La criminalisation de la lutte contre le projet d’enfouissement de déchets radioactifs sur le site de Bure nécessite une puissante riposte collective. Car un tel projet synthétise tout ce que le productivisme capitaliste, délétère et mortifère, a de pire dans ses atteintes portées au vivant. Cette tribune assume une pleine solidarité avec les inculpé.es. dont le procès débutera le 1er juin à Bar-le-Duc. Elle paraît simultanément sur Reporterre, Bastamag, Mediapart, Politis, Lundi Matin, Terrestres, Contretemps et Libération.
***
En juin, cela fera quatre années que les portes des opposant.e.s au projet CIGEO d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure ont volé en éclat sous les coups de boutoir d’une instruction pour « association de malfaiteurs ». Vingt domiciles perquisitionnés, dix militant.e.s interdit.e.s de se voir pendant deux ans et demi, cent téléphones placés sous écoute, seize années cumulées de communications enregistrées, des balises posées sous des voitures, un escadron de gendarmes mobiles harcelant les habitant.e.s au quotidien… Cette scandaleuse traque d’État a tenté de paralyser ce mouvement de lutte vieux de trente ans contre le plus gros projet industriel européen, dont les risques sont connus.
Le 1er, 2 et 3 juin se tiendra le procès des inculpé.e.s « malfaiteurs » de Bure. Nous, universitaires, artistes, autrices, journalistes, syndicalistes, enseignant.e.s, agriculteurs.ices, éditeurs, musicien.ne.s, humoristes, auteur.e.s de bandes dessinées, activistes, comédien.ne.s, réalisatrices, architectes, scientifiques, élu.e.s, ami.e.s, affirmons notre profonde solidarité.
Bure nous concerne toutes et tous parce que c’est un des laboratoires de la généralisation de l’autoritarisme en France – depuis les quartiers populaires jusqu’aux luttes écologistes en passant par les Gilets jaunes. Le 1er juin sera le procès de l’autoritarisme et de « l’association de malfaiteurs », dispositif pénal hérité des lois scélérates et de l’antiterrorisme qui dote les autorités de moyens de surveillance colossaux pour paralyser toute forme d’organisation collective.
Bure nous concerne toutes et tous, parce que le projet CIGEO est indispensable à la relance de la filière nucléaire française. Cette industrie est à un moment charnière et joue son va-tout pour obtenir la construction de six nouveaux EPRs, alors que les vieilles centrales rafistolées sont plus dangereuses que jamais, que ses coûts explosent, que les déchets débordent. Le 1er juin sera le procès de l’énergie nucléaire, qui se prétend meilleure alliée du climat mais s’impose depuis des décennies dans un déni total de démocratie et verrouille toute transformation profonde de nos systèmes énergétiques.
Bure nous concerne toutes et tous, parce que c’est un territoire emblématique de toute la résilience et la résistance qu’il nous faut conjuguer pour fabriquer dès maintenant des mondes désirables sans attendre un hypothétique « monde d’après ». À Bure, il n’y a pas eu besoin d’attendre la pandémie de Covid-19 : la catastrophe agroindustrielle et écologique menace de transformer la région en désert social. Le 1er juin sera le procès d’un système capitaliste et productiviste de plus en plus irrespirable qui sacrifie les vies et les territoires au nom du profit.
Bure nous concerne toutes et tous, parce qu’en dépit de la répression énorme, cette lutte où se mêlent plusieurs générations est l’un des foyers vitaux où s’allient des manières d’habiter un territoire contre une industrie mortifère, de reprendre en main nos conditions d’existence et d’inventer des relations libérées des rapports de domination. La lutte pour des vies dignes et heureuses se joue aussi, singulièrement, à Bure.
Si lutter à Bure de multiples manières équivaut à faire partie d’une « association de malfaiteurs », si se sentir touché.e.s par ce qui se joue au sein de ce territoire en lutte est suspect, alors : nous sommes toutes et tous des malfaiteurs !
Nous sommes solidaires des sept prévenu.e.s de Bure et nous en demandons la relaxe. Nous demandons l’abandon du projet CIGEO.
