Lire hors-ligne :

Nous publions en trois parties une étude de Laurent Lévy sur les rapports du PCF avec le marxisme au cours des deux décennies de sa plus grande influence, les années 1960 et 1970, qui sont celles de sa lente « déstalinisation » : comment ce parti, qui se considérait comme étant « le parti de la classe ouvrière » considérait-il la théorie marxiste ? Quelle importance accordait-il à son développement ? Quel contrôle entendait-il exercer sur ce dernier ? Quel rôle a-t-il joué dans sa production ? Quelles étaient dans les différents domaines du marxisme les contributions respectives de la direction et des intellectuel·les militant·es ? Quelle était la place de la théorie dans l’élaboration de la politique du Parti ?

Cette étude conduit à nuancer l’idée suivant laquelle au XXe siècle le « marxisme occidental » se serait développé essentiellement en dehors du mouvement ouvrier. Elle est divisée en trois parties : la place de la culture marxiste et des débats philosophiques ; la théorie marxiste dans le domaine économique publiée ci-dessous ; la place de la théorie dans les réflexions stratégiques du Parti, dans une publication à venir.

***

Une Section économique auprès du Comité central

L’attitude du PCF à l’égard de la théorie économique suit un cours distinct de celle à l’égard de la philosophie étudiée dans la première partie. Son intérêt pour les questions économiques avait un côté naturel pour un parti se voulant marxiste. Avant guerre, le philosophe Georges Politzer avait été incité à mettre de côté ses propres recherches philosophiques pour se consacrer à l’étude de l’économie, et produisait pour les Cahiers du bolchevisme, ancêtres des Cahiers du communisme, des notes et articles sur la conjoncture économique.

À la Libération, la présence de communistes dans un certain nombre de ministères donne au PCF accès à une importante documentation économique, sur laquelle asseoir sa politique. Mais après l’éviction des communistes du gouvernement en 1947, ces sources se tarissent, même s’il reste quelques hauts fonctionnaires communistes dans diverses administrations.

Une Section économique (SE) est alors constituée auprès du Comité central[1], dans un premier temps sous la direction effective de Jacques Duclos, et confiée, outre de rares économistes professionnels[2], à des syndicalistes et des fonctionnaires[3], pour alimenter le Parti en analyses économiques.

Les préoccupations proprement théoriques de cette Section économique sont au départ accessoires, ou plutôt, la théorie lui apparaît comme déjà donnée par la tradition marxiste, à laquelle ils s’initient, en particulier par la lecture collective du Capital[4] : elle a surtout besoin d’être illustrée, et éventuellement rappelée ou exposée, mais plus rarement enrichie. Une revue est créée en 1954 pour rendre publics les résultats de ses travaux : Économie et politique.

En 1955, on pouvait touver dans l’éditorial du mois de juin une formule qui en dit long : « En raison de leur contact avec la classe ouvrière, les économistes marxistes exposent des faits réels et ils cherchent moins une documentation dans les statistiques officielles que dans la situation concrète des travailleurs. » La recherche de documentation statistique sera néanmoins permanente au sein de la Section économique : les économistes, même amateurs, qui la composent ont pour l’essentiel le souci de la réalité.

La paupérisation absolue

En 1960, un débat né les années précédentes agite encore la Section économique : Maurice Thorez avait lancé la thèse suivant laquelle en système capitaliste, la classe ouvrière connaîtrait de façon nécessaire, non seulement une « paupérisation relative », mais également une « paupérisation absolue ». Les économistes de la SE, censés donner à cette thèse un fondement solide, publieront dans la revue divers travaux à prétention théorique[5] pour appuyer la thèse contrefactuelle du secrétaire général, par ailleurs régulièrement invoquée par la direction, popularisée dans la presse générale du Parti et défendue dans Les Cahiers du communisme. Par contre, lorsqu’il s’agit de la documenter, ils se heurtent aux réalités des chiffres. S’ils font de leur mieux pour mettre en évidence la « paupérisation » de la classe ouvrière, la « paupérisation absolue » ne peut pas être montrée et leur échappe : elle est introuvable dans les données disponibles. Mais pour Thorez, « les statistiques n’ont jamais raison contre la classe ouvrière ! »[6]

Compte tenu des habitudes de fonctionnement du PCF et du poids incontestable de sa direction et de son secrétaire général, la polémique restera feutrée, les membres de la revue se bornant à un genre de résistance passive. Mais ce débat vient vite en percuter un autre : nombre de ces responsables de la Section économique, et en particulier Jean Pronteau, membre du Comité central et directeur politique d’Economie et politique, sont politiquement proches des membres les plus « khrouchtcheviens » de la direction, en particulier Laurent Casanova et Marcel Servin, qui font l’objet début 1961 du dernier « procès stalinien » interne au PCF et sont écartés de la direction pour « opportunisme ». Pronteau, connu pour être réservé sur la thèse de la « paupérisation absolue », est emporté dans la purge. Il est remplacé par Henri Jourdain, ancien dirigeant de la CGT et de la FSM et lui aussi membre du Comité central.

