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A propos de Todd Shepard, Mâle décolonisation. L’″homme arabe″ et la France, de l’indépendance algérienne à la révolution iranienne. Paris, Payot, 2017, 398 pages, 30 euros.

L’affaire des viols de Cologne le jour de l’an 2016 et la façon dont les migrants et plus largement les musulmans ont été visés en tant que prédateurs/agresseurs sexuels du fait d’une culture réputé profondément différente et sexiste – différente parce que sexiste, sexiste parce que différente[1] – est un nouvel épisode qui croise les questions de migrations et de sexualité, de sexisme et de racisme.

L’inflation de discours sur les dangers que font courir aux femmes les hommes de culture musulmane ou les jeunes hommes issus de quartiers populaires pourrait apparaître comme une des facettes de l’islamophobie contemporaine. Or, si les questions de sexualité et de violence participent effectivement des discours publics sur l’Islam et les musulmans, comprendre une des matrices de ces discours nécessite de scruter l’immédiat après-guerre d’Algérie. Le livre de Todd Shepard ne vise pas à faire une généalogie exhaustive de la façon dont question sexuelle et question de l’étranger – en l’occurrence l’ « arabe » – se sont croisées, mais il s’arrête sur une période bien circonscrite, celle qui va de la fin de la guerre d’Algérie à la révolution iranienne.

Il prolonge ainsi ses questionnements sur la façon dont la guerre d’Algérie et la décolonisation ont eu des effets profonds dans la société française[2] en se centrant sur les questions de sexualité. Celles-ci sont abordées sous divers angles, en prenant en compte une pluralité d’acteurs politiques, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par les mouvements homosexuels et féministes.

La thèse centrale de l’auteur tient au fait que les discours portés sur « l’homme arabe » après 1962 sont fortement liés à la sexualité d’une part ; et d’autre part que les questions de sexualité, qu’il s’agisse de libération sexuelle ou de viol, font constamment référence aux arabes. Autrement dit, entre 1962 et 1979, les questions raciales et sexuelles sont fortement imbriquées, les références aux populations – aux hommes essentiellement – arabes étant centrales dans l’appréhension des questions sexuelles, thèse qu’aucun historien n’avait alors systématisée de cette manière.

 

Défaite algérienne et crise de la virilité

Le premier angle d’approche de Todd Shepard concerne l’extrême droite et la façon dont celle-ci analyse la défaite de la France en Algérie comme une crise de la virilité française, supplantée par une virilité arabe agressive et comment cette crainte d’une virilité algérienne anti-coloniale va être transposée pour nourrir de nouveaux discours contre les immigrés après la décolonisation.

La guerre d’Algérie n’est pas le premier conflit à poser la question virilité perdue, retrouvée, reconquise, souvent au détriment des femmes, notamment celles qui furent tondues à la libération pour fait de « collaboration horizontale »[3]. Dans le cas algérien, la virilité est mobilisée par l’extrême droite pour expliquer l’inexplicable, à savoir la défaite de l’armée française. En évacuant les effets du colonialisme et la volonté du peuple algérien de se libérer, l’extrême droite se doit de forger d’autres grilles d’explication de la défaite, en usant du registre sexuel et en insistant sur le manque de virilité des Français.

La France est alors décrite comme une nation faible et efféminée qui se serait faite prendre, au sens militaire comme sexuel, par une Algérie à la virilité menaçante. D’où la nécessité de remasculiniser la France. Ainsi, l’extrême droite opère un retournement des métaphores sexuelles désignant le colonisé et le colonisateur, la puissance impériale et la colonie algérienne : la domination coloniale s’accompagnait jusqu’alors de formes de domination sexuelle, réelle ou fantasmée, construisant des représentations tant des femmes colonisées que des jeunes hommes, éphèbes efféminés et érotisés. La décolonisation rompt avec cette tradition orientaliste, les Algériens devenant potentiellement dominateurs, sexuellement parlant.

