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À propos de : Philip Mirowski, Never Let a Serious Crisis Go to Waste. How Neoliberalism Survived the Financial Meltdown, Londres/New York, Verso, 2013.

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Comment se fait-il que le néolibéralisme soit sorti indemne, et même renforcé, de la crise économico-financière ouverte en 2007-2008 ? Comment expliquer que la situation profite davantage aux discours et porte-parole de droite qu’à ceux de gauche ? Et secondairement, comment est-il possible que les économistes orthodoxes dominants n’aient pas été discrédités une bonne fois pour toutes, comme il aurait été raisonnable de s’y attendre, continuant même à faire autorité avec un aplomb insensé ? Telle est l’énigme qui motive ce livre dédié aux « néolibéraux de tous les partis », en reversement parodique de la dédicace hayekienne de la Route de la servitude, adressée aux « socialistes de tous les partis ». Philip Mirowski, connu entre autres pour un livre d’épistémologie économique de facture plus classique[1], n’est certes pas le premier à soulever le paradoxe (il cite — et critique — par exemple un livre de Colin Crouch éloquemment intitulé The Strange Non-Death of Neoliberalism). Mais il le fait avec une vigueur particulièrement incisive.

Le titre annonce ce qui est en effet la force motrice du livre : sa verve. Loin de tout académisme, la plume de Philip Mirowski est percutante et drôle, souvent ironique, parfois féroce. Rentre-dedans, son style n’en est pas moins « littéraire » : volontiers imagé, il fait appel à diverses métaphores, jeu de mots ou mots-valises (ainsi « quantifornication »), sans craindre de recourir à un registre familier. Never Let a Serious Crisis Go to Waste est l’œuvre d’un économiste aussi taquin qu’érudit, qui à l’occasion cite Antonin Artaud ou fait un clin d’œil à Philip K. Dick, établit ici et là des comparaisons avec divers films plus ou moins populaires, tout en insérant des expressions latines, françaises ou allemandes à des fins humoristiques. Difficile de trouver des équivalents en français, car c’est aussi un style ancré dans la langue anglo-américaine (on pense parfois à la vigueur caustique de Charles Wright Mills). Pour en donner une idée approximative, on peut cependant évoquer un style rappelant tour à tour Frédéric Lordon, le premier livre « grand public » de Bernard Maris[2], le Emmanuel Todd de L’illusion économique ou Après la démocratie[3], ou celui méconnu de Michel Musolino intitulé, plus de quinze ans avant celui de Steve Keen, L’imposture économique[4], dans lequel on trouvait une citation de Joan Robinson (« Pendant des années, j’ai travaillé en tant qu’enseignant en économie théorique. J’aimerais croire que j’ai gagné ma vie honnêtement, mais j’ai souvent des doutes. ») dont on ne doute guère que Mirowski la connaît et la trouve à son goût. Quoi qu’il en soit, on comprend que le combat contre la pensée néolibérale, et plus largement contre le mainstream économique, hégémonique dans les départements d’économie des universités, vecteur d’un langage appauvri et stéréotypé, passe aussi par le style. On trouve de quoi sourire même dans ce qui a le plus l’apparence du sérieux, les graphiques, en tout cas le premier d’entre eux, « Hilarity at the Federal Reserve », qui comptabilise le nombre de fois où les transcriptions des réunions de la banque centrale états-unienne (la FED) tenues entre 2011 à 2006 indiquent « rires » (résultat : une évolution en dents de scie mais guidée par une nette tendance à la hausse…).