Le caractère ancillaire de la théorie, subordonnée à des choix politiques fondés sur des considérations ne lui devant rien, prend dans cet épisode une dimension caricaturale qui ira toutefois en s’atténuant dans les années qui suivent alors que sous l’effet de la déstalinisation et du conflit sino-soviétique la direction du PCF est conduite à considérer le « dogmatisme » plus que « l’opportunisme » comme le « danger principal » qui le guette. Jourdain, quoique politiquement légitimiste, est sur le plan de la réflexion économique ouvert à la réflexion et aux approfondissements théoriques.

Si la revue Économie et politique, outre de nombreuses études sur l’économie des « pays socialistes », ou sur diverses questions internationales (l’impérialisme des USA ou de la RFA, la situation coloniale et les économies des pays sous-développés ou en voie de développement, l’intégration européenne…), produit nombre d’études et analyses concrètes de l’économie française et des critiques des politiques économiques gouvernementales, elle laisse place, dès cette époque, à des réflexions plus directement théoriques. En témoignent, exemples parmi d’autres, outre la critique des théories qui sous-tendent ces politiques, la publication d’études sur le capitalisme contemporain du grand économiste marxiste soviétique Eugène Varga, un temps mis à l’écart par la répression stalinienne mais revenu en grâce, ou de l’important théoricien marxiste Charles Bettelheim, ou encore le débat de haute tenue opposant dans ses colonnes, en 1960-1961 Maurice Godelier et Paul Boccara[7].

Ce dernier, agrégé d’histoire s’étant récemment tourné vers l’économie, et qui signe en 1959 son premier article dans la revue, deviendra en avril 1963 l’un des jeunes membres du comité de rédaction d’Économie et politique, dans le cadre du renouvellement presque complet de la SE, deux ans après son démantèlement consécutif à l’éviction de Pronteau. Soutenu par Jourdain, il se signale très vite par la dimension essentiellement théorique de son travail et sa lecture personnelle de la logique du Capital de Marx – à une époque marquée par le « retour à Marx » impulsé en particulier par Louis Althusser, dont il s’emploie à critiquer l’approche. Dès cette époque, il est d’une grande ambition théorique : il entend rien moins que poursuivre et développer, et même « dépasser » le travail de Marx lui-même pour analyser le capitalisme contemporain.

La théorie du CME

En mai 1966, donc de façon contemporaine du Comité central d’Argenteuil évoqué dans la première partie, le PCF organise avec la revue Économie et politique, sur une proposition de Henri Jourdain, une grande conférence internationale[8] à Choisy-le-Roi sur le capitalisme monopoliste d’État. Comme Argenteuil, il s’agit là d’une initiative qui va à la fois illustrer l’importance pour le PCF de la théorie marxiste, et déterminer les caractéristiques de son activité politique dans les années qui suivent et au-delà. La direction du Parti attache à cette conférence une grande importance, dont témoigne l’assistance de tous ses membres présents à Paris : présidée par un membre du Bureau politique, Georges Frischmann, par ailleurs membre de la commission exécutive de la CGT, elle accueille le secrétaire général Waldeck Rochet, qui prononcera le discours de clôture, ainsi que les dirigeants de premier plan Jacques Duclos, Étienne Fajon, Raymond Guyot, Georges Marchais, René Piquet et Gaston Plissonnier. Si Duclos et Frischmann avaient été désignés, avec Jourdain, pour représenter le PCF lors de la conférence, les autres membres du Bureau Politique étaient venus y assister sur l’insistance du Secrétariat du Parti. Contrairement à ce que l’on a pu voir à propos de la philosophie, ils viennent plus pour écouter que pour donner leur propre point de vue : aucun n’y prendra la parole – si l’on met à part le discours d’ouverture de Georges Frischmann et celui de clôture de Waldeck Rochet, qui ne constituent pas des contributions au fond des débats, mais manifestent en revanche l’intérêt de la direction pour les travaux de la conférence.

C’est Paul Boccara qui introduit la théorie du capitalisme monopoliste d’État à la conférence, lui donnant l’acronyme de « théorie du CME » qui entrera dans le vocabulaire standard du PCF.