 

Vice arabe et subversion gauchiste

Après 1962, le second temps de l’obsession sexuelle et raciale de l’extrême droite est lié à mai 1968 et aux perturbations de l’ordre sexuel que cet évènement et les années qui suivent provoquent. A la fois parce que l’immigration en provenance du Maghreb devient massive et parce que de nouveaux périls apparaissent aux yeux de l’extrême droite à travers les mouvements de contestation. Périls arabe et gauchiste se rejoignent dans leur traitement sous l’angle du registre sexuel.

Parmi les espaces qui inquiètent les militants d’extrême droite, le campus de Nanterre, lieu de possibles rencontres entre étudiants contestataires et travailleurs arabes vivant dans le bidonville tout proche, est marqué du sceau de l’infamie du fait des « orgies nocturnes » et des « invasions en provenance des bidonvilles », selon le journal Rivarol.

Ainsi la presse d’extrême droite regorge de descriptions des liens entre arabes et étudiants où se mêlent quelques grands thèmes : la prostitution et la traite des blanches, le viol, l’homosexualité, la pédérastie. Si de tels écrits précèdent de quelques mois mai 1968, cet évènement lui donne un nouveau retentissement et attise les campagnes de l’extrême droite contre la subversion étudiante qui est régulièrement décrite par son efféminement et son incapacité à atteindre un haut degré de virilité susceptible de menacer le pouvoir gaulliste.

Par la suite, alors qu’elle sort  peu à peu de son isolement post-1962, l’extrême droite s’attache à mettre en garde contre l’invasion algérienne en usant là encore du registre sexuel, non sans que ses propos sur la sexualité des Arabes soit remplie de contradictions, oscillant entre la dénonciation des immigrés comme violeurs des femmes françaises et dans le même temps responsables d’un nouvelle vague d’homosexualité. Mais l’expression d’enjeux sexuels liés à l’immigration n’est pas seulement l’apanage de l’extrême droite. Au sein de ce qu’on va désigner comme la révolution sexuelle, la question arabe surgit également.

 

Suffit-il de se faire sodomiser par un arabe pour être marxiste-léniniste ?[4]

La question sexuelle est portée dans l’après-68 par différents groupes, notamment féministes et homosexuels mais également par certaines organisations politiques. C’est particulièrement le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR), créé en 1971 et dissous en 1974, qui érige la sexualité en question politique. Todd Shepard souligne à travers l’étude des écrits du FHAR, de ses militants ou d’autres auteurs homosexuels, la façon dont la révolution homosexuelle est ancrée dans un contexte postcolonial où la question de l’immigration arabe occupe une place essentielle.

En effet, dès son premier manifeste, le FHAR déclare « Nous sommes plus de 343 salopes, nous nous sommes faits enculer par des arabes, nous en sommes fiers et nous recommencerons. ». Cette fixation des homosexuels militants sur les arabes prendra au cours de la décennie diverses formes, parfois fortement divergentes, et questionne le rapport entre luttes homosexuelles et antiracistes. Elle sera également dans cette période un des éléments autour desquels se noue la définition des identités sexuelles.

Pour Todd Shepard, ces écrits homosexuels sur les Arabes viennent révéler l’importance de la guerre de décolonisation dans l’émergence de la nouvelle gauche des années 1960. On peut contester qu’il s’agisse là d’une révélation, la matrice décoloniale dans le parcours militant des jeunes radicaux ayant été soulignée à diverses reprises. De même, l’auteur fait un parallèle entre l’intérêt, voire la fascination de l’extrême gauche pour les travailleurs immigrés et la façon dont les homosexuels révolutionnaires évoquent les Arabes ; or la tendance à considérer l’extrême gauche comme un ensemble homogène efface les différences de traitement de la question des travailleurs immigrés ; la propension à voir dans ces derniers une avant-garde des luttes ouvrières radicales n’est pourtant pas partagée par tous les courants politiques.

Par contre, là où réside l’intérêt de la recherche de l’historien tient aux éclairages qu’il donne de la question (homo)sexuelle et de la question immigrée, notamment de ses évolutions au cours de la décennie. Autour de l’idée de misère sexuelle censée toucher tous les groupes minorisés, le FHAR exprime un partage de condition entre homosexuels et immigrés. Mais surtout, ce sont les relations sexuelles entre arabes et homosexuels français blancs qui focalisent l’attention, autour de deux éléments.

