À lire : prologue à « Malcolm X. Une vie de réinventions (1925-1965) » de Manning Marable
Manning Marable, Malcolm X. Une vie de réinventions (1925-1965), Paris, Syllepse, 2014, 720 p., 23€.
Une vie au-delà de la légende
Au tout début du siècle dernier, le quartier au nord de Harlem, qui portera plus tard le nom de Washington Heights, n’est qu’une banlieue faiblement peuplée. Sous l’impulsion d’un homme d’affaires, William Fox, une somptueuse salle de spectacles voit le jour sur Broadway entre la 165e et la 166e Rue Ouest. Fox demande à Thomas W. Lamb, l’architecte, de construire le plus splendide des théâtres de Broadway. En 1912, la construction est achevée : une coûteuse façade de terre cuite orne la devanture du théâtre, des colonnes de marbre encadrent l’entrée, et le vestibule est orné d’oiseaux exotiques sculptés. Ce sont les couleurs de ces oiseaux, inspirées des peintures d’un grand artiste du 19e siècle, John James Audubon, qui conduisent Fox à donner le nom d’Audubon à son palace des plaisirs. Au premier étage, Lamb conçoit une immense salle de cinéma pouvant accueillir 2?300 spectateurs. Dans les années qui suivent, le second étage est occupé par deux spacieuses salles de bal?: la salle rose où peuvent évoluer 800 danseurs et la grande salle, plus vaste encore, pouvant en accueillir 15001.
En quelques décennies, le quartier situé autour de l’Audubon change, devenant plus noir et plus ouvrier. La direction de l’Audubon offrait à sa nouvelle clientèle les orchestres de swing les plus célèbres du moment, tels ceux de Duke Ellington, Count Basie ou Chick Webb. L’Audubon devient également le repère de nombreux syndicalistes de la ville ; de 1934 à 1937, un tout nouveau syndicat, le Transport Workers Union (TWU)2, y organise ses réunions publiques, parfois marquées par de violents affrontements3. Une nuit de septembre 1929, la réunion de 400 militants du Lantern Athletic Club est par exemple interrompue par quatre coups de feu qui blessent grièvement deux personnes4.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le théâtre de l’Audubon est loué pour des mariages, des bar mitzvahs, des réunions politiques et des fêtes de fin d’études. Après 1945, le quartier se transforme plus encore, avec le départ de nombreux résidents appartenant aux classes moyennes blanches vendant leur bien pour filer en banlieue. La décision de l’Université de Columbia d’établir une extension de son hôpital à l’angle de la 168e Rue Ouest et de Broadway pour en faire un important campus de sciences médicales génère des centaines d’emplois qui profitent aux Noirs récemment arrivés dans le quartier. L’Audubon, de son côté, doit s’adapter à ces réalités économiques en fermant son cinéma, divisé en plusieurs espaces destinés à la location, mais conserve néanmoins les deux salles de bal.
Au milieu des années 1960, le bâtiment a beaucoup perdu de sa splendeur originelle. L’entrée principale des salles de bal est aussi petite que triste. Les clients doivent gravir un escalier abrupt pour accéder au second étage, passer devant le bureau du gérant avant de parvenir soit à la salle rose, dans l’aile gauche de l’immeuble, soit à la grande salle située devant Broadway. Celle-ci mesure environ 54 mètres sur 18, tandis que ses murs nord, est et ouest abritent 65 box pouvant accueillir 12 personnes chacun. Plus éloignée de l’entrée principale de l’immeuble, le long du mur sud, se dressait une modeste estrade en bois derrière laquelle, dans une loge délabrée, exiguë et mal éclairée, les musiciens et les orateurs se préparent avant de monter sur scène.
Un après-midi d’hiver, le dimanche 21 février 1965, la grande salle est réservée par un groupe politique controversé installé à Harlem, l’Organization of Afro-American Unity (OAAU). Depuis près d’un an, la direction de l’Audubon lui loue la salle, mais son dirigeant, Malcolm X, ne cesse de la préoccuper. Une dizaine d’années auparavant, il est apparu dans le quartier comme ministre du Temple n° 7, le siège de la section locale d’une secte musulmane, la Lost-Found Nation of Islam (NOI). Ses membres – qui seront par la suite communément désignés par la presse comme les Black Muslims – prétendent que les Blancs sont des diables et présentent les Noirs américains comme la tribu de Shabazz, une tribu asiatique perdue, réduite en esclavage dans ce pays de sauvagerie raciale qu’était l’Amérique. Pour les membres de la secte, le chemin du salut passe par le rejet de leurs noms d’esclaves, qu’ils remplacent par la lettre X, symbole de l’inconnu. On explique aux membres de la Nation qu’après des années de dévouement personnel et de développement spirituel, ils recevront un nom « originel », en accord avec leur identité asiatique authentique. Porte-parole le plus connu de la Nation, Malcolm X gagne en notoriété à chaque critique qu’il adresse aux politiciens blancs, aussi bien qu’aux dirigeants du mouvement pour les droits civiques.
