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Le dirigeant communiste et théoricien marxiste Antonio Gramsci n’en finit plus d’être invoqué un peu partout, bien souvent par des gens qui n’en ont pas lu une ligne. Outre les phrases si souvent citées qu’elles finissent par perdre leur tranchant, on a même vu émerger un prétendu « gramscisme de droite » (avec Sarkozy), et même d’extrême droite avec la « Nouvelle Droite » d’Alain de Benoist et, plus récemment, Marion Maréchal Le Pen.

Pour voir plus clair dans l’héritage théorique et politique de Gramsci, et surtout s’interroger sur ce que l’on peut faire aujourd’hui de cet héritage du point de vue de la politique d’émancipation, Contretemps a décidé d’organiser une journée de discussion avec certains des meilleurs spécialistes de son œuvre et de sa vie militante. Elle aura lieu le samedi 4 mai au Lieu-dit (6 rue Sorbier, Paris 20e), de 14h30 à 19h.

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Antonio Gramsci, dirigeant du Parti communiste italien, assassiné lentement dans les prisons de Mussolini, a renouvelé la pensée marxiste et apporté une contribution décisive à la tradition révolutionnaire. Son œuvre est actuellement largement étