Lassé·es de l’absence de leadership, les Palestinien·nes aspirent à l’unité politique
Cet article, rédigé par Fatima AbdulKarim, une journaliste basée en Cisjordanie, offre des éléments d’information particulièrement éclairants, en partie inédits, et, pour la plupart, ignorés des médias mainstream, sur les processus politiques en cours au sein du Fatah et de la population palestinienne de Cisjordanie qui traduisent une forte volonté de démocratisation et de dépassement de la fragmentation actuelle du mouvement national palestinien, en particulier de la division entre le Fatah et le Hamas.
Il informe également des discussions qui se mènent au niveau diplomatique au sujet de l’avenir du territoire de Gaza et du rôle joué par une Autorité palestinienne démonétisée et impuissante. Il permet également de comprendre les motivations qui ont poussé Israël à assassiner, le 2 janvier dernier, le numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri, puis, le 8 janvier, l’un des chefs militaires du Hezbollah, Wissam Tawil, interrompant ainsi les négociations en cours autour des propositions égyptiennes, qui prévoyaient un cessez-le-feu, l’échange de prisonniers et d’otages et le maintien d’un contrôle palestinien de la bande de Gaza.
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Depuis les attaques du 7 octobre menées par le Hamas contre le sud d’Israël, la Cisjordanie occupée a connu un regain de violence et d’instabilité. Au cours des trois derniers mois, alors que l’attention du monde se portait sur la bande de Gaza et que les bombardements israéliens se poursuivaient, les soldats israéliens et les milices de colons ont tué plus de 300 Palestinien·nes en Cisjordanie, dont plus de 80 enfants, tandis que plus de 4 000 Palestinien·nes ont été arrêté·es.
Les colons ont également intensifié leur harcèlement et leur violence à l’encontre des Palestinien·nes dans une tentative calculée de s’emparer de leurs terres, déplaçant de force au moins 16 communautés isolées au cours des dernières semaines. Le territoire reste soumis à un strict verrouillage, jalonné de points de contrôle militaires qui empêchent les Palestinien·nes de se déplacer entre les villes et les villages.
Pour de nombreux·ses Palestinien·nes, le sentiment d’absence totale et d’inaction de la part de leurs propres dirigeants est tout aussi paralysant que l’étau de l’occupation qui se resserre. L’Autorité palestinienne (AP), dirigée par le président Mahmoud Abbas, s’est contentée de condamner timidement les escalades et les punitions collectives d’Israël, sans avoir la capacité réelle de les affronter.
Cela est devenu particulièrement évident à la suite d’une incursion de deux jours des forces israéliennes dans la ville de Jénine, au nord de la Cisjordanie, le mois dernier, qui a effectivement transformé la ville en un « mini Gaza », comme l’ont rapporté de nombreux habitants. Cette opération a été accompagnée de plusieurs autres raids militaires dans d’autres villes de Cisjordanie au cours des dernières semaines, notamment Tubas et Tulkarem.
Quelques jours avant l’assaut israélien sur Jénine, Mustafa Sheta, directeur du théâtre de la liberté de la ville, a déclaré à +972 magazine que les habitant·es de Jénine se sentent abandonné·es, surtout lorsque tous les regards – y compris les leurs – se tournent vers Gaza. « L’AP est silencieuse. Elle ne nous rassure pas et ne panse pas nos plaies », a-t-il déclaré. Sheta a été arrêté par les forces israéliennes lors de l’opération de Jénine et envoyé à la prison de Megiddo où il passera six mois en détention administrative – c’est-à-dire un emprisonnement sans inculpation ni procès.
Le sentiment exprimé par Mustafa Sheta est confirmé par un récent sondage réalisé par le Centre Palestinien de Recherche et d’Enquêtes Politiques (PCPSR) en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Selon les résultats du sondage, le soutien au Hamas a bondi à 44 % parmi les Palestinien·nes de Cisjordanie, alors qu’il n’était que de 12 % en septembre. Le soutien à Abbas, à son parti, le Fatah, et à l’AP a considérablement diminué : plus de 90 % des personnes interrogées demandent la démission du président, tandis que le soutien à la dissolution de l’AP – près de 60 % en Cisjordanie et à Gaza – n’a jamais été aussi élevé dans un sondage du PCPSR.
