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Maud Royer analyse dans son livre Le Lobby transphobe (éditions Textuel, 2024) les offensives réactionnaires anti-trans portées par divers acteur·ice·s politiques : certains courants féministes, les psychanalystes conservateurs de l’Observatoire de la Petite Sirène, ou encore les droites extrêmes.

Dans l’extrait qui suit, tiré du chapitre 3 intitulé “La réaction antigenre en embuscade”, l’autrice revient sur les attaques visant les droits des personnes trans orchestrées par l’extrême-droite et les héritier·es de la Manif Pour Tous. Elle y documente notamment la circulation des discours anti-trans provenant des États-Unis et du Royaume-Uni et leur influence croissante dans le contexte français. 

Maud Royer est militante trans et féministe, cofondatrice de l’association Toutes des Femmes.

Les mouvements politiques de droite

Parallèlement au succès médiatique de l’Observatoire de la petite sirène, l’année 2021 a aussi vu l’extrême droite et la droite réactionnaire construire leur propre offensive transphobe. Le 21 janvier, le site d’extrême droite « Boulevard Voltaire » consacre un article à la nomination de Rachel Levine, femme transgenre, nommée par Joe Biden secrétaire adjointe à la Santé[1]. « La nature humaine profonde est ignorée au profit de critères futiles et particulièrement hors sujet. C’est à un voyage dans les ténèbres que sont conviés les Américains. Un obscurantisme pur et dur dissimulé sous un fatras de bons sentiments. »

Le 24 janvier 2021, la polémiste antiféministe Eugénie Bastié publie sur le site du Figaro un article intitulé « Changement de sexe : quid du “consentement” des mineurs[2] ? ». Après avoir évoqué une proposition de loi créant un âge de non-consentement aux relations sexuelles à 13 ans, elle écrit : « Ce discours de protection de l’enfance disparaît pourtant quand il s’agit de la question des enfants et adolescents transgenres. On voit partout fleurir des documentaires, des témoignages faisant l’éloge de la transition de genre chez les enfants. » Le lien entre le fait qu’un enfant puisse exprimer son genre comme il le souhaite et les abus sexuels qu’il pourrait subir de la part d’adultes est assez incongru, mais interroge sur les arrière-pensées de son autrice. Découle-t-il d’une incapacité à penser les personnes trans comme autre chose que des fantasmes sexuels ?

Cinq jours plus tard, le 29 janvier 2021, la chaîne VA+ de Valeurs actuelles publie une vidéo intitulée « Ces transsexuels qui ont fait marche arrière ». Le texte de description indique : « En France le mouvement transsexuel est en plein essor. Pourtant, outre-Atlantique, les témoignages d’ex-transsexuels se multiplient. Ils dénoncent une pression médiatique et sociale et appellent à la prudence. » Boulevard Voltaire poursuit le 28 février[3], et Valeurs actuelles les 1er[4]et 2 mars[5]. Ces articles constituent en quelque sorte des ballons d’essai : ce sont les premiers publiés sur ce sujet dans des médias d’extrême droite, qui l’ont auparavant très peu traité. La vidéo de « débunkage » de VA+ compte à ce jour 270 000 vues sur YouTube, contre 82 000 pour le numéro précédent de la série, consacré à l’écriture inclusive et publié l’avant-veille.

Les chiffres sont bons, et l’offensive des droites s’intensifie en même temps que celle de l’Observatoire de la petite sirène. Le 27 mai, une semaine exactement après la publication de leur deuxième tribune dans L’Express, l’hebdomadaire Valeurs actuelles fait sa une sur « le délire transgenre ». Trois jours plus tard, le 1er juin, sur CNews, Éric Zemmour évoque les bloqueurs de puberté donnés aux enfants trans, et déclare « Quotidien a fait une émission à la gloire d’une gamine de 8 ans, Lily, qui dit qu’elle veut être un garçon ! Mais ce sont les expériences du Dr Mengele ! », comparant les soins consentis aux enfants trans aux tortures du criminel de guerre nazi, et se trompant d’ailleurs sur le genre de Lily, qui est bien une petite fille, assignée garçon à la naissance, et non l’inverse. Le 14 juin, Le Figaro relaie la décision d’un hôpital en Suède de ne plus autoriser l’accès à l’hormonothérapie pour les mineur·es. À partir du printemps 2021, on peut donc dire que la transphobie fait donc partie du répertoire des discours médiatiques convenus de l’extrême droite et de la droite réactionnaire française.