Au mois de mars de l’année précédente, Malcolm X a annoncé sa rupture avec la Nation et a rapidement créé son propre groupe religieux, la Muslim Mosque Inc. (MMI) pour accueillir les membres de la Nation qui l’ont quittée pour le suivre. Malgré cette rupture, Malcolm continue de faire des déclarations hautement polémiques : « Il y aura cette année plus de violence que jamais », prédit-il ainsi en mars 1964 à un journaliste du New York Times, « les Blancs feraient bien de comprendre cela pendant qu’il en est encore temps. Les Noirs sont prêts à agir à un niveau de masse5. » Réagissant à cette prédiction, le commissaire de police de New York a alors qualifié Malcolm de «?dirigeant autoproclamé, [qui] en appelant de ses vœux un bain de sang et un soulèvement armé, se moque des efforts sincères que font des hommes raisonnables pour résoudre le problème de l’égalité des droits par des moyens adéquats, pacifiques et légitimes?». Malcolm ne se montre nullement intimidé par cette attaque et rétorque : « Le plus grand compliment que l’on peut me faire est de dire que je suis irresponsable, parce que pour les autorités blanches, les Noirs responsables sont les oncles Tom6. »
Quelques semaines plus tard, Malcolm X connaît une révélation spirituelle. En avril, de retour aux États-Unis après son voyage à La Mecque, la ville sainte, après avoir accompli le hadj, il déclare s’être converti à l’islam sunnite orthodoxe. Rejetant tout lien avec la Nation et avec son dirigeant, Elijah Muhammad, il annonce son opposition à toute forme de bigoterie. Il se montre désormais disposé à coopérer avec le mouvement des droits civiques et à travailler avec tous les Blancs qui soutiennent sincèrement les Noirs américains. Cependant, en dépit de ces proclamations, il continue à faire des déclarations controversées en appelant les Noirs à créer des clubs de tir pour protéger leurs familles contre les racistes et en condamnant les deux candidats à l’élection présidentielle, le démocrate Lyndon B. Johnson et le républicain Barry Goldwater, qui ne constituent pas, d’après lui, un véritable choix pour les Noirs.
L’activité de l’OAAU repose pour l’essentiel sur des forums d’éducation populaire destinés aux communautés locales en encourageant la participation du public. Pour la réunion du 21 février, le principal orateur annoncé est Milton Galamison, un important pasteur presbytérien, qui a organisé des mobilisations contre la mauvaise qualité des écoles des quartiers noirs et latinos de New York. Si l’OAAU n’a pas directement participé à ces mobilisations, Malcolm a quant à lui publiquement loué les efforts du pasteur, et ses lieutenants ont cherché à conclure une alliance informelle avec lui.
Bien que la réunion ait été annoncée pour 14?heures, seule une quarantaine de personnes sont installées dans la salle à l’heure dite. La peur des violences explique peut-être que cette assemblée soit si clairsemée. Cela fait désormais plusieurs mois, en effet, que la Nation s’est engagée dans une querelle publique avec son ancien porte-parole ; et les partisans de Malcolm, à Harlem et ailleurs, ont été victimes d’agressions. La semaine précédente, le domicile de Malcolm, situé dans le paisible quartier d’Elmhurst, dans le Queens, a été la cible d’un attentat à la bombe incendiaire en pleine nuit. Afin d’empêcher tout affrontement public, la police de New York a détaché un groupe de deux douzaines de policiers affectés aux meetings de l’OAAU à l’Audubon. Il y a toujours au moins un homme, le plus souvent accompagné du chef d’équipe, en faction dans un bureau du deuxième étage, d’où ils peuvent surveiller en permanence les entrées dans la salle principale. Plusieurs autres policiers se tiennent à l’entrée principale ou à proximité, notamment dans un petit jardin d’enfants appelé Pigeon Park. Pourtant, ce jour-là, aucun agent ne se trouve à l’entrée de l’Audubon, et seul un homme a été posté, brièvement, dans le jardin7. Quant au bureau, il est resté vide. En fait, seuls deux hommes en uniforme se trouvent dans le bâtiment, avec pour instruction de demeurer dans la plus petite des salles, la rose, pourtant inoccupée et éloignée de celle du meeting8.
L’absence d’une présence policière substantielle va se révéler décisive. En effet, ce matin-là, cinq personnes, qui prévoyaient depuis des mois d’assassiner Malcolm X, se réunissent une dernière fois à Paterson dans le New Jersey. Les cinq hommes sont membres de la Mosquée de la Nation située à Newark, mais seul l’un d’entre eux en est un représentant officiel. Les autres sont des permanents de la secte, convaincus que leur mission a reçu l’accord de la direction de la Nation. Après une réunion au domicile de l’un des conspirateurs où ils se répartissent les tâches, les cinq hommes montent dans une Cadillac et prennent la direction du pont George Washington. Ils empruntent une sortie qui mène au nord de Manhattan et trouvent une place de stationnement près de l’Audubon qui leur permet un accès facile au pont et une fuite aisée vers le New Jersey9.
Le service d’ordre présent à l’entrée principale et dans la grande salle est composé d’une vingtaine de partisans de Malcolm. Le responsable de ce groupe est son garde du corps personnel, Reuben X Francis. Plus tôt dans l’après-midi, ce dernier a indiqué à William 64X George que l’équipe du jour sera peu nombreuse et qu’il aura besoin de son aide. En temps habituel, William, un homme de confiance, se tient à côté du pupitre situé au centre de la scène où s’exprime l’orateur et d’où il peut observer toute l’assistance. Mais, en ce jour particulier, Reuben lui demande de s’installer à l’entrée principale, c’est-à-dire aussi loin que possible de la tribune10.
Reuben délègue par ailleurs certaines décisions au coordinateur de la sécurité de la réunion, John D. X, habituellement chargé de superviser les membres du service d’ordre autour de la grande salle. Selon la procédure normale, les membres des équipes de sécurité montent la garde pendant trente minutes, une mission exigeante particulièrement pour les novices en matière de gestion des foules. Les postes les plus importants sont généralement occupés par d’anciens membres de la Nation ayant une expérience des questions de sécurité et une maîtrise des arts martiaux. Si un sympathisant connu de la Nation tente d’entrer, il est calmement, mais fermement interrogé, et ceux qui ont déjà fait preuve de violences ou qui sont connus pour leur hostilité à Malcolm sont raccompagnés sous bonne escorte à l’extérieur du bâtiment.
