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Matthieu Renault, L’Empire de la révolution. Lénine et les musulmans de Russie, Paris, Syllepse, « Utopie critique », 2017.

Chapitre 5 – Traduire la révolution en Orient

Fin 1919, alors que la crise en Bachkirie a atteint un point de non-retour et que les tensions au Turkestan éclatent au grand jour, Lénine a une première occasion d’exposer dans ses grandes lignes sa conception du processus révolutionnaire en Orient. Du 22 novembre au 3 décembre, se tient le 2e congrès de Russie des organisations musulmanes communistes des peuples de l’Orient, rassemblant un peu plus de quatre-vingt délégués venus, en proportions diverses, du Tatarstan, de Bachkirie, du Turkestan, de Khiva, de Boukhara, de Kirghizie, d’Azerbaïdjan, du Caucase du Nord, etc. À la veille du congrès a lieu une réunion, présidée par Lénine, entre certains des participants et une délégation du comité central du parti. Lors de l’ouverture du congrès le lendemain, Lénine présente un rapport devant l’assemblée. Ce qui est primordial dans « l’état actuel des choses », affirme-t-il pour introduire son propos, « est l’attitude des peuples d’Orient face à l’impérialisme et le mouvement révolutionnaire parmi ces peuples ». Un tel mouvement, insiste-t-il d’emblée, ne peut « se développer avec succès » qu’en étroite liaison, « en relation directe avec la lutte révolutionnaire de notre République des Soviets contre l’impérialisme international » ; dans le cas contraire, il sera condamné à l’impuissance. La situation géographique, économique et politique de la Russie, « pays arriéré et immense, […] à la charnière de l’Europe et de l’Asie, de l’Occident et de l’Orient » rend cette alliance non seulement indispensable, mais naturelle[1].

La première partie de l’exposé de Lénine se centre sur la situation militaire. Les victoires remportées sur tous les fronts contre les armées blanches, suppôts de l’impérialisme sont, en tant que telles, la preuve que les masses ouvrières et paysannes russes se sont d’ores et déjà émancipées ; car, écrit Lénine qui n’a pas oublié son Clausewitz[2], « le caractère d’une guerre et son triomphe dépendent par-dessus tout du régime intérieur du pays qui entre en guerre ; la guerre est le reflet de la politique intérieure que ce pays menait avant les hostilités ». Si la guerre civile en Russie, « guerre révolutionnaire » par excellence, est vouée à avoir « une portée prodigieuse, universelle pour tous les peuples d’Orient », c’est parce qu’elle a démontré que « malgré leur faiblesse, malgré l’invincibilité apparente des oppresseurs européens qui mettent en œuvre toutes les merveilles de la technique et de l’art militaires », les « peuples opprimés » sont en mesure de « réaliser des miracles ». Dépeignant la guerre civile russe comme une guerre populaire et comme une guerre asymétrique, Lénine en fait un modèle pour les guerres nationales-révolutionnaires à venir dans le monde (semi-)colonial ; c’est la démonstration que « la libération des peuples d’Orient est aujourd’hui parfaitement réalisable[3] ». Elle l’est d’autant plus que les armées impérialistes se délitent de l’intérieur, à partir du moment où leurs soldats découvrent « la Constitution de notre Russie soviétique, traduite dans toutes les langues ». « Aujourd’hui, affirme Lénine, chacun comprend le mot de “Soviet” », un terme qui opère en tant que médiateur universel, rendant possible, et de fait inévitable, la propagation-traduction de la révolution au-delà des frontières de la Russie, en Occident comme en Orient[4].

C’est aux bolcheviks qu’est revenu la tâche colossale « d’ouvrir une brèche dans le vieil impérialisme », de « frayer les voies nouvelles de la révolution ». Cependant, confie Lénine à ses interlocuteurs, « une tâche plus grande et plus neuve encore vous attend, vous qui représentez les masses laborieuses d’Orient » ; car la révolution socialiste, « imminente dans le monde entier », ne sera pas seulement « la lutte du prolétariat révolutionnaire de chaque pays contre sa bourgeoisie », ce sera inséparablement « la lutte de toutes les colonies et de tous les pays opprimés par l’impérialisme ». Réitérant les thèses qu’il avait forgées pendant la guerre, Lénine affirme que la « révolution sociale universelle » ne peut manquer de combiner « la guerre civile des travailleurs » et « la guerre nationale contre l’impérialisme ». Que cette dernière doive absolument s’« associer » à la première ne signifie nullement qu’elle lui soit subordonnée : « Nous savons que les masses populaires d’Orient interviendront ici comme les participants indépendants, comme les créateurs d’une vie nouvelle », comme « une force révolutionnaire indépendante », autrement dit comme des sujets politiques à part entière, tandis qu’« elles ont fait jusqu’ici l’objet de la politique internationale de l’impérialisme, n’étant qu’un engrais pour la culture et la civilisation capitalistes », qu’une « source d’enrichissement », condamnée à « jouer un rôle passif », à rester « entièrement en dehors du progrès historique[5] ».