« Certes, précise-t-il, le matérialisme historique n’est pas un économisme. La politique, conditionnée par l’économie, n’en découle pas mécaniquement et fatalement. Au contraire, elle réagit sur le développement économique lui-même. Cependant, la portée politique d’une juste théorie économique du CME est très grande. Elle permet une analyse plus approfondie des conditions de notre lutte pour la démocratie et le socialisme, pour la paix. C’est pourquoi notre parti attache une grande importance à l’étude économique du capitalisme monopoliste d’État. »

Boccara, soutenu sans réserve par la direction du Parti[9], entend développer entre autres la théorie de la suraccumulation du capital esquissée par Marx dans le Livre III du Capital en l’associant à une théorie nouvelle de la dévalorisation, lui permettant de donner une explication théorique à l’intervention massive de l’État dans l’économie.Il insiste : « L’application de la théorie de la suraccumulation au financement public nécessite de nouveaux et difficiles développements théoriques dans la sphère phénoménale de la concurrence. »

Henri Claude, l’un des rares rescapés de l’ancien comité de rédaction de la revue, lui-même déjà auteur de plusieurs ouvrages sur les rapports entre le pouvoir gaulliste et le capital monopoliste, et qui poursuivra toute sa vie ses recherches sur l’intégration mondial du capital et les firmes multinationales, apportera de son côté, avec d’autres, des éléments empiriques pour conforter la démonstration[10]. L’ensemble des contributions à la conférence représente un important massif de recherches et de réflexions, s’attachant à étudier la question du CME dans toutes ses directions, nationales et internationales, sans négliger ni les aspects monétaires ni les aspects idéologiques. Parmi les intervenant·es français·es, on retrouve nombre des militant·es qui constitueront l’ossature de la Section économique dans la décennie qui suit, comme Henri Jourdain et Jean Fabre – fonctionnaire, qui lui succédera à la direction de la SE – ou Francette Lazard, agrégée d’histoire-géographie.

L’exposé de Paul Boccara critique de manière polémique la conceptualisation mise en avant par certains économistes soviétiques, d’une « fusion » entre l’État et les monopoles :

« On dit parfois que ce mouvement de concentration croissante culmine dans la fusion des monopoles et de l’État. Nous ne pensons pas que cette expression de fusion soit heureuse. […] L’expression de fusion masque la dialectique du processus. S’il y a fusion cela veut dire que les deux éléments antérieurs (les monopoles par exemple), ont disparu et qu’ils se sont fondus dans les réalités nouvelles. […] Les formes nouvelles unissent l’action économique des monopoles et de l’État capitaliste en une totalité organique unique, qui fonctionne selon ses modalités propres. Mais s’il y a ainsi liaison, interpénétration, combinaison, il n’y a pas fusion, mais, au contraire, toujours frottement, contradictions et conflits, à l’intérieur de cet organisme unique.»

En opposition à celle de « fusion », outre ces expressions de « totalité organique » ou « organisme unique », Boccara emploie celle de « mécanisme unique » :

« Cette dernière formule, parlant de mécanisme unique unissant la puissance des monopoles et celles de l’État, met l’accent sur l’existence à l’échelle de toute la société capitaliste de formes nouvelles et de processus nouveaux, originaux par rapport aux formes et processus du capitalisme monopoliste simple. D’ailleurs, les formes publiques ne sont pas seulement utilisées par les monopoles, elles peuvent offrir des armes nouvelles au mouvement révolutionnaire. »

Henri Claude argumente aussi en ce sens. Il peuvent se prévaloir de l’emploi – rappelé par Waldeck Rochet dans ses conclusions – de cette formule, « mécanisme unique », dans une déclaration adoptée en 1960 par la Conférence des 81 partis communistes et ouvriers, autrement dit par une instance « légitime » du mouvement communiste international.

Mais de ce qui n’était dans ce texte qu’une question de formulation sans enjeu théorique ou politique, Boccara fait une question de fond dont l’enjeu est précisément à la fois théorique et hautement politique : la conceptualisation en termes de « fusion » en vogue en Union soviétique tendait à faire de la contradiction globale entre le monde capitaliste et le monde « socialiste » la contradiction politiquement la plus essentielle, si bien que le premier rôle dans la lutte contre le capitalisme serait joué par les « pays socialistes ».

L’idée qu’il y a dans le fonctionnement même du système capitaliste une marge de manœuvre pour les luttes populaires permettant de briser le « mécanisme unique » ou la « totalité organique » mise en évidence déplace la question en ouvrant une dialectique nouvelle : la lutte pour le socialisme peut s’appuyer sur les contradictions internes du capitalisme, même au stade du CME. Le rôle de la classe ouvrière des pays capitalistes reprend ainsi sa place essentielle dans les perspectives révolutionnaires.

Le PCF va s’engouffrer dans cette possibilité de construire sa propre stratégie politique nationale, faisant ainsi, même sans vraiment le dire, un pas de côté par rapport aux conceptions soviétiques relatives aux équilibres mondiaux[11] : c’est là une illustration essentielle, et en un sens paradigmatique, de son rapport à la théorie marxiste.

