
Chute du régime d’Assad : le peuple syrien entre espoir et menaces
À un moment presque inattendu, le régime de Bachar Al-Assad s’est effondré le 8 décembre 2024 face à l’offensive éclair dirigée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham, soutenu par la Turquie.
Cette date met ainsi fin à cinq décennies de la dynastie tyrannique Al-Assad. Issu du parti Baath, Hafez Al-Assad prend le pouvoir par un coup d’État en novembre 1970. Tout en poursuivant des politiques de redistribution des ressources suivant un modèle social-étatique qui domine depuis le début des années 1960 mais également suivant des logiques clientélistes, il écarte de manière extrêmement violente toute opposition à son pouvoir, jetant ce faisant les bases d’un autoritarisme d’État qui se poursuivra jusqu’à la chute du régime. À partir des années 1980, se développent, dans le giron du régime, des réseaux entre le secteur public et le secteur privé ainsi qu’une nouvelle bourgeoisie.
Sur le plan régional, une inflexion violemment hostile est opérée à l’égard de l’Organisation de libération de la Palestine par Hafez Al-Assad qui entend contrôler la scène politique palestinienne ainsi que le Liban. En 1990, le régime syrien s’allie aux États-Unis dans la coalition contre l’Irak et il met sous sa tutelle le Liban dont, au sortir de la guerre civile, il contrôle la vie politique et sécuritaire tout en assurant le droit au Hezbollah de mener la résistance contre l’occupation israélienne. Au début des années 2000, alors que les États-Unis ouvrent une ère de lutte contre le « terrorisme », le régime syrien fait l’objet d’une offensive diplomatique étasunienne essentiellement en raison de son soutien au Hezbollah.
Entretemps, le « contrat social » en Syrie consistant à légitimer la terreur d’État par le volet social se brise peu à peu au cours des années 2000. En effet, sous le mandat de Bachar Al-Assad, les logiques répressives sont toujours d’une brutalité terrifiante, les services publics deviennent de plus en plus délabrés, les politiques de libéralisation économique s’accélèrent aux dépens des classes populaires urbaines et paysannes, les privatisations renforçant la corruption et la monopolisation des ressources par le clan Al-Assad.
Dans ce contexte, le soulèvement du peuple syrien pour ses droits sociaux et démocratiques de 2011 est violemment réprimé par le régime et, assez vite, l’ingérence des puissances régionales et internationales conduit à une guerre multidimensionnelle aux conséquences dévastatrices, dont la responsabilité incombe en premier lieu au régime de Bachar Al-Assad.
À l’aune de ce contexte, on ne peut que se réjouir pour le peuple syrien à présent libéré de la dictature des Al-Assad. Dans le même temps, la situation présente de nombreuses inconnues quant aux politiques que vont mener les nouveaux dirigeants à Damas, quant aux moyens pour le peuple syrien dans sa pluralité de réellement prendre en main son destin, et quant à l’unité de la Syrie et à sa position vis-à-vis du colonialisme israélien dans la région. Toute incertaine qu’elle soit, la nouvelle conjoncture ouvre en tous cas de réelles possibilités de changement pour le peuple syrien.
Dans cette optique attentive aux questions sociales, démocratiques et coloniales, et soucieuse d’éclairer les enjeux et les défis complexes face auxquels se trouve le peuple syrien, la rédaction de Contretemps propose une série d’articles sur le sujet dont les points de vue variés ne sont pas nécessairement convergents mais permettent chacun d’éclairer les divers aspects de la situation. Le premier que nous publions, du chercheur Bassam Haddad, a été publié le 18 décembre 2024 sur le site Mondoweiss.
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Dans la mesure où de nombreuses variables demeurent inconnues à ce jour, le texte qui suit ne peut prétendre être parfaitement en phase avec la réalité actuelle. Une chose cependant est indiscutable : le régime Assad n’existe plus, et Bachar al-Assad ainsi que son entourage direct ont fui la Syrie.