Il est vrai que Lénine ne se départit pas d’un certain évolutionnisme, teinté d’orientalisme, en continuant de concevoir l’Orient comme ayant été tout récemment « tiré de sa torpeur ». L’expérience de 1917, d’une révolution en « pays arriéré » venue démentir toutes les prédictions de l’orthodoxie de la 2e Internationale, l’a néanmoins définitivement immunisé contre la tentation d’enjoindre les représentants des nations non-occidentales, en l’occurrence les communistes musulmans de l’Orient soviétique, à suivre aveuglément un chemin déjà tracé, des étapes déjà franchies, par l’Europe de l’Ouest, ou même par la Russie soviétique :

Une tâche ici se pose pour vous qui ne s’était pas encore posée aux communistes du monde entier : sur la base de la théorie et de la pratique générales du communisme, il vous faut, en vous adaptant aux conditions spécifiques inexistantes dans les pays d’Europe, apprendre à appliquer cette théorie et cette pratique là où la paysannerie forme la masse principale, où il s’agit de lutter non contre le capital, mais contre les vestiges du Moyen Âge. […] Tels sont les problèmes dont vous ne trouverez la solution dans un aucun livre communiste, mais seulement dans la lutte commune que la Russie a commencée. Il vous faudra poser ces problèmes et les résoudre à l’aide de votre expérience propre[6].

L’application-adaptation de la théorie et de la pratique communistes que les peuples d’Orient ont encore à réaliser n’est nullement une tâche mécanique, prédéfinie ; c’est un travail original de traduction devant être mené, au cas par cas, sur la base des conditions et des expériences singulières de l’oppression et de la lutte qui sont les leurs :

« Il s’agit […] de traduire dans la langue de chaque peuple la véritable doctrine communiste, destinée aux communistes des pays plus avancés[7]. »

Un an et demi plus tard, dans un message adressé aux communistes du Caucase – « d’Azerbaïdjan, de Géorgie, d’Arménie, du Daghestan et de la République des peuples du Caucase du Nord » –, Lénine se montrera plus explicite encore : afin « de maintenir et de développer le pouvoir des Soviets », en tant que « transition au socialisme », « il importe par-dessus tout que les communistes de Transcaucasie comprennent les particularités de leur situation, […] différente de la situation et des conditions de la République socialiste fédérative soviétique de Russie ; qu’ils comprennent la nécessité de ne pas copier notre tactique, mais de la modifier après mûre réflexion, en fonction des différentes conditions concrètes », que celles-ci soient liées à la conjoncture (géo-)politique immédiate ou qu’elles s’enracinent dans les structures économiques et sociales-nationales. Dans les républiques du Caucase, « [u]ne transition plus lente, plus prudente et méthodique au socialisme est possible et nécessaire » ; et Lénine d’en appeler les communistes caucasiens à « créer du nouveau » en s’efforçant « d’appliquer chez [eux] non la lettre, mais l’esprit, le sens, les enseignements de l’expérience de 1917-1921[8] ». Cette formule répète presque mot pour mot, en la déplaçant géographiquement, l’injonction lancée deux décennies plus tôt dans Que faire ? à traduire en Russie l’expérience du mouvement révolutionnaire marxiste d’Europe occidentale.

Une étape décisive est franchie à l’été 1920, où se tient à Moscou le 2e congrès de l’Internationale communiste, avec en point d’orgue les débats sur « les questions nationale et coloniale », orchestrés par Lénine. Ce dernier a pris le soin de préparer le terrain en esquissant au préalable, et alors même qu’est en train de se décider le sort du Turkestan, une série de douze thèses, traversées par l’exigence de ne pas s’en tenir à « une reconnaissance verbale de l’internationalisme » et de « faire une politique tendant à réaliser l’union la plus étroite de tous les mouvements de libération nationale et coloniale avec la Russie des Soviets ». Ces thèses sont précédées de l’énumération de quinze « points », des cas sur lesquels les membres de l’IC sont invités à se prononcer et dont un tiers a spécifiquement trait à la question de la révolution en Orient : les « peuples de l’Orient », la « lutte contre le panislamisme », les « Républiques de Bachkirie et de Tatarie », le « Kirghizstan », et enfin le « Turkestan et son expérience[9] ».

Lénine avance en outre une sous-série d’arguments valant spécifiquement pour les « États et nations plus arriérés » chez lesquels la pénétration du capitalisme est encore faible et la classe ouvrière quasi inexistante, et où, par conséquent, « prédominent des rapports de caractère féodal, patriarcal, ou patriarcal paysan » ; autrement dit, des arguments valant, implicitement sinon exclusivement, pour l’Orient. Il est nécessaire, soutient-il, d’aider « le mouvement de libération démocratique bourgeois de ces pays » tout en luttant « contre la tendance à [les] parer des couleurs du communisme ». Une telle « alliance » ne peut être que « temporaire », toute « fusion » avec le mouvement prolétarien, qui doit garder son « indépendance », étant exclue. Il est par ailleurs indispensable de « soutenir spécialement le mouvement paysan des pays arriérés […] contre toutes les manifestations ou survivances du féodalisme » en œuvrant à son union la plus étroite avec le « prolétariat communiste d’Europe occidentale » et en travaillant à l’adaptation des « principes essentiels du régime des Soviets » au contexte précapitaliste via l’établissement de « Soviets de travailleurs » – thèse capitale, ici à peine ébauchée, mais qui sera approfondie lors du congrès[10].