Dans son allocution de clôture, Waldeck Rochet soulignera :

« Les exposés et les interventions qui ont été produits au cours de ces journées représentent un travail important dont notre Parti ne manquera pas de tirer profit. Dans notre lutte contre l’impérialisme, pour la paix, pour la démocratie, pour le socialisme, nous avons en effet pour tâche d’élaborer une stratégie et une tactique justes. C’est pourquoi nous attachons une grande importance à l’étude du capitalisme monopoliste d’État. […] Dans la préparation de cette conférence, tous nos camarades de la Section économique du Comité central ont fourni un effort méritoire. »

Ces remarques ne sont pas anodines : elles dénotent une attitude qui n’est pas vraiment celle qui prévalait en principe dans les rapports entre le Parti et la théorie – et ceux qui la produisent. Si la conférence est bien une initiative du Parti, si c’est bien la Section économique rattachée au Comité central qui y était à l’œuvre, ce n’est pas la direction qui a fixé à l’avance les lignes théoriques. Elle considère la théorie du CME comme étant celle du Parti mais a laissé aux spécialistes la bride sur le cou pour l’élaborer ; comme par un fait exprès, cette théorie ne laisse aucune place à l’idée de « paupérisation absolue », il est vrai plus ou moins disparue avec Maurice Thorez qui en était l’auteur.

Le Traité d’économie politique

Les travaux de la conférence de Choisy-le-Roi[12] seront prolongés dans les années suivantes, en particulier avec la publication en 1971 par un très large collectif d’économistes, mais aussi de géographes, d’historiens, de fonctionnaires, de juristes, de syndicalistes et de dirigeants politiques, d’un ouvrage intitulé Traité marxiste d’économie politique – Le capitalisme monopoliste d’État[13]. La parution de ce Traité est saluée avec enthousiasme par la direction du Parti. Georges Marchais, devenu secrétaire général adjoint[14], en remercie les auteurs en termes choisis :

« Nous sommes d’autant plus sensibles à la publication de cet ouvrage qu’il s’inscrit directement dans un effort dont notre XIXe Congrès[15] a souligné la nécessité. « Un aspect essentiel de notre lutte idéologique — disions-nous au Congrès — et, en même temps, une des conditions de son efficacité, est l’activité créatrice des communistes[16]. » »

Mettant en parallèle et comme en étrange équivalence dans leur importance les efforts du Parti dans « sa politique audacieuse de large union démocratique », et la rédaction du Traité, il explique : « Avec votre ouvrage — et plus généralement avec l’ensemble des travaux que poursuit la Section économique du Comité central — vous apportez à cet effort une contribution d’un grand prix. »

Il y a là une expression de plus de l’évolution notable au fil des ans dans les relations entre le Parti et la théorie marxiste. L’insistance mise sur « l’activité créatrice des communistes » répond au cours nouveau, qui se cherchait certes, comme on l’a vu dans la première partie, depuis le milieu des années 1960, mais qui a pris un nouvel élan depuis qu’en décembre 1968, avec le Manifeste de Champigny, le PCF a défini plus nettement sa stratégie[17]. Avec le Traité, il peut donner à cette stratégie un fondement qu’il estime « scientifique ». Il a enfin trouvé sa Bible, mais son auteur n’est pas la direction elle-même : c’est un collectif d’intellectuel·les communistes travaillant pour elle dans une indépendance relative. Marchais conclut donc :

« Pour tous les intellectuels communistes, pour tous nos militants, il est aussi un encouragement à poursuivre et à intensifier, dans les domaines qui sont les leurs, l’effort collectif de recherche, de création et d’élaboration dont notre Parti a besoin en permanence pour bien remplir son rôle d’avant-garde de notre temps, de notre peuple, de notre pays. »

L’idée du rôle des intellectuel·les communistes – et plus généralement des militant·es – dans « l’élaboration » de la politique du Parti fait ainsi son chemin.

Devant la presse, soulignant l’importance de l’ouvrage et l’ouverture d’esprit dont il témoigne, illustration de l’image que le PCF tente depuis Argenteuil de se donner, il dira : « Nos camarades ont intégré à leur propre recherche les travaux de chercheurs, économistes et autres, non communistes se réclamant ou non du marxisme. De plus, dans le Parti, nos camarades ont bénéficié de l’expérience pratique du mouvement ouvrier et démocratique. »[18]

De son côté, Lucien Sève[19] tiendra à montrer en quoi le Traité constituerait un véritable développement créateur du marxisme :

« Ce Traité marxiste d’économie politique a chance de surprendre fort ceux qui se représentent le marxisme comme la répétition dogmatique de vérités toutes faites, voire de déconcerter quelques marxistes enclins à confondre résumés didactiques du Capitalet application vivante de la théorie économique de Marx et de Lénine. »[20]

Néanmoins Georges Marchais dira quelques mois plus tard devant le Comité central qui adopte le programme du PCF, fortement inspiré par la théorie du CME et à partir duquel sera négocié le Programme commun de gouvernement de la gauche, que « l’approfondissement de la recherche théorique et la diffusion du Traité d’économie politique du PCF sont certes utiles et nécessaires, mais ne constituent pas une priorité. »[21]

Il s’agit là d’insister sur la priorité pour les militant·es de la diffusion du programme qui en est issu. Pour faire comprendre la politique du Parti aux plus larges masses, le programme passe, autrement dit, avant la théorie. Toute l’ambivalence des rapports de la direction avec la théorie est ici illustrée. À la même époque, certains iront jusqu’à proposer la suppression de la Page Idées qui, dans L’Humanité donnait parfois aux lecteurs et lectrices un aliment à la réflexion théorique. En somme, l’effort théorique ayant porté ses fruits politiques, son approfondissement semble être dépourvu d’intérêt : il est inutile de réviser la Bible.