Tout comme ce fut le cas pour les quelques transphobes issues du féminisme, on peut lire dans cette opération une importation des stratégies d’extrême droite outre-Atlantique et outre-Manche. Les premières lois de l’offensive antitrans aux États-Unis datent de 2016. La Caroline du Nord avait alors adopté une loi interdisant aux personnes trans l’accès aux toilettes correspondant à leur genre. Mais l’offensive s’est véritablement développée en 2020, dans le contexte de la campagne de Donald Trump pour sa réélection. Sur l’ensemble des états, le projet « Trans Legislation Tracker[6] » recense ainsi en 2018 deux projets de loi visant à faire reculer l’accès aux soins des personnes trans, quatre en 2019, et 24 en 2020.

L’offensive se poursuit encore aujourd’hui, avec 589 projets de loi transphobes en 2023, dont 185 visant l’accès aux soins, et déjà 580 dans les premiers mois de 2024. Les Républicains qui font campagne contre les droits des personnes trans sont les mêmes qui travaillent depuis des années contre le droit à l’avortement. L’abrogation le 24 juin 2022 de l’arrêt Roe vs Wade a abouti à ce jour à la restriction ou l’élimination du droit à l’avortement dans 25 états. La carte de ces états, établie par le Planning familial[7] se superpose de manière presque parfaite à celle des restrictions des droits des personnes trans, établie par le Movement Advancement Project[8] (MAP).

Lorsque les droites françaises construisent leur offensive transphobe, elles ne produisent aucun nouveau discours. Tous sont repris des arguments développés par les transphobes américains, ou occasionnellement, opportunément empruntés au registre des féministes transphobes. Lorsqu’en avril 2023, le Rassemblement national lance une association d’élus pour lutter contre le « poison du wokisme », un des sujets dont ils se saisissent rapidement est la place des femmes trans dans le sport de haut niveau[9], se faisant ainsi l’écho de polémiques états-uniennes.

En France, la question ne s’est alors encore posée pour aucune athlète trans. Le gouvernement annonce tout de même, à quelques jours d’écart, la création d’un « groupe d’experts » sur les personnes trans dans le sport de haut niveau. D’experts, ce groupe n’en comporte que très peu, puisqu’il est composé principalement de médecins du sport ignorants des réalités médicales de la transidentité. Avec Toutes des femmes, nous avons choisi tout de même d’y siéger, pour y défendre une position politique simple : les règles existantes sur les catégories féminines et les contrôles antidopage répondent déjà à toutes les questions qui peuvent se poser sur les avantages justes et injustes. Il n’y a aucune raison de développer des réglementations spécifiques aux personnes trans, et encore moins de les exclure systématiquement des compétitions.

Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice LR, va encore plus loin dans l’imitation de ses collègues états-uniennes. Une grande partie des lois antitrans outre-Atlantique porte ainsi sur l’accès au soin des mineur·es trans. À ce jour, 22 états ont complètement coupé l’accès aux transitions médicales pour les mineur·es. L’Idaho, le Dakota du Nord, l’Oklahoma, l’Alabama et la Floride en font même un crime pour toute personne qui participerait à fournir ces soins. Quelques jours à peine avant le dépôt par le RN d’une question au gouvernement sur les personnes trans dans le sport, la sénatrice LR annonce à la presse la création d’un « groupe de travail sur la transidentification des mineurs » composé de sénateur·ices LR, pour étudier « la hausse croissante des demandes de changements de sexe chez les enfants et surtout les adolescents ».

Ce groupe de travail, qui est purement interne aux sénateur·ices LR, et n’est pas une commission parlementaire officielle, profite tout de même de l’image du Sénat pour inviter à des auditions à l’été 2023 les associations trans et médecins spécialistes de la transidentité. Mais celles-ci sont volontairement noyées dans les nombreuses personnalités transphobes par ailleurs auditionnées. On trouve ainsi, parmi ceux cités plus hauts, le psychanalyste Christian Flavigny, ou la chercheuse Lisa Littman, inventrice du ROGD. Apparaît également le psychologue américain Kenneth Zucker, qui depuis le milieu des années 1970, fait « accepter » à des préadolescent·es le genre qui leur a été assigné à la naissance. Sa clinique a été fermée en 2015, à la suite de l’interdiction des thérapies de conversion en Ontario.