L’entrée en matière — un premier chapitre servant d’introduction intitulé « One More Red Nightmare: The Crisis That Didn’t Change Much of Anything » — révèle d’emblée la veine mordante qui anime le livre, tout en posant en même temps le mystère à résoudre : tout sauf épuisé, le néolibéralisme apparaît en pleine forme, comme revigoré par une crise dont il est pourtant responsable. Le livre commence par l’évocation d’une scène de film d’horreur de série B dans laquelle, lorsque le personnage croit se réveiller d’un vilain rêve, il se retrouve en fait dans un second cauchemar, encore plus épouvantable que le précédent. C’est la situation dans laquelle nous sommes, indique par là P. Mirowski : on a cru sortir du délire néolibéral… et en fait non — bien au contraire. Contre toute attente ou du moins contre toute raison, c’est même encore pire qu’avant. Contrairement à la crise des années 1930 qui avait suscité chez les libéraux une révision doctrinale (c’est là l’origine du néolibéralisme, et le « néo » est d’importance), c’est comme si rien ne s’était passé, les penseurs de marché faisant preuve d’un conformisme atterrant. P. Mirowski y voit un phénomène typique de « dissonance cognitive » (il parle ailleurs d’un syndrome du déni), attitude selon laquelle les démentis apportés par le réel ont pour effet paradoxal de renforcer l’ardeur des croyants. Tout le chapitre file alors la métaphore du zombie (en référence à un livre avec lequel P. Mirowski engage un dialogue critique[5]) en multipliant les punchlines (« Neoclassical economics resembles a catechism for the undead who have palsied difficulty counting to ten », parmi bien d’autres).

Mais l’humour ne suffit pas, prévient l’auteur. Même si certaines phrases prononcées par des économistes haut placés prêteraient à rire (et les exemples donnés dans le livre sont légion), la situation est trop grave pour qu’on s’en tienne là. D’autant que cette situation ne doit pas grand-chose au hasard ou à la malchance. Le triomphe en quelque sorte absurde des néolibéraux procède d’une stratégie qu’il importe de la dévoiler. Ils ont lu Carl Schmitt, ou c’est tout comme. Et au-delà de l’improvisation conjoncturelle, il y a bien une réponse néolibérale aux grandes crises (P. Mirowski utilise ponctuellement l’expression de « standard-issue Neoliberal Playbook »), conçue comme telle. En six chapitres rondement menés, la verve de l’écriture sert ainsi une démonstration au rouleau compresseur, surtout à mesure qu’elle avance et donne lieu à toujours plus d’éléments de preuve sous forme de citations, tableaux, graphiques, sans parler de notes assez fournies, donnant quelquefois lieu à des développements secondaires outre les sources qui y sont mentionnées.

Pour conduire cette démonstration, l’auteur de More Heat than Light doit en premier lieu aller contre l’idée selon laquelle le néolibéralisme serait quelque chose de trop composite, de trop hétérogène, de trop pluriel pour être appréhendé comme un mouvement unifié. Les néolibéraux ont évidemment intérêt à accréditer la thèse de cette inexistence (selon laquelle il s’agirait d’un mot vide, voire d’un terme polémique fabriqué de toutes pièces par l’opposition de gauche) pour mieux l’imposer en réalité. D’où l’effort de l’auteur, dans les premiers chapitres, pour caractériser le néolibéralisme en tant que tel. Ce n’est sans doute pas sur ce point que Never Let a Crisis… apporte le plus, en dépit de passages stimulants, comme la critique approfondie de la théorisation du néolibéralisme par Michel Foucault, qu’il présente dans le chapitre 3 comme une sorte de faux ami après lui avoir fait crédit de sa perspicacité précoce ; une critique équilibrée à défaut d’être pleinement convaincante, notamment sur l’idée qu’il prête à l’auteur de Naissance de la biopolitique quant au marché comme lieu de véridiction. De manière générale, le lecteur familier des controverses interprétatives entre les travaux de François Denord, de Pierre Dardot et Christian Laval, de Loïc Wacquant et de Serge Audier, notamment, n’apprendra rien de fondamental, dans la mesure où l’essentiel des méprises pointées par l’auteur sont déjà dissipées (sur la différence entre libéralisme et néolibéralisme, par exemple) et l’état des désaccords clarifiés. En outre, si P. Mirowski discute à l’occasion, souvent pour s’en démarquer, des auteurs comme Naomi Klein, David Harvey, Thomas Frank ou David Graeber, pour s’en tenir à des auteurs partiellement traduit en français, c’est sans toujours entrer dans détail de ce qui le distingue d’eux, comme s’il accentuait les différences au détriment des points de convergence. C’est sur la contextualisation états-unienne de la période récente que le livre se distingue le plus, dans son ambition de livrer une histoire intellectuelle de la crise à court terme — l’amnésie est si vite arrivée… — mais plongeant ses racines dans le temps long.