Linwood X Cathcart, ancien membre de la Mosquée n° 7 de Malcolm ayant récemment rejoint la Mosquée de Jersey City, est ce genre d’individu. Il pénètre dans l’Audubon à 13 heures 45 et s’assoit au premier rang, sur l’une des chaises pliantes en bois disposées dans la salle de bal. Les hommes de Malcolm l’ont repéré et pensent que sa présence pourrait créer des problèmes. Cathcart arbore avec insolence un badge de la Nation au revers de son veston. Reuben le persuade de l’accompagner au fond de la salle où, après avoir échangé quelques mots, il lui demande avec insistance de retirer le badge offensant s’il veut assister au meeting. Cathcart obtempère et retourne s’asseoir11. L’équipe de sécurité de Malcolm expliquera ultérieurement que Cathart est le seul membre loyaliste de la Nation repéré cet après-midi-là.
Un autre garde du corps est lui aussi en faction : Anas M. Luqman (Langston Hughes Savage), un ancien membre de la Nation qui a rompu avec celle-ci par loyauté envers Malcolm. Devant le grand jury, il affirmera être arrivé vers 13?h?20 et, après avoir discuté avec quelques personnes, avoir disposé, comme d’habitude, les sièges sur la tribune, installé le pupitre et ôté les installations inutiles. Puis, il « rejoint le public où [il] reste jusqu’au début de la réunion ». Peu après 14 heures, il décide de vérifier à nouveau les portes situées à droite de la scène et plus proches de l’endroit où se tient l’orateur. Pour une raison inconnue, ces portes ne sont pas verrouillées, ce qui ne manque pas de le troubler. Pourtant, au lieu d’en informer ceux qui assurent la sécurité de Malcolm, il retourne s’asseoir12.
Malgré le récent attentat à la bombe et les menaces de plus en plus violentes dont il fait l’objet, Malcolm a insisté pour qu’en ce dimanche après-midi, à l’exception de Reuben, aucun membre de son service d’ordre ne soit armé. Quelques jours auparavant, à l’occasion d’un meeting de l’OAAU, ses instructions ont été vigoureusement remises en cause. Le chef de la sécurité de Malcolm, James 67X Warden, est convaincu qu’un dispositif insuffisamment renforcé ne peut que poser des problèmes. Il expliquera plus tard son comportement :
Nous voulions fouiller les participants [pour rechercher des armes]. Mais c’était une réunion [publique] de l’OAAU et Malcolm avait dit?: «?Ces gens-là ne sont pas habitués à ce qu’on les fouille.?» Nous avons affaire à des gens complètement différents13.
Aussi, ce jour-là, lorsque le public commence à pénétrer dans l’Audubon, la plupart emmitouflés dans leurs manteaux d’hiver, personne n’est contrôlé. Si Reuben est contrarié par cette décision, il ne le montre pas et quitte même la salle pour aller régler au gérant les 150?dollars de location14.
Pendant ce temps, les tueurs ont déjà pénétré dans l’immeuble. Comme prévu, ils n’ont pas été fouillés. Le groupe se sépare : les trois tireurs s’installent au premier rang, en face et à gauche du pupitre. L’un d’entre eux, un costaud d’une vingtaine d’années à la peau très noire, doit ouvrir le feu le premier. Les deux autres portent également des armes de poing. Leur tâche est d’achever Malcolm après les premiers coups de feu. Deux autres complices sont assis côte à côte au septième rang. Ils ont pour mission de faire diversion, si possible, en lançant une grenade fumigène15.
À 14 heures 30, les quelque 200 personnes qui composent l’assistance commencent à s’impatienter. Benjamin 2X Goodman, l’adjoint de Malcolm à la Muslim Mosque Inc., monte sur la tribune et s’efforce pendant trente minutes de chauffer la salle. Comme il ne figure pas parmi les orateurs vedettes annoncés, la salle continue de discuter et de se saluer. Au bout de dix minutes environ, Benjamin parvient à attirer l’attention du public en rappelant les questions abordées par Malcolm dans ses interventions récentes, comme l’opposition à la guerre au Vietnam. Chacun sait que Malcolm prendra la parole immédiatement après l’introduction de Benjamin16.
Peu avant 15 heures, alors que Benjamin s’efforce de galvaniser l’assistance, un homme de grande taille, aux cheveux blond-roux, surgit et s’approche pour s’installer à quelques mètres du podium. Pris au dépourvu par l’entrée de Malcolm, Benjamin conclut son intervention et va s’asseoir sur une des chaises disposées sur la tribune. Pour des raisons de sécurité, Malcolm est censé ne jamais s’y trouver seul. Cependant, ce jour-là, il empêche son collègue de s’asseoir pour lui murmurer des instructions à l’oreille. Perplexe, Benjamin quitte la scène et retourne dans les coulisses17.
« As-salaam alaikum », les traditionnelles salutations arabes, sont les premiers mots de Malcolm. « Walaikum salaam » lui répond l’assistance. Mais avant même qu’il n’ait pu dire un seul mot de plus, un désordre inattendu éclate à six ou sept rangs de la scène. « Sors tes mains de mes poches?!?», crie un homme à son voisin. Les deux hommes se lèvent et commencent à se disputer, attirant le regard de tous. Depuis la tribune, Malcolm crie : « Arrêtez ! Arrêtez ! »18.
Les deux principaux militants qui gardent la tribune, Charles X Blackwell et Robert 35X Smith, se ruent pour séparer les deux hommes. La plupart de leurs camarades se précipitent également et abandonnent leur poste pour mettre fin à la bagarre, laissant Malcolm seul sur la scène. C’est à ce moment que le conspirateur du premier rang se lève et se dirige rapidement vers l’estrade. Il s’arrête à environ cinq mères du podium, ouvre son manteau, et sort son arme, un fusil à canon scié.