Aux côtés de Jacqueline Eustache-Brio, durant les auditions, sans qu’on sache à quel titre elles sont présentes, se trouvent régulièrement Céline Masson et Caroline Eliacheff, preuve de la grande porosité entre le travail de l’Observatoire de la petite sirène et celui de la sénatrice. Celle-ci s’était déjà opposée en 2021, dans la loi visant l’interdiction des thérapies de conversion, à ce que la transidentité soit elle aussi protégée par le texte. Elle avait au contraire profité de celui-ci pour proposer des amendements interdisant les soins de transition pour les mineur·es. La couverture médiatique de l’action de la sénatrice est d’abord limitée.

Le rapport, publié fin mars 2024, reprend quasi intégralement l’argumentaire de la Petite Sirène : Mediapart a depuis révélé qu’il a été écrit en grande partie, contre rémunération, par Caroline Eliacheff et Céline Masson[10]. Une proposition de loi interdisant les soins pour les mineur·es, à l’image des législations des conservateurs américains, est déposée dans la foulée. Elle est cosignée par les sénateurs du groupe LR qui, majoritaires à la Chambre haute, la mettent à l’ordre du jour du Sénat à la fin du mois de mai 2024.

Les héritiers de la Manif Pour tous

Pourquoi cette offensive soudaine des droites contre les droits des personnes trans ? Si l’extrême droite française copie les arguments des conservateurs états-uniens, l’offensive s’inscrit néanmoins dans un agenda antigenre ancré solidement dans le paysage politique français. Les secteurs de la droite déjà habituellement mobilisés contre les droits des femmes se sont emparés en premier du sujet de la transidentité, en particulier ceux issus de la Manif pour tous et proches de l’Église catholique. On trouve beaucoup de similarités, dans l’émergence des mobilisations contre les droits des personnes trans, avec celles contre le mariage homosexuel. La raison en est simple : beaucoup d’acteurs et de méthodes sont les mêmes.

En 2012, la création de la Manif pour tous est l’aboutissement, dans les milieux catholiques, d’une longue construction d’un discours antigenre. En effet, c’est dès le début des années 2000 qu’est forgé, directement sous l’impulsion du Vatican, le concept de « théorie du genre ». Dans la seconde moitié du xxe siècle, la doctrine catholique a progressivement abandonné le devoir de soumission de la femme à son mari. Elle l’a remplacé par un discours de la complémentarité des sexes, qui justifie des rôles sociaux par l’idée d’une nature fondamentalement différente des hommes et des femmes. Au tournant du millénaire, la prise en compte de plus en plus importante de la dimension construite du genre dans les politiques d’égalité (l’éducation des jeunes filles, la prise en compte de l’homosexualité et de la diversité des familles…), et notamment dans les discussions à l’ONU, vient directement attaquer cette idée, et pose donc un problème pour ce discours patriarcal[11].

C’est le Vatican qui place au centre du débat le terme de genre, et plus particulièrement les expressions de « théorie du genre » et d’« idéologie du genre ». De manière peut-être inattendue, cette offensive ne se nourrit que très peu d’un discours religieux. Au contraire, plusieurs commissions sont alors mises en place, qui produisent une critique avant tout politique et idéologique du féminisme contemporain. Les idéologues du Vatican lisent les théoriciennes féministes, Judith Butler, Christine Delphy et Monique Wittig, et perçoivent, à raison, la dimension révolutionnaire de leur propos. En 2005, alors que Tony Anatrella, prêtre et psychanalyste, s’attaque déjà publiquement à la « théorie du gender », les évêques de France commandent de leur côté au psychanalyste Jacques Arènes un rapport sur la gender theory qu’il rend l’année suivante, et qui souligne le danger que présentent les avancées du mouvement féministe pour la binarité et la complémentarité des sexes, fondement idéologique que partage une grande partie de la psychanalyse avec l’Église catholique.

C’est cette entreprise de production idéologique qui nourrit les mouvements « antigenre » depuis le début des années 2000. Toutes les mobilisations, contre le mariage pour les couples homosexuels, contre leur droit à avoir des enfants, contre l’éducation à la sexualité à l’école, et aujourd’hui contre les droits des personnes trans, aboutissent à un seul argument : ces progrès mettraient en danger la binarité et la complémentarité homme-femme, et à ce titre seraient contre-nature et dangereux. À l’injonction au respect de la volonté divine s’est substituée celle de l’ordre naturel et de « la vie ».

