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Loin de constituer une catastrophe « naturelle », simple réitération des innombrables calamités subies par l’humanité depuis des temps immémoriaux, l’émergence et le déploiement mondial du Covid-19 s’enracinent dans le mode de production capitaliste, et notamment dans le productivisme qui lui est inhérent.

Il est toujours facile, rétrospectivement, de se donner les apparences de la lucidité en énonçant la fatalité de l’épidémie mais, à relire par exemple l’article de Mike Davis sur la grippe porcine publié il y a une dizaine d’années, on comprend que, les mêmes causes produisant les mêmes effets (ici à une échelle décuplée), il était fort probable que l’humanité serait confrontée à une pandémie du type de celle que nous vivons, et ce à une échéance relativement courte.

On pouvait d’ailleurs gager que le court-termisme de la maximisation du profit largement accentué par la financiarisation du capitalisme, combiné à la fragmentation et à la concurrence entre États capitalistes (y compris au sein de la prétendue « Union » européenne), permettraient difficilement à l’humanité de l’affronter, alors même que les moyens scientifiques et techniques dont elle dispose auraient dû lui épargner la technique moyenâgeuse d’endiguement que constitue le confinement de masse. 

En outre, les effets sanitaires de la pandémie dépendent étroitement de la vitesse de réaction des gouvernements ; et en la matière il y a lieu de dénoncer de la manière la plus ferme l’équipe de pieds nickelés que constitue le gouvernement français, non seulement truqueurs et menteurs, mais incompétents, irresponsables et criminels. Là où précisément les gouvernements ont tardé à mettre en œuvre des mesures de prévention et d’endiguement, comme en France, ces effets varient également selon la capacité des systèmes de santé – largement amoindrie par les politiques néolibérales – à prendre en charge les malades.

Enfin, si aucun groupe social n’est épargné par le virus, il est clair que les classes populaires, les minorités raciales et les femmes payent de loin le plus lourd tribut. Didier Fassin évoque ainsi « l’illusion dangereuse de l’égalité devant l’épidémie », rappelant notamment l’ampleur des inégalités raciales aux États-Unis. On peut d’ailleurs présumer qu’elles seraient également constatées en France, ce dont témoigne la très forte mortalité en Seine-Saint-Denis, si seulement on prenait le soin de les observer statistiquement.

Il faudrait ajouter à cela les inégalités profondes devant le confinement : là encore les classes populaires et les minorités raciales sont soit contraintes de continuer à travailler, donc à prendre le risque d’être infectées, soit privées de ressources ; cela sans parler des inégalités de logement et de santé qui rendent le confinement très difficilement vivable pour de nombreuses familles. Cela sans parler des peuples soumis le plus directement au joug de l’impérialisme, qu’on pense entre autres exemples à la destruction du système de santé en Irak consécutive à l’invasion états-unienne, ou aux effets du boycott en Iran.

Ce sont ces questions que Contretemps a cherché à poser depuis plusieurs semaines, mais aussi celle de l’alternative au capitalisme, question que la crise actuelle – à la fois sanitaire, économique, sociale et politique – vient reposer sous la forme la plus brutale et dans les pires conditions ; puisque des milliards d’êtres humains sont actuellement confinées, que les libertés démocratiques sont de facto suspendues, et que les peuples ne peuvent donc véritablement se faire entendre.

En cette année 0, comment « tirer le frein d’urgence » – pour reprendre l’expression de Walter Benjamin – dans ce train lancé vers l’abîme que constitue le capitalisme ? Quelle stratégie et quel programme opposer aux pouvoirs néolibéraux et réactionnaires qui entreprennent déjà de faire payer cette crise aux classes populaires, aux minorités raciales et aux femmes, en particulier en les privant des libertés publiques les plus fondamentales et en rognant sur les droits sociaux conquis au 20e siècle ?

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