Une part importante du livre est alors consacrée à peindre au vitriol les errements, intéressés ou non, des intellectuels en général et des économistes en particulier. Contre une certaine représentation populaire d’universitaires vus comme des savants un peu verbeux et coupés du monde, donc inoffensifs, ils ont en effet joué un rôle clef dans la revitalisation paradoxale du néolibéralisme. C’est l’objet des chapitres 4 et 5, le premier insistant sur l’aspect sociologique et le second sur l’aspect doctrinal. En lisant P. Mirowski, on ne peut évidemment s’empêcher de penser à la situation française sur ce plan et, en particulier, aux diagnostics réalisés par l’Association française d’économie politique (AFEP). Là-bas comme ici, en pire sans doute, les économistes néoclassiques sont sortis indemnes de la crise et même confortés dans leur position, comme s’ils étaient invincibles, alors même qu’ils ont donné une image indigne d’une profession respectable en se livrant notamment à une auto-absolution consternante. La meilleure preuve de leur force est que même ceux qui étaient passés complètement à côté de la crise ont pu déclarer ensuite qu’ils avaient tout compris, sans que cela leur vaille le moindre ennui. Il y a bien eu un début d’indignation à leur égard, mais il est retombé comme un soufflé. P. Mirowski relate pourtant une véritable débâcle intellectuelle, dont il donne de nombreux exemples édifiants. Et il le fait en rapportant la situation présente à la manière dont les néoclassiques ont délibérément laminé les hétérodoxes en excluant l’histoire, la philosophie, les sciences sociales de l’intelligibilité économique au profit d’une mathématisation vide de sens, ceci expliquant aussi leur manque de clairvoyance. L’auteur de More Heat than Light donne des explications d’une invincibilité moins étonnante qu’il n’y paraît quand on la rapporte à ses conditions de possibilité. Il évoque notamment une immunité procédant des liens entre les économistes et la FED et plus largement le secteur financier (sans parler des firmes privées — conflits d’intérêt ? Connais pas), allant jusqu’à parler d’un « academic-governmental-financial complex », ainsi que la restructuration néolibérale des universités (développé dans un autre livre, intitulé Science-Mart par analogie avec l’entreprise Wal-Mart[6]), sans parler des aveuglements théoriques (volontaires ou non) liés à la logique interne de leur profession de foi « scientifique ». Ce faisant, P. Mirowski ne se bat pas contre des moulins à vent et il n’hésite jamais à donner les noms de ses cibles.

La mollesse ou la démission de la gauche n’est pas pour rien dans la situation désolante que nous traversons, et P. Mirowski ne ménage pas ses critiques envers la gauche raisonnable, pondérée — Paul Krugman et Joseph Stiglitz en tête, à l’encontre desquels il décoche quelques flèches acides à propos de leur inconséquence théorique, comme si la micro-économie de la théorie standard n’était pas à la racine du problème —, brocardant son goût coupable pour une « régulation » dénuée de sens. Les médias en prennent aussi pour leur grade, qui continuent à inviter, parfois même dans des talk-shows à tonalité apparemment « critique », ceux qui ont fait preuve de leur faillite. De même, n’épargnant personne, P. Mirowski n’est pas tendre avec les mouvements de contestation type Occupy Wall Street (mouvement qui n’a pas vraiment occupé Wall Street mais se déroulait plus loin, rappelle-t-il au passage), qu’il accuse de mal connaître son ennemi, de manquer d’une boussole idéologique claire, de s’enfermer dans des partis pris « basistes » inconséquents, mais aussi de reproduire des schémas ou d’employer des techniques produites par le néolibéralisme, à commencer par les réseaux sociaux, vecteurs par excellence de la subjectivation néolibérale.

