Lecture de « Supporters du PSG », d’Éric Wittersheim
Éric Wittersheim, Supporters du PSG. Une enquête dans les tribunes populaires du Parc des Princes. Une enquête dans les tribunes populaires du Parc des Princes, Lormont, Le Bord de l’eau, 2014, 152 p., 12 €.
Si l’ouvrage d’Éric Wittersheim est à replacer dans le prolongement des premiers travaux consacrés à l’industrie du spectacle sportif en France1, dès les premières lignes du livre on sent chez l’auteur une volonté de s’affranchir du discours de sens commun qui entoure les pratiques des supporters de football. En effet, ces derniers se retrouvent prisonniers de l’image médiatique qui alterne entre nouvelle classe dangereuse et idiots culturels. Composer avec ces représentations négatives s’avère être un exercice d’autant plus périlleux que l’auteur prend pour terrain d’enquête les supporters du Paris-Saint-Germain (PSG) et en particulier ceux à la réputation sulfureuse du Kop de Boulogne, notamment au cours de la période de l’enquête ethnographique de l’auteur, entre 1993 et 1995.Sans nier l’existence de comportements violents ou racistes dans les stades, Éric Wittersheim souhaite non seulement par cette enquête s’affranchir de la dimension morale et polémique du sujet, mais il veut surtout replacer l’étude des supporters de football dans la perspective plus large d’une sociologie des classes populaires (p. 8). Ses lectures de travaux décrivaient une pratique du supportérisme éloignée de la réalité qu’il connaissait et l’auteur, via son enquête ethnographique, a pour objectif d’être le plus fidèle possible à ses enquêtés en saisissant notamment leurs degrés d’engagement et de distanciation par rapport à cette activité.
Supporters du PSG, est un ouvrage original à plus d’un titre et pas uniquement parce qu’il s’agit du « premier livre sur les supporters du PSG fondé sur une véritable enquête (sous-entendu empirique) de terrain » comme annoncé sur la quatrième de couverture. La spécificité de cette enquête repose d’abord sur le dispositif méthodologique mis en place par l’auteur. Au moment de l’enquête, le club du PSG, vient tout juste de se faire racheter par la chaine de télévision Canal Plus, en 1991, le diffuseur du championnat de France de Ligue 1 souhaite relancer son intérêt en opposant un adversaire à l’équipe de l’Olympique de Marseille. À la même époque, le club doit alors composer avec des débordements violents très médiatisés qui émanent en particulier de la tribune Boulogne. En réaction, les pouvoirs publics rédigent la loi dite Alliot-Marie, pilier de la lutte contre le hooliganisme en France. Les dirigeants du PSG se dotent alors d’un département supporters et de stadiers, encourageant la création de nouveaux groupes appelés ultras. L’originalité du travail d’Éric Wittersheim tient justement dans le fait de ne pas focaliser son travail d’ethnographe sur ces collectifs organisés de supporters, comme le fait trop souvent la sociologie du spectacle sportif, mais de s’intéresser à « ce que fait le supporter moyen » (p. 9), sans tomber dans le piège qui « amène (les sociologues du sport notamment, mais pas seulement) à ne retenir que les faits les plus signifiants, les individus les plus exaltés ou les situations les plus extraordinaires » (p. 9). L’enquête suit un groupe d’une dizaine d’amis, âgés de 25 à 35 ans, qui disposent d’un abonnement à l’année dans la tribune jaune du Kop de Boulogne. Son choix se porte finalement sur un groupe de supporters (« bande de copains ») fortement et durablement engagés, sans pour autant se situer dans la frange la plus extrême de la pratique, faisant l’hypothèse de pouvoir observer différents niveaux d’engagement et de distanciation. Au total, l’auteur, grâce à un informateur privilégié qui l’a introduit dans le groupe d’amis, a pu observer une trentaine de matchs en leur compagnie et parallèlement participer aux soirées télévisées qu’ils organisent lors des rencontres du PSG jouées hors du Parc des Princes. S’ajoutent à ce travail d’observation, des entretiens individuels et de groupes et le relevé d’articles de presse. Il conclut l’avant-propos de son livre en expliquant que : « le but de ce livre est de redonner la parole à ces “vrais” supporters » (p. 16) en prenant au sérieux le sens que les acteurs eux-mêmes attribuent à leurs actions. Le groupe qu’il observe vient de manière régulière au Parc des Princes pour soutenir le club depuis dix à quinze ans, une ancienneté que les membres du groupe d’amis ne manquent jamais de revendiquer. Placement dans la tribune (toujours exactement au même endroit alors que le placement est totalement libre en tribune Boulogne), tenue vestimentaire, beaucoup plus sobre que celle des jeunes supporters (seule une écharpe aux couleurs du PSG) et leur âge sont autant de critères qui caractérisent ce groupe qui fait partie, pourrait-on dire des « anciens ». Le cadre d’analyse que propose de suivre l’auteur est « tenter de comprendre le sens et les modalités de la participation au spectacle sportif de la majorité des “pratiquants” » (p. 75), en tentant de définir le plus petit dénominateur commun de l’ensemble des participants. Pour tenter de comprendre le sens et les modalités de la participation au spectacle sportif de son groupe de supporter, l’auteur identifie les différentes routines qui ponctuent les différents moments du match (avant, pendant et après le match) qui placent la convivialité et l’expérience partagée du soutien à leur équipe au centre de leur activité. Ce soutien s’exprime de multiples façons, d’abord par leur présence régulière au stade lors de chaque match à domicile, mais aussi par des marques plus démonstratives comme des cris, des acclamations et des chants qui sont proportionnels à l’enjeu que peut revêtir la rencontre (facteur externe au match) ou le niveau de tension qui accompagne le déroulement du match (facteur interne au match), par exemple lorsque le résultat final est totalement incertain.
