Lire hors-ligne :

L’extrême droite est aux portes du pouvoir en France et elle est représentée par une femme : Marine Le Pen. Est-ce que cela, ajouté au fait qu’elle prétend avoir rompu avec certaines des positions traditionnelles de l’extrême droite, change quoi que ce soit au fait que le FN (devenu RN) constitue un ennemi mortel pour les femmes, leurs droits, les mouvements féministes et la cause de l’égalité entre femmes et hommes ? Absolument pas, nous explique l’historienne Mathilde Larrère dans ce nouvel épisode du podcast « Minuit dans le siècle », animé par Ugo Palheta et disponible sur Spectre

La droite et une bonne partie de la gauche ont longtemps partagé avec l’extrême droite les mêmes poncifs réactionnaires sur l’infériorité des femmes, la division naturelle des tâches, le refus du contrôle de leurs corps par les femmes elles-mêmes, etc. Mais depuis la conquête d’une série de droits importants par les mouvements féministes dans les années 1960 et 70, et depuis l’acceptation (ou la non-remise en cause) par la majorité de la droite de ces conquêtes, l’extrême droite est devenue le principal bastion dans le champ politique du masculinisme, le quartier général de l’antiféminisme. Même si évidemment le patriarcat structure l’ensemble de la société, suscite des violences dans toutes les couches sociales.

Pour autant, l’extrême droite s’est perfectionné dans l’art de lutter contre les droits des femmes et l’égalité hommes/femmes. À l’antiféminisme et aux thèses réactionnaires de la « complémentarité » des sexes, elle a ajouté ces vingt dernières années le fémonationalisme : mettre la cause des femmes au service du racisme et du nationalisme blanc, en prétendant que les seuls ennemis des femmes seraient les migrant·es du Sud global, les musulman·es, les hommes des quartiers populaires et d’immigration. Une nouvelle contribution à la fabrication d’un Ennemi intérieur.

C’est donc à déconstruire l’ensemble de ces discours que l’on travaille dans cet épisode, pour rappeler que l’extrême droite est encore aujourd’hui un ennemi mortel pour les femmes.

 

Quelques références pour aller plus loin

– Christine Bard (dir.), Un siècle d’antiféminisme, Paris, Fayard, 1999.

– Magali Della Sudda, Les nouvelles femmes de droite, Paris, Hors d’atteinte, 2022.

– Sara R. Farris, « Un racisme au nom des femmes », Contretemps, décembre 2021, à lire ici.

– Mathilde Larrère, Rage Against the Machisme, Paris, Éditions du Détour, 2020. Un extrait à lire ici 

– Vincent Streichhahn, « Comment le mouvement féministe prolétarien a résisté à l’antiféminisme »Contretemps, janvier 2022.

*

Illustration : Photothèque rouge. 

Lire hors-ligne :