*
Tribune toujours ouverte aux signatures en signant ICI : https://framaforms.org/signer-la-tribune-au-proces-de-bure-nous-sommes-toutes-des-malfaiteurs-1620064378
Et/ou envoyer un mail à l’adresse tribunesoutienbure@riseup.net en précisant [Prénom Nom Fonction] dans l’objet du mail, merci !
*
Corinne Morel-Darleux, écrivaine et conseillère régionale
Geneviève Azam, économiste
Pablo Servigne, auteur et chercheur in-Terre-dépendant
Alain Damasio, écrivain
Éric Beynel, syndicaliste
Jérôme Baschet, historien
Isabelle Frémeaux, activiste et artiste
John Jordan, activiste et artiste
Christophe Bonneuil, historien
Miguel Benasayag, philosophe
David Dufresne, journaliste
Étienne Davodeau, auteur de bandes dessinées
Guillaume Meurice, humoriste
Yves Cochet, ancien ministre de l’environnement
Alessandro Pignocchi, auteur de bandes dessinées
Jean-Marc Rochette, auteur de bandes dessinées et peintre
Jules Falquet, sociologue
Amélie Mougey, rédactrice en chef de La Revue Dessinée
Inès Léraud, journaliste
Morgan Large, journaliste
Barbara Glowczewski, directrice de recherche au CNRS
Isabelle Cambourakis, éditrice
Leïa Barkaoui, artiste
Julie Gorecki, universitaire et militante écologique et féministe
Juliette Rousseau, autrice, journaliste, éditrice
Monique Dental, présidente réseau féministe Ruptures
Oristelle Bonis, éditrice Editions iXe
Adel Tincelin, fée atomique
Elsa Dorlin, philosophe
Nathalie Quintane, écrivain
François Jarrige, historien
Isabelle Stengers, philosophe
Bénédicte Zitouni, sociologue
Marie Toussaint, députée européenne EELV
David Cormand, député européen EELV
Julien Bayou, secrétaire national d’EELV
Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe d’EELV
Alain Coulombel, porte-parole d’EELV
Jean-Luc Mélenchon, député LFI
Mathilde Pannot, députée LFI
Christine Poupin, porte-parole du NPA
Thierry Bonnamour et Xavier Fromont, porte-paroles Confédération Paysanne Auvergne-Rhône-Alpes
Elie Lambert, secrétaire national Union syndicale Solidaires
Julie Ferrua, secrétaire nationale Union syndicale Solidaires
Franck Gaudichaud, historien
Ali Boulayoune, enseignant-chercheur
Hugues Jallon, président des éditions du Seuil
Rémy Toulouse, éditeur
Nicolas Haeringer, chargé de campagne de 350.org
Odile Hélier, anthropologue
Matthieu Rigouste, associé
Les Ogres de Barback, groupe de musique
HK, chanteur
Danakil, groupe de musique
Antoine Back, adjoint au Maire de Grenoble
Maxime Combes, économiste
Camille Louis, philosophe et dramaturge
Sezin Topçu, chercheuse
Dominique Bourg, philosophe
Ludivine Bantigny, historienne
Renda Belmallem, militante
Fanny Madeline, historienne
Claire Tatin, réalisatrice
Jean Gadrey, économiste
Frank Barat, journaliste
Michel Kokoreff, professeur des universités
Alexis Zimmer, enseignant-chercheur
Michèle Rivasi, députée européenne
Flore Roumens, éditrice
Frank Bergeron, dessinateur et éditeur
Josep Rafanell i Orra, psychologue, écrivain
Vincent Verzat, vidéaste-activiste
Florent Massot, éditeur
Johan Badour, éditeur
Sophie Gosselin, philosophe
Serge Quadruppani, écrivain et traducteur
Alèssi Dell’Umbria, auteur-réalisateur
Yves Frémion, ancien député européen
Laure Noualhat, réalisatrice et auteure
Catherine Zambon, autrice
David Gé Bartoli, philosophe
Xavier Mathieu, comédien
Camille de Toledo, auteur
Roland Desbordes, physicien
Karine Parrot, enseignante-chercheuse
Christian Mahieux, syndicaliste
François Cusset, écrivain
Francine Bavay, conseillère régionale honoraire
Paul Poulain, spécialiste des risques et des impacts industriels
