Lénine : 1893-1914. Construire le parti – chapitre 15

A l’occasion du centenaire de la Révolution russe, nous publions en feuilleton – tout au long de l’année – la biographie politique que le théoricien et militant marxiste Tony Cliff a consacrée à Lénine (traduite par Jean-Marie Guerlin). Le premier volume de cette biographie s’intitule Construire le parti.

Lire le premier chapitre ici : « Lénine devient marxiste ». 

Le deuxième chapitre : « Du cercle d’étude marxiste au mouvement gréviste »

Le troisième chapitre : « Vers la construction du parti ». 

Le quatrième chapitre : « Que faire ? ». 

Le cinquième chapitre : « Le congrès de 1903 : naissance du bolchevisme »

Le sixième chapitre : « La lutte contre les libéraux ». 

Le septième chapitre : « La Révolution de 1905 ».

Le huitième chapitre : « Ouvrez les portes du parti »

Le neuvième chapitre : « Lénine et l’insurrection armée »

Le dixième chapitre : « La discussion sur le gouvernement provisoire révolutionnaire »

Le onzième chapitre : « Le moujik se révolte »

Le douzième chapitre : « La grande répétition générale ». 

Le troisième chapitre : « Victoire de la réaction noire ».

Le quatorzième chapitre : « Stratégie et tactique (Lénine apprend de Clausewitz) ».

 

Chapitre 15 — Semi-unité avec les mencheviks

Pendant les mois tumultueux de la Révolution de 1905, le parti menchevik était désorganisé et dans des changements fréquents. Il était composé essentiellement d’éléments centristes, et intoxiqué par les événements, il évolua dans l’ensemble fortement vers la gauche, abandonnant son allégeance envers les libéraux et faisant cause commune avec les bolcheviks.

Beaucoup de mencheviks commencèrent à perdre leur foi dans la révolution bourgeoise. Ils rejetèrent les bourgeois soit comme des traîtres et des contre-révolutionnaires soit comme virtuellement non existants, et comme les bolcheviks ils se préparaient à une prise du pouvoir et à un gouvernement provisoire révolutionnaire. Comme Dan l’écrivait à Kautsky :

« Man lebt hier wie im Taumel, die revolutionäre Luft wirkt wie Wein » (On vit ici comme ivre, l’air révolutionnaire a l’effet du vin).[1]

Les responsables de la publication du journal menchevik Natchalo étaient Trotsky et Parvus. Les rapports entre la rédaction et la Novaïa Jizn bolchevique, selon Trotsky, étaient

… des plus amicaux. Il n’y eut aucune polémique entre elles. On lut dans la Novaïa Jizn des bolcheviks : « Le premier numéro de Natchalo vient de paraître. Nos félicitations à notre compagnon de lutte. A signaler, dans ce premier numéro une brillante description de la grève de novembre, due au camarade Trotsky. » Ce n’est pas ainsi qu’on écrit quand on est en bataille. Mais nous ne nous combattions pas. Bien au contraire, nos journaux se défendaient mutuellement contre la critique bourgeoise. Lénine était déjà arrivé quand la Novaïa Jizn prit la défense de mes articles sur la révolution permanente. Nos journaux, de même que nos fractions, tendaient à la fusion. Le comité central des bolcheviks, avec la participation de Lénine, adopta à l’unanimité une résolution dans laquelle il était dit, en substance, que la scission n’avait pu être que le résultat des conditions spéciales de l’émigration et que les événements de la révolution avaient détruit toute base de lutte entre fractions. Ce fut aussi la ligne que je défendis dans Natchalo, contre la résistance passive de Martov.[2]

Des années plus tard, Lénine pouvait encore écrire, « Souvenez-vous de Natchalo… Souvenez vous des articles dans l’esprit de « Witte est l’agent de la bourse, Strouvé est l’agent de Witte ». C’étaient d’excellents articles ! Et c’était une période excellente – nous n’étions pas alors en désaccord avec les mencheviks sur l’appréciation des cadets. »[3] Le menchevik de droite Tchérévanine se rappelait tristement les années 1905-1906 :

« … les mencheviks [étaient] devenus, dans le feu de la révolution, de ces bolcheviks qui, à Pétersbourg, ont pris part à la grève de novembre, à l’établissement d’autorité de la journée de travail de huit heures, et au boycottage de la 1re Douma. »[4]

 