L’objet de la première partie du livre est d’abord de faire le point sur les travaux existants sur le football en général et sur le spectacle sportif en particulier. Il rappelle notamment la faible légitimité dont disposent les recherches menées sur l’objet sport dans le champ des sciences sociales. C’est sans doute l’une des raisons qui le pousse à publier ce travail, même si depuis son enquête de nombreux auteurs2 se sont dorénavant emparés de l’objet football. En écrivant cet état des lieux des recherches sur le football, l’auteur pose la question de savoir : que font les sciences sociales au football ? En faisant ce travail, et comme le souligne L. Lestrelin3 dans son compte-rendu de l’ouvrage, l’auteur identifie ce qu’il considère comme les trois principaux maux de la sociologie du sport. Le premier est celui de la surinterprétation, impasses auxquelles mène une anthropologie qui ne repose pas sur une véritable enquête empirique ou si elle existe, ne sert qu’à confirmer ce que l’on pense déjà. Cela l’amène à questionner un usage erroné de la métaphore (notamment religieuse) dans les travaux en sociologie du sport qu’il interprète comme une volonté des auteurs de rendre cet objet « digne » à être étudié par les sciences sociales. Il exprime également le fait que cet effet de style n’est qu’une manière d’introduire des hypothèses plus radicales sur la passion qui entoure cette pratique. La deuxième difficulté tient, selon l’auteur, à ce que : « les travaux consacrés aux supporters de football ont tendance à réduire l’objet d’étude à ses aspects les plus visibles, les plus spectaculaires » (p. 30). Il pointe du doigt la focalisation excessive des chercheurs sur les individus et les phénomènes les plus extraordinaires des tribunes, ceux qu’il nomme les « supporters virtuoses ». Ces derniers s’opposent aux « supporters ordinaires » de son enquête qui permettent d’en apprendre plus sur le caractère euphémisé et distancié de leur pratique. Pour Éric Wittersheim, les travaux sur le supportérisme ont eu tendance « à mettre en avant ce que l’objet “supporters” a de plus extraordinaire, négligeant du même coup d’interpréter la participation de la grande majorité des supporters » (p. 34) en omettant de préciser qu’il existait, chez les supporters, des manières plus ou moins démonstratives de s’engager. Dans cet exercice de précision qui vise à réfléchir sur les degrés d’adhésion des différentes catégories de supporters, l’auteur aurait pu faire la distinction entre « supporter ordinaire » et spectateur, afin de savoir si la différence entre les deux se joue sur le registre des affects ou non. Le dernier type de problème n’est pas nouveau lorsqu’on prend pour objet d’étude les loisirs populaires, puisqu’il s’agit de la difficulté à penser les publics du football autrement que sur le registre de l’aliénation. Cette présentation successive des problèmes qu’il développe en faisant le point sur la littérature produite sur le football, donne à l’auteur l’occasion d’écrire une véritable diatribe contre les travaux produits par la sociologie critique du sport qu’il juge dénonciatrice et qu’il accuse de ne pas rendre compte de la complexité du monde social. Dans ce procès à charge contre ce courant, il omet cependant de préciser deux choses importantes : la première est que les tenants du courant critique du sport se placent dans une sociologie politique des institutions sportives qui n’use pas des mêmes outils méthodologiques, et la seconde, que le cadre théorique sur lequel repose les fondements de leurs travaux est complètement à l’opposé de la surinterprétation dénoncée par Éric Wittersheim puisque que pour eux, à la manière du biologiste qui grossit au microscope la cellule à étudier, « seule l’exagération est vraie »4.
