Conférence organisée par la Société Louise Michel. Pour quelles raisons le monde juif a-t-il été, depuis les Lumières et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, à la pointe de la modernité dans tous les domaines, artistique, littéraire, scientifique, et pourquoi ce mouvement s’est-il épuisé ? Car telle est la thèse de l’auteur de La Fin de la modernité juive : histoire d’un tournant conservateur (La Découverte. 2013).
Enzo Traverso est historien, professeur à l’université Cornell aux États-Unis et l’auteur de nombreux ouvrages – dont La violence nazie (La Fabrique, 2002), Mélancolie de gauche (La Découverte, 2016), Les Nouveaux visages du fascisme (Textuel, 2016) – et articles, dont plusieurs sont parus sur Contretemps.
A l’occasion de cette soirée, devant une assistance très nombreuse, Enzo Traverso sera revenu sur l’antisémitisme structurant alors l’idéologie de la droite et déniant aux juifs le droit d’être des citoyens comme les autres. S’il faut rester attentif aux résurgences antisémites, aura-t-il souligné, il ne croit pas que l’antisémitisme puisse constituer dans le futur le cœur de l’idéologie des droites, voyant dans l’islamophobie la forme aujourd’hui dominante, et d’avenir, d’un racisme prospère. Une longue discussion aura suivi, où beaucoup se sont interrogés sur l’incapacité des courants et partis pour lesquels l’antiracisme est au coeur des principes, à saisir et à analyser, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette mutation, avec l’absence de résultat que l’on sait dans le combat contre le nouvel avatar de l’hydre.
Enzo Traverso est spécialiste de la philosophie juive allemande, du nazisme et de l’antisémitisme et des deux guerres mondiales. Après avoir étudié l’histoire contemporaine à l’université de Gênes, il s’installe à Paris en 1985, où il obtient son doctorat à l’EHESS sous la direction de Michael Löwy. Il travaille pour l’Institut de recherche et de formation d’Amsterdam entre 1989 et 1991, puis à la BDIC de Nanterre jusqu’en 1995, lorsqu’il est recruté par l’université de Picardie comme maître de conférences. Aujourd’hui, il enseigne à l’université Cornell, Ithaca, New York. Outre celui précité, ses derniers ouvrages sont :L’Histoire comme champ de bataille. Interpréter les violences du XXe siècle, La Découverte, Paris, 2010 (rééd. coll. Poche, 2012) et Où sont passés les intellectuels ? Conversation avec Régis Meyran, Textuel, 2013.