À cette fin, il est nécessaire de mener une lutte impitoyable contre les oppresseurs internes, « le clergé et les autres éléments réactionnaires et moyenâgeux qui ont de l’influence dans les pays arriérés » et sont les alliés des oppresseurs externes, représentants de l’impérialisme russe ou agents de l’impérialisme étranger. De même faut-il combattre « le panislamisme et autres courants analogues, qui tentent de conjuguer le mouvement de libération contre l’impérialisme européen et américain avec le renforcement des positions des khans, des propriétaires fonciers, des mollahs, etc. ». Ces arguments restent vagues, le panislamisme faisant ici davantage figure de spectre, dont l’ombre couvre un territoire s’étendant bien au-delà des frontières de la Russie, que d’ennemi clairement identifié. Quant aux « courants analogues » gravitant autour de lui, ils sont plus indéterminés encore, bien qu’ils englobent selon toute vraisemblance les différentes variantes explicitement antibolcheviques du panturquisme. On ne saurait pour autant en déduire la nécessité de combattre frontalement l’islam sous toutes ses formes. Lénine, nous y reviendrons, sait pertinemment que cette même religion est partie intégrante du « sentiment national des pays et peuples opprimés depuis très longtemps », à l’égard duquel, insiste-t-il, il est indispensable de faire preuve d’une « prudence et d’une attention particulières » qui, seules, peuvent contribuer à l’extinction progressive de la « méfiance » et de la « haine » légitimement éprouvées par les nations opprimées envers celles qui les oppressent[11].

Ayant achevé la rédaction de ses thèses, Lénine prie « tous les camarades, et en particulier ceux qui ont des connaissances concrètes sur l’une ou l’autre de ces questions très complexes » de lui « communiquer leurs avis ou leurs rectifications, leurs additions ou leurs mises au point[12] ». C’est chose faite avec les remarques que lui adressent des « dignitaires » du régime et qui témoignent que tous sont encore loin d’être acquis à sa cause. Aux inquiétudes exprimées par Georgui Tchitcherine à l’égard du soutien aux bourgeoisies nationales des pays (semi-)coloniaux, Lénine répond qu’il a clairement indiqué que l’alliance avec la paysannerie des nations opprimées était la priorité numéro un. À Preobrajenski qui soutient que le jour où l’Europe socialiste sera créée, les entités nationales des régions arriérées, s’il est impossible de trouver des arrangements économiques avec elles, devront être inévitablement supprimées, par la force s’il le faut, et rattachées aux républiques soviétiques européennes, Lénine rétorque : « C’est radicalement faux » ; il ne pouvait manquer de considérer ses perspectives comme insidieusement (néo-)impérialistes. C’est également à cette date que remonte le conflit, qui culminera deux ans plus tard à propos du Caucase, entre Lénine et Staline, ce second s’évertuant à nier la différence établie par le premier entre les républiques autonomes à l’intérieur du territoire de la RSFSR (le Bachkortostan par exemple) et les républiques soviétiques indépendantes à l’extérieur (comme l’Ukraine), ce qui revient à laisser libre cours à la perpétuation de la domination de la Russie sur « ses » régions frontalières[13].

Lénine reçoit en outre le 12 juin une lettre sur « la situation en Kirghizie et au Turkestan », signée par Ryskoulov et Nizametdine Khodjaïev (Turkestan), Validov (Bachkirie) et Akhmet Baïtoursynov (Kirghizie). Déclarant que la révolution « nationale russe », ayant eu lieu dans un pays au « passé impérialiste répugnant » où les crimes contre les minorités nationales restent impunis, attend encore d’être « transformée » en une révolution véritablement « internationale », les auteurs reprochent aux thèses de Lénine leur abstraction, la futilité d’un appel à ne pas heurter les sentiments nationaux des musulmans qui est voué à rester lettre morte en l’absence de mesures politiques concrètes, ou encore la référence à un panislamisme qui « n’a aucun fondement réel », n’étant qu’une invention des missionnaires impériaux. Certes, précisent-ils, si ce fantasme panislamiste sert de prétexte pour mener une lutte acharnée contre les musulmans, pour diviser leurs territoires en républiques gouvernées d’une main de fer, alors, en effet, l’islam pourrait devenir la barrière sous laquelle se rassemblerait un « mouvement antirusse général » qui, se liant au « mouvement antibritannique », serait susceptible de conduire à « un massacre d’Européens » ; mais ce ne serait là rien d’autre qu’une conséquence, une riposte[14].

Les thèses de Lénine, poursuivent les auteurs, sont un symptôme de l’incapacité à entendre les cris d’alerte lancés par les communistes nationaux eux-mêmes, ignorés sous prétexte qu’ils ne feraient que défendre les intérêts d’une petite bourgeoisie désireuse d’ériger « une muraille de Chine entre les colonies et la métropole ». Pourtant, « il est impossible de libérer les paysans indigènes pauvres du joug des colons par la main de ces mêmes colons ou par celles d’un pouvoir local qui s’appuie sur les colons. Dire qu’une telle libération est possible revient à dire que l’est la libération des travailleurs par la main des capitalistes ». Quant à envoyer de « vrais communistes européens » depuis le centre afin qu’ils libèrent les autochtones, cela revient à se voiler la face, car il est inévitable qu’ils tombent, plutôt tôt que tard, sous l’influence des « colons locaux ». C’est pourquoi le pouvoir soviétique doit, bon an mal an, accorder sa confiance aux communistes d’Orient, les traiter en « égaux » ; car « [c]e dont il y a besoin est de l’aide, pas de la coercition[15]. » Nous ne savons malheureusement pas ce que fut la réaction de Lénine à la lecture de cette lettre, profondément accusatrice, mais qui ouvrait néanmoins la voie à des formes originales, qu’on pourrait qualifier de décoloniales, d’alliance « à parts égales » entre le pouvoir soviétique et les communistes musulmans d’Orient.