Pour toutes celles et ceux qui ont vécu sous la domination de ce régime pendant des décennies, cette nouvelle est source de réjouissance. C’est aussi mon cas — tout comme pour la majorité des membres de ma famille syrienne et de mes ami-e-s dans le pays, bien que ces derniers nourrissent de vives inquiétudes pour l’avenir et manifestent un manque d’enthousiasme envers le groupe désormais au pouvoir, Hay’at Tahrir Al-Cham (HTC), composé principalement d’anciens membres de Jabhat Al-Nusra (JAN).
À sa création et durant plusieurs années, ce groupe considérait les non-musulman-e-s comme des citoyens de seconde zone, à peine toléré-e-s. Cependant, à partir de 2016, HTC a opéré une transformation publique, revenant sur certaines de ses positions les plus radicales. Malgré cette trajectoire préoccupante, l’abandon total du régime syrien, y compris envers ses propres allié-e-s et partisan-e-s, particulièrement depuis 2020, a conduit à une situation où même celles et ceux qui critiquaient en toute bonne foi les groupes militants de l’opposition se retrouvent aujourd’hui soulagé-e-s du départ d’Assad. Il semble désormais probable que la conclusion de cette séquence soit la suivante : le soupir de soulagement que nous observons aujourd’hui ne contredit en rien les profondes inquiétudes de nombreux Syriens et Syriennes quant à la précarité des mois à venir.
Dans les premiers jours, intenses, qui ont suivi le 8 décembre, date à laquelle Bachar a définitivement quitté la Syrie, de nombreux observateurs ont, à juste titre, noté que la jubilation du peuple syrien était teintée d’une profonde ambivalence face aux perspectives d’avenir. Ces préoccupations ne concernaient pas seulement la formation d’un nouveau gouvernement, mais aussi les défis liés au développement et à la souveraineté de la Syrie, notamment sa relation avec l’expansionnisme, la belligérance et les campagnes militaires d’Israël, qui continue d’occuper le Golan syrien et en profite pour y étendre sa présence. À ce stade, nous devons tenter d’analyser cette nouvelle configuration sans prétendre connaître l’histoire dans sa totalité, en particulier en ce qui concerne les compromis qui ont eu lieu avant que la Turquie ne donne à HTC le feu vert pour reprendre les combats.
Ainsi, bien que l’effondrement du régime Assad ait indéniablement apporté un sentiment de soulagement, voire de joie, à une large part de la population syrienne, ce répit reste néanmoins tempéré par les défis colossaux qui se profilent à l’horizon. Le chemin vers une véritable libération et une souveraineté réelle est semé d’incertitudes, notamment en raison de l’agression et de l’expansion continues d’Israël sur le territoire syrien – une menace qui ne semble pas attirer l’attention sérieuse des nouveaux dirigeants au pouvoir en Syrie.
Les erreurs de calcul et l’orgueil démesuré du régime Assad
Certain-e-s soutiennent que le régime Assad, jusqu’à sa chute, est resté un acteur actif de l’axe de la résistance, ce qui les a poussés à le défendre jusqu’à la fin. Il est essentiel de rappeler que la Syrie a historiquement joué un rôle indirect dans cet axe, notamment en facilitant son fonctionnement, mais avec une intensité fluctuante au fil du temps. Par exemple, son rôle central en 2006 avait diminué considérablement en 2023-24. Il est aussi important de souligner que, suite aux campagnes de bombardement d’Israël contre le Hezbollah et la meurtrière « opération Bipeurs » à l’automne 2024, ainsi que les frappes massives en Syrie visant les ressources militaires syriennes et iraniennes, l’importance stratégique de la Syrie pour l’axe de la résistance, en tant que « cheville ouvrière » ou « passerelle », a été gravement diminuée.
Dans ce contexte, les calculs et positions des acteurs impliqués ont évolué, comme cela est apparu clairement en novembre et décembre derniers. Aujourd’hui, parmi les partisans de l’axe de la résistance, beaucoup regrettent que l’ascension rapide de HTC, sa progression et sa prise du pouvoir, aient profité à Israël et facilité la poursuite de son génocide à Gaza. L’argument avancé est que le démantèlement de l’axe de la résistance permet à Israël de mener sa campagne génocidaire avec encore plus de facilité, suggérant que le départ d’Assad aurait pu avoir été orchestré par les États-Unis et ses alliés, y compris la Turquie, qui contrôle les mouvements de HTC à Idlib depuis 2018.