Ceci étant les néolibéraux, insiste l’auteur, n’ont pas ou pas seulement gagné par défaut. Ils agissent stratégiquement. C’est à dévoiler cette stratégie, qu’il décrit en forme de « poupée russe » tout au long de l’essai, que s’emploie l’auteur, en retraçant l’action de ce qu’il nomme avec ironie la « Neoliberal Thought Collective » (abrégée NTC), dans la foulée de l’ouvrage collectif sur ce thème qu’il avait codirigé quelques années plus tôt[7], à l’instigation de la Société du Mont-Pèlerin (SMP). Pour ce faire, il reconstitue la logique des contradictions apparentes, comme le fait que la SMP soit une société de rationalistes promouvant l’ignorance comme une vertu, de même qu’un groupe se comportant de manière non libérale (illiberal) — fonctionnant sur un mode quasi léniniste, glisse-t-il quelque part — pour prôner le libéralisme.

Il souligne à cet égard deux éléments. Le premier est l’existence d’un double discours politique : une version exotérique pour les masses, une version ésotérique pour les élites. Le fait de proclamer le souhait d’un retrait de l’État tout en œuvrant en réalité en faveur d’un interventionnisme étatique — mais pas n’importe lequel : un interventionnisme mis au service des possédants et plus largement de l’extension de l’emprise marchande — en est l’illustration typique. Un second élément est la production délibérée de l’ignorance, domaine de l’« agnotologie »[8]. Les porte-parole du néolibéralisme sont passés maîtres en la matière, comme le montre l’auteur dans des développements sur le « murketing »[9]. On flatte par exemple la clairvoyance des consommateurs pour mieux les manipuler, ce dont P. Mirowski donne plusieurs exemples, parmi lesquels les illusions du commerce dit « équitable ». La multiplication de pseudo-débats et controverses de façade (ou « controverses Potemkine » comme Mirowski s’amuse à l’écrire) participe de la même logique, bien différente de la propagande à l’ancienne. Ce n’est pas que la vérité soit cachée ; c’est qu’elle est étouffée par une manière méthodique d’instiller le doute qui, sous couvert de distanciation, fait écran à tout effort de clarification.

Never Let a Serious Crisis Go to Waste ne s’arrête pas là. Avant d’en arriver à sa charge contre les économistes de profession, l’auteur a dû proposer au préalable une analyse de la prégnance intellectuelle, corporelle, technique du néolibéralisme. C’est cet « everday neoliberalism » qui fait l’objet du chapitre 3, un néolibéralisme « au quotidien » dont la force est d’être comme insensible parce que banal, impensé, intime ou du moins vécu comme tel par une technologie puissamment individualisante. P. Mirowski livre ici des réflexions sur le sujet, le moi, l’identité personnelle (self/selfhood) à l’âge néolibéral, fait d’un mélange de dissolution-fragmentation et de narcissisme qui entrave la contestation de la crise et de ses effets. Il fustige en même temps le « théâtre de la cruauté » d’un système qui stigmatise, culpabilise, voire criminalise les pauvres. De façon générale, il s’agit ainsi de s’en prendre aux schèmes et réflexes mentaux sous-jacents au triomphe néolibéral, à sa base ontologique, et non seulement à ses manifestations empiriques. D’où la tentative de clarification évoquée plus haut d’un néolibéralisme qui ne se borne pas à être une pensée ou un programme, mais a pris l’ampleur d’une vision du monde (et même d’une « Theory of Everything », soit une théorie de tout et n’importe quoi).