La situation contemporaine et l’avenir possible

A Moscou, les mencheviks étaient tout à fait à la pointe de la lutte des ouvriers révolutionnaires. Lors d’une réunion du Soviet de Moscou du 6 décembre, ils soutinrent avec enthousiasme une résolution en faveur de la grève générale et de l’insurrection armée.[5] Quelques jours plus tard, ils diffusèrent des tracts soutenant le soulèvement armé.[6] Un dirigeant menchevik, Martynov, résumait ainsi leur comportement de 1905 :

« Nous nous sommes dit à ce moment-là : Le vin est tiré, il faut le boire [en fr.]. Dans les moments décisifs on est obligé d’agir fermement, sans avoir le temps d’analyser. » Mais les mencheviks étaient influencés par les événements, plutôt qu’en train d’essayer de les diriger. « La différence, cependant, » continuait ce dirigeant menchevik, « était que nous considérions notre situation comme nous étant imposée, alors que les bolcheviks s’y efforçaient et la considéraient comme naturelle. »[7]

Quelques mois plus tard, Martynov commençait déjà à désavouer la « folie » de 1905 ! La réaction de Martov fut caractéristique. En février 1906, il se plaignait dans une lettre à Axelrod,

« Depuis deux mois… je n’ai pas été capable de finir ce que j’ai commencé à écrire. C’est soit de la neurasthénie, soit de la fatigue mentale – mais je ne peux pas maîtriser mes idées. »

« Martov ne savait comment nommer sa maladie, » écrivait Trotsky bien après 1917, lorsque cette lettre devint publique, « Or, elle avait un nom bien déterminé : le menchevisme », et il ajoute :

« En temps de révolution, l’opportunisme est avant tout traduit par de l’effarement et par de l’incapacité à « maîtriser les idées ». »[8]

Lénine espérait que la pression des événements révolutionnaires continuerait à pousser les mencheviks vers la gauche. A partir de février 1905, il appela à l’unité entre bolcheviks et mencheviks. En novembre, il disait :

Ce n’est un secret pour personne que l’immense majorité des travailleurs social-démocrates est extrêmement mécontente de la scission du parti et réclame l’unification. Ce n’est un secret pour personne que la scission a provoqué un refroidissement des ouvriers social-démocrates (ou prêts à le devenir) à l’égard du parti.

Les ouvriers ont presque perdu l’espoir de voir les « sommets » du parti refaire l’unification. La nécessité de celle-ci a été officiellement reconnue par le IIIe Congrès du POSDR et par la conférence menchevique en mai dernier. Six mois se sont écoulés depuis, mais l’unification n’a presque pas fait de progrès. Il n’est pas étonnant que les ouvriers aient commencé à s’impatienter.[9]

En fait, en toute indépendance de la politique centrale, et de leur propre initiative, des cellules bolcheviques et mencheviques s’étaient réunies dans toute la Russie. A l’été de 1905, il y eut une avalanche de fusions entre comités bolcheviks et mencheviks. Pianitsky se souvient comment l’unité entre les bolcheviks et les mencheviks fut réalisée à Odessa en novembre 1905, quelque six mois avant la réunification officielle des deux partis à l’échelle nationale.

A cette époque le bolchevik Léva (Vladimirov), un agent du comité central, arriva de Saint-Pétersbourg avec une proposition d’unité avec les mencheviks à tout prix, sans attendre l’union des deux centres dirigeants. Il fut soutenu par le bolchevik Baron (Edward Essen), qui était arrivé à Odessa avant le pogrom. Leur proposition fut accueillie par une chaude réaction des membres du parti, mencheviks comme bolcheviks. C’était facile à comprendre : le fait que la petite quantité de nos forces disponibles était faible et dispersée était devenu apparent pour tous les militants pendant le pogrom. A la réunion générale des adhérents de l’organisation d’Odessa, où le camarade Goussev lut un rapport sur la forme que devait prendre notre organisation après le Manifeste du 17 Octobre, les camarades Léva et Baron intervinrent en faveur d’une union immédiate avec les mencheviks. Le comité n’était pas opposé à l’union, mais il était clairement contre la méthode d’unification par en bas. Le comité d’Odessa faisait parti du Parti bolchevik, à la tête duquel il y avait un comité central et un organe central élus au troisième congrès du parti. Comment, en telle occurrence, ceux d’Odessa pouvaient-ils s’unir avec les mencheviks sans l’avis du comité central de notre parti ? Baron et Léva, d’autre part, étaient partisans de l’union sans le consentement du comité central, dans le but de mettre la pression par en bas. Il était clair pour le comité que la proposition d’union serait votée à une grande majorité dans les réunions, des bolcheviks comme des mencheviks, puisque partout où les partisans de l’unité immédiate parlaient ils étaient soutenus de façon quasi-unanime. Ainsi le comité bolchevik fut-il contraint de mettre en œuvre les termes d’une unité à laquelle il était opposé.[10]