Bien que cette thèse soit crédible, elle omet le rôle crucial joué par le régime syrien dans la précipitation de sa propre chute et l’échec à anticiper que le moment serait favorable pour que ses opposants se mobilisent. En réalité, les erreurs du régime remontent bien plus loin que l’année écoulée ou même la décennie passée, mais elles ont toutes contribué à conduire à ce moment.
En 2011, le régime, après quatre décennies de pouvoir autoritaire, a été le principal responsable de la création des conditions qui ont mené au soulèvement, bien avant l’émergence de JAN et l’intervention directe d’une multitude d’États – tels que la Turquie, les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar – et d’acteurs non étatiques avec la montée en puissance de groupes comme ISIS.
Depuis lors, la Syrie a dû faire face à de nombreux défis, dont certains ne sont pas imputables directement au régime. La pandémie de Covid-19 a entraîné des conséquences dévastatrices sur le pays, suivie d’une épidémie de choléra et d’une vague de toxicomanie, qui a vu l’émergence d’une immense industrie de la drogue, dont le régime a tiré profit. L’imposition par les États-Unis de sanctions paralysantes a lourdement affecté les Syriens et Syriennes ordinaires, un comportement qui s’inscrit dans la logique habituelle des États-Unis vis-à-vis des pays adversaires dans la région. Cependant, malgré ces circonstances atténuantes, le régime n’a pas montré de volonté de prendre de mesures pour maintenir son autorité et sa légitimité là où cela aurait été possible. Il a notamment refusé de répondre à de multiples appels à la réconciliation, y compris ceux de ses alliés, qui avaient tout risqué pour garantir sa survie en tant que partenaire (même mineur, mais déterminant) de l’axe de la résistance.
Dès 2016, après avoir repris le contrôle, le régime avait mis fin aux hostilités majeures, ce qui marquait la fin des espoirs des rebelles de renverser le pouvoir à cette époque. Depuis 2018/19, le pouvoir s’est maintenu dans une guerre d’usure de faible intensité contre les rebelles. En parallèle, les conditions économiques catastrophiques du pays étaient exacerbées, non seulement par les sanctions américaines, mais aussi par l’ingérence persistante (depuis 14 ans) de nombreux acteurs régionaux et internationaux. Il est évident que ces acteurs, qu’il s’agisse de la Turquie, de l’Arabie saoudite ou du Qatar, ne se sont jamais réellement souciés du bien-être des Syriens et Syriennes.
En réalité, avant le soulèvement, la plupart de ces États travaillaient étroitement avec le régime, le soutenant directement ou se mettant d’accord sur une certaine détente des rapports. Seuls les États-Unis s’opposaient à l’époque au pouvoir syrien, mais leurs antécédents dans la région et leur absence totale de principes en matière de soutien aux dictatures et de destruction directe ou indirecte des États arabes les placent largement au même niveau que les autres en termes d’hypocrisie.
Le soulèvement, et les interventions internationales qui l’ont suivi, a plongé le pays dans une situation tragique, marquée par une crise des réfugié-e-s sans précédent : plus de six millions de personnes ont été contraintes de fuir à l’étranger, tandis qu’un nombre similaire a été déplacé à l’intérieur des frontières, sans possibilité de retour. Le régime syrien n’a entrepris aucune mesure pour atténuer ces souffrances, ni même pour restaurer ses capacités militaires, malgré les ressources à la disposition de ses dirigeants. Il a, au contraire, maintenu une répression implacable, toléré des niveaux alarmants de corruption et refusé toute tentative de réconciliation avec les forces rebelles, en dépit des exhortations pressantes de son allié le plus proche, l’Iran, et, plus récemment, de la Turquie.