D’une part « la fréquence supposée des relations sexuelles entre hommes algériens et hommes français » signale qu’une des échappatoires à la misère sexuelle des travailleurs immigrés – coucher avec des hommes – défie « l’orthodoxie socio-sexuelle française », remettant ainsi en cause la répression sexuelle héritée de la tradition judéo-chrétienne.

D’autre part, si l’érotisation des hommes arabes, et plus largement du monde arabe, n’était pas alors chose nouvelle, les homosexuels révolutionnaires reprenant alors à leur compte un certain orientalisme, la nouveauté tient à l’anticolonialisme des discours homosexuels. Ainsi, voulant rompre avec « l’image du vieux pédé européen qui se tape des petits Arabes », un militant signale « qu’en France ce sont nos amis arabes qui nous baisent et jamais l’inverse ». La question est ici posée des rapports dominant / dominé à travers la pratique de la sodomie. Quand l’extrême droite après 1962 voyait dans l’arabe une virilité conquérante face à une France efféminée, les homosexuels révolutionnaires renversent par la sexualité le rapport colonisé / colonisateur, européen / arabe, en assumant fièrement d’être des enculés (passifs) couchant avec des arabes enculeurs (actifs).

Aussi anticoloniale soit-elle, cette position n’en demeure pas moins marquée par une forte différenciation entre « les Arabes » ou les immigrés – pas nécessairement qualifiés d’un point de vue sexuel – et les « pédés français ». Cette réification des Arabes, qui semblent parfois dans certains écrits être réduits à des objets sexuels, emprunte, comme le souligne Antoine Didier dans une récente biographie de Guy Hocquenghem – un des fondateurs du FHAR-, à « un imaginaire homosexuel ancien[5] », dont sont d’ailleurs conscients certains militants homosexuels.

Mais c’est également en considérant la place de la subversion du désir qu’il faut lire ces textes :

« il est prêté au désir homosexuel une force de subversion en soi. Mais aussi à l’étranger […] : le simple fait d’être dirigé vers des immigrés, marginalisés par une société raciste, rendrait le désir transgressif.[6] »

L’autre enjeu lié aux relations sexuelles entre hommes arabes et français tient à la façon dont se fixent les identités et catégories d’homosexuels et d’hétérosexuels et comment certains cherchent à dépasser cette binarité. Au cours des années 1970, la fierté gay s’affiche, une communauté gay s’exprime, notamment à travers des revues qui donnent une place importante à l’érotisation des arabes, particulièrement à destination des touristes gays voyageant au Maghreb.

Contrairement à la volonté d’homosexuels révolutionnaires, cette sexualité de magazine et pour touristes ancre les relations sexuelles dans des rapports de domination, notamment à travers la prostitution des jeunes arabes et participe de la normalisation de la question gay dans la seconde moitié des années 1970.

La communauté gay, qui prend notamment une dimension commerciale, se construit autour d’une distinction nette entre homos et hétéros – la sortie du placard se traduisant par une homosexualité nécessairement autre par rapport à la norme hétérosexuelle-, contre les tentatives de faire coexister plusieurs manières de vivre et de penser les relations sexuelles. Pour Guy Hocquenghem, cette normalisation des mouvements gays a une dimension raciale, l’économie sexuelle en vigueur en Afrique du Nord étant alors érigée en contre-modèle de ce qui s’opère alors en France. Il s’oppose à la fin de la décennie à Renaud Camus, jeune écrivain et chroniqueur à Gai Pied, qui fait alors l’éloge de la similitude, sociale et raciale, et d’une identité partagée entre gays ; entre gays blancs et de même milieu social essentiellement.

Les chapitres consacrés aux croisements entre question gay et question immigrée sont les plus passionnants du livre de Todd Shepard, dessinant des enjeux contemporains et retraçant avec minutie les tentatives de penser l’intersectionnalité de certains militants qui demeurent néanmoins prisonniers d’une vision réifiée de « l’Arabe » empreinte d’orientalisme. On peine en effet à voir quelle place en tant qu’acteurs et que subjectivités est laissée aux Arabes dans les débats de l’époque. Si des écrivains ou cinéastes arabes, cités par Shepard, évoquent à diverses reprises les questions de sexualité, ceux qui forment l’essentiel de l’immigration, les travailleurs, demeurent des sujets parlés plutôt qu’ils ne parlent.