D’autres conférences suivront néanmoins, en particulier en 1975 sur la crise, débouchant sur un triple numéro d’Economie et politique coédité avec les Éditions sociales, avec une introduction de Georges Marchais.[22]

L’école du CME et ses critiques

Autour de la revue Économie et politique, assez largement diffusée dans le mouvement ouvrier, avait commencé à se constituer une véritable « école du CME », dont Paul Boccara est le pilier, mais qui compte aussi tout un groupe d’économistes[23], dont une série de travaux seront publiés sous forme de livres aux Éditions sociales, dans une collection dédiée. L’un d’entre eux, recueil d’articles de Boccara, sera largement diffusé et plusieurs fois réédité.[24] Comme le Traité, il servira de base à l’enseignement de l’économie dans les écoles du Parti, aux côtés des textes et manuels plus classiques.

Cette théorie servira de fondement aux élaborations politiques du PCF dans les années qui suivent ; elle est au cœur de la politique économique qu’il élaborera, que ce soit dans son propre programme ou dans le Programme commun adopté avec le Parti socialiste et le Mouvement des radicaux de gauche. Il arrivera certes que pour des raisons d’opportunité politique, certaines orientations de la SE soient critiquées par la direction (ainsi en 1974, elle regrettera l’insistance des économistes de la SE sur la mise en avant la « nouvelle logique économique » que permettrait la mise en œuvre su Programme commun), mais dans les moments les plus délicats, c’est sur elle et ses économistes, en particulier Philippe Herzog et Anicet Le Pors, que s’appuiera le PCF, en particulier dans la période 1977-1978, où il s’agira d’actualiser ce programme.

Si la théorie du CME apparaît donc d’emblée comme la théorie économique « officielle » du PCF, revendiquée et valorisée comme telle, elle n’est pas pour autant partagée par tout·es les économistes du Parti. On trouve ainsi à Grenoble toute une équipe autour du marxiste original Gérard Destanne de Bernis, spécialiste de l’économie internationale, qui adoptent d’autres lignes théoriques. Une économiste communiste comme Suzanne de Brunhoff, dont les Éditions sociales publient un livre[25], ne peut pas elle non plus être rattachée à cette « école du CME ». Ses autres ouvrages seront publiés aux Presses universitaires de Grenoble et aux Éditions Maspero ainsi qu’aux PUF.

D’autres intellectuel·les communistes sont par ailleurs explicitement critiques de la théorie du CME, à laquelle ils et elles adressent divers reproches, entre autres de s’écarter du principe marxiste de « critique de l’économie politique », de favoriser un certain économisme dans la politique du Parti, ou de négliger paradoxalement la question de l’État.

C’est en particulier le cas des tenants du courant althussérien. Étienne Balibar critique ainsi la manière dont Philippe Herzog néglige expressément le Livre I du Capital de Marx au profit des Livres II et III[26]. Un riche et stimulant débat s’ensuivra dans les colonnes de La Nouvelle critique avec l’un des théoriciens les plus brillants de l’école du CME, Jean-Pierre Delilez[27].

Nicole-Edith Thévenin reproche de son côté à Henri Jourdain, de faire preuve d’une déviation économiste du marxismeen centrant son analyse dans son intervention à la conférence de Choisy-le-Roi sur les « forces productives », d’escamoter par là même « le rôle primordial des rapports de production », ce qui « conduit en fait à effacer la lutte des classes », ou encore reproche à Boccara de négliger « le rôle primordial de l’État dans sa fonction de répression et de reproduction idéologique dans le passage au socialisme ».[28]

Althusser lui-même emploiera plus tard les mots les plus durs au sujet de la théorie du CME : mettant trois fois entre des guillemets moqueurs le mot même de théorie, il affirmera – d’une manière plutôt injuste : « nous avons atteint dans le parti le point zéro de la théorie marxiste » et ajoutera :

« La direction s’en console aisément. Car le parti a une « théorie » et une « théorie » à lui : la « théorie » dite du CME, version française […] de la théorie soviétique du capitalisme monopoliste d’État. […] Qu’elle soit très peu appréciée, voire ouvertement dédaignée par de grands partis frères, comme l’italien, n’importe : c’est notre théorie. »[29]

Althusser illustrait là, dans un contexte où il s’opposait désormais à l’orientation politique de son parti, la thèse qu’il soutenait en 1965, évoquant alors « l’absence tenace, profonde d’une réelle culture théorique dans l’histoire du mouvement ouvrier français » et le fait que le PCF vivait ainsi « sur de maigres réserves théoriques » qu’il souhaitait alors contribuer à renforcer.[30]

Il admet certes dans le même texte que « tout n’est pas sans intérêt dans le Traité, qui décrit bien certains phénomènes », mais en soulignant que cet intérêt n’est que descriptif, il peut ironiser sur la théorie elle-même : « Elle est d’une telle portée (théorique) qu’elle a été publiée sous le nom, lourd de sens pour une discipline dont Marx a fait la « critique », de « Traité marxiste d’économie politique » ».