La seconde spécificité de ce travail concerne la temporalité (surprenante ?) de publication de l’enquête. En effet, les résultats présentés reposent sur une ethnographie menée entre 1993 et 1995. L’auteur lui-même se demande : « si cette publication, vingt ans après l’achèvement de l’enquête, est opportune » (p. 9). Mais y renoncer reviendrait à estimer que la sociologie comme le journalisme doit laisser dicter ses objets de recherche par l’actualité sociale et politique. Si la rédaction de l’avant-propos de son livre permet à l’auteur de placer son travail dans une certaine actualité de la question des supporters, il est dommage qu’il ne profite pas de cette publication pour aller plus en profondeur dans l’analyse de ces changements qui touchent les tribunes du Parc des Princes car la situation est actuellement complètement différente. Au moment de l’enquête, Canal Plus, sans doute motivé par une volonté de limiter l’emprise du Kop de Boulogne sur les tribunes du Parc des Princes, propose aux ultras qui le souhaitent de s’installer dans l’autre virage du stade : la tribune Auteuil. Des nouveaux groupes d’ultras font leur apparition au Parc des Princes. Durant les premières saisons, ce nouveau virage va grandir dans l’ombre du Kop de Boulogne, mais progressivement, et notamment à partir des années 2000, une forte rivalité va s’instaurer entre les deux virages du Parc. L’épisode qui va mettre le feu aux poudres intervient en mai 2003, lors de la réception de Rennes, rencontre placée sous le signe du 10ème anniversaire des « Tigris Mystic ». Ces derniers, parmi les diverses animations, déploient une banderole géante sur laquelle on peut y lire : « L’avenir est à nous ». À partir de cet évènement, des affrontements récurrents vont éclater entre les différents groupes de supporters des deux virages et deux d’entre eux vont trouver la mort en 2006 puis en 2010. Ces drames ont pour doubles conséquences, d’une part un durcissement des textes législatifs entourant les pratiques des supporters au niveau national, d’autre part la mise en place d’un plan de pacification drastique des tribunes du Parc des Princes de la part de la direction du club : le « plan Leproux », du nom du président du conseil de sécurité du club. Ce dispositif, visant à ce qu’il convient d’appeler une forme de « nettoyage » de la frange la plus populaire des supporters, s’inspire de ce qui a été mis en place en Angleterre dans les années 1990 pour lutter contre le hooliganisme. En effet, outre l’interdiction faite aux supporters parisiens d’aller soutenir leur club lors des rencontres « à l’extérieur » via des arrêtés préfectoraux, ce « plan de sécurité » prévoit surtout la dissolution de toutes les associations de supporters du club par le placement aléatoire des abonnés dans les tribunes (notamment pour les anciens abonnés des tribunes populaires du Parc : G, K, le virage Auteuil et Boulogne). À la suite des mesures prises par la direction du club, et avec l’appui des pouvoirs publics, plusieurs centaines de supporters sont interdits de stades pour des périodes plus ou moins longues, certains simplement pour avoir arboré une écharpe à l’effigie d’un groupe de supporters se voient également prononcer des IAS (Interdiction Administrative de Stade). Autre résultat du plan, les jours de match dans les villes de province, les voitures immatriculées en région parisienne sont contrôlées. Il n’en faut pas plus pour que la frange populaire des supporters du PSG soit stigmatisée dans les médias, décrite comme une horde de hooligans révoltés, voire possédés. Ce que met en évidence l’enquête, dans la deuxième partie de l’ouvrage, en s’intéressant à ce que font concrètement les supporters, est une réalité éloignée et bien plus complexe que cette image médiatique. En effet, l’auteur observe à l’inverse, une alternance constante entre engagement et distanciation. Usage de l’humour, second degré, ironie, « droit à la bassesse » (p. 131) sont autant d’éléments qui participent au plaisir ressenti entre pairs durant les matchs. De la même manière, l’auteur insiste sur le fait que lors des entretiens, il observait chez les supporters la volonté d’afficher une présentation de soi qui ne se résume pas seulement à cette activité. S’ils assistent et regardent les matchs, ils font preuve d’un regard critique et d’une distance qui inscrit cet ouvrage dans le sillage du travail de R. Hoggart5 sur le rapport à la presse des classes populaires anglaises des années 1950. Éric Wittersheim reprend d’ailleurs à son compte « l’attention oblique » et « l’adhésion à éclipses » dont parle J-C. Passeron dans la préface de La culture du pauvre6. On peut cependant regretter que l’auteur n’ait pas analysé les conséquences du « plan Leproux » sur les abonnés en les confrontant aux résultats qu’il présente dans la deuxième partie de son travail. En effet, à cause de ce dispositif, l’appropriation territoriale d’un secteur du stade par un groupe d’amis telle qu’elle a été observée par Éric