À la veille de l’ouverture des discussions de la commission nationale et coloniale au congrès, Lénine prend enfin des notes relatives à un rapport sur « les perspectives de la révolution en Orient » rédigé par Avetis Sultan Zade, communiste arménien originaire d’Iran et fondateur du Parti communiste de Perse. Il y fait la déduction suivante : « 1) Déclin des classes possédantes exploiteuses ; 2) la plus grande partie de la population est composée de paysans soumis à une exploitation moyenâgeuse ; 3) les petits artisans : dans l’industrie ; 4) conclusion : adapter aussi bien les institutions soviétiques que le Parti communiste (sa composition, ses objectifs particuliers) au niveau des pays paysans de l’Orient colonial[16]. » L’impératif d’une traduction de la théorie et la pratique communiste en Orient est une nouvelle fois affirmée, et précisée : elle consiste à imprimer une série de variations réglées sur l’ensemble des formes-normes d’organisation soviétique telles qu’elles ont été établies en Russie.

Mais le principal interlocuteur, et pour une part contradicteur, de Lénine lors du 2e congrès de l’IC est le communiste indien M. N. Roy dont les « thèses complémentaires » ont été distribuées aux délégués et qui, comme l’avait fait Sultan Galiev dans les pages de La Vie des nationalités[17], en appelle à renverser l’ordre « orthodoxe » des priorités révolutionnaires, en considérant la révolution en Orient comme la condition de possibilité de la révolution en Occident, plutôt que l’inverse. Arguant que les pays coloniaux n’ont pas inévitablement à en passer par le stade de la démocratie bourgeoise, Roy enjoint les communistes du Comintern à fournir leur appui aux seuls éléments révolutionnaires en se rangeant résolument et exclusivement du côté des masses travailleuses d’Orient[18]. Un compromis est finalement trouvé avec les thèses préliminaires de Lénine. Dans le rapport qu’il expose le 26 juillet, celui-ci revient sur une question qui, dit-il, « a provoqué certaines divergences », celle du « mouvement démocratique bourgeois ». Cette formule, a-t-on objecté, est ambiguë car elle ne permet pas de distinguer, au sein des nationalismes bourgeois, le « mouvement réformiste » et le « mouvement révolutionnaire ». Or, cette distinction est devenue indispensable dans la mesure où un « certain rapprochement s’est fait entre la bourgeoisie des pays exploiteurs et celle des pays coloniaux », désormais alliées dans une lutte commune « contre les mouvements révolutionnaires et les classes révolutionnaires ». C’est pourquoi il a été décidé de substituer à l’expression « démocratique bourgeois » celle de « national-révolutionnaire », afin de signifier que le soutien sera expressément limité aux mouvements bourgeois qui « seront réellement révolutionnaires », ou tout du moins qui ne s’opposeront pas « à ce que nous formions et organisions dans un esprit révolutionnaire la paysannerie et les larges masses d’exploités[19]. »

À cette question s’en ajoute une autre, non moins décisive : « Comment appliquer la tactique et la politique communistes dans des conditions précapitalistes », sachant que, dans les pays d’Orient, il ne saurait y avoir de « mouvement purement prolétarien » ? Question, ajoute Lénine, qui a été suscitée par « le travail des communistes russes dans les colonies qui ont appartenu à la Russie, comme le Turkestan et autres ». Ce travail, pavé « d’immenses difficultés », et c’est un euphémisme, a malgré tout démontré que « les paysans qui se trouvent placés dans une dépendance semi-féodale » peuvent parfaitement « assimiler l’idée de l’organisation soviétique », qui n’est pas applicable seulement « dans le cadre des rapports prolétariens », et la « faire passer dans les faits ». Tout en reconnaissant le manque d’« expérience » des communistes en la matière, Lénine déclare que les débats menés en commission, auxquels ont pris part des « représentants des pays coloniaux », ont « prouvé irréfutablement » qu’il était nécessaire d’œuvrer à l’établissement de soviets paysans. Le fin mot de la traduction de l’organisation soviétique est l’acclimatation de la forme soviet elle-même aux conditions spécifiques de l’Orient. Ces thèses ne pouvaient manquer de porter un coup fatal aux vieilles prémisses étapistes-orthodoxes de la 2e Internationale :

La question se posait ainsi : pouvons-nous considérer comme juste l’affirmation que le stade capitaliste de développement de l’économie est inévitable pour les peuples arriérés […] ? Nous y avons répondu par la négative. […] Dans toutes les colonies et dans tous les pays arriérés, nous devons non seulement […] poursuivre dès maintenant la propagande en faveur de l’organisation des soviets de paysans, en nous attachant à les adapter aux conditions précapitalistes qui sont les leurs, mais encore l’Internationale communiste doit établir et justifier sur le plan théorique ce principe qu’avec l’aide du prolétariat des pays avancés, les pays arriérés peuvent parvenir au régime soviétique et, en passant par certains stades de développement, au communisme, en évitant le stade capitaliste[20].