Deux ans plus tôt, il trouvait pourtant malgré tout des mérites au Traité allant au-delà des qualités purement descriptives ainsi pointées en 1978 pour évoquer certaines analyses, évoquant par exemple « la transformation tendancielle des dispositifs de l’appareil d’État des pays impérialistes, assez bien analysée dans le Traité d’économie politique des Éditions sociales, consacré au « Capitalisme monopoliste d’État« . »[31]

Il ira jusqu’à soutenir qu’il s’agissait en outre là d’une « théorie sur ordre », conçue après que « ceux qui n’étaient pas d’accord » avaient été écartés : c’est là une accusation particulièrement grave dans sa bouche, puisque correspondant à une conception et une pratique de fonctionnement du Parti, d’une part, de rapports entre le Parti et la théorie d’autre part, qu’il dénonce toutes deux avec vigueur à cette époque. Mais de fait, si la Section économique avait en effet été purgée comme on l’a vu de certains de ses membres hostiles à la théorie de la « paupérisation absolue », désormais abandonnée, aucune discussion n’y avait eu lieu à l’époque sur le CME – qui ne devait rien à ces évictions, d’ailleurs dues à des causes qui étaient bien moins théoriques que directement politiques. C’est même avant cette purge que Paul Boccara avait publié de premières analyses dans Économie et politique, alors toujours dirigée par Jean Pronteau.

En outre, comme on l’a vu, il est faux d’affirmer que la théorie du CME serait une version simplement calquée sur celle des économistes soviétiques, dont on a vu qu’elle se démarque au contraire expressément sur un point décisif. On peut également nuancer le propos d’Althusser à propos du peu de cas que le Parti communiste italien aurait fait de cette théorie : lors de la conférence de Choisy-le-Roi en 1966, son représentant (économiste membre du Comité central) avait été particulièrement élogieux sur l’exposé de Boccara :

« Ainsi, disait-il, la recherche marxiste est parvenue à atteindre et à préciser le vrai problème qui se pose dans la phase du capitalisme monopoliste d’État, dans la phase des formes nouvelles unissant l’action économique des monopoles et de l’État »[32]

A l’inverse, les communistes italiens avaient en leur temps vigoureusement contesté la théorie thorezienne de la « paupérisation absolue » que la théorie du CME mettait précisément à mal. Peu d’économistes se chargeront de la critiquer de façon circonstanciée : d’une part, les théoricien·nes de l’économie dominante la considéreront comme une simple version de l’économie marxiste qu’ils et elles récusent par principe, et d’autre part, dans le champ du marxisme lui-même les économistes extérieurs à l’école se consacreront plutôt à leurs propres travaux.

Certain·es économistes marxistes d’inspiration trotskiste s’attacheront certes à critiquer la théorie du CME, mais ce sera pour l’essentiel à partir d’une dénonciation de la politique qu’elle sous-tend. C’est le cas du livre publié par Jacques Valier sous un, titre significatif à cet égard[33]. Pour Valier, « il s’agit d’abord d’une justification de la politique du PCF », qu’il présente comme une politique « de collaboration de classe », et il précise que cette justification « n’est pas exempte de contradictions ». L’objectif serait également « de faire croire, notamment aux militants du PCF, que la direction est armée d’une théorie scientifique. » Mais si cette théorie joue effectivement ce rôle, le noter ne dit rien de sa validité : le raisonnement qui part d’une critique politique est ainsi biaisé.

Pour Valier, cette théorie est tout bonnement « une falsification du marxisme, et une falsification non gratuite, c’est à dire qui a des objectifs bien précis. » elle serait selon lui pétrie de « contradictions et escroqueries intellectuelles […] qui peuvent dérouter le lecteur et permettent aux militants du PCF de se défendre […] ou de se convaincre que la théorie du CME prolonge les principales analyses de Marx et de Lénine. » Mais les « escroqueries » qu’il évoque apparaissent au fil des pages plutôt comme des nuances d’analyse, certes sujettes à débat, mais pas à anathème.