Entre le 23 avril et le 8 mai 1906, un congrès « d’unification » fut tenu à Stockholm. Le parti « unifié » qui en sortit comportait non seulement les bolcheviks et les mencheviks (quelque 70.000 membres), mais aussi le Bund juif (33.000 membres), les Social-Démocrates Polonais, sous la direction de Rosa Luxemburg (28.000 membres), et les Social-Démocrates Lettons (13.000 membres).

En avril 1906, Lénine proclama que les divergences entre mencheviks et bolcheviks devenaient de plus en plus minces dans la pratique, et que l’unité était plus nécessaire que jamais.

En fait, si nous envisageons les choses du point de vue des écarts de la social-démocratie par rapport à la voie habituelle, « normale », nous voyons que sous ce rapport, la période du « tourbillon révolutionnaire » montre une cohésion et une intégrité idéologiques de la social-démocratie plus grandes et non pas plus petites par rapport à ce qu’elles étaient avant. La tactique de l’époque des « tourbillons » n’a pas éloigné, mais rapproché les deux ailes de la social-démocratie. A la place des anciens désaccords, on a obtenu l’unité des points de vue sur la question de l’insurrection armée. Les social-démocrates des deux fractions ont travaillé dans les soviets des députés ouvriers, ces organes originaux d’un pouvoir révolutionnaire embryonnaire, ils ont fait participer soldats et paysans à l’activité de ces soviets, ils ont édité des manifestes révolutionnaires en commun avec les partis révolutionnaires petits-bourgeois. Les vieilles questions d’avant la révolution ont fait place à la solidarité dans les questions pratiques. La vague révolutionnaire a balayé les divergences, obligeant à reconnaître la tactique de combat, écartant la question de la Douma, mettant à l’ordre du jour celle de l’insurrection, rapprochant dans l’activité immédiate, urgente, la social-démocratie et la démocratie bourgeoise révolutionnaire. Dans le Séverny Goloss[11], les mencheviks et bolcheviks ont appelé ensemble à la grève et à l’insurrection, ils ont appelé les ouvriers à ne pas cesser la lutte tant que le pouvoir ne serait pas entre leurs mains. La situation révolutionnaire elle-même suggérait les mots d’ordre pratiques. Les discussions portaient seulement sur les détails dans l’appréciation des événements : le Natchalo, par exemple, considérait le soviet des députés ouvriers comme des organes d’auto-administration révolutionnaire ; la Novaïa Jizn comme des organes embryonnaires du pouvoir révolutionnaire, unissant le prolétariat et la démocratie révolutionnaire.

Le Natchalo penchait pour la dictature du prolétariat, la Novaïa Jizn s’en tenait au point de vue d’une dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie. Mais est-ce que n’importe quelle phase dans le développement de n’importe quel parti socialiste européen ne nous montre pas de semblables divergences à l’intérieur de la social-démocratie ?[12]

Cela dit, Lénine n’était pas dupe au point de penser qu’on pouvait complètement faire confiance aux mencheviks et ne désira pas dissoudre sa fraction dans le parti réunifié. A la veille du congrès « d’unification », il expliquait à Lounatcharsky,

« Si nous avons la majorité au comité central (…), nous exigerons la discipline la plus stricte. Nous insisterons pour que les mencheviks se soumettent à l’unité du parti. Tant pis pour eux si leur nature petite-bourgeoise ne leur permet pas de nous suivre. Laissons-leur l’odium de la rupture de l’unité du parti. »

« Mais si nous sommes minoritaires ? » demanda Lounatcharsky. « Irons-nous à l’unification ? »

Lénine sourit et répondit :

« Nous ne permettrons pas de nouer une corde autour de notre cou pour l’unité, et nous ne permettrons en aucun cas aux mencheviks de nous mener derrière eux avec une chaînette. »[13]

