Guillaume Fondu (éd.), Devant la révolution. Débats et combats politiques en 1917, Paris, Éditions sociales, 2017.
Cet ouvrage propose une sélection de textes rédigés à chaud au lendemain de la révolution d’Octobre et issus des forces politiques « socialistes »[1] ayant participé directement à la révolution russe de 1917. On y a ajouté quelques exemples des réactions internationales particulièrement marquantes du point de vue de l’histoire du mouvement socialiste (Rosa Luxemburg, Antonio Gramsci, Léon Blum). À la suite de la révolution de février 1917, la Russie – devenue le pays « le plus démocratique du monde » – est le théâtre de débats importants où les diverses traditions militantes russes, avec leurs thèses et leurs pratiques spécifiques, peuvent enfin s’exprimer librement. Octobre est souvent conçu comme la fin de cette séquence révolutionnaire et de cette vie démocratique, du fait de la confiscation du pouvoir par une minorité. Pour les contemporains de la révolution, en revanche, le sens de cet événement est loin d’être aussi clair. En donnant à lire les textes qui suivent, notre but n’est pas de revenir sur les causes ou les conséquences profondes de la longue révolution mais d’interroger le sens qu’a revêtu la prise du pouvoir bolchevique pour les acteurs politiques de l’époque. Cette révolution peut ainsi servir de révélateur des antagonismes politiques et permet d’appréhender la diversité des forces militantes, des courants idéologiques et des projets de société défendus au cours de la révolution russe, diversité qui se perpétuera sous une forme très différente après Octobre[2] et demeure aujourd’hui encore en grande partie inconnue.
L’historiographie de la révolution d’Octobre a en effet été longtemps soumise à deux légendes opposées. Et qu’il s’agisse de la légende dorée stalinienne ou de la légende noire conservatrice, le récit consiste la plupart du temps à opposer de manière tranchée les forces révolutionnaires et l’ordre bourgeois dans une perspective de disqualification idéologique de l’un ou l’autre des deux camps. C’est ainsi que les différents partis politiques non bolcheviques engagés dans la révolution se trouvent rassemblés par l’historiographie soviétique sous le qualificatif unique de « petit- bourgeois » tandis que le point de vue inverse efface de même cette diversité en renvoyant les différentes forces socialistes en présence à des variations négligeables de l’utopie révolutionnaire et de ses crimes. En temps de guerre froide, aucun des deux camps n’avait en effet intérêt à pointer cette diversité puisqu’elle était susceptible de remettre en cause l’équation identifiant la révolution d’Octobre, voire la révolution tout court, au bolchevisme et au régime soviétique qui en était selon eux le seul héritier légitime. Depuis les années 1980, la disparition quasi-totale de la légende dorée ne s’est pas accompagnée, du moins dans le débat public, de celle de la légende noire, dont l’avatar contemporain le plus célèbre – Le Livre noir du communisme – a été un succès médiatique et commercial, réédité récemment en poche[3]. Dans le monde universitaire en revanche, les raffinements historiographiques ainsi que l’ouverture des archives – soit la possibilité de passer outre le discours officiel et plus globalement les discours en général – ont permis l’apparition et le développement d’une histoire sociale attentive aux pratiques sociales et remettant en cause l’importance du facteur politique traditionnel, avec ses dirigeants et ses doctrines, dans la compréhension de l’histoire soviétique. On a vu ainsi s’affronter deux manières paradigmatiques d’écrire l’histoire de l’URSS, incarnées dans deux écoles : l’école « totalitarienne », d’autant plus attentive à l’histoire politique qu’elle faisait précisément de la démesure du projet politique la marque de tout régime totalitaire, et l’école « révisionniste », insistant au contraire sur les forces anonymes à l’œuvre dans les évolutions de la société soviétique. Si la portée politique du « révisionnisme » a été incontestable dans un contexte marqué par une histoire anticommuniste militante, elle est allée de pair avec la normalisation du régime soviétique et de son histoire, et leur transformation en pur et simple objet d’étude. Cela explique en partie la persistance, dans l’espace public[4], du discours « totalitarien », actuellement le seul à faire de la révolution d’octobre un enjeu et un référent politique dont il est possible de tirer des leçons. Le rapport militant à Octobre n’a pas disparu : il est simplement devenu le monopole exclusif de ses détracteurs.