De façon plus sérieuse, Ernest Mandel[34] considère que le Traité « est non seulement le plus volumineux, mais aussi le plus raffiné des ouvrages théoriques consacré » au thème de « la régulation monopoliste d’État de l’économie ». Mais il estime lui aussi que la théorie du CME a d’abord une fonction apologétique, et qu’elle sert à « légitimer la stratégie du PCF qui a conçu, entre la phase finale du capitalisme et la révolution socialiste, une étape de transition sous forme de « démocratie avancé ». »[35]

Il retient néanmoins que le Traité contient « de multiples analyses intéressantes, entre autres sur les questions de l’automation, de la suraccumulation, de l’inflation, des conséquences idéologiques des techniques de planification, [et] de l’internationalisation des forces productives ». Toutefois il estime que les économistes du PCF « passent tout à fait à côté de la caractéristique essentielle du troisième âge du capitalisme, à savoir la crise des rapports de production capitalistes résultant du développement de toutes les contradictions internes du mode de production capitaliste », et que « ils perdent complètement de vue le fait que l’exploitation de la force de travail est à la base de ces rapports de production. » On pourrait discuter ces griefs, tant il est vrai que l’école du CME a malgré tout produit des travaux relatifs à l’exploitation, mais ce n’en est pas ici le lieu.

Littéralement appropriée par le PCF, la théorie du CME peine quoi qu’il en soit à s’imposer hors de ses rangs, et en particulier à l’université. À trois exceptions près, aucun livre de l’école n’est publié en dehors des Éditions sociales[36]. Elle sera en outre, à la fin des années 1970, concurrencée par l’émergence de la « théorie de la régulation » dont le principal initiateur est lui-même un économiste communiste, Michel Aglietta[37].

Mais jamais le PCF ne prêtera attention à ces travaux qui renouvellent l’approche marxiste du capitalisme contemporain, pas plus qu’à ceux de l’école de Grenoble, nés en dehors de sa Section économique, et qui lui apparaissent mettre en cause sa théorie du CME. Les Éditions sociales n’en publieront aucun. La théorie de la régulation elle-même s’éloignera avec le temps – avec l’affaiblissement politique du PCF et le reflux idéologique de la gauche – de ses origines marxistes.

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[Partie suivante : histoire et stratégie]

Notes

[1] Voir Nicolas Azam, Entre « croyance économique » et contrainte partisane, Politix, février 2019. Voir également Claude Willard, Henri Claude et les débuts de la section économique du CC du PCF, Cahiers d’Histoire, Espaces Marx, n°62, 1996.

[2] Ainsi Henri Denis, alors seul économiste marxiste professeur des universités.

[3] Le grand poète Eugène Guillevic, fonctionnaire de l’administration fiscale, appartiendra ainsi un temps à cette Section économique.

[4] Ils ne disposent alors que de l’édition Coste, dont la traduction est mauvaise.

[5] En particulier à travers des articles de Jean Baby et de Maurice Bouvier-Ajam.

[6] Cette formule, écho affaibli de la « théorie » qui avait eu cours dans la période précédente, opposant une « science bourgeoise » à la « science prolétarienne », et qui fonde l’extrait d’éditorial de 1955 cité ci-dessus, est fournie par Azam, op.cit., d’après Claude Alphandéry, Une famille engagée. Secrets et transmission, Paris, Odile Jacob, 2015. Alphandéry, ancien résistant et haut fonctionnaire, avait été membre du PCF de 1946 à 1956 et membre de la rédaction d’Économie et politique.

[7] Maurice Godelier, Les structures de la méthode du « Capital » de Karl Marx, Économie et politique, mai 1960 et juin 1960. Paul Boccara, Quelques hypothèses sur le développement du « Capital » – 1ère partie, Problèmes du contenu du « Capital », Économie et politique, février 1961 ; 2ème partie, Quelques questions économiques du matérialisme historique, Économie et politique, mars 1961 avril 1961 et mai 1961. Maurice Godelier, Quelques aspects de la méthode du Capital, Économie et politique, mars 1961. Les contributions de Godelier à ce débat seront reproduites dans son premier livre, Rationalité et irrationalité en économie, Maspero, 1969, et celles de Boccara dans son livre Sur la mise en mouvement du « Capital », Éditions sociales, 1978.

[8] D’autres conférences de la SE avaient déjà au cours des années précédentes débrouissaillé le terrain. La conférence de Choisy-le-Roi a pour vocation de mettre en évidences de nouvelles avancées de la réflexion et de leur donner un rayonnement international. Il était initialement prévu un spectre très large d’invité·es du monde entier. La direction du PCF – essentiellement pour des raisons de coût – a néanmoins choisi de limiter les invitations aux pays européens, capitalistes et « socialistes ».

[9] Il entrera au Comité central en 1972.

[10] Henri Claude, doyen de la SE dont il est membre depuis l’origine, avait été dans sa jeunesse un théoricien « abondanciste » et proche de certains groupes trotskistes. L’abondancisme, aussi nommé « économie distributive », ou « socialisme de l’abondance », est une théorie économique née dans les années 1930 dans un environnement proche de la gauche de la SFIO selon laquelle les crises de surproduction devaient se résoudre par des procédures de redistribution des richesses sociales. On la considère parfois comme l’ancêtre de la théorie du revenu de base.