Lénine défend ici précisément ce à quoi il s’était opposé bec et ongles dans sa lutte inaugurale contre les populistes à la fin du siècle précédent et qu’il jugeait encore inconcevable dans ses écrits sur les révolutions orientales post-1905[21], à savoir la possibilité d’un bond vers le communisme au-delà de la phase capitaliste, fût-ce dans les conditions déterminées par le triomphe du socialisme dans (au moins) un pays et sous réserve que le « prolétariat victorieux […] tend[e] la main » aux masses des pays arriérés[22]. Jamais Lénine n’ira plus loin dans la formulation, ou du moins son esquisse, d’une théorie multilinéaire du processus historique. Il ne congédie pour autant nullement l’idée d’une « histoire universelle » : pour lui, les voies menant au communisme sont irréductiblement multiples précisément parce qu’elles sont enchevêtrées, parce que ces chemins hétérogènes ne cessent, par nécessité, de se croiser. Lénine opère plutôt un décentrement de l’histoire mondiale, rendu inévitable par la révolution d’Octobre elle-même qui a radicalement redéfini les lieux et les temps de la lutte pour le socialisme. Ce décentrement se trouve néanmoins contenu, limité non pas tant par la fidélité de son auteur à une conception téléologique de l’histoire en tant que telle que par sa subordination à une logique binaire de l’arriération et de l’avancement (en tant que civilisation) qu’il ne conteste jamais, bien qu’il l’arrache à tout fatalisme. De la rupture inachevée de Lénine avec l’évolutionnisme témoignent, mieux que tout commentaire, les notes qu’il prend en janvier 1923, au seuil de la mort, à propos des mémoires de Nikolaï Soukhanov (menchevik) sur la révolution :

Ce qui saute surtout aux yeux, c’est le pédantisme de tous nos démocrates petit-bourgeois ainsi que tous les paladins de la 2e Internationale. […], c’est leur imitation servile du passé. […] [I]ls ont observé que, jusqu’ici, le développement du capitalisme et de la démocratie bourgeoise a suivi une voie déterminée dans l’Europe occidentale. Ils ne peuvent concevoir que cette voie ne puisse être considérée comme modèle que mutatis mutandis, à la condition de certains changements (tout à fait insignifiants du point de vue du mouvement général de l’histoire universelle). [I]ls ignorent absolument que la régularité du développement général dans l’histoire universelle, loin d’exclure, implique au contraire certaines périodes présentant des singularités soit dans la forme, soit dans l’ordre de ce développement. Il ne leur vient même pas à l’esprit, par exemple, que la Russie, située entre des pays civilisés et des pays que cette guerre, pour la première fois amène définitivement à la civilisation, c’est-à-dire tout l’Orient, les pays extra-européens – que la Russie pouvait et devait par conséquent offrir certains trains particuliers, inscrits évidemment dans le cadre général de l’évolution mondiale, mais distinguant sa révolution à elle de toutes les révolutions antérieures de l’Europe occidentale, et apportant certaines innovations partielles dès qu’il s’agit des pays orientaux. […] Si pour créer le socialisme il faut avoir atteint un niveau de culture déterminé […], pourquoi ne commencerions-nous pas d’abord par conquérir révolutionnairement les conditions préalables de ce niveau déterminé pour, ensuite, forts d’un pouvoir ouvrier et paysan et du régime soviétique, nous mettre en mouvement et rejoindre les autres peuples[23].

Les thèses sur les questions nationale et coloniale sont réaffirmées, en l’absence de Lénine, au mois de septembre, lors du premier congrès des peuples de l’Orient à Bakou, en Azerbaïdjan. Convoqué dans la foulée du 2e congrès de l’IC, où la majorité des participants étaient européens, il accueille pas moins de deux mille délégués (dont une cinquantaines de femmes), communistes et non communistes, venus de l’(ex-)Empire russe et d’ailleurs (Turquie, Perse, Chine, etc.), représentant une quarantaine de « nationalités » et parlant presque autant de langues différentes. Après une « séance solennelle » le soir du 31 août, c’est à Narimanov, hôte du congrès, qu’est échu le « bonheur » d’ouvrir les débats le jour suivant. Il n’y a cependant qu’à jeter un bref coup d’œil au sténogramme du congrès pour comprendre que le véritable chef d’orchestre n’est autre que Zinoviev, accompagné d’une centaine de communistes russes et de quelques « lieutenants » de l’IC, au premier rang desquels Radek, John Reed et Béla Kun. C’est à ce dernier que revient la tâche d’exposer les positions du Comintern sur les modalités de la traduction du « type soviétique » en Orient :

Le régime des Soviets est un régime adaptable aux conditions spéciales de n’importe quel peuple. […] Alors qu’en Occident, le pouvoir soviétiste est la manifestation de la dictature du prolétariat, dans les pays d’Orient, où la classe ouvrière industrielle n’existe pas, il sera l’expression de la dictature des paysans pauvres. [L]e point de vue d’après lequel les peuples, n’ayant pas atteint le développement capitaliste et n’ayant par conséquent pas passé par la démocratie bourgeoise, doivent subir toute cette évolution avant de passer au régime des soviets, est affirmé uniquement dans le but de maintenir les paysans misérables de l’Orient sous le joug des émirs, des pachas, des beys et des colons étrangers[24].