Le mécontentement croissant de l’opinion face au silence assourdissant de l’AP face aux bombardements effrontés d’Israël sur Gaza, à l’intensification des raids dans les villes de Cisjordanie et à l’assassinat de hauts dirigeants palestiniens s’ajoute à des années de frustration face aux accusations persistantes de corruption, à l’incapacité de l’Autorité palestinienne à payer ses employés et au sentiment qu’elle est de plus en plus déconnectée de la vie de ses administrés. Plus que jamais, le sentiment que l’AP n’a plus aucune raison d’être est très fort.
Ainsi, pour de nombreux·ses Palestinien·nes, les dirigeants actuels ne sont pas en mesure de représenter les aspirations et les préoccupations de la population, ce qui les empêche de prendre des mesures significatives pour mettre fin à la guerre actuelle contre Gaza et faire progresser leur lutte dans son ensemble. Beaucoup insistent sur le fait qu’il est impératif qu’une nouvelle direction dirige ses actions sur les besoins urgents de la population, et qu’elle affirme l’initiative palestinienne autonome dans la cacophonie des discussions sur le « jour d’après ». L’Autorité palestinienne et ses dirigeants font cependant tout ce qu’ils peuvent pour rester au centre de ces plans élaborés par d’autres.
Fin du statu quo
Depuis le 21 octobre, les raids militaires israéliens à Jénine sont devenus routiniers, avec des incursions quasi toutes les nuits et des affrontements avec les combattants de la résistance basés dans le camp de réfugiés. Sur les quelque 500 Palestinien·nes tué·es en Cisjordanie au cours de l’année 2023 – le nombre annuel le plus élevé depuis la seconde Intifada – au moins 137 étaient originaires de Jénine. Mais à part sa rhétorique de condamnation et ses appels à la protection internationale, la destruction massive de la ville n’a pas poussé l’Autorité palestinienne à prendre des mesures.
Parlant de la situation à Jénine avant le raid de deux jours, Mustafa Sheta a déclaré que « les habitants du camp sont complètement dépassés par les incursions militaires nocturnes » qui laissent les réfugié·es déjà épuisé·es encore plus endeuillé·es et leurs infrastructures dans des conditions de plus en plus difficiles.
« Nous ne savons pas quand cela se terminera », déplore-t-il. « L’armée affirme que l’opération vise à déraciner la résistance du camp, mais ce n’est pas un objectif réaliste. Ils ne peuvent pas anéantir la résistance d’un peuple opprimé – les meurtres entraînent des meurtres, et la violence entraîne la violence ».
Au milieu de cette tempête, les Palestinien·nes ressentent le coût du vide de leadership qui affecte leur action politique depuis des années. Ashraf Ajrami, analyste politique et écrivain, a critiqué l’approche actuelle de l’AP, qu’il qualifie d’« impuissante et dépourvue de légitimité populaire ». Il a noté que, lors d’un événement dédié aux prisonnier·ères politiques palestinien·nes libéré·es en échange des otages israélien·es pri·es par le Hamas le 7 octobre, le ministre de l’AP chargé des affaires des prisonniers, Qadura Faris, a été conspué par les participant.es.
Ashraf Ajrami accuse les dirigeant·es de l’AP, en particulier les proches du président Abbas, de faire comme si de rien n’était face à la catastrophe de Gaza. Il a souligné l’absence de mobilisation significative en Cisjordanie pour soutenir Gaza, d’autant plus que l’AP s’est déjà mobilisée à d’autres occasions, notamment en envoyant 40 pompiers et 8 camions pour aider à éteindre les incendies de forêt près de Haïfa en 2016.
Malgré ses critiques à l’égard du Fatah et du Hamas, Ajrami estime qu’il est possible d’aller de l’avant en créant une commission technocratique indépendante qui interviendrait pendant une période de transition, à la fois pour reconstruire Gaza et pour ouvrir la voie à des élections. Il souligne que le moment actuel est une opportunité potentiellement unique, affirmant que le monde est enfin réellement intéressé par la création d’un État palestinien : « La solution des deux États, basée sur les paramètres politiques établis par la communauté internationale, est sérieusement abordée pour la première fois depuis [le président américain Bill] Clinton ». Mais pour saisir cette opportunité, a-t-il souligné, il faut que les dirigeant·es changent radicalement d’approche.