 

Viol et prostitution, fléaux arabes ?

Les inquiétudes liées à sexualité et à la présence d’immigrés en France se focalisent également sur la prostitution, que Todd Shepard traite en mettant en parallèle les discours de l’extrême droite et ceux du catholicisme social. Alors que la loi Marthe Richard adoptée en 1946 ferme les maisons closes, celles-ci demeurent ouvertes dans les colonies ; et sur le territoire métropolitain, les bordels militaires de campagne restent en usage de manière confidentielle, mais sont destinés aux soldats nord-africains, les prostituées étant également uniquement des femmes nord-africaines. L’instauration de cette différence porte la marque d’une vision des arabes comme des hommes à la sexualité irrépressible à qui il vaut mieux fournir des prostituées arabes plutôt qu’ils ne menacent les femmes françaises.

Le second aspect lié à la prostitution avant 1962 tient au poids donné à celle-ci dans le financement du FLN. Pour indéniable que soit un tel financement, les discours portés aussi bien par l’extrême droite que par des catholiques sociaux militant pour l’abolition de la prostitution, décrivant une prostitution française contrôlée par les Algériens, lui donnent une importance démesurée.

Ces deux dimensions – les Arabes à la fois clients et proxénètes – se prolongent après 1962. Ainsi, les débats sur la réglementation de la prostitution rebondissent à cause du sentiment partagé que la venue massive d’immigrés en provenance d’Afrique du Nord implique nécessairement un besoin de prostituées. Avant même la fin de la guerre d’Algérie, le conseil général de la Seine vote une motion demandant la réouverture des maisons closes « à l’usage des Nord-Africains », et Marthe Richard elle-même convient que les « besoins sexuels […] particulièrement violents » des Nord-Africains nécessitent de faire exception pour cette catégorie de la population. Les descriptions médiatiques des maisons d’abattage, notamment celles de Barbès, visent à illustrer les effets de la « misère sexuelle » des immigrés sur la prostitution française.

La prostitution à destination des Arabes semble alors constituer un marché secondaire, sordide et dangereux, à la fois du fait du nombre de passes effectuées par les prostituées, des tarifs pratiqués et des comportements violents des clients. Ces anathèmes sont maniés par divers commentateurs, y compris le mouvement des prostituées mobilisées à partir de 1972. A cette supposée violence des clients arabes est associé un autre phénomène, celui de la traite des blanches qui est l’objet d’un renouveau de discours dans les années 1970, l’Algérie indépendante étant à plusieurs reprises décrite comme « ″antichambre″ de la traite internationale. » Ainsi, à un double titre, comme clients et comme proxénètes, les Arabes apparaissent comme des menaces envers les femmes françaises.

Une autre question prend au cours des années 1970 une certaine actualité et s’articule pour partie avec les discours sur les Arabes et les immigrés, celle du viol et des violences sexuelles. Alors que les statistiques policières montrent une moindre implication des hommes immigrés que des Français dans les délits sexuels, les peurs sexualisées vis-à-vis des Arabes vont contribuer à alimenter les débats sur le « seuil de tolérance ».

Face au stéréotype raciste de l’arabe violeur, la gauche et les mouvements féministes sont traversés par de nombreux débats sur la façon de résister à ce racisme sans invisibiliser les violences sexuelles. Plusieurs affaires mettent en effet en concurrence deux causes, celles de la lutte féministe contre le viol et celle de l’antiracisme. Entre les féministes et des militants d’extrême gauche, la controverse nait à la fois des demandes de recours à la justice bourgeoise (de classe et raciste) pour traiter les affaires de viol et du supposé déni par les féministes de la supposée misère sexuelle qui accablerait les immigrés.

Les discours antiféministes se font particulièrement agressifs chez certains militants homosexuels, tels Guy Hocquenghem, qui voient dans le militantisme antiviol une nouvelle croisade antisexuelle déniant le droit à la jouissance. Un des effets de ces controverses est la nécessité pour les féministes de tracer leur propre agenda politique et de faire du viol est une question politique autonome.