[11] Au cours de la conférence, plusieurs intervenants étrangers mobiliseront l’idée de « fusion » contestée par les économistes du PCF, comme l’Allemand Rische ou le Soviétique Tchekrapov, ou encore le dirigeant communiste espagnol Aribau. Le Tchécoslovaque Kolar le fera également, en employant une formule tendant à vider de toute portée le propos de Boccara : « La littérature marxiste, comme l’a souligné le camarade Boccara, décrivait la fusion du pouvoir des monopoles et du pouvoir d’État en un mécanisme unique… » Seul le roumain Dobrescu reprendra la notion de « mécanisme unique » sans évoquer de « fusion ».

[12] Ils seront publiés dans leur intégralité en deux volumineux numéros d’Économie et politique,Juin-juillet (n° 143-144) et août-septembre (n° 145-146) 1966, dont la direction décidera de promouvoir la diffusion.

[13] Collectif, Traité marxiste d’économie politique, deux tomes, 2 vol., Éditions sociales, 1971, réédité en 1976.

[14] Waldeck Rochet étant définitivement physiquement incapable d’assumer sa fonction, Georges Marchais l’assumait en réalité seul depuis 1969. Il sera officiellement désigné secrétaire général l’année suivante.

[15] Il s’agit du congrès qui a vu, en 1970 l’éviction de Garaudy (voir première partie).

[16] Économie et politique, mars-avril 1971.

[17] Pour une démocratie avancée, pour une France socialiste, document connu sous le titre de Manifeste de Champigny, Éditions sociales, 1969. Sur cette avancée stratégique, voir Laurent Lévy, Histoire d’un échec, Arcane17, 2025.

[18] Économie et politique, mars-avril 1971.

[19] Sur Lucien Sève, voir la première partie de cette étude, Culture et philosophie marxiste.

[20] Idem.

[21] Réunions du Comité central du PCF 1921-1977, op.cit. T3.

[22] Collectif, La Crise, Éditions sociales, 1975 ; Économie et politique, N°s 251-252-253, Juin-juillet-août 1975

[23] Outre Paul Boccara, l’école comporte en particulier Jean-Pierre Delilez, Anicet Le Pors (sous le pseudonyme d’Alexis Cousin), Maurice Décaillot, Francette Lazard, Patrice Grevet, Philippe Herzog, Jean-Claude Delaunay, Louis Perceval, Claude Quin et bien d’autres. Henri Claude, n’y sera jamais vraiment intégré, même s’il produira nombre de contributions théoriques sur la question du CME, et qu’il avait, dès les années 1940-1950 été l’un des premiers à s’intéresser au capitalisme monopolistes d’État.

[24] Paul Boccara, Études sur le capitalisme monopoliste d’État, sa crise et son issue, Éditions sociales, 1973 ; 2e édition augmentée, 1976.

[25] Suzanne de Brunhoff, La monnaie chez Marx Éditions Sociales, 1967, 2e édition 1976. Ce livre a été réédité par les nouvelles « Éditions sociales » avec une préface de Ricardo Bellofiore et Cédric Durand en 2024.

[26] Étienne Balibar, Cinq études du matérialisme historique, Maspero, 1974. Le livre évoqué est Philippe Herzog, Politique économique et planification en régime capitaliste, Éditions sociales, 1972.

[27] Jean-Pierre Delilez, Pas de voie royale et Étienne Balibar, Réponse aux camarades, La Nouvelle critique, janvier 1976.

[28] Nicole-Edith Thévenin, Sur « Réponse à John Lewis » ou les yeux et la mémoire, La Nouvelle critique, avril 1974.

[29] Louis Althusser, Ce qui ne peut plus durer au parti communiste, Maspero, 1978.

[30] Louis Althusser, Pour Marx, Maspero, 1965.

[31] Louis Althusser, Les vaches noires – interview imaginaire, PUF, 2016. Ce texte, publié de façon posthume, date de 1976.

[32] Économie et politique, août-septembre 1966.

[33] Jacques Valier, Le parti communiste français et le capitalisme monopoliste d’État, Maspero, 1976.

[34] Ernest Mandel, Le troisième âge du capitalisme, Les Éditions de la Passion, 1997 (première édition française, UGE,collection 10/18, 1976)

[35] Sur la stratégie du PCF de cette période, voir Laurent Lévy, Histoire d’un échec, op.cit. Il convient de noter que l’élaboration de la théorie du CME (à partir de 1965-1966) est antérieure de deux ans à celle de la stratégie de « démocratie avancée ouvrant la voie au socialisme » (1968), et lui survira après son abandon (1976).

[36] Ce sont : Christian, Barrère, Crise du système de crédit et capitalisme monopoliste d’État, Economica, 1976 ; Anicet Le Pors, Les béquilles du capital Le Seuil, 1977 ; Christian Barrère, Gérard Kebabdjian et Olivier Weinstein, Lire la crise, PUF, 1983. A noter que seul parmi ces auteurs Anicet Le Pors est un rédacteur d’Économie et politique et l’un des coauteurs du Traité. Il est également le seul dont l’appartenance à la Section économique du PCF soit explicitée.

[37] Michel Aglietta, Régulation et crises du capitalisme, Calmann-Lévy, 1976.

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