Pourtant, outre l’historiographie stalinienne et son acceptation en bloc de la révolution comme modèle, il a existé une autre tentative de faire vivre un rapport militant positif, quoique mesuré, à la révolution russe ce qu’on appellera ici les critiques de gauche du stalinisme[5]. À la suite de la répression des différentes forces d’opposition qui avaient commencé par soutenir la révolution d’octobre, on a vu en effet se multiplier les bilans de cette révolution ainsi que les leçons générales qu’il était possible d’en tirer pour la pratique politique. C’est là que la diversité des projets politiques prend tout son sens puisque ces derniers sont alors véritablement considérés comme des projets concurrents – et potentiellement toujours valables – dont il s’agit d’expliciter les oppositions mais également d’expliquer lesquels étaient possibles et à quel moment, la cause et le moment de leurs échecs partiels et/ou définitifs etc. L’histoire de la révolution est alors vue, selon la for- mule de Daniel Bensaïd, comme une succession de « bifurcations » où s’affrontent des alternatives qu’il convient d’interroger en tant que telles[6] afin de pointer les erreurs de tel ou tel courant et d’en tirer des leçons. Il s’agit en un mot, sur la base d’une adhésion à la révolution, de comprendre en quoi elle consistait vraiment et à quel moment, et pour quelles raisons, elle se dénature. Cela étant, les différentes traditions qui s’opposent sur ces questions ont été malgré tout peu sensibles à la diversité réelle des projets et peu préoccupées de leur juste estimation puisque leur dimension étroitement partisane les poussait bien souvent à n’exhumer que « leur » histoire propre[7], en réduisant la diversité des projets concurrents. En outre, cette historiographie tend aujourd’hui à s’effacer, sous l’effet combiné de l’autonomisation du champ de l’histoire universitaire et de la perte d’influence des institutions politiques susceptibles de la faire vivre en dehors de ce champ, perte d’influence accompagnée par ailleurs d’une méfiance répandue aujourd’hui parmi les militant-e-s envers les « leçons » politiques et historiques.
Il est en effet courant, à la suite de l’important ouvrage de Hannah Arendt sur la révolution[8], d’opposer l’expérience historique et son inventivité – dont l’incarnation paradigmatique serait à chercher à la fois dans la révolution américaine et les conseils ouvriers – aux schémas théoriques tout préparés qui ne pourraient que stériliser cette inventivité et la remettre sur les rails du déjà connu, la plupart du temps sous couvert de l’obligation de répondre à l’urgence des nécessités à l’œuvre. Selon Arendt, c’est Robespierre qui inaugure cette pratique, prenant sur lui la tâche de résoudre la question sociale et instaurant à cette fin la Terreur, de même que Lénine quelques décennies plus tard. Dans leur prétention à proposer des solutions et donc à s’établir comme modèles, ni la Révolution française ni la révolution russe ne seraient alors des expériences à proprement parler, ne faisant finalement que rejouer les schémas présents antérieurement dans l’esprit de leurs dirigeants[9]. Cette thèse a essaimé sous des formes diverses et, conjuguée aux transformations du champ de l’histoire universitaire signalées plus haut[10], elle a produit une disqualification relative des discours, ou en tout cas des doctrines politiques, au profit d’une passion pour les pratiques ponctuelles, enregistrées dans les archives et opposées aux discours de surplomb[11]. Ces derniers, et les projets politiques globaux qu’ils incarnent, sont donc condamnés ou bien à courir après l’inventivité des masses, ou bien à la réprimer dans le sang lorsque les forces qui les portent finissent par accéder au pouvoir. Un tel discours suppose que l’on réduise les discours politiques rivaux à des schémas stéréotypés (quelle que puisse être par ailleurs leur diversité) sans effet autres que lénifiants sur les masses. Or, cette réduction est discutable dans le cas de la révolution d’octobre. Car ces discours participent pleinement de l’expérience révolutionnaire, dont ils s’inspirent et sur laquelle ils influent.