« Nous avons besoin d’une personnalité capable d’unir le peuple »
Le sentiment général est qu’une personnalité politique largement respectée est nécessaire pour sortir de cette paralysie. Dans un petit café rempli de fumée de cigarette à Al-Bireh, une ville proche de Ramallah, Abu Othman, un client palestinien, a exprimé le point de vue de beaucoup : « Nous ne pouvons pas continuer à nous demander quelle est la suite avec les dirigeants actuels. Nous avons besoin d’une figure comme Abou Ammar », a-t-il déclaré en faisant référence à Yasser Arafat, le défunt dirigeant palestinien. « Quelqu’un qui puisse unir les gens malgré leurs différences ».
Le leader le plus en vue est Marwan Barghouti, prisonnier politique et leader historique du Fatah qui, selon le récent sondage du PCPSR, battrait à la fois Abbas et le leader du Hamas Ismail Haniyeh si des élections avaient lieu aujourd’hui. Devenu célèbre en tant qu’étudiant militant pendant la première Intifada, Barghouti a fini par s’impliquer dans la branche armée du Fatah, la Brigade des martyrs d’Al-Aqsa. Il a été arrêté par Israël au cours de la seconde Intifada [en avril 2001] et un tribunal militaire l’a condamné à cinq peines de prison à vie pour sa participation à des attaques contre des Israélien·nes.
Derrière les barreaux, Barghouti est resté actif dans le mouvement des prisonniers·ères et dans la politique palestinienne au sens large, publiant des articles et des déclarations qui soulignent la nécessité d’une réconciliation nationale. Souvent surnommé le « Mandela de la Palestine » [également du fait de la durée exceptionnelle de leurs séjours en prison, 27 ans pour Mandela, près de 23, à ce jour, pour le leader palestinien], Barghouti a conservé un large soutien populaire en tant que futur leader du mouvement national.
En raison de l’emprisonnement de Barghouti, certain·es Palestinien·nes se tournent également vers des personnalités établie·es au sein de l’AP en tant que leaders potentiels. Mahmoud Aloul, vice-président du Fatah depuis 2018, est considéré comme l’un de ces candidats.
Emprisonné et déporté de Cisjordanie en Jordanie après la guerre de 1967, Aloul est revenu en Palestine en 1995 dans le cadre des accords d’Oslo en tant que conseiller clé d’Arafat, qui l’a ensuite nommé gouverneur de Naplouse, poste qu’il a occupé pendant 10 ans et qui lui a valu une réputation d’homme du peuple. Laissant derrière lui son passé militaire, Aloul s’est fait l’avocat de la résistance populaire, notamment en organisant des manifestations et en boycottant les produits israéliens. Il supervise aujourd’hui les branches locales du Fatah en tant que chef de la Commission pour la mobilisation et l’organisation du parti.
Dans un modeste bureau ouvert au public, il est assis autour d’une longue table couverte de cahiers, de stylos, de ses lunettes et de son téléphone portable. Conscient de la gravité des conséquences de la guerre Israël-Gaza, il a déclaré à +972 magazine : « La priorité actuelle n’est pas de défendre l’AP ou de se l’approprier. La priorité est de regagner la confiance du peuple palestinien dans sa lutte pour la liberté. Cette guerre est dirigée contre l’ensemble de la nation palestinienne – le génocide à Gaza et les tueries et destructions quotidiennes en Cisjordanie ».
Tout en reconnaissant l’impact de la division Fatah-Hamas sur le peuple palestinien, il poursuit :
« Ce que je ressens personnellement, c’est que nous sommes en train de “tricoter le mauvais panier” lorsque nous parlons de la popularité des factions. La priorité devrait être la vision qui empêche Israël d’assassiner les rêves de notre peuple … de surmonter toutes les menaces qui pèsent sur les décisions palestiniennes indépendantes. Nous déployons de gros efforts pour mettre fin à cette [division] », ajoute-t-il, sans plus de précisions.