***
La date du 21 février 1965 est profondément gravée dans la mémoire de nombreux Afro-Américains comme le sont, pour d’autres, les assassinats de John F. Kennedy ou de Martin Luther King Jr. Dans la période turbulente qui a suivi la mort de Malcolm, ses disciples ont fait de « Pouvoir noir » leur mot d’ordre et ont élevé Malcolm au rang de saint séculier. À la fin des années 1960, il incarnait l’idéal de la négritude (blackness) pour une génération tout entière. Comme W. E. B. Du Bois, Richard Wright et James Baldwin, il a dénoncé les dégâts psychologiques et sociaux que le racisme inflige à son peuple ; il est également admiré en tant qu’homme d’action sans compromis, aux antipodes de la non-violence prônée par les classes moyennes noires ayant dominé le mouvement des droits civiques avant lui.
Le dirigeant noir le plus associé à Malcolm, dans la vie et dans la mort, est évidemment Martin Luther King. Cependant, bien qu’ayant passé la plus grande partie de sa jeunesse dans une Atlanta urbaine, King a rarement été reconnu comme un représentant des ghettos noirs. Dans les décennies qui suivront son assassinat, il sera associé à l’image d’un Sud rural fait de petites villes. Inversement, Malcolm est un produit du ghetto moderne. La rage pleine d’émotion qu’il exprime est une réaction au racisme dans son contexte urbain : écoles ségréguées, habitat médiocre, mortalité infantile élevée, drogue et crime. À partir des années 1960, l’immense majorité des Afro-Américains vit dans de grandes métropoles, et leurs conditions de vie sont plus proches de ce dont Malcolm parle que de ce que King représente. De ce fait, Malcolm réussit à trouver une large audience parmi les Noirs urbains, arrivés à la conclusion que la résistance passive s’avère insuffisante pour démanteler le racisme institutionnel.
La métamorphose du militant noir en colère en icône américaine du multiculturalisme est le produit de l’extraordinaire succès de L’Autobiographie de Malcolm X, coécrite avec Alex Haley et publiée neuf mois après son assassinat19. Best-seller dès les premières années de sa publication, le livre deviendra rapidement un ouvrage de référence dans des centaines de programmes de lycées et d’universités. À la fin des années 1960, une génération entière de poètes et d’écrivains afro-américains ont produit une suite apparemment sans fin d’hommages à leur idole abattue. Définitivement figée dans leur imaginaire, l’image de Malcolm, tout entier consacré et dévoué à la défense des intérêts et des aspirations de son peuple, arbore en permanence un large sourire quelque peu espiègle.
Immédiatement après son assassinat, des groupes très différents – les trotskistes, les nationalistes culturels noirs, les musulmans sunnites – se réclameront de lui. Des centaines d’institutions et d’associations de quartier seront rebaptisées pour honorer l’homme dont l’acteur Ossie Davis20 a fait l’éloge en parlant de « notre humanité, notre humanité noire vivante21 ». Dans l’armée, une association Malcolm X sera créée par des soldats afro-américains ; des militants de Harlem fonderont un Club démocrate Malcolm X22 ; en 1968, le producteur de cinéma indépendant, Marvin Worth, engagera James Baldwin pour écrire un scénario fondé sur L’Autobiographie, projet que le romancier décrit comme «?l’histoire de n’importe quel Noir, dans cette époque et ces lieux curieux23 » ; enfin, au début des années 1970, Betty Shabazz, la veuve de Malcolm X, sera l’invitée d’honneur d’un gala de soutien à Washington pour financer la réélection de Richard Nixon24.
La renaissance de la popularité de Malcolm au début des années 1990 est largement due à l’essor de la hip-hop nation. Dans le clip de « Shut ’Em Down » [Descends-les] du groupe Public Enemy, on peut ainsi voir l’image de Malcolm en surimpression sur le visage de George Washington ornant le billet d’un dollar américain, tandis qu’un autre groupe de hip-hop, Gang Starr, choisit un portrait de Malcolm pour jaquette de l’un de ses disques25. De leur côté, les conservateurs ont aussi tenté de le faire entrer dans leur panthéon. Au lendemain des émeutes raciales de Los Angeles en 1992, le vice-président Dan Quayle déclare ainsi qu’il a compris les raisons de l’explosion parce qu’il a lu L’Autobiographie de Malcolm, une révélation soudaine que la plupart des Afro-Américains ont jugée ridicule, à l’instar du réalisateur Spike Lee qui a alors ce commentaire moqueur : « Chaque fois que Malcolm X parlait de «?diables aux yeux bleus », Quayle devrait comprendre que c’est de lui qu’il parle26.?»
La même année, le film de Spike Lee permet à Malcolm de toucher une nouvelle génération27. En 1992, selon un sondage, 84 % des Afro-Américains âgés de quinze à vingt-quatre ans le décrivent comme « un héros pour les Noirs américains d’aujourd’hui28 ». Après l’avoir relégué à la périphérie de l’histoire noire moderne pendant des années, les historiens commencent désormais à le considérer comme une figure centrale. Il est devenu «?une partie intégrante de l’édifice qui façonne l’identité afro-américaine contemporaine?», écrit l’historien Gerald Horne : « Sa passion pour la musique, la danse et les boîtes de nuit a renforcé ses liens avec les Noirs29. » Nombre de Blancs, cependant, n’ont retenu de Malcolm que son passage du séparatisme noir à une sorte d’universalisme multiculturel. Son assimilation à la culture américaine dominante est consacrée le 20 janvier 1999 à l’Apollo Theater de Harlem – quelle ironie ! –, quand le service postal des États-Unis, célébrant la sortie d’un timbre à son effigie, déclare à la presse qu’un an avant son assassinat, Malcolm X s’est fait l’avocat d’une « solution plus intégrationniste aux problèmes raciaux30 ».