Bourevestnik [L’Oiseau-tempête], Petrograd, 1917, n° 1, 11 novembre 1917 [26 novembre 1917]
Abba (1887 – 1964) et Wolff (???) Leïbovitch Gordin sont deux intellectuels anarchistes, théoriciens du pananarchisme, qui entend faire la synthèse entre les différentes formes d’exploitation et les différentes luttes émancipatrices qui leur sont liées (lutte des travailleurs mais également de la jeunesse, des minorités nationales et des femmes). Dans ce cadre, ils militent pour l’unité du mouvement anarchiste. Ils soutiennent le pouvoir soviétique à partir de 1920 en y voyant une phase de transition nécessaire. Cependant, l’un et l’autre finiront par émigrer, Abba en 1924 et Wolff en 1925.
Le mouvement anarchiste, historiquement faible en Russie, avait fait face en 1914 à la « trahison » de l’un de ses mentors, Kropotkine, qui avait adopté une ligne défensiste radicale. Entre février et octobre, le mouvement croît en importance même si la répression qui suit les journées de juillet le prive temporaire- ment de ses dirigeants. Cependant, le mouvement est dispersé et hétérogène puisqu’on y voit notamment s’opposer communistes anarchistes et anarcho-syndicalistes. Le texte que l’on donne ici est un édito du journal de la première de ces deux tendances rédigé quelques jours après la révolution d’Octobre. On peut y lire ce qui apparaît pour nous comme un curieux renversement de perspective : les bolcheviks y sont décrits comme de sympathiques inconscients, idiots utiles de la révolution en marche. Là encore, le bolchevisme se trouve opposé à ce qui constitue l’essence du dogme marxiste ou socialiste, mais pour le meilleur puisque c’est ce qui fait de Lénine et de ses partisans des militants révolutionnaires véritables, qui seront nécessairement conduits vers un approfondissement de la révolution. L’auteur va même jusqu’à inverser la perspective internationaliste traditionnelle des bolcheviks : loin de n’être que le déclencheur de la révolution européenne, le mouvement révolutionnaire russe est désormais l’avant-garde de cette révolution. Le mot d’ordre tiré de cette analyse a quelque chose de paradoxal : unifier l’anarchisme pour être à la hauteur de la spontanéité vitale de la révolution[12].
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Camarades anarchistes ! Une heure historique vient de sonner. Un litige vieux de cinquante ans, le litige qui oppose anarchisme et socialisme touche à sa fin, et il est tout à fait clair que la victoire sera pour nous.
Le marxisme craque de toutes parts. La deuxième révolution, la révolution d’Octobre, est une gifle à la face du marxisme, elle est pour lui une crise, et ce n’est pas un hasard si c’est nous que tous les réactionnaires, tous les dogmatiques du marxisme, ont combattus sans trêve jusqu’à présent. Les bolcheviks comme Lénine n’ont jamais été des hommes du dogme marxiste, mais des hommes de vie, des hommes de révolution. Ces gens ne sont pas des doctrinaires, des fanatiques, comme le leur reprochent tous ces socialistes petits- bourgeois, ce sont des hommes qui vivent pour la cause, des hommes d’action, aussi déterminés qu’un socialiste peut l’être.
Certes, ces hommes manquent de conséquence, mais pas dans leurs actions, pas dans la pratique. Qu’ils sont ridicules, idiots et ignares ceux qui les traitent de « doctrinaires » alors même que manque précisément aux bolcheviks une doctrine, un système. Le bolchevik léniniste, au fond, n’est qu’un mauvais anarchiste, sans système, menchevique. Pas de consistance, pas de plan bien déterminé mais ils vont et viennent au pas de course selon les volontés de la révolution. Il ne fait aucun doute que cette incohérence révolutionnaire vivante vaut mieux, mille fois mieux, que la fausse conséquence sans vie, stérile et pétrifiée de la Novaïa Jizn’, des martovistes et des bolcheviks de droite.