Dans les groupes catholiques mobilisés contre les droits des personnes trans, on retrouve ainsi l’association Juristes pour l’enfance, à peine sortie de son combat contre l’ouverture de la PMA aux couples lesbiens, créée en 2009 et proche de la Manif pour tous. En 2023, cette association attaque frontalement, au sein de la Haute Autorité de santé française, le groupe de travail chargé d’élaborer de nouvelles recommandations médicales pour la prise en charge des personnes trans. Ces dernières n’ont en effet pas été actualisées depuis 2009, et sont particulièrement rétrogrades, car héritières des équipes hospitalières maltraitantes évoquées en introduction de ce livre.

Ces groupes de travail à la HAS ou dans d’autres instances de santé comptent toujours une majorité de médecins, mais aussi des représentant·es d’associations concernées d’usager·es du système de santé. Juristes pour l’enfance mène néanmoins durant plusieurs mois une campagne visant à dénoncer la supposée partialité du groupe de travail qui ne compterait que des « militants trans », et tente même de s’y faire nommer. Après avoir obtenu la liste des membres via un premier litige administratif, l’association la fait fuiter dans Le Figaro, désignant au passage qui est trans et qui ne l’est pas, sans aucun respect pour la vie privée[12]. Juristes pour l’enfance fait aussi partie des associations qui déposent une requête au Conseil d’État visant à annuler la circulaire Blanquer améliorant l’accueil des enfants transgenres à l’école, requête heureusement rejetée.

Tout ce discours prend pied sur un fond d’homophobie et de transphobie puissant chez une partie de la population française. En 2013, la Manif pour tous a perdu, mais a créé et consolidé un puissant mouvement, qui constitue un des piliers de la droite réactionnaire contemporaine. Les réseaux catholiques disposent d’importantes ressources financières. Si le sujet de la transidentité parvient à mobiliser comme cela fut le cas il y a dix ans avec le mariage homosexuel, on peut sans trop de risque avancer que la logistique ne sera pas un obstacle à mettre des millions de personnes dans la rue. Mais même sans aller jusque-là, l’emploi des méthodes et des discours du répertoire « antigenre » est une tentative de remobilisation à droite qui peut réussir. Une fois les secteurs habituels du militantisme antigenre mobilisés, deux facteurs entrent en jeu : il faut que suffisamment de médias leur donnent la parole, pour poser le débat selon leurs termes, et que les politiciens de droite s’en emparent.

En 2012, l’émergence de la Manif pour tous est due en grande partie à l’exposition médiatique dont elle a bénéficié, y compris de la part de la presse de gauche. Celle-ci a participé à la construction d’un débat de société où l’homophobie, si elle n’était pas légitime et acceptable, était du moins un spectacle intéressant et vendeur. D’un côté, Frigide Barjot et ses comparses, en prenant la tête de la mobilisation contre une galaxie d’associations catholiques à l’image rétrograde et extrémiste, construisent un masque acceptable et moderne à un mouvement fondamentalement réactionnaire.

De l’autre, les médias achètent : dans son livre Les Humilié·es, publié à l’occasion des dix ans du mariage pour tous, Rozenn Le Carboulec montre comment Libération consacre ainsi trois pleines pages à la Manif pour tous, et L’Obs publie les tribunes de militants homosexuels contre le mariage[13]. Un mouvement né la veille a ainsi plus d’audience que les associations LGBT travaillant depuis des années pour obtenir un droit. Dans la presse de droite, on ne donne la parole qu’aux homophobes, et dans la presse de gauche, on donne la parole aux homophobes pour faire le « contre » dans le débat, et aux éditorialistes maison pour faire le « pour » car après tout, on est de gauche et déjà convaincu.

La plupart du temps, on ne donne pas significativement la parole aux concerné·es. Sans ce travail médiatique, la mobilisation contre le mariage homosexuel serait-elle autant devenue un sujet identitaire de la droite contemporaine ? Si LR ne compte plus revenir sur le mariage homosexuel, de manière tragique, l’intégralité de la droite d’alors a soutenu le mouvement. Dans le gouvernement Attal, Gérald Darmanin, Catherine Vautrin, Rachida Dati, Christophe Béchu, et Sébastien Lecornu se sont ainsi opposés au mariage des couples homosexuels. Pour l’essentiel d’entre eux, ils tentent plutôt de le faire oublier que d’en faire un titre de gloire.