« L’arabe au sexe-couteau », c’est ainsi que dans une tribune collective[7] publiée dans Libération en 1977 est synthétisée l’image fantasmée de l’Arabe, reliant ainsi danger sexuel et menace physique. Ce sont finalement les diverses péripéties et lectures de cette image qui sont racontées dans Mâle décolonisation.

A partir de sources variées, militantes, médiatiques, littéraires, policières, etc., Todd Shepard revisite ainsi les années 1962-1979 en traquant les traces de la sexualisation des immigrés, celle-ci étant analysée comme un produit de la décolonisation. Alors que sous la période coloniale, la sexualisation des indigènes dans les représentations et les discours coloniaux concerne avant tout les femmes indigènes, celles-ci sont assez marginalisées dans les analyses de l’historien. En effet, du fait de la composition très masculine de l’immigration post-coloniale jusqu’au milieu des années 1970, ce sont surtout les hommes qui sont objet d’attention. La multiplication des sources ne sert pas seulement à étayer le propos du chercheur ; elle montre également que partout, ou presque, où il est question de sexualité dans cette période, et il en est souvent question, l’Arabe n’est pas loin[8].

Par ailleurs, si Todd Shepard termine son étude sur l’année 1979 et les réactions à la révolution iranienne, on peut envisager quels prolongements offre aujourd’hui une telle approche, notamment à travers les trajectoires de certaines personnalités, tel Renaud Camus qui, de héraut d’une nouvelle sexualité à distance des Arabes, est devenu un « théoricien » du grand remplacement. Au-delà, certains auteurs ont mis en lumière les enjeux de sexualité dans les discours stigmatisant les « garçons arabes »[9] ou plus généralement les hommes vivant dans les quartiers populaires des grandes agglomérations françaises[10]. D’autres phénomènes peuvent appréhendés sous cet angle, par exemple la façon dont l’industrie pornographique utilise les catégories raciales.

Sans nécessairement voir un parfait continuum entre la période décrite par Todd Shepard et la situation contemporaine, ces exemples invitent à penser les différentes formes de sexualisation pesant aujourd’hui sur les groupes racialisés et les croisements qui s’opèrent donc entre question raciale et question sexuelle.

 

Notes

[1] Parmi les commentaires autour de l’affaire de Cologne, voir notamment Kamel Daoud, « Cologne : lieu de fantasmes », Le Monde, 31 janvier 2016 où face à « l’angélisme » des Européens, il met en garde : « on voit, dans le réfugié, son statut, pas sa culture ; il est la victime qui recueille la projection de l’Occidental ou son sentiment de devoir humaniste ou de culpabilité. On voit le survivant et on oublie que le réfugié vient d’un piège culturel que résume surtout son rapport à Dieu et à la femme. »

[2] Todd Shepard, 1962 : comment l’indépendance algérienne a transformé la France, Paris, Payot, 2008.

[3] Voir Fabrice Virgili, La France « virile ». Des femmes tondues à la Libération, Paris, Payot, 2000.

[4] Politique Hebdo n° 6, 1971.

[5] Antoine Didier, Les vies de Guy Hocquenghem. Politique, sexualité, culture, Paris, Fayard, 2017, p. 120.

[6] Ibid., p. 118.

[7] Signée par Mostefa Djajam, Ali Ghalem, Mahmoud Zemmouri, Jean Duflot, Pierre Boiron, Jacqueline Narcy.

[8] On pourrait d’ailleurs questionner la centralité de la question arabe et postcoloniale dans les débats évoqués par l’auteur qui a parfois tendance à en faire l’axe central autour duquel tournent tous les enjeux autour de la sexualité dans les années 1960-1970.

[9] Nacira Guénif-Souilamas et Éric Macé, Les féministes et le garçon arabe, Paris, éditions de l’Aube, 2004.

[10] Voir par exemple l’étude du traitement médiatique des tournantes censées illustrer la dangerosité sexuelle pour les femmes dans les banlieues, dans Laurent Mucchielli, Le scandale des  » tournantes « : Dérives médiatiques, contre-enquête sociologique, Paris, La découverte, 2005.

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