de siècle plus tard, à Fukushima, plusieurs réacteurs nucléaires explosèrent et le gouvernement japonais se tut lui aussi ou démentit les versions alarmistes.

Le journaliste anglais Claud Cockburn, un vétéran, avait raison quand il conseillait :

N’y croyez que si ça a été officiellement démenti.

 

27 avril

Les détours que fait la vie

Le Parti conservateur gouvernait le Nicaragua quand, en ce jour d’aujourd’hui de 1837, fut reconnu aux femmes le droit d’avorter si leur vie était en danger.

Cent soixante-dix ans après, dans le même pays, les législateurs qui se disaient révolutionnaires sandinistes interdirent l’avortement en toute circonstance, et c’est ainsi qu’ils condamnèrent les femmes pauvres à la prison ou au cimetière.

 

28 avril

Ce monde si peu sécuritaire

Aujourd’hui, Journée pour la santé et la sécurité au travail, il vaut la peine de signaler qu’il n’y a rien de moins sûr que le travail. De plus en plus de travailleurs se réveillent, chaque matin, en se demandant :

Combien d’entre nous seront de trop ? Qui m’achètera ?

Nombreux sont ceux qui perdent leur travail et nombreux ceux qui, en travaillant, perdent la vie : un ouvrier meurt toutes les quinze secondes, assassiné par ce qu’on appelle les accidents du travail.

L’insécurité publique est le thème préféré des politiciens qui déchaînent l’hystérie collective pour remporter les élections. Danger, danger, proclament-ils : à chaque coin de rue, guette un voleur, un violeur, un assassin. Mais ces politiciens ne dénoncent jamais les dangers du travail et qu’il est dangereux:

de traverser la rue, parce qu’un piéton meurt toutes les vingt-cinq secondes, assassiné par ce qu’on appelle accident de la circulation ;

de manger, parce que celui qui est à l’abri de la faim peut succomber, empoisonné par la nourriture chimique ;

de respirer, parce que dans les villes l’air pur est, comme le silence, un article de luxe ;

et aussi de naître, parce que toutes les trois secondes meurt un enfant qui n’est pas arrivé vivant à l’âge de cinq ans.