Lénine lui-même, dans notre langue, n’est pour ainsi dire qu’un anarcho-étatiste qui ne s’est pas tout à fait affranchi encore de la phraséologie marxiste. La révolution mise en place par les bolcheviks est précisément une révolution non pas sociale mais socialiste, c’est-à-dire une révolution de l’inconséquence, une concession faite à la vie mais non menée à terme, c’est-à-dire aux extrémités qui sont pour elles logiquement vitales.
C’est pourquoi il est clair pour nous que cette deuxième révolution sera immanquablement suivie d’une troisième. La question de savoir si le passage de l’une à l’autre se fera sans douleur ni effusion de sang dépend entièrement de la position future des bolcheviks et de la marche des événements. Mais en tout cas, camarades, il nous faut à présent être sur nos gardes. De notre capacité à être à la hauteur de notre mission historique dans ce moment décisif dépend le destin de tous les travailleurs, celui de tous les exploités, de toute l’humanité, de la culture à venir.
La Russie se trouve être, du fait de cette deuxième révolution, la révolution d’Octobre, à l’avant-garde du progrès social européen. Le destin de l’humanité exploitée ne se décidera pas en Europe, en Angleterre ou en Allemagne, comme continuent à le croire bêtement des bolcheviks tels que Trotski et d’autres, mais en Russie. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas besoin d’aide et de soutien ; il nous en faut, c’est même urgent, mais cela est précisément de l’aide et rien de plus. Le centre de gravité de la décision des problèmes sociaux est déjà passé d’Europe en Russie. Ça y est, nous ne sommes plus à la traîne, et même de l’Allemagne, pour ne rien dire de l’Angleterre ; nous avons rattrapé nos anciens professeurs. Nous pensons personnelle- ment que nous avons même dépassé le syndicalisme français, ce qui ne plaît pas bien, à vrai dire, à nos cama- rades anarcho-syndicalistes.
Camarades anarchistes ! La vie est avec nous. La vie justifie de la plus belle des manières toutes nos idées, tous nos principes. La vie lutte farouchement pour l’anarchisme, brisant en morceaux tous les hochets social-démocrates, tandis que nous, nous luttons bien faiblement pour nos grands idéaux, pour notre doctrine illustre et radieuse. Une propagande si faible, une activité si faible ! Un idéal si universel défendu par un travail si faible !
Mais camarades anarchistes! Dans le fond ce n’est pas tant notre paresse que notre disparité qui est coupable de notre impuissance. Chaque groupe s’échine et s’épuise, faisant le maximum pour des résultats infimes du fait de nos divisions.
C’est pourquoi, camarades, nous devons nous unir ! Nos groupes, quels qu’en soient les courants idéologiques, se sont formés et définis depuis longtemps, ils ont déterminé leur physionomie anarchiste. Notre unification ne sera donc pas uniformisation mais coordination du travail, libre coordination de nos forces.
Au nom de la révolution, au nom de nos héros tombés, au nom des combattants vivants qui donnent toute leur vie à notre idéal, l’idéal le plus haut de l’humanité, nous appelons à nous unir.
[1] Le terme est vague puisqu’on inclut ici les anarchistes tout en excluant le mouvement coopératif, relativement atone au long de l’année 1917, du moins en tant que tel (son influence indirecte se fait en revanche sentir jusque dans le texte de Lénine, et sa proposition de socialisation démocratique de la consommation.
[2] La guerre civile et le raidissement de la vie démocratique qui s’ensuit expliquent que les grands débats se mènent alors directement au sein du parti, seul espace de discussion possible. Cela perdure au moins jusqu’au Xe Congrès du Parti, en 1921, quoique la NEP et le recrutement de spécialistes bourgeois, notamment en économie, fassent naître ensuite de nouveaux débats quant à la politique économique et sociale du nouveau régime. Ces débats sont plus méconnus encore que ceux dont traite le présent ouvrage, longtemps enterrés par l’historiographie stalinienne. On en lira cependant un exemple dans une des rares traductions françaises récentes de cette lit- térature : Boukharine, Ossinski, Radek, Smirnov, La Revue Kommunist, Smolny Éditions, Toulouse, 2011.