Lénine était bien sûr convaincu que la pression des événements pousserait les mencheviks sur la gauche. Il persista dans cette vision y compris lorsque, à la fin de 1906, ils passèrent un accord électoral avec les cadets, une initiative qu’il condamna fermement. Il écrivait en novembre 1906 :

Lorsque des social-démocrates tolèrent les blocs avec les cadets, cela n’exige-t-il pas la rupture complète des rapports d’organisation, c’est-à-dire la scission ? Nous pensons que non, et tous les bolcheviks pensent ainsi. 1° Parce que les mencheviks n’en sont encore qu’à s’engager d’un pas hésitant, encore mal assuré, sans fermeté, dans la voie de l’opportunisme pratique, de l’opportunisme en grand [en fr.]…2° Et voici qui est beaucoup plus important : la situation objective de la lutte actuellement menée par le prolétariat en Russie est telle qu’elle le pousse irrésistiblement à des actes décisifs bien déterminés. La révolution prendra-t-elle un grand élan (comme nous l’avions pensé), ou bien retombera-t-elle tout à fait (comme le croient certains social-démocrates qui n’osent pas le dire) ? Dans un cas comme dans l’autre, la tactique des blocs avec les cadets sera inévitablement réduite à rien, et cela se produira bientôt. Pour cette raison, sans nous laisser aller à une nervosité d’intellectuels, nous avons le devoir de maintenir actuellement l’unité du parti et de nous en remettre à la fermeté du prolétariat révolutionnaire, à la saine vigueur de son instinct de classe.[14]

Il était convaincu que « les camarades mencheviks passeront (…) à travers le purgatoire des blocs avec les opportunistes bourgeois et ils reviendront à la social-démocratie révolutionnaire. »[15]

Pendant ce temps, la conférence de Tammerfors du parti (3-7 novembre 1906) décidait, sous l’influence des mencheviks, d’entrer dans une alliance électorale avec les cadets. La réaction de Lénine fut de dire que les organisations locales du parti devaient être libres de s’opposer à cela dans leur secteur :

« …dans la campagne électorale actuelle, la décision prise par les mencheviks et le C.C. en faveur des blocs n’engage pas pratiquement les organisations locales et n’oblige pas l’ensemble de notre parti à adopter cette ignoble tactique des blocs avec les cadets. »[16]

Tous les membres de la conférence étaient d’accord sur ce point que les décisions prises par cette assemblée n’avaient rien d’obligatoire, qu’elles n’engageaient personne, car une conférence est une institution consultative, elle n’a pas le pouvoir délibératif. Ses délégués n’ont pas été élus par des suffrages démocratiques ; ils ont été choisis par le C.C. parmi les organisations par lui désignées, leur nombre même a été fixé par le C.C.[17]

Des décisions, il disait :

« Dans quelles limites sont-elles obligatoires sur la question que nous traitons ? Bien entendu, dans les limites des décisions du congrès et dans les limites de l’autonomie reconnue aux organisations locales du parti par le congrès. »[18]

Qu’était-il arrivé au centralisme démocratique si cher à Lénine ? Pendant des années, il avait argumenté pour la subordination des organes inférieurs du parti aux organes supérieurs, et contre le concept fédéraliste du parti. Dans Un pas en avant, deux pas en arrière, écrit de février à mai 1904, il avait dit que « tendance indéniable à défendre l’autonomisme contre le centralisme est un trait caractéristique de l’opportunisme dans les questions d’organisation. »[19]

De toutes façons, pour Lénine, les méthodes organisationnelles étaient totalement subordonnées aux fins politiques, et il était prêt à proposer des règles d’organisation pour le parti réunifié en 1906 complètement différentes de celles dont il était partisan jusque-là. Sans la moindre honte, il expliquait peu après :

Les statuts de notre parti déterminent très nettement son organisation démocratique. Toute l’organisation se construit par la base, suivant le principe de l’électivité. Les organisations locales, d’après les statuts, sont déclarées autonomes dans leur activité locale. Le comité central, d’après les statuts, unifie et dirige tout le travail du parti. Par conséquent, il est clair qu’il n’a pas le droit de se mêler de fixer la composition des organisations locales. Dès lors qu’il est admis que l’organisation se construite par la base, une intervention d’en haut pour en modifier la composition serait une véritable violation de tout le démocratisme de tous les statuts du parti.[20]

Il imprimait une nouvelle distorsion au concept de discipline du parti.

