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Dans ce nouvel épisode du podcast « Minuit dans le siècle » (disponible sur la plateforme Spectre), Ugo Palheta reçoit le philosophe Michel Feher pour parler de son dernier ouvrage : Producteurs et parasites, qui vient de paraître aux éditions La Découverte. Ensemble, ils tentent de cerner l’imaginaire de l’extrême droite et ce qui peut le rendre désirable auprès d’une frange croissante de la population.

On a longtemps présumé, notamment à gauche, que le vote pour le FN/RN ne constituait qu’un vote par dépit, faute de mieux. Dès lors que l’électorat de l’extrême droite s’est solidifié, jusqu’à devenir le plus stable dans l’ensemble du champ politique, il paraît difficile de maintenir cette hypothèse d’un vote par défaut. Si ces électeurs·rices n’adhèrent sans doute pas à un programme, souvent méconnu, ils se reconnaissent dans un certain imaginaire qui imprègne ce programme mais surtout les discours et les postures des porte-parole du FN/RN.

Pour penser cet imaginaire, Michel Feher avance le concept de « producérisme » : une vision morale du monde (et de ses divisions) dans laquelle s’opposent non pas des exploiteurs et des exploités, non pas des possédants et des dépossédés, mais des producteurs méritants et des parasites nuisibles. En précisant d’emblée qu’il s’agit dans le cas des extrêmes droites d’un producérisme racialisé, puisque les parasites sont considérés comme tels car on leur attribue une essence malfaisante liée à leur statut irréductible d’étranger (à la nation française, à la civilisation européenne, à la culture occidentale, etc.).

Ainsi l’extrême droite parvient-elle, selon l’auteur, à se rendre désirable en promettant d’améliorer la vie des producteurs (blancs) sans rien changer de fondamental dans l’organisation sociale et économique, par la simple soustraction des parasites d’en haut (financiers, technocrates, intellectuels, etc.) et des parasites d’en bas (immigrés, minorités, musulmans, etc.).

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