[3] Stéphane Courtois (sous la direction de), Le Livre noir du communisme [1997], Pocket, Paris, 2009. Sur le contexte intellectuel de parution de l’ouvrage et les polémiques qu’il a pu susciter, on lira avec profit la dernière partie du petit livre d’Éric Aunoble, La Révolution russe, une histoire française, La Fabrique, Paris, 2016 ainsi que l’article de Gilles Perreault, « Les falsifications d’un “Livre noir” », Manière de voir, vol. 100, n° 8, 2008, p. 24.
[4] On prendra pour preuve de cette persistance le discours de la grande majorité des revues et ouvrages de vulgarisation parus jusqu’à aujourd’hui pour commémorer le centenaire de 1917.
[5] C’est bien entendu la tradition trotskiste qui occupe ici la première place, mais sans exclusivité puisqu’on trouve dans d’autres courants, anarchistes, conseillistes, etc., des tentatives qui partagent ce même objectif.
[6] On trouvera un exemple magistral de cette perspective sous la plume de Moshe Lewin dans son article « N. I. Boukharine : Ses idées sur la planification économique et leur actualité », dans Cahiers du monde russe et soviétique, vol. 13, n° 4, Octobre-décembre 1972, p. 481-501.
[7] Il faut ici relativiser notre propos pour ce qui est de la tradition trotskiste, qui a eu l’honnêteté de donner à lire des auteurs et des courants soviétiques des années 1920 auxquels Trotski lui-même (et ses partisans) s’était très durement opposé. Il en va ainsi de Boukharine, par exemple, édité dans le monde franco- phone – mais également anglophone – par des maisons d’édition trotskistes. Cf., par exemple, Nikolaï Boukharine, Économique de la période de transition, Études et documentation internationale, Paris, 1976.
[8] De la révolution [1963] in Hannah Arendt, L’Humaine Condition, Gallimard, Paris, 2012. La teneur philosophique de l’ouvrage permet selon nous d’y voir l’une des matrices théoriques du discours anti-totalitaire dont Michael Scott Christofferson a décrit la genèse historique – en France – dans son ouvrage, Les Intellectuels contre la gauche [2004], Agone, Marseille, 2014.
[9] Dans un ouvrage récent, Jean-Claude Milner revient sur la caractérisation par Arendt de la Révolution française et polémique avec elle sur ce point en soulignant la dimension d’inventivité propre à la Révolution française et à Robespierre, tout en partageant le schéma général d’Arendt et donc ses griefs à l’égard de la révolution russe. Cf. Jean-Claude Milner, Relire la Révolution, Verdier, Paris, 2016.
[10] Auxquelles il faut ajouter celles de la philosophie universitaire, qui voit triompher petit à petit, en philosophie politique, une approche anhistorique consistant – à la suite des travaux de John Rawls – en une axiomatique des normes assise le plus souvent sur une anthropologie libérale sous-jacente. À l’autre bout du champ, l’histoire des idées politiques glisse vers un contextua- lisme très dur qui tend à laisser de côté la pertinence des discours qu’il étudie. Dans les deux cas, on abandonne la réflexion sur ce que les doctrines ont pu et peuvent avoir de pertinent en situation. Pour une présentation plus détaillée de ce contexte, cf. la première partie méthodologique de l’ouvrage d’Ellen Meiksins Wood, Des Citoyens aux seigneurs. Une histoire sociale de la pensée politique de l’Antiquité au Moyen-Âge [2008], Lux, Montréal, 2013
[11] Le livre peut-être le plus représentatif de cette tendance est celui de Jacques Rancière, La Nuit des prolétaires. Archives du rêve ouvrier, Fayard, Paris, 1970.
[12] Le texte original se trouve dans V. V. Krivenkiï (sous la direction de), Anarkhisty. Dokoumenty i materialy, tome II : 1917-1935, Rosspen, Moscou, 1999, 61-62. La traduction a été réalisé par Guillaume Fondu.