Désormais, il apparaît que la Turquie cherchait avant tout à gagner du temps, entretenant l’illusion d’une stabilité du front d’Idlib. En outre, étant donné qu’un observateur averti aurait aisément pu prévoir que l’affaiblissement du Hezbollah et la retenue apparente de l’Iran offriraient une opportunité à Israël ou aux rebelles pour lancer une attaque, il est évident que le régime syrien aurait dû être capable d’anticiper cette menace et de renforcer sa vigilance en conséquence.
Comme le révèlent un nombre croissant d’indices, tant publics que privés, les alliés et voisins de la Syrie ont exhorté le régime à entreprendre une forme de détente ou de réconciliation avec les rebelles de l’opposition, dans l’intérêt de la stabilité, de l’auto-préservation et précisément pour prévenir une résurgence opportune de l’insurrection.
Pourtant, l’orgueil démesuré, la tyrannie et la corruption endémique du régime l’ont empêché d’accomplir le moindre geste ou d’accepter les compromis les plus modestes concernant son emprise quasi-absolue, empêchant ainsi toute amorce de construction d’une Syrie pensée, ne serait-ce qu’en partie, pour l’ensemble de ses citoyens. Si cette posture avait pu sembler rationnelle au regard de l’analyse géostratégique du régime en 2011, elle apparaît, en novembre 2024, comme une erreur de calcul monumentale.
Cette combinaison d’orgueil démesuré et d’obstination n’est en rien nouvelle. Elle s’est développée dès l’accession au pouvoir de Bachar al-Assad et s’est renforcée au début des années 2000, lorsqu’il a entrepris une soi-disant « modernisation de la Syrie » à travers des réformes néolibérales imprégnées de népotisme et de corruption. Tout en projetant l’image d’une Syrie en pleine ascension, ces réformes ont en réalité accentué le transfert des richesses des couches les plus défavorisées vers une élite restreinte, soigneusement sélectionnée au sein du cercle dirigeant.
Au cours des cinq années ayant précédé le soulèvement de 2011, le régime s’est ainsi consacré à la consolidation de son pouvoir politique et économique, au détriment des institutions étatiques et bureaucratiques, laissées à l’abandon et gangrenées par une corruption toujours plus profonde.
Entre 2018 et 2020, après des années d’effusions de sang, de destructions massives et de migrations forcées, et alors qu’une certaine désescalade semblait s’amorcer, le régime, affaibli et isolé, a continué de fonctionner selon les mêmes structures de commandement et d’autorité qu’avant le soulèvement. Le chef de famille, désormais incontesté, a choisi de ne pas sauver la Syrie de l’effondrement total, de ne pas reconstruire les institutions de l’État, y compris l’armée, de ne pas encourager le retour des Syrien-ne-s pour participer à une quelconque reconstruction, de ne pas s’adresser à son peuple avec la gravité et l’empathie qu’une telle crise exigerait, de ne pas soutenir les initiatives visant à améliorer les conditions de vie, de ne pas garantir un salaire décent à ses forces armées – malgré les ressources disponibles dans les coffres familiaux ou ceux de l’État – et encore moins aux employé-e-s de l’administration publique, pourtant loyaux au régime dans les heures les plus sombres.
Bachar est resté assis. Longtemps. Il est resté assis à observer, impassible, les dirigeants israéliens et américains orchestrer un génocide à Gaza. Il est resté assis, à l’image de la plupart de ses homologues des États arabes – bien qu’il ait fourni, dans une mesure réduite, des munitions et des approvisionnements. Le rapprochement amorcé à la mi-2023 entre la Syrie, d’une part, et l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, d’autre part, a suscité chez le régime l’espoir de sécuriser de nouveaux points d’ancrage, une démarche qui a étonné aussi bien ses ennemis que ses amis, y compris ses alliés naturels, l’Iran et le Hezbollah.
Ainsi, celles et ceux qui s’indignent du moment de la chute du régime Assad, des répercussions que celle-ci aura sur l’affaiblissement de la résistance à l’impérialisme, et des bénéfices que tireront de cette situation l’État génocidaire et raciste d’Israël et les hypocrites et infâmes puissances occidentales, ne peuvent s’en prendre qu’au régime syrien lui-même, à sa brutalité systématique et à son égoïsme aveugle.