Wittersheim n’est plus possible. Or comme le montre l’enquête, au travers la reconstitution idéale-typique des deux soirées (un soir de match au Parc et lors d’une retransmission télévisée d’une rencontre à l’extérieur du PSG), la pratique du supportérisme repose d’abord et surtout sur un partage d’expériences et d’habitudes fondamentalement, des routines collectives qui permettent à l’auteur d’écrire que si « cela ne se passe pas toujours de la même façon (…) c’est presque toujours la même chose » (p. 79). Se retrouver avec ses camarades (entre hommes), partager des émotions, une ambiance et surtout passer du temps ensemble sont autant d’ingrédients sur lesquels se fonde l’activité de supporters, comparables à d’autres formes de sorties entre amis comme le concert de musique ou la boîte de nuit qui nécessitent un temps de préparation (l’avant-match) et un temps de débriefing lors de la « troisième mi-temps » et qui ne sont plus désormais possibles. Il en est de même pour le « foot à la télé » qui même si le match reste en quelque sorte au centre de la soirée, il est tout autant prétexte pour faire la fête entre amis. Selon l’auteur, « il est donc tout à fait indispensable de prendre en compte l’aspect central de la convivialité entre supporters » (p. 98), ce qui se partage entre eux semble dépasser une simple passion pour le football. L’enquête d’Éric Wittersheim permet de mieux comprendre le boycott mis en place par les groupes ultras du Parc des Princes, sans pourtant que le plan, dans sa première phase, ne soit accompagné d’une augmentation du tarif des places. Cette hausse généralisée du prix arrive dans un second temps, en 2011, lorsqu’un fonds d’investissement qatari rachète le club. Recrutant des joueurs à la renommée internationale, cherchant à rayonner rapidement sur la scène européenne, ce dernier entend faire des matchs du PSG une expérience de divertissement censée mettre en avant, comme le souligne le sociologue N. Hourcade : « la figure du supporter-client qui consomme docilement le spectacle et ses produits dérivés » (p. 10).
En lisant ce travail sur les Supporters du PSG, on ne peut s’empêcher d’avoir en tête la situation actuelle du public du Parc des Princes. Il est dommage que l’auteur n’ait pas profité de son enquête et du rappel socio-historique qu’elle permet, pour jouer le jeu de la confrontation. Il s’agit donc là d’un travail qui reste à faire de manière rigoureuse. Une autre question que ne pose pas directement ce travail même est de comprendre comment la conjonction du « plan Leproux » et de la hausse du prix des places (sous prétexte de lutte contre la violence qui était le fait d’une minorité) a d’abord eu pour conséquence de mettre fin à une expression populaire (sans que ce processus ne semble déranger personne) pour asseoir la figure du consommateur de spectacle sportif. En effet, progressivement les tribunes vont se vider de leur frange populaire qui se voit par la même occasion dépossédée de leur loisir sous l’effet de ce processus de gentrification. D’autre part, avec l’apparition dans le paysage du football professionnel francilien de nouveaux clubs issus de la région parisienne, Créteil mais aussi le Red Star et le Paris Football Club, on peut émettre l’hypothèse que le recrutement du public du Parc va continuer sa transformation, devenant de plus en plus parisien et par conséquent provenant de moins en moins de la banlieue.
Nos contenus sont placés sous la licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 3.0 FR). Toute parution peut être librement reprise et partagée à des fins non commerciales, à la condition de ne pas la modifier et de mentionner auteur·e(s) et URL d’origine activée.
à voir aussi
références
⇧1 | Voir notamment l’ouvrage pionnier de C. Bromberger, A. Hayot, J-M. Mariottini, Le match de football. Ethnologie d’une passion partisane à Marseille, Naples et Turin, Paris, MSH, 1995. |
---|---|
⇧2 | J. Bertrand, La fabrique des footballeurs, Analyse sociologique de la construction de la vocation, des dispositions et des savoir-faire dans une formation au sport professionnel, Thèse de doctorat en sociologie et en anthropologie, Lyon, 2008 ; P. Dietschy, Histoire du football, Perrin Editions, 2010 ; F. Raséra, Le métier de footballeur, Les coulisses d’une excellence sportive, Thèse de doctorat en sociologie, Lyon, 2012 ; J. Sorez, Le football dans Paris et ses banlieues. Un sport devenu spectacle, Presses universitaires de Rennes, 2013. |
⇧3 | L. Lestrelin, « Éric Wittersheim, Supporters du PSG. Une enquête dans les tribunes populaires du Parc des Princes », Lecture [en ligne], Les comptes rendus, 2014, mis en ligne le 15 décembre 2014, URL : http://lectures.revues.org/16422. |
⇧4 | T.W. Adorno, M. Horkheimer, Dialectique de la raison. Fragments philosophiques, Gallimard, 1983, réédition collection « Tel ». |
⇧5 | R. Hoggart, La culture du pauvre, Paris, Minuit, 1970. |
⇧6 | J-C. Passeron, « Présentation », in La culture du pauvre, Paris, Minuit, 1970, p. 7-25. |