Quant à Zinoviev, mentionnant dans son discours de clôture les problèmes de traduction, au sens littéral-linguistique, ayant émaillé tout le congrès, il n’en réitère pas moins, avec des accents de triomphe, la thèse léninienne du soviet en tant qu’opérateur universel de traduction révolutionnaire :

« Camarades, il nous a fallu traduire tous les mots en toutes les langues, mais le mot “soviet” n’avait pas besoin d’être traduit ; il est compris du monde entier, de tout l’Occident, de tout l’Orient ! L’Orient sera soviétiste[25]. »

Quoique le congrès représente indéniablement un grand « moment d’espoir[26] » et d’authentique fraternisation, ceux-ci ne parviennent néanmoins pas faire à oublier les conflits qui couvent, ou ont déjà éclaté, entre le pouvoir soviétique et les musulmans des frontières orientales de l’(ex-)empire. Si Zinoviev ne cherche pas à dissimuler, et qualifie de « déplorable », le fait qu’« au Turkestan comme dans les autres républiques fraternelles de l’Orient », des membres du parti « maltraitent l’indigène, saisissent ses biens », il n’en reconduit pas moins la cause de ces méfaits à l’insidieuse pénétration, « dans nos rangs », d’« éléments indésirables » issus de « la lie de la vielle Russie bourgeoise » qui perpétuent « l’ancienne tradition bourgeoise de l’empire tsariste », en considérant les « populations indigènes » comme appartenant à « une race inférieure[27] ». Lénine, lui, avait clairement signifié que l’héritage de la mentalité et des pratiques coloniales ne s’arrêtait nullement aux frontières de classe, le problème étant justement que toute une frange du prolétariat russe des périphéries était affectée par le même chauvinisme de grande puissance que les éléments bourgeois. Trois jours plus tôt, Tachpolat Narboutabekov, délégué du Turkestan, avait été autrement plus explicite que Zinoviev :

[I]l faut donc, sans perdre de temps, organiser l’Orient, rationnellement et conformément à ses conditions religieuses, sociales et économiques. […]. Ni le camarade Zinoviev, ni le camarade Lénine, ni le camarade Trotsky ne connaissent la véritable situation au Turkestan ; ils ne savent pas ce qui s’y est passé durant ces trois dernières années. […] Pour éviter que l’histoire du Turkestan ne se répète dans les autres parties du monde musulman, [n]ous vous disons : débarrassez-nous de vos contre-révolutionnaires, de vos éléments étrangers qui sèment la discorde nationale ; débarrassez-nous de vos colonisateurs, travaillant sous le masque du communisme[28] !

Le lendemain, Ryskoulov prend à son tour la parole. Citant les thèses de Lénine sur l’impérialisme, il rappelle que le « résultat » de la politique du capitalisme monopoliste n’est autre que « la conquête des colonies et des marchés, suivie de l’asservissement, par la violence, des populations coloniales vouées à une exploitation éhontée ». Tandis que « les leaders de la 2e Internationale redoutaient les peuples de l’Orient et invoquaient les intérêts de la culture européenne », en continuant de considérer les colonies comme « peuplées d’esclaves qui ne pourront jamais s’élever au niveau de l’Europe », le « mot d’ordre » de la 3e Internationale est « l’union du prolétariat occidental avec le courant révolutionnaire oriental ». Une telle alliance n’est cependant possible qu’à condition de reconnaître que ce mouvement, quoique « revêt[ant] un caractère communiste », ne peut être « purement communiste » : ce sera d’abord un mouvement « national », à caractère « petit-bourgeois », visant « l’unification de l’Orient tout entier », pour devenir ensuite un mouvement « social » de nature essentiellement « agraire[29] » ; manière subtile de dire qu’il ne faut pas précipiter les choses, mais laisser, temporairement, la direction de la révolution en Orient à la (petite-)bourgeoise nationale radicale, c’est-à-dire aux communistes nationaux musulmans eux-mêmes, position qu’avait également défendu Sultan Galiev et qui se trouvait à présent mise en péril du fait de la priorité accordée à l’établissement des soviets paysans.

Dans son intervention, Ryskoulov ne cherche néanmoins pas à aller au conflit. Cela ne l’empêche pas de soumettre avec vingt autres délégués une résolution visant à « corriger » les abus du pouvoir soviétique en Orient. Négligeant les principes établis par le Parti communiste lui-même, peut-on y lire, « les commissaires et commissions envoyés du centre » vers les périphéries ont cru que leur tâche était « d’abolir au plus vite l’“autonomie” des peuples d’Orient – en dépit du fait que cette autonomie n’avait pas encore eu le temps de se développer ». Cette politique, venant s’ajouter à la perpétuation de l’oppression exercée par les colons à l’encontre des indigènes, a naturellement conduit ces derniers à se représenter les communistes locaux à l’image des gouverneurs tsaristes qui les avaient précédés. Règne de surcroît à l’égard des organisations communistes indigènes une méfiance permanente leur interdisant toute initiative, leur déniant toute agentivité. Quant au mot d’ordre d’autodétermination, il a été quasiment abandonné au profit d’une tactique autorisant l’Armée rouge à susciter des révolutions factices. Suit une série de recommandations, incluant l’établissement de partis communistes indigènes (indépendants), le soutien à tous les mouvements révolutionnaires, nationalistes compris, contre l’impérialisme, ainsi que la création de trois « Conseils d’action et de propagande » basés à Bakou, Tachkent et Irkoustk, chacun devant s’occuper d’une partie de l’Orient, russe et non-russe[30].