Après la décision des organes compétents, nous tous, membres du parti, agissons comme un seul homme. Tel bolchevik, à Odessa devra peut-être jeter dans l’urne un bulletin portant le nom d’un cadet, bien que ce soit répugnant pour un bolchevik, tandis qu’à Moscou, par exemple, un menchevik votera uniquement pour des social-démocrates tout en déplorant en son cœur de ne pouvoir voter pour des cadets.[21]

Quelques mois plus tard, en janvier 1907, Lénine alla jusqu’à argumenter en faveur de l’institution d’un référendum de tous les membres sur les questions auxquelles le parti était confronté – à l’évidence, une suggestion contraire à toute notion de centralisme démocratique.

Pour que la solution soit véritablement démocratique, il ne suffit pas de réunir les délégués élus par l’organisation. Il est indispensable que tous les membres de l’organisation, en votant, se prononcent indépendamment, individuellement, sur la question débattue et qui intéresse toute l’organisation.[22]

Même s’il admettait qu’il était impossible de décider de toutes les questions politiques par référendum, « les questions les plus importantes, et notamment celles qui se rattachent directement à une action déterminée des masses elles-mêmes, doivent être nécessairement résolues, au nom du démocratisme, non seulement par l’envoi de représentants, mais par un référendum dans le parti. »[23]

En résumé, pendant les années de la révolution, les mencheviks furent largement portés par la vague des événements, en même temps que des tendances se différenciaient dans le menchevisme. Il y avait sur la droite des gens comme Plékhanov, Axelrod et Martov, qui penchaient du côté des cadets et épousaient le concept d’une révolution bourgeoise menée par les libéraux. A gauche, on trouvait des gens comme Trotsky et Parvus, et Lénine espérait que parmi les mencheviks des processus semblables à ceux qui, bien des années plus tard, devaient permettre la formation de l’Internationale communiste s’opéreraient – l’évolution à gauche d’un grand nombre d’éléments centristes. Il faisait la différence entre le centrisme des travailleurs mencheviks et le centrisme professionnel incurable de nombreux dirigeants. Tout en s’opposant fermement à la droite menchevique et aux centristes convaincus, il persistait à penser que le groupe étroitement tissé des bolcheviks purs et durs serait plus efficace, pour gagner les éléments centristes, si ceux-ci constituaient une fraction dans un parti unique plutôt que s’ils formaient un groupe complètement distinct.

 

Notes

[1]   Getzler, Martov, op. cit., p. 110.

[2]   Trotsky, Ma vie, op. cit., p. 221.

[3]   Lénine, « Сила и Слабость русской Революции », Полное собрание сочинений, Vol. 15.

[4]   Lénine, Œuvres, vol.16, p. 105.

[5]   M.I. Vassiliev-Youjine, Московский Совет Рабочих депутатов в 1905 г. и подготовка им Вооруженного восстания, Moscou 1925, p. 85.

[6]   M.N. Pokrovsky, ed., 1905, Moscou-Léningrad 1926, pp. 443-45.

[7]   B.D. Wolfe, Three Who Made a Revolution, Boston 1948, p. 340.

[8]   Trotsky, Ma vie, op. cit., p. 222.

[9]   Lénine, « La réorganisation du parti », Œuvres, vol.10, pp. 29-30.

[10] Piatnitsky, Memoirs, op. cit., pp. 90-91.

[11] « Séverny Goloss » (La Voix du Nord), quotidien légal, organe unifié du POSDR, parut à Saint-Pétersbourg à partir du 6 (19) décembre 1905 sous la direction commune des bolcheviks et des mencheviks.

[12] Lénine, Œuvres, vol.10,, pp. 258-259.

[13] A. Lounatcharsky, « Из Воспоминаний о Ленине В 1905 Году », Пролетарская революция, 1930, № 2-3.

[14] Lénine, Œuvres, vol.11, pp. 330-331.

[15] ibid., p. 335.

[16] ibid., p. 331.

[17] ibid.

[18] ibid., p. 332.

[19] Lénine, « Un pas en avant, deux pas en arrière », 1904.

[20] Lénine, Œuvres, vol.11, p. 466.

[21] ibid., pp. 332-333.

[22] ibid., p. 458.

[23] ibid., p. 459.