Une lecture attentive de L’Autobiographie, de même que certains détails de la vie de Malcolm laissent apparaître une histoire plus complexe. Peu nombreuses ont été les critiques du livre à prendre en compte le fait que L’Autobiographie a été écrite à quatre mains et plus précisément qu’Alex Haley, retraité de l’US Coast Guard, a été guidé dans cette collaboration par ses objectifs propres. Républicain libéral, ce dernier n’a que mépris pour le séparatisme racial et l’extrémisme religieux de la Nation, mais il est fasciné par le récit torturé de la vie personnelle de Malcolm. En 1963, quand débute la collaboration de ces deux hommes si différents, Malcolm a en tête un récit à la morale édifiante, louant la puissance d’Elijah Muhammad, le dirigeant de la Nation. Après sa rupture avec la secte, Malcolm se sert de L’Autobiographie pour expliquer sa rupture avec le séparatisme noir. L’objectif de Haley est quant à lui très différent ; il conçoit le livre avant tout comme une histoire destinée à mettre en garde contre le gaspillage de la vie et les tragédies causés par la ségrégation raciale. Par maints aspects, le livre est davantage celui de Haley que celui de Malcolm. Mort en février 1965, il n’a en effet pas eu la possibilité de réviser les passages principaux du livre, considéré comme son testament politique.
Ma propre curiosité à propos de L’Autobiographie a commencé il y a plus de vingt ans, alors que j’enseignais à l’Université de l’Ohio et que le livre faisait partie d’un séminaire sur la pensée politique africaine américaine. Parmi les dirigeants afro-américains qui jalonnent l’histoire, Malcolm est sans aucun doute le militant « politique » le plus accompli, celui qui a insisté sur l’importance de l’engagement de la base et des politiques participatives conduites par la classe ouvrière noire et les Noirs pauvres. Pourtant, son Autobiographie ne contient presque pas un mot sur son organisation, si importante, l’OAAU. Ni son programme ni ses objectifs n’apparaissent dans l’ouvrage. Après des années de recherches, j’ai découvert que plusieurs chapitres ont été supprimés avant la publication – les chapitres qui envisageaient la construction d’un front uni des Noirs, constitué d’une large palette de groupes sociaux et politiques, conduit par les Black Muslims. Selon Haley, cette suppression a été faite à la demande de Malcolm après son retour de La Mecque. C’est probablement vrai. Cependant, Malcolm n’a eu absolument aucune influence sur la décision de Haley de faire rédiger l’introduction du livre par M. S. Handler – un journaliste du New York Times qui a largement suivi les activités de Malcolm au cours des années précédentes –, pas plus qu’il n’en a eu sur la conclusion décousue de Haley qui a fermement enserré Malcolm dans le cadre du courant traditionnel et respectable des droits civiques de la fin de sa vie.
Une lecture approfondie révèle également de nombreuses incohérences dans les noms, les dates et les faits. À la fois en tant qu’historien et en tant qu’Afro-Américain, j’étais perplexe. Qu’est-ce qui n’est pas vrai et qu’est-ce qui n’a pas été dit ?
La recherche de la preuve historique et de la vérité factuelle se compliquait encore avec les différentes strates de la vie du sujet. Passé maître dans l’art de la rhétorique, il pouvait raconter avec brio des histoires sur sa vie qui étaient en partie inventées. Mais ces histoires avaient des accents de vérité pour la plupart des Noirs qui subissaient le racisme. Dès son plus jeune âge, Malcolm Little, son nom d’état civil, s’était construit de multiples masques qui lui permirent de mettre de la distance entre le monde extérieur et sa personnalité. Des années plus tard, lorsqu’il est enfermé dans une cellule d’une prison du Massachusetts ou quand il parcourt le continent africain lors des révolutions anticoloniales, il maintiendra cette double capacité à anticiper les actions des autres et à présenter l’image la plus saisissante de lui-même. Il avait acquis les outils subtils d’un ethnographe, ciselant son langage pour l’adapter au contexte culturel de ses différents publics. Par conséquent, les différents groupes percevaient sa personnalité et son message élaboré au travers de leur prisme propre. Dans toutes les situations, Malcolm dégageait un charme et un humour vivifiant, mettant ses opposants idéologiques sur la défensive, ce qui lui permettait de mettre en avant des arguments provocants, voire scandaleux.
Malcolm adoptait toujours un style abordable et familier, tout en restant sur sa réserve. Les différentes facettes de sa personnalité se sont aussi exprimées dans les noms différents qui lui ont été attribués ou qu’il s’est attribués : Malcolm Little, Homeboy, Jack Carlton, Detroit Red, Big Red, Satan, Malachi Shabazz, Malik Shabazz, El-Hajj Malik El-Shabazz. Aucune de ses facettes ne peut à elle seule rendre compte complètement de sa personnalité. En ce sens, son récit est une brillante série de réinventions, « Malcolm X » n’étant que la plus connue.