Force est de constater qu’à la différence du 2e congrès de l’IC qui s’était nourri d’un authentique travail de théorisation et de réflexion collective, n’excluant pas les dissensions, le Congrès des peuples de l’Orient fut avant tout une grande manifestation de propagande, placée sous le signe de l’amitié (communiste) entre les peuples, et non dénuée de relents paternalistes ; les représentants du pouvoir soviétique et leaders (européens) de la 3e Internationale y gardèrent scrupuleusement la main sur le déroulement des débats. Éloquente à cet égard est l’injonction répétée de Zinoviev à mener une véritable « guerre sainte » contre les impérialistes européen et américain, que l’on aime à citer comme si elle représentait le sommet de l’idylle entre le régime soviétique et les mouvements révolutionnaires-nationaux d’Orient, voire entre le bolchevisme et l’islam, alors qu’elle relevait davantage de la mobilisation d’une force supposément brute, inconsciente, que d’un réel travail de « conversion politique » : c’était, pour ainsi dire, le degré zéro de la traduction révolutionnaire telle que la concevait Lénine. Il ne faut donc pas s’étonner que ce dernier soit resté de marbre face à l’enthousiasme suscité par les échos du congrès dans la presse : traduire le communisme ne pouvait se limiter, dans ses termes, à « pein[dre] le nationalisme en rouge[31] ».

M. N. Roy, alors membre du bureau centre-asiatique du Comintern, ne s’y était pas trompé, lui qui refusa d’être mêlé à cette aventure, moquant dans son autobiographie le « cirque de Zinoviev » et qualifiant ironiquement le congrès de « cavalcade aux portes du mystérieux Orient ». Alors que Zinoviev enrageait et que Radek tournait en dérision une telle audace, « Lénine, dira-t-il, sourit avec indulgence à mon entêtement[32] ». La stratégie propre de Roy pour propager la révolution en Orient, stratégie qu’on peut dire de bolchevisation du panislamisme, impliquant un rigoureux programme de formation théorique et pratique, idéologique et militaire, ne fut pas pour autant couronnée de succès. Nourrissant des plans visant à lever au Turkestan une armée de Muhadjirs (émigrés musulmans) indiens issus du mouvement panislamiste Califat, qui rejoindraient ensuite la frontière nord-ouest de l’Inde via l’Afghanistan pour y fonder une république soviétique, laquelle, à son tour, attirerait par l’exemple et la propagande les masses indiennes en vue de libérer le pays entier de la domination coloniale britannique, Roy, avec l’aval de Lénine, est envoyé à Tachkent où il arrive au mois d’octobre 1920 avec un lourd attirail de guerre. Mais le projet capote au bout de quelque mois, le principal « fait d’armes » de Roy à cette période restant d’avoir fondé à Tachkent la première mouture du Parti communiste indien.

En 1921, l’école militaire de Tachkent est fermée et le bureau centre-asiatique dissout, cédant la place à une Section orientale du comité exécutif du Comintern basée à Moscou. Roy conçoit alors l’idée d’« un centre pour la formation politique des révolutionnaires des différents pays asiatiques », projet que Lénine « approuv[e] avec enthousiasme[33] ». En septembre 1921, l’Université communiste des travailleurs de l’Orient (KUTV) ouvre ses portes. Elle comptera parmi ses enseignants occasionnels Ryskoulov, Sultan Galiev, Narimanov, Roy lui-même ou encore Sultan Zade, et parmi ses étudiants, des figures appelées à jouer un rôle crucial dans les destinées du communisme à l’échelle mondiale, telles que Hô Chi Minh (Indochine), Liu Shaoqi (Chine) ou Tan Malaka (Indonésie)[34]. En dépit des conflits entre le pouvoir soviétique et les communistes nationaux musulmans, l’heure est encore à la collaboration. Celle-ci durera jusqu’en 1924, au lendemain de la mort de Lénine, date à laquelle l’administration de l’université fera l’objet d’une vaste purge. Cela n’empêchera pas Trotsky, lors d’un discours à l’occasion du troisième anniversaire de la KUTV la même année, de résumer mieux que quiconque la substance des politiques léniniennes de traduction :

[A]u moment des événements décisifs, les étudiants de l’Université communiste des peuples d’Orient diront : « Nous sommes présents. Nous avons appris une chose. Nous savons non seulement comment traduire les idées du marxisme et du léninisme dans les langues de la Chine, d’Inde, de Turquie et de Corée ; nous avons aussi appris comment traduire les souffrances, les passions, les besoins et les espoirs des masses travailleuses d’Orient dans le langage du marxisme. »[35]

Dans son rapport pour le 4e congrès de l’IC en 1922 – qui inspirera les réflexions de Gramsci sur la traductibilité des langages scientifiques et philosophiques –, Lénine avait reproché à une « résolution sur la structure organique des partis, ainsi que sur les méthodes et le contenu de leur travail », adoptée l’année précédente, d’être « entièrement imprégnée de l’esprit russe », « trop russe » pour que les étrangers puissent l’appliquer dans d’autres contextes et conjonctures. Il indiquait alors qu’il ne pouvait y avoir d’exportation des formes d’organisation communiste sans traduction réciproque des expériences révolutionnaires des différentes nations, chacune devant « apprendre » des autres, et sans traduction de ces expériences elles-mêmes en théorie et en stratégie, et inversement[36]. S’il songeait ici avant tout à la re-traduction de la Révolution soviétique vers l’Europe occidentale, nul doute que cette exigence valait à un plus grand degré encore à ses yeux pour l’Orient. La leçon de Lénine sera vite oubliée, mais avant que ce ne fût le cas, il avait à mener un « dernier combat », cette fois-ci interne au pouvoir soviétique, dans les affaires du Turkestan.

