Lettre ouverte de l’Université de Birzeit en Palestine aux institutions académiques internationales

La revue Contretemps reproduit la Lettre ouverte de l’Université de Birzeit en Palestine aux institutions académiques internationales, en date du 15 octobre 2023. Cette lettre est un appel aux communautés universitaires des quatre coins du monde à prendre position et à agir par le biais des moyens qui sont les leurs pour exiger de leurs États qu’ils mettent tout en oeuvre en vue de faire cesser l’effroyable offensive israélienne contre Gaza et le nettoyage ethnique annoncé. Cela peut se traduire par exemple par le vote de motions dans les conseils d’administration des universités et dans les laboratoires de recherche, la publication de tribunes dans la presse, etc.

Le colonialisme est intrinsèquement destruction, violence et apartheid. Que les femmes et les hommes dont le métier est de comprendre le monde usent de leurs plumes et de leurs voix pour le changer.

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L’Université de Birzeit appelle les institutions académiques internationales à prendre des mesures concrètes pour arrêter la guerre génocidaire contre le peuple palestinien et mettre fin au colonialisme israélien.

Au cours des huit derniers jours, le bombardement brutal et vicieux de la bande de Gaza – assiégée par Israël depuis 17 ans – a entraîné la mort de plus de 2 400 Palestiniens [3 500 ce jour], dont un tiers d’enfants, blessé plus de 10 000 Palestiniens, déplacé délibérément plus d’un demi-million de Palestiniens et appelé à en déplacer un autre million du nord de la bande de Gaza, détruit 60 000 unités résidentielles, sans compter les attaques ciblées contre les hôpitaux, écoles et universités.

Les récentes déclarations des représentants du gouvernement israélien qualifiant les Palestiniens d’ « animaux humains » qui doivent être affamés et pris en otage par un blocus complet de la nourriture, de l’eau, de l’électricité et du carburant amplifient l’idéologie raciste fondatrice d’Israël qui opère dans l’impunité et la complicité internationales généralisées. Cette guerre d’élimination commencée en 1948 continue de s’intensifier, sans règles humaines ni contraintes éthiques, exacerbant une situation de vie déjà insupportable pour les Palestiniens.

L’Université de Birzeit appelle la communauté académique internationale, les syndicats et les étudiants à remplir leur devoir intellectuel et académique de recherche de la vérité, de maintien d’une distance critique vis-à-vis des propagandes d’État, et de demander des comptes aux auteurs du génocide en cours et à ceux qui en sont complices.

Nous tenons également les universités israéliennes pour responsables, car elles ont été indispensables au régime d’oppression coloniale et d’apartheid et complices de graves violations des droits de l’homme, notamment en développant des armes, des doctrines militaires et des justifications juridiques pour le ciblage massif et aveugle des Palestiniens. Ces institutions académiques doivent être rejetées par la communauté académique internationale.

L’université de Birzeit presse la communauté internationale d’intervenir immédiatement pour mettre fin à cette agression barbare et pour protéger les Palestiniens de l’escalade dramatique des crimes de guerre israéliens, des crimes contre l’humanité et du nettoyage ethnique dans toute la Palestine.

L’impunité accordée par la communauté internationale aux forces d’occupation israéliennes doit cesser aujourd’hui.

15 octobre 2023

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Traduction de Contretemps.

Illustration : dessin de Naji Al-Ali (1937-1987), caricaturiste palestinien.