Avec le talent d’un grand acteur, Malcolm s’inspirait généreusement de sa vie et, le temps passant, la distance entre la réalité et ce qu’il disait à son auditoire se creusait. Après sa mort, à travers divers distorsions et enjolivements, ses partisans dévots, ses amis, les membres de sa famille ou même ses opposants transformeront sa vie en légende. Malcolm fascinait de nombreux Blancs d’une façon sensuelle et animale, et les journalistes qui couvraient régulièrement ses discours y décelaient un sous-texte maîtrisé et indubitablement sexuel. M. S. Handler, qui accueillit Malcolm chez lui pour une interview, au début de mars 1964, liait son aura de puissance physique à sa politique :
À notre époque, aucun homme n’a provoqué autant de peur et de haine chez le Blanc que Malcolm, parce qu’en lui le Blanc a senti un ennemi implacable, que l’on ne pouvait acheter, un homme engagé sans réserve pour la libération de l’homme noir31.
Dans sa jeunesse, Malcolm lui-même utilisait fréquemment des métaphores évocatrices pour décrire sa personnalité. Par exemple, pour évoquer son incarcération dans le Massachusetts en 1946, il comparait son enfermement à celui d’un animal pris au piège?:
Je faisais les cent pas pendant des heures comme un léopard en cage et je jurais à haute voix avec haine. […] Les détenus qui se trouvaient dans la même section que moi ont fini par me trouver un nom : « Satan »32.
La femme de Handler, qui rencontra Malcolm à l’occasion de l’interview, confessa à son mari que «?c’était comme prendre le thé avec une panthère noire33 ».
Cependant, pour les Noirs américains, le message de Malcolm s’enracine dans un imaginaire culturel entièrement différent. Son authenticité provient de ce qu’il semble incarner deux figures centrales de la culture populaire afro-américaine : il est à la fois l’arnaqueur/escroc et le prédicateur/ministre du culte. Tel Janus, il est l’escroc imprévisible, capable des transgressions les plus scandaleuses et le prêcheur qui sauve les âmes, rachète les vies à la dérive et promet un nouveau monde. Observateur attentif de la culture populaire noire, dans son expression politique, Malcolm mélange contes animaliers, métaphores rurales et histoires d’escrocs?; par exemple, en réinterprétant la fable du loup et du renard à propos de l’opposition entre Johnson et Goldwater. Ses discours captivaient le public parce qu’il en orchestrait les thèmes dans un récit qui promettait le salut ultime. Il se présentait comme un homme sans compromis, totalement dévoué à la prise du pouvoir des Noirs sur leur vie, sans aucune considération pour sa sécurité personnelle. Même ceux qui rejetaient sa politique reconnaissaient sa sincérité.
De toute évidence, l’analogie entre l’acteur et le dirigeant politique est osée, mais en politique, l’art de la réinvention pour les personnages publics exige une capacité de réorganisation sélective de leurs vies passées et l’élimination des épisodes embarrassants. En ce qui concerne Malcolm, la mémoire de ses amis et de ses proches montre que le personnage de Detroit Red, le fameux hors-la-loi de L’Autobiographie, est largement exagéré34. Le casier judiciaire de Malcolm Little pour les années 1941-1946 révèle qu’il a délibérément construit son histoire criminelle, enchevêtrant des éléments de son passé dans une allégorie destinée à illustrer les conséquences destructrices du racisme des systèmes judiciaire et pénitentiaire américains. Inventer était une façon efficace pour lui de toucher les secteurs les plus marginalisés de la communauté noire et de répondre à leurs espoirs.
Avec ce livre, mon premier objectif est d’aller au-delà de la légende et de raconter la véritable vie de Malcolm. Je présente également des éléments que Malcolm n’a pu connaître : notamment l’importance de la surveillance illégale exercée par le FBI et par la police de New York, les provocations montées contre lui, la vérité sur ceux de ses partisans qui le trahissaient politiquement et personnellement, l’identification de ceux qui sont responsables de son assassinat.
Un des plus grands défis auquel j’ai été confronté dans la reconstitution de sa vie a consisté dans l’examen de ses activités au sein de la Nation. La plupart des études connues se sont concentrées sur les deux dernières années de sa carrière publique. La difficulté à mettre au jour ses discours et ses lettres datant des années 1950 venait en partie de la direction de la Nation, assurée par Louis X Walcott, connu aujourd’hui sous le nom de Louis Farrakhan, et qui n’avait jamais permis aux chercheurs d’accéder aux archives de la secte. Après des années d’efforts, j’ai pu entamer un dialogue avec la Nation ; et en mai 2005, j’ai rencontré Louis Farrakhan pour une extraordinaire séance de travail qui a duré neuf heures. À la suite de cette rencontre, la Nation m’a permis d’obtenir des cassettes audio, vieilles de cinquante ans, contenant les sermons et les conférences que Malcolm avait livrés alors qu’il dirigeait la Mosquée n° 7, enregistrements qui fournissent un éclairage pénétrant sur son évolution politique et spirituelle. D’anciens membres de la Nation ont aussi accepté de m’accorder des entretiens?; le plus important d’entre eux, Larry 4X Prescott – ultérieurement connu sous le nom d’Akbar Muhammad – fut l’assistant de Malcolm avant de se ranger du côté d’Elijah Muhammad lors de la scission de mars 1964. Ces sources m’ont apporté une perspective qui n’avait jusque-là jamais été prise en compte de manière satisfaisante : le point de vue de la Nation et de ses adhérents.