Gauthier Chapelle, chercheur in-Terre-dépendant
Aurélien Gabriel Cohen, doctorant et membre de la revue Terrestres
Emmanuel Lepage, auteur de bandes dessinées
Camille Besombes, épidémiologiste
Sara Aguiton, sociologue
Jean-Marc Salmon, chercheur en sciences sociales
François Chesnais, économiste
Benoit Rougelot, architecte du vivant
Florence Cerbaï, conseillère régionale
Tancrède Ramonet, réalisateur et chanteur
Pierre Khalfa, Fondation Copernic
Emilie Hache, philosophe
Christiane Vollaire, philosophe
Odile Hélier, anthropologue
Leyla Dakhli, historienne
Marie-Pierre Vieu, journaliste et editrice
Alessandro Stella, directeur de recherche au CNRS
Emmanuel Dockès, professeur de droit, université Lyon 2
Michèle Riot-Sarcey, historienne
Bertrand Berche, universitaire
Isabelle Krzywkowski, universitaire, syndicaliste
Fabrice Flipo, professeur
Marnix Dressen-Vagne, enseignant-chercheur émérite
Laurent Jeanpierre, politiste
Alice Canabate, sociologue, vice-présidente de la Fondation d’Ecologie politique
Georges Menahem, directeur de recherche au CNRS
Jean-Marie Harribey, économiste
Bruno Alonso, chercheur CNRS
Mathilde Larrère, historienne
Jacques Testard, biologiste
Helène Gaudy, écrivaine
Pacôme Delva, physicien
Fabrice Capizzano, écrivain
Stéphane Trouille, réalisateur
Yannis Youlountas, réalisateur
Gwen de Bonneval, auteur de bande dessinée
Gilles Kuntz, ancien adjoint à Grenoble
Frédéric Boone, chercheur
Jean Rochard, producteur de musique
Françoise Boireaud, animatrice d’un espace culturel
Corinne Iehl, sociologue
Gilles Martinet, géographe
Luc Chelly, auteur
Olivier Royer, conseiller fédéral EELV
Matthieu Goeury, coordinateur artistique Centre d’Arts Vooruit
Gaëtan Dorémus, illustrateur
Julie Maurel, militante
Anne-Sophie Trujillo Gauchez, entrepreneuse en SCOP
Efflamm Omnes, assistant Pédagogique
Marianne Fischman, professeure de SES, militante féministe
Estelle Bardin, professeure
Olivier Piazza, enseignant à l’université
Jean-Luc Kop, enseignant-chercheur
Danielle Moyse, professeur de philosophie
Frédérique Muller, chargée de projet culturel
Laure Plassard, enseignante
Frédéric Delarue, historien
Bénédicte Thevenot, enseignante
Alain Dutech, chercheur INRA
Jean Malifaud, maitre de conférences
Delphine Grenez, professeur
Josyane Ronchail, géographe
Cécile Veillard, enseignante
Bertrand Berche, universitaire
Marion Gentilhomme, éditrice
Clément Cordier, enseignant
Gaël Leveugle , artiste
Luc Quinton, plasticien
Michel Simonin, professeur
Marie Baudry, enseignante
Vincent Lhuillier, enseignant-chercheur
Daniel Juteau, chercheur
Laurent Walin, enseignant
Antonin Boniface, professeur des écoles
Roland Pavot, blogueur
Michelle Lecolle, universitaire
Isabelle Dubois-Ferté, enseignante
Valerie Schwob, enseignante
Laetitia bonnet, enseignante
Julien O’Miel, maître de conférences en science politique
Corinne Dumoulard, conseillère principale d’éducation
Francis Landron, citoyen
Laure Vieu, linguiste et informaticienne
Montserrata Comas, professeure d’espagnol Paris
Nourredire Bounechada, enseignant
Thomas Metzinger, professeur des écoles
Hélène Conjeaud, chercheuse
Philippe Boursier, enseignant
Carole Teyssedou, enseignante
Jean-Manuel Traimond, écrivain
Anne Cheviron, enseignante
Sylvie Mellon, enseignante
Géraldine Paumier, université Sorbonne
Daniel Lartichaux, professeur documentaliste
Magali Jacquemin, professeure des écoles,
Cécile Cée, artiste
Vincent Delmas, agriculteur syndicaliste
Anne-Lise Vallas, artiste du spectacle