Débutant par une énigme, l’ouvrage s’achève par sa résolution : tranchée, comme le reste du livre. Le récapitulatif final est présenté en six points, qu’on peut synthétiser ainsi : (1) à titre individuel, un phénomène de dissonance cognitive qui fonctionne par définition par auto-alimentation ; (2) à titre collectif, loin d’adopter une position défensive devant une crise qui en principe discréditait leurs vues, les économistes dominants ont au contraire redoublé d’efforts impérialistes dans le champ académique et plus largement intellectuel ; (3) la prégnance d’un néolibéralisme en quelque sorte culturel qui, profondément ancré socialement, a fourni de premiers cadres de perception et de compréhension erronés au début de la crise avant même la contre-offensive précédemment mentionnée ; (4) une « fabrique de l’ignorance à l’échelle industrielle » bien faite pour noyer le poisson, à coups de controverses stériles ou d’arguties semant la confusion et saturant l’espace public (il en va ainsi, explique l’auteur dans la dernière partie du livre, pour la crise économique comme pour la crise climatique, autre défi d’une vive actualité) ; (5) une sorte d’OPA néolibérale sur les mouvements de protestation eux-mêmes, qui opère à la fois par le haut et par le bas et désamorce une opposition sociale structurée et réellement porteuse d’alternatives politiques ; (6) enfin une stratégie de réponse à la crise opérant tous azimuts, du déni à court terme jusqu’aux efforts de transformation, cautionnés scientifiquement, de la logique même des rapports sociaux. On peut contester cette thèse, mais le livre de P. Mirowski a au moins le grand mérite d’en soutenir une, et avec la plus grande clarté. Et l’on n’a ici présenté que des grandes lignes d’un livre assez épais (près de 400 pages), qui contient de nombreux développements à caractère épistémologique et/ou politique sur divers aspects allant du rôle de la prédiction en économie jusqu’à la « géoingéniérie ».

Philip Mirowski est parfois emporté par sa fougue, comme lorsqu’il frôle le point Godwin en affirmant que chez Hayek et les néolibéraux, la figure du Führer chère à Carl Schmitt est remplacée par celle de l’entrepreneur. On peut peut-être lui reprocher, comme le fait Paul Heideman dans la revue Jacobin[10], l’absence d’une théorie de la structure contemporaine du capitalisme et de son fonctionnement concret, sans laquelle on ne peut tout à fait comprendre ce qui se joue sur le terrain de la bataille d’idées. Mais l’on ne peut pas tout faire, et l’auteur de Machine Dreams liste lui-même, dans les dernières pages, un certain nombre d’enjeux concernant les mécanismes de la crise elle-même qu’il a volontairement laissés de côté ou abordé seulement à la marge, mais qui méritent également développement. On ressort revigoré de la lecture de Never Let a Crisis Go to Waste, et avec l’envie de transposer sa description à la situation française, où l’inamovibilité médiatique des « économistes à gages »[11] ne semble pas moins spectaculaire qu’aux États-Unis.

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Ce texte reprend, sous une forme légèrement retouchée, une première publication sous un titre voisin dans la revue L’Homme et la société, n° 197, 2015, p. 217-225, dans le cadre d’un dossier intitulé « L’économie entre performativité, idéologie et pouvoir symbolique ». L’auteur remercie les rédacteurs en chef de la revue pour leur accord.

 

Notes

[1] Philip Mirowski, More Heat than Light. Economics as Social Physics, Physics as Nature’s Economics Cambridge University Press, 1991. On en retrouve la marque ici, notamment dans les chapitres 5 et 6, les plus centrés sur la théorie économique elle-même ; l’auteur qualifie d’ailleurs la crise de « phénomène épistémologique ».

[2] Bernard Maris, Des économistes au-dessus de tout soupçon ou la grande mascarade des prédictions, Albin Michel, 1990.

[3] Emmanuel Todd, L’illusion économique. Essai sur la stagnation des sociétés développées, Gallimard, 1999 [1998] ; Après la démocratie, Gallimard, 2008.

[4] Michel Musolino, L’imposture économique. Bêtises et illusions d’une science au pouvoir, Textuel, 1997.

[5] John Quiggin, Zombie Economics: How Dead Ideas Still Walk Among Us, Princeton University Press, 2010.

[6] Philip Mirowski, Science-Mart. Privatizing American Science, Harvard University Press, 2011.

[7] Philip Mirowski, Dieter Plehwe (eds.), The Road from Mont Pèlerin. The Making of the Neoliberal Thought Collective, Harvard University Press, 2009.

[8] Sur cette notion voir Mathias Girel, « Agnotologie : mode d’emploi », Critique, n° 799, 2013, p. 964-977.

[9] Mot-valise qui joue sur murk/murkiness, l’obscurité.

[10] Paul Heideman, « Bulletproof Neoliberalism », Jacobin, juin 2014.

[11] Voir Serge Halimi, Renaud Lambert, Frédéric Lordon, Économistes à gages, Le Monde diplomatique/Les Liens qui Libèrent, 2012.

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