10e Conférence Historical Materialism à Londres, du 7 au 10 novembre
Historical Materialism est aujourd’hui l’un des espaces de discussion majeurs du marxisme à l’échelle internationale. Plus qu’un espace académique, il s’agit d’un projet d’élaboration, de développement et de redécouverte du marxisme dans toute sa richesse et la diversité des traditions qui s’y rattachent. Matérialisé par une revue théorique trimestrielle, Historical Materialism tient aussi un colloque annuel à Londres – et des conférences régulières ou émergentes à New York, Toronto, Sydney et New Dehli. La prochaine édition du colloque de Londres aura lieu du 7 au 10 novembre et marquera sa dixième année d’existence. Nous publions ci-dessous une traduction de l’appel à contribution de cette année et nous mettons en pièce jointe le programme du colloque. Les auteurs marxistes E.P. Thompson et C.L.R. James en ont été les fils conducteur, et des appels à contribution distincts ont aussi été mis en place pour mettre à l’honneur les thématiques féministes et les approches marxistes de la question raciale.
Source : http://www.historicalmaterialism.org/about-us
10e conférence « Making the World Working Class »
PDF en pièce jointe
Appel à contribution traduit de l’anglais par Félix Boggio Éwanjé-Épée et Stella Magliani-Belkacem
« Le Capital n’est pas une chose, mais un rapport social entre des personnes » – et entre des classes. La tâche complexe qui consiste à analyser les structures de classe et, dans le même temps, à les transformer et à les dépasser est au cœur de l’héritage de Marx. L’année 2013 marque le 75e anniversaire de la publication des Jacobins noirs de C.L.R. James et le 50e anniversaire de La formation de la classe ouvrière anglaise E.P. Thompson. Soucieux d’éviter toute réification des « classes », Thompson a montré en quoi la classe ouvrière n’est pas seulement forgée par le capital, mais s’est façonnée elle-même dans ses luttes quotidiennes et son agitation politique. James affirme de son côté la nécessité de prendre en compte la division internationale du travail dans un contexte de racialisation et d’impérialisme, et a donné une audience à la capacité révolutionnaire des « Jacobins noirs » et aux autres – négligés par l’histoire – ennemis du capitalisme et du colonialisme.
Dans le sillage des nouveaux conflits soulevés par les processus de décolonisation et par les processus plus récents de « globalisation » néolibérale, la recherche dans le champs de l’histoire du travail et des classes laborieuses a acquis une dimension de plus en plus globale, et s’est montrée plus attentive à l’important rôle joué par la race et le genre dans la formation des classes ouvrières. Les luttes sociales et la résistance – de l’Amérique latine à l’Europe de l’Est, du monde arabo-musulman à l’Asie de l’Est – continuent à montrer que les classes ouvrières du monde entier n’ont pas cessé de se re-constituer elles-mêmes tout en luttant contre les stratégies capitalistes qui visent à faire de la composition de classe une décomposition de classe. De manière significative, et ce afin de comprendre cette réalité changeante et les racines profondes de la crise du système néolibéral, une part grandissante des préoccupations de la recherche contemporaine questionne la représentation du travail en tant que facteur passif de la production, et investit la manière dont les luttes ouvrières codéterminent les processus de développement du capitalisme, ainsi que les mutations culturelles et les transformations politiques.
En dépit de l’intensité croissante de la lutte des classes – du mouvement ouvrier en ascension en Chine jusqu’au révoltes arabes, en passant par les mobilisations contre l’austérité dans l’Europe du Sud – les discussions portant sur les enjeux de classe restent largement marginales dans le débat et l’action politique. La lutte des classes est souvent admise – dans les termes d’un discours sur les inégalités – mais s’avère de plus en plus voilée, y compris à gauche, à travers les notions de « peuples » ou des « 99% ». Cette 10e conférence annuelle de Historical Materialism tend à fournir un espace pour débattre des rôles descriptifs et prescriptifs que les concepts de classe et de lutte des classes peuvent endosser aujourd’hui.
Plus généralement, nous sommes à la recherche de contributions qui rendent compte de la façon dont la théorie marxiste, la recherche historiographique et empirique, peuvent expliquer et intervenir dans la conjoncture contemporaine. Nous mettrons notamment en place un cycle sur le thème de « Race et capital » (pour lequel un appel à contribution spécifique à été publié, tout comme nous avons fait paraître indépendamment un appel à contribution construit sur la base du cycle de l’année dernière autour du thème « Marxisme et féminisme »).
Nos contenus sont sous licence Creative Commons, libres de diffusion, et Copyleft. Toute parution peut donc être librement reprise et partagée à des fins non commerciales, à la condition de ne pas la modifier et de mentionner auteur·e(s) et URL d’origine activée.