Notes

[1] Lénine, « Rapport présenté au 2e congrès de Russie des organisations communistes des peuples d’Orient, 22 novembre 1919 » [1919], Œuvres, t. 30, p. 149.

[2] Voir Lénine, « Cahier sur Clausewitz » (Leninskaïa Tetradka), dans Berthol C. Friedl (dir.), Les Fondements théoriques de la guerre et de la paix en URSS, Paris, Médicis, 1945, p. 69.

[3] Lénine, « Rapport présenté au 2e congrès de Russie des organisations communistes des peuples d’Orient, 22 novembre 1919 », Œuvres, op. cit., p. 150-152.

[4] Ibid., p. 153-156.

[5] Ibid., p. 157-159.

[6] Ibid., p. 159-160.

[7] Ibid., p. 161.

[8] Lénine, « Aux camarades communistes d’Azerbaïdjan, de Géorgie, d’Arménie, du Daghestan et de la République des peuples du Caucase du Nord » [1921], Œuvres, t. 32, p. 336-338.

[9] Lénine, « Première ébauche des thèses sur la question nationale et coloniale », Œuvres, op. cit., p. 145, 147, 149.

[10] Ibid., p. 150-151.

[11] Ibid., p. 150-152.

[12] Ibid., p. 145.

[13] Voir Lénine, Collected Works, Moscou, Progress Publishers, vol. 31, p. 170, p. 561, note 51.

[14] « Письмо Рыскулова, Ходжаева Ленину о ситуации в Киргизии, Туркестане от 1920-06-12-реакция Ленина » [Lettre de Ryskoulov, Khodjaïev à Lénine sur la situation en Kirghizie, au Turkestan du 12 juin 1920. Réaction de Lénine], RGASPI, f. 5, op. 3, d. 3, I. 23-27, http://islamperspectives.org/rpi/items/show/11195.

[15] Ibid.

[16] Lénine, « Matériaux pour le 2e congrès de l’Internationale communiste » [1920], Œuvres, t. 42, p. 201.

[17] Mirsaid Sultan Galiev, « La révolution sociale et l’Orient » [1919], reproduit dans Alexandre Bennigsen et Chantal Quelquejay, Les Mouvements nationaux chez les musulmans de Russie : Le « sultangaliévisme » au Tatarstan, Paris/La Haye, Mouton, 1960, p. 207-211.

[18] Voir Dinesh Kumar Singh et A. P. S. Chouhan, « M. N. Roy. Twentieth-Century Renaissance », dans Mahendra Prasad Singh et Himanshu Roy (dir.), Indian Political Thought : Themes and Thinkers, New Delhi, Dorling Kindersely, 2011, p. 177.

[19] Lénine, « Rapport de la commission nationale et coloniale, 26 juillet », Œuvres, t. 31, p. 248-249.

[20] Ibid., p. 250-252.

[21] Voir en particulier Lénine, « Démocratie et populisme en Chine » [1912], Œuvres, t. 18, p. 162-168.

[22] Lénine, « Rapport de la commission nationale et coloniale, 26 juillet », Œuvres, op. cit., p. 251.

[23] Lénine, « Sur notre révolution : À propos des mémoires de N. Soukhanov » [1923], Œuvres, t. 33, p. 489-492.

[24] Le 1er congrès des peuples de l’Orient, Bakou (1920), Paris, La Brèche/Radar, [1921], 2017, p. 153.

[25] Ibid., p. 192.

[26] Ian Birchall, « Un moment d’espoir : le congrès de Bakou de 1920 », Contretempsweb, 2012.

[27] Ibid.

[28] Ibid.

[29] Ibid.

[30] « Corrections must be made and made quickly : Resolution submitted to Baku Congress by 21 delegates », dans John Riddell (dir.), To See the Dawn : Baku, 1920, First Congress of the Peoples of the East, New York, Pathfinder, 1993, p. 328-339.

[31] Lénine, cité dans M. N. Roy, M. N. Roy’s Memoirs, Bombay/New York, Allied Publishers, 1964, p. 395.

[32] Ibid., p. 392.

[33] Ibid., p. 526.

[34] Alexandre Bennigsen et Marie Broxup, The Islamic Threat to the Soviet State, Londres, Routledge, [1983], 2014, p. 94.

[35] Léon Trotsky, « Perspectives et tâches en Orient. Discours pour le troisième anniversaire de l’Université communiste des peuples d’Orient » [1924], www.matierevolution.fr/spip.php?article1425.

[36] Lénine, « Cinq ans de révolution russe et les perspectives de la révolution mondiale : Rapport présenté au 4e congrès de l’Internationale communiste, le 13 novembre 1922 » [1922], Œuvres, t. 33, p. 442-444.

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