Par différents aspects, le parcours de réinvention de Malcolm est centré sur la quête qui a été celle de toute sa vie : la détermination du sens et de la substance de la foi. Alors qu’il est détenu, il adhère à une secte anti-blanche, quasi islamique qui a conforté sa conception fragmentée de l’humanité et de l’identité ethnique. Mais en voyageant à travers le monde, Malcolm découvre que l’islam orthodoxe est par bien des aspects contradictoires avec la stigmatisation raciale et l’intolérance qui sont au cœur du credo de la Nation. Malcolm adopte alors le véritable universalisme de l’islam et sa foi dans la possibilité pour chacun de trouver la grâce d’Allah, quelle que soit sa race. L’islam est également le fondement spirituel sur lequel il construit sa politique révolutionnaire pour le tiers-monde, dans lequel on peut voir des parallèles frappants avec la guérilla argentine ou avec Che Guevara, le codirigeant de la révolution cubaine de 1959. L’islam lui permet également de nouer des liens avec les Frères musulmans, au Liban, en Égypte et à Gaza, ainsi qu’avec l’Organisation de libération de la Palestine. Sollicitant au nom de l’islam orthodoxe le soutien du gouvernement de Gamal Abdel Nasser pour ses activités aux États-Unis, il a dû adopter les positions politiques de Nasser, notamment en manifestant avec force son hostilité à Israël.
Il reste de nombreuses questions sans réponse sur la mort de Malcolm et sur ceux qui ont commandité son assassinat. L’Histoire n’est pas une enquête sur des affaires non élucidées ; j’ai eu à soupeser des hypothèses médico-légales et non des certitudes. Bien qu’en 1966 trois membres de la Nation aient été reconnus coupables du meurtre, de nombreux éléments suggèrent que deux de ces hommes étaient innocents, que le FBI et la police de New York le savaient pertinemment et que le bureau du procureur de New York était plus préoccupé par la protection de l’identité des policiers infiltrés et de ses informateurs que par l’arrestation des véritables tueurs. Que ce meurtre demeure non résolu près de cinquante années plus tard lui confère une place particulière, que ce soit dans les annales de l’histoire afro-américaine ou dans celles des États-Unis. Contrairement aux meurtres de Medgar Evers et de Martin Luther King Jr, assassinés par des suprématistes blancs isolés, ou à celui de George Jackson, perpétré par des gardiens de prison en Californie, Malcolm a été tué en public au cœur de l’Amérique noire urbaine. Dans la précipitation du jugement, sa mort a été attribuée à la seule Nation. L’image construite par les médias d’un Malcolm X démagogue et dangereux rendit impossible la conduite d’une enquête minutieuse sur sa mort, et ce ne fut que dans les communautés noires américaines qu’il devint un martyr politique. Trente années ont été nécessaires pour que l’Amérique blanche modifie sa perception.
La grande tentation du biographe d’une icône est de l’élever au rang de quasi-saint, en évacuant les contradictions normales et les défauts de tout être humain. J’ai consacré tant d’années à comprendre la personnalité et la pensée de Malcolm que cette tentation s’est évanouie depuis longtemps. Malcolm est une authentique figure historique dans le sens où, plus que ses contemporains, il incarne les tendances, la vitalité et l’état d’esprit politique de toute une population – noire et urbaine vivant dans l’Amérique au milieu du 20e siècle. Il s’exprimait avec clarté, avec humour et avec force, et les publics noirs, tant aux États-Unis qu’en Afrique, réagissaient avec enthousiasme. Même lorsqu’il faisait des déclarations controversées avec lesquelles la majorité des Afro-Américains étaient fortement en désaccord, ils étaient peu nombreux à mettre en cause sa sincérité et son engagement. D’un autre côté, l’examen complet de son activité révèle des erreurs de jugement graves, dont les négociations avec le Ku Klux Klan. Mais, contrairement à beaucoup d’autres dirigeants, Malcolm avait le courage de reconnaître ses erreurs, de les déceler et de s’excuser auprès de ceux qu’il avait offensés. Même lorsque j’ai pu avoir des désaccords importants avec lui, j’ai toujours admiré en lui la force et l’intégrité du personnage et l’amour qu’il portait aux Afro-Américains et à leur culture.
Pour comprendre la résurrection de Malcolm, d’abord parmi les Afro-Américains, puis dans toute l’Amérique, nous devons démêler l’écheveau de sa remarquable vie : une histoire qui commence dans une petite communauté noire située au nord de Omaha dans le Nebraska.
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à voir aussi
références
⇧1 | Voir Eric William Allison, « Audubon theatre and ballroom », dans Kenneth T. Jackson (dir.), The Encyclopedia of New York City, New Haven, Yale University Press, 1995, p. 66. |
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⇧2 | NdT: Voir en fin d’ouvrage (p.?755) la traduction du nom des organisations citées. |
⇧3 | Lettre à la rédactrice, Shirley G. Quill, New York Times, 1er avril 1990. Quill note que « bien avant l’horrible assassinat de Malcolm X, l’Audubon était connu comme le berceau du TWU, le premier syndicat des employés municipaux des transports dans l’histoire ouvrière moderne?». |
⇧4 | « Girl and man shot in dance hall », New York Times, 22?septembre 1929. |
⇧5 | M. S. Handler, « Malcolm X splits with Muhammad », New York Times, 9?mars 1964 ; M. S. Handler, « Malcolm X sees rise in violence », New York Times, 13?mars 1964. |
⇧6 | Emanuel Perlmutter, « Murphy says City will not permit rights violence », New York Times, 16?mars 1964. |