« C’est pourquoi nous faisons de notre mieux pour renouer le contact avec la population et créer une atmosphère propice aux élections – c’est ce dont nous avons besoin », poursuit-il. « Personne ne prétend que la situation est rose ; il y a beaucoup de choses que nous devons rectifier, en particulier nos relations avec notre peuple ».
Mahmoud Aloul s’est adressé au public palestinien par le biais de messages vocaux enregistrés et publiés sur sa page Facebook officielle le 13 octobre et le 8 novembre, dans lesquels il soulignait que la priorité des dirigeants palestiniens devrait être de mettre fin à l’agression israélienne à Gaza et en Cisjordanie. Dans son deuxième enregistrement, Aloul a exposé la voie à suivre pour les dirigeant·es palestinien·es : une position unifiée de l’OLP [Organisation pour la Libération de la Palestine] incluant le Hamas et le Jihad islamique, tous deux extérieurs à l’organisation. Des plans seraient en cours d’élaboration en vue de discussions sérieuses sur un tel accord d’unité.
Mais de nombreux·ses Palestinien·nes veulent plus qu’un nouvel accord élitiste. Fadi Quran, un militant politique de 35 ans, estime qu’une initiative palestinienne nouvelle et inclusive est nécessaire pour transcender les factions divisées. Pour compléter ces changements politiques au sommet, Fadi Quran envisage un mouvement populaire, semblable à la première Intifada, dans lequel les gens peuvent également participer au travail politique à partir de la base :
« L’énergie est là, le soutien public est là et les idées sont là. Il suffit de les organiser. Il y a une décentralisation, les gens commencent à créer leurs propres réseaux d’action. Il faut espérer que cela continue à se développer et puisse donner naissance à quelque chose ».
Les scénarios diplomatiques pour le « jour d’après » à Gaza
Au cours des dernières semaines, des représentant·es des gouvernements des États arabes, notamment des Émirats arabes unis, du Qatar et de l’Égypte, ainsi que des États-Unis, du Royaume-Uni, des membres de l’Union européenne et d’Israël se sont réuni·es à huis clos pour envisager divers scénarios d’après-guerre pour Gaza, selon des sources diplomatiques au fait de ces discussions. On relève l’absence dans ces délibérations de tout engagement direct avec l’Autorité palestinienne ou le Hamas .
Les diplomates qui ont parlé à +972 magazine sous couvert d’anonymat ont expliqué que les scénarios envisagés penchaient vers la création d’une nouvelle entité administrative, excluant expressément le Hamas, qui est désigné comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’UE. L’AP, dirigée par le Fatah, a fait l’objet de nombreuses critiques et qualifiée de corrompue et d’antidémocratique.
Les sources diplomatiques ont décrit diverses propositions pour le « jour d’après » qui ont été discutées lors de ces réunions, et qui visent toutes à assurer une transition pacifique vers une direction démocratiquement élue tout en permettant la réhabilitation de Gaza. Il existe un large consensus en faveur d’une période de transition au cours de laquelle une certaine force serait formée pour gouverner le territoire après la fin de la guerre et jusqu’à ce que des élections puissent être organisées. Cette force, selon ces sources, serait principalement composée de membres de l’appareil de sécurité palestinien et de personnalités reconnues de la communauté palestinienne.
Il est également question de réduire la taille de la bande de Gaza en créant une zone tampon militaire israélienne le long du « corridor de Philadelphie » – un territoire qui longe la frontière entre Gaza et l’Égypte – qu’Israël insiste aujourd’hui pour contrôler. L’Égypte ne s’est pas opposée, pour l’instant, à cette idée.
Une proposition égyptienne en trois étapes pour mettre fin à la guerre, connue localement sous le nom d’« initiative égyptienne », gagnait du terrain ces dernières semaines, avant d’être déclarée morte à la suite de l’assassinat du chef adjoint du bureau politique du Hamas, Saleh al-Arouri, à Beyrouth le 2 janvier.
L’initiative, soutenue par les médiateurs qataris, prévoyait la fin progressive des hostilités, en commençant par une trêve temporaire qui permettrait la libération des otages israélien·nes en échange des Palestinien·nes détenu·es dans les prisons israéliennes, et conduisant finalement à un cessez-le-feu permanent. Elle envisageait également un changement de leadership à Gaza, de sorte que le Hamas ne gouverne plus la bande de Gaza, mais ne mentionnait pas l’Autorité palestinienne.