En 2022, Éric Zemmour s’est fait une petite place dans une élection présidentielle verrouillée à droite. S’il attaque les droits des personnes trans au cours de sa campagne, il annonce aussi clairement être toujours opposé au mariage homosexuel, et vouloir revenir sur la PMA[14]. Il reprend ainsi en charge les mobilisations antigenre laissées de côté par LR. Valérie Pécresse, la candidate investie, avait en effet annoncé ne pas vouloir revenir, elle, sur la loi bioéthique[15].

Le succès du candidat d’extrême droite est mitigé électoralement, mais il consolide une base militante antigenre particulièrement active encore aujourd’hui. Son parti, Reconquête, lance ainsi en septembre 2022 le réseau « Parents Vigilants », réseau de parents d’élèves dénonçant « l’effondrement du niveau scolaire », « la propagande LGBT » et la « détestation de la France » à l’école. Le réseau attaque ainsi frontalement l’éducation sexuelle à l’école, ou s’oppose même à ce que les professeur·es soient formés par l’Éducation nationale sur la transidentité. Ces méthodes sont très proches de celles de l’association SOS Éducation, issue de la Manif pour Tous, qui milite contre l’accueil des personnes trans à l’école, ou distribue encore, en 2023 dans les boîtes aux lettres de Villeneuve d’Ascq un livret de 8 pages intitulé « Non à l’idéologie transgenre à l’école[16] ».

Comme à l’origine du mouvement antigenre au tournant du siècle, les arguments de cette offensive ne sont pas particulièrement religieux. Ils sont fondés sur de nombreux mensonges concernant la réalité de la transidentité, et notamment de sa prise en charge chez les mineur·es. Mais, ils s’attachent toujours à leur donner un vernis pseudo-scientifique, convoquant experts du genre, psychiatres et psychanalystes réactionnaires. L’idée de Jacqueline Eustache-Brio de s’attaquer aux transitions des mineur·es ne sort pas de nulle part. Elle découle bien sûr d’un certain tropisme des mouvements antigenre vers la question des enfants, déjà présent dans les mobilisations contre le mariage homosexuel, et d’une inspiration états-unienne. Mais elle est aussi, comme nous l’avons vu, la conséquence d’un lobbying acharné d’organisations et de personnalités historiquement plus identifiées à gauche.

Notes

[1]     Jany Leroy, « La pétulante Rachel Levine nommée adjointe à la Santé par Joe Biden », site Boulevard Voltaire21 janvier 2021.

[2]     Eugénie Bastié, « Changement de sexe : quid du “consentement” des mineurs ? », Le Figaro, 24 janvier 2021.

[3]     Pierre Mylestin, « Le changement progressiste, c’est maintenant : la preuve par Rachel Levine », site Boulevard Voltaire, 28 février 2021.

[4]     « Les dessous du phénomène transgenre (Débunkage #9) » vidéo publiée sur la chaîne YouTube de VA+.

[5]     Edouard Lavollé, « Compromissions avec l’islamisme, capitulation face au lobby transgenre : quand Biden cède aux sirènes des minorités », Valeurs actuelles, 2 mars 2021.

[6]     Trans Legislation Tracker, https://translegislation.com/learn

[7]     Consultable sur https://www.plannedparenthoodaction.org/abortion-access-tool/US.

[8]     Consultable sur https://www.lgbtmap.org/equality-maps

[9]     https://questions.assemblee-nationale.fr/q16/16-8308QE.htm

[10]   Mathilde Mathieu et David Perrotin, « Rapport sur les mineurs trans au Sénat : enquête sur une manipulation », Mediapart, 3 mai 2024.

[11]   Massimo Prearo, Sara Garbagnoli, La Croisade “anti-genre”. Du Vatican aux manifs pour tous, Textuel, 2017.

[12]   Rozenn Le Carboulec, « Outing et complotisme : Le Figaro contre les “militants trans” », Arrêt sur images13 novembre 2021.

[13]   Rozenn Le Carboulec, Les Humilié·es, Éditions des Équateurs, 2023.

[14]   Nicolas Scheffer, « Éric Zemmour promet maintenant de “bloquer” la PMA pour toutes », Têtu, 7 décembre 2021.

[15]   « “Mes convictions évoluent avec celles de la société” : Valérie Pécresse précise ses positions sur le mariage pour tous, la PMA et la GPA », site TF1Info.

[16]   Mikaël Libert, « Nord : Un tract évoque les trans comme “une armée de fanatiques” dont l’idéologie menace l’école », 20 Minutes, 31 octobre 2023.

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