⇧7 | Entretien avec Herman Ferguson, membre de l’OAAU et témoin de l’assassinat de Malcolm X, 27 juin 2003. |
⇧8 | Peter Goldman, The Death and Life of Malcolm X, édition révisée, Urbana, University of Illinois Press, 1979, p.?269, 274. |
⇧9 | Ibid., p. 416-419. |
⇧10 | Déclaration de William 64X George au New York County District Attorney’s Office (bureau du procureur du comté de New York), 18 mars 1965. Les interrogatoires de la police concernant l’enquête sur le meurtre de Malcolm X sont disponibles dans le dossier 871-65, série 1, au New York Department of Records and Information Services, Municipal Archives in the City of New York (MANY). Le dossier du procureur sur l’assassinat de Malcolm X est divisé en trois séries, selon des périodes chronologiques. La série 1 contient les pièces relatives à l’enquête de police et la mise en examen. La série 2 contient les documents du procès pour meurtre de 196. La série 3 réunit les appels des agresseurs condamnés, Norman Butler, Thomas Johnson, et Talmadge Hayer (alias Thomas Hagan). Les documents internes du FBI non classifiés et une copie de la décision intégrale du Grand Jury lors du procès pour le meurtre de Malcolm X dans la série 1 sont des pièces décisives. Les dossiers du procureur sont restés fermés au public jusqu’en 1993, date à laquelle ils ont été transférés aux archives municipales de la ville de New York. Pour une analyse complète du dossier judiciaire, voir Elizabeth Mazucci, St. Malcolm’s Relics?: A Study of the Artifacts Shaped by the Assassination of Malcolm X, Ph.D.?dissertation, University of Columbia, 2005. |
⇧11 | Lors de son interrogatoire par la police, on montra à Linwood X Cathcart les photos de Norman Butler et de Thomas Johnson, deux membres de la Nation arrêtés pour le meurtre de Malcolm X. Linwood X affirma ne pas reconnaître Johnson et Butler sur les photographies et qu’aucun des deux hommes n’était présent à la réunion de l’Audubon. Puis, de façon provocante, selon les dossiers de la police, Cathcart « en vint à dire que Malcolm X pouvait être comparé à Benedict Arnold puisqu’il était également un traître et qu’Allah prend soin de nous tous ». Voir Augurs Linwood C. Cathcart, interrogatoire par la police, 22 mars 1965, dossier 871-65, série 1, MANY. |
⇧12 | Témoignage de Langston Savage devant le grand jury et interrogatoire par la police de New York de Langston Savage, 22 mars 1965, dossier 871-65, série 1, MANY. |
⇧13 | Entretien avec James 67X Warden (également connu sous le nom de Abdullah Abdur Razzaq et de James Shabazz), 21?juillet 2003. |
⇧14 | Officer William E. Confrey, « Interview of Mr. William Fogel, Manager of Audubon Ballroom, 21 février 1965 », dossier 871-65, série 1, MANY. |
⇧15 | Goldman, The Death and Life of Malcolm X, op. cit., p. 418-419. |
⇧16 | Transcription de l’adresse faite par Benjamin 2X Goodman(Benjamin Karim) à l’Audubon le 21 février 1965. Copie et bandes sonores en possession de l’auteur. |
⇧17 | Ibid. Voir également Goldman, The Death and Life of Malcolm X, op. cit., p. 271-273. |
⇧18 | Transcription du discours de Benjamin 2X Goodman. Les remarques initiales de Malcolm X peuvent être entendues sur l’enregistrement. |
⇧19 | NdT : L’Autobiographie de Malcolm X fut publiée en France en 1966 par Grasset, dans une traduction d’Anne Guérin. Cette édition française n’incluant pas la totalité de l’ouvrage original et la traduction étant parfois datée, nous avons choisi de nous référer principalement à l’édition américaine et de retraduire les passages cités. |
⇧20 | NdT : Ossie Davis (1917-2005) acteur, producteur, réalisateur et scénariste africain-américain. Engagé dans le mouvement des droits civiques, il collecte des fonds pour les Freedom Riders et se lie à Martin Luther King. C’est lui qui annoncera le décès de W. E. B. Du Bois à la tribune de la marche sur Washington de 1963 et qui prononce l’éloge funèbre de Malcolm X. |
⇧21 | Malcolm X et Alex Haley, The Autobiography of Malcolm X, New York, Ballantine, 1999, p.?462. |
⇧22 | Goldman, The Death and Life of Malcolm X, op. cit., p. 378. |
⇧23 | Voir James Baldwin, One Day, When I Was Lost: A Scenario Based on Alex Haley’s The Autobiography of Malcolm X, New York, Dell, 1972 (James Baldwin, Le jour où j’étais perdu, Paris, Syllepse, 2013) ; David Leeming, James Baldwin: A Biography, New York, Henry Holt, 1994, p. 297-299?; Brian Norman, « Reading a closet screenplay : Hollywood, James Baldwin’s Malcolm X and the threat of historical irrelevance », African American Review, vol. 39, n°2, printemps 2005, p.?103-118. |
⇧24 | Paul Deloney, « Black parlays in Capital hail Nixon and Thurmond », New York Times, 12 juin 1972. |
⇧25 | William T. Strickland et Cheryll Y. Greene (éd.), Malcolm X : Make It Plain, New York, Viking, 1994, p. 225. |
⇧26 | Sam Roberts, « Dan Quayle, Malcolm X and American values », New York Times, 15 juin 1992. |
⇧27 | NdT : Spike Lee, Malcolm X, 1992. |
⇧28 | « Will the real Malcolm X please stand up ? », Los Angeles Sentinel, 7?janvier 1993. |
⇧29 | Gerald Horne, « Myth and the making of Malcolm X », American Historical Review, vol. 98, n°?2, avril?1993, p. 448. |
⇧30 | Manning Marable, Living Black History : How Reimagining the African-American Past Can Remake America’s Racial Future, New York, Basic Civitas, 2006, p.?147. |
⇧31 | Malcolm X et Haley, Autobiography, op. cit., p.?xxv. |
⇧32 | Ibid., p.?256. |
⇧33 | Ibid., p. xxv. |
⇧34 | Voir l’analyse de la carrière criminelle de Detroit Red dans Rodnell P. Collins et Peter Bailey, Seventh Child?: A Family Memoir of Malcolm X, New York, Kensington, 1998. |