Le comité exécutif de l’OLP, présidé par Mahmoud Abbas, a publiquement rejeté l’initiative, la semaine dernière, dans sa forme initiale. Bassam al-Salhi, membre du comité, a déclaré à +972 magazine que l’instance dirigeante de la centrale palestinienne se concentrait principalement sur « un cessez-le-feu immédiat et un cadre pour une voie politique globale visant à mettre fin à l’occupation, après quoi nous pourrons aborder les questions intérieures, y compris l’unité, les réformes et les élections. Nous n’avons aucune garantie que la communauté internationale reconnaisse les résultats des élections que nous organisons sur la base de ce que nous avons vu en 2006 », a-t-il ajouté.
En coulisse, cependant, l’AP a reçu une bouée de sauvetage : un haut responsable du Fatah a déclaré à +972 magazine que l’Égypte lui avait assuré que le rôle de l’AP dans le processus de transition était admis par toutes les parties sans qu’il soit nécessaire de l’expliciter.
L’AP a alors demandé un amendement à la proposition, que l’Égypte a accepté, pour qu’un gouvernement d’unité nationale soit établi par le biais d’un accord de réconciliation entre les factions palestiniennes, plutôt que par un organe technocratique. Les responsables de l’AP craignaient que ce dernier scénario ne permette le retour d’opposants personnels d’Abbas, tels que Mohammed Dahlan, basé à Abu Dhabi, et l’ancien représentant de l’OLP, Nasser al-Kidwa, le neveu de Yasser Arafat.
Considérant cette initiative comme un moyen de rester dans le jeu, et cherchant ainsi à garder les Etats-Unis de son côté, l’AP a également demandé des ajouts à la proposition en ce qui concerne les réformes de ses mécanismes de gouvernance, de sécurité, de justice et d’administration. Les responsables états-uniens avaient clairement fait savoir à l’AP qu’il s’agissait là de leurs exigences, de même que l’idée de recycler une force de sécurité de l’AP qui serait responsable de la sécurité dans la bande de Gaza après la guerre. L’Égypte semblait être favorable à ces changements, avant que les pourparlers ne soient interrompus après l’assassinat d’al-Arouri.
À la lumière de ces discussions, l’AP a publiquement souligné son attachement aux principes démocratiques, plaidant en faveur d’élections nationales libres et équitables pour déterminer la représentation. Lors de ses rares apparitions publiques – largement critiquées – depuis le 7 octobre, Mahmoud Abbas a réaffirmé que l’AP était prête à prendre en charge la gouvernance de Gaza et a souligné que la reprise des négociations en vue d’une solution à deux États demeurait une priorité.
La position officielle d’Abbas repose sur trois piliers : l’arrêt de l’expulsion des Palestiniens de Gaza hors de l’enclave, la reprise du contrôle total de la Cisjordanie et de la bande de Gaza sous l’égide de l’OLP (à laquelle s’ajouteraient le Hamas et le Jihad islamique), et le lancement d’un processus de paix global. Les observateurs affirment que, dans les conditions actuelles, aucun de ces plans n’est réaliste.
Pour Quran, ces paroles creuses de la part des dirigeants palestiniens, sans légitimité politique ni pouvoir pour les soutenir, démontrent la nécessité d’une approche plus globale pour restaurer l’agence palestinienne. Nous sommes arrivés à un moment où les Palestiniens disent : « Nous voulons être représentés. Nous voulons que notre politique soit inclusive et nous voulons des gens compétents », a-t-il déclaré. « En avançant vers notre libération, nous commencerons à créer l’unité ».
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Fatima AbdulKarim est une journaliste palestinienne indépendante basée à Ramallah (Cisjordanie). Outre +972 magazine, dont elle une contributrice régulière, elle collabore à plusieurs grands médias internationaux, dont le Wall Street Journal, The Nation et The Guardian.
Cet article a été publié le 4 janvier 2024 sur le site israélien judéo-arabe +972 magazine. Traduction par Contretemps.
Illustration : State Department photo by Ron Przysucha / Domaine public.