In fine, celles et ceux qui soutiennent la poursuite de la résistance face au colonialisme expansionniste d’Israël et à la domination destructrice de la politique américaine dans la région ne versent pas de larmes sur le régime en déroute. L’utilité de la résistance incarnée par ce régime s’était depuis longtemps effritée. De nombreux rapports et signaux indiquent aujourd’hui que ses propres partenaires, l’Iran et le Hezbollah, étaient de plus en plus exaspérés par des dirigeants devenus un fardeau insupportable et, comme ce texte l’a démontré, un véritable boulet.
Avec le temps, davantage de détails émergeront sans doute, mais une chose est déjà claire : l’inaction de ces acteurs à la veille de l’effondrement du régime syrien est, en soi, une déclaration éloquente. La véritable question demeure de savoir si les nouveaux dirigeants syriens choisiront d’adopter une posture de résistance — avec ou sans l’appui de l’Iran et du Hezbollah.
Israël et la nouvelle Syrie
Je réserve mon jugement et mes soupçons quant à l’orientation du nouveau régime envers Israël, mais je ne suis guère optimiste. Au moment où j’écris ces lignes, Israël a anéanti l’ensemble des capacités militaires de la Syrie en 48 heures, tandis que les nouveaux dirigeants syriens se sont contentés, trois jours plus tard, d’une déclaration tiède de condamnation à l’ONU. Par ailleurs, il semble que tous les acteurs, qu’ils soient étatiques ou non, ayant contribué à cette conquête des villes syriennes – avec la complicité indirecte du dictateur en fuite – sont alliés aux puissances coloniales, ou bien cherchent à normaliser leur relation avec elles ou tout du moins à éviter de les contrarier – pour peu qu’il ne s’agisse pas des puissances coloniales elles-mêmes. Ce que ces acteurs feront par la suite aura une importance capitale.
Au-delà du soulagement bien réel que ressentent les Syrien-ne-s en ce moment, les indicateurs laissent penser que le pire est encore à venir en ce qui concerne la souveraineté syrienne et les perspectives d’une libération de l’emprise occidentale dans la région. Cela risque de rendre éphémère le répit offert par la fin de la brutalité du régime dictatorial.
Parmi ces menaces figurent : la soumission à des agendas étrangers dans la nouvelle « Syrie démocratique », de nouvelles divisions territoriales, des accaparements de terres par Israël, le maintien du contrôle turc sur certaines parties du nord, le pillage des ressources en Méditerranée, des accords pétroliers conditionnés à des compromis syriens, et la soumission à l’influence des capitaux arabes, des armes occidentales et des lubies israéliennes.
Les signes sont déjà visibles : même le droit élémentaire de répondre aux frappes israéliennes dévastatrices – un droit que le régime précédent revendiquait gauchement – n’est pas exercé par les nouveaux dirigeants syriens, même après l’un des actes de guerre et l’une des atteintes à la souveraineté les plus flagrants de l’époque moderne. En réponse, le chef du HTC, Ahmad Al-Sharaa, a déclaré qu’Israël « avait clairement franchi la ligne de désengagement en Syrie, ce qui risque de provoquer une nouvelle escalade injustifiée dans la région », tout en ajoutant que « l’épuisement général en Syrie, après des années de guerre et de conflit, ne nous permet pas d’entrer dans de nouveaux affrontements ».
En parallèle, la déclaration tardive et purement procédurale des autorités syriennes à l’ONU n’augure rien de bon quant à leur capacité à résister aux actions d’Israël ou à préserver l’indépendance de cette « nouvelle Syrie » – c’est pour l’instant le moins qu’on puisse dire.
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Bassam Haddad est professeur à la Schar School of Policy and Government de l’université George Mason, ainsi que directeur fondateur du programme d’études sur le Moyen-Orient et l’islam. Il est l’auteur notamment de Business Networks in Syria : The Political Economy of Authoritarian Resilience (Stanford University Press, 2011), cofondateur et rédacteur en chef de Jadaliyya Ezine, et directeur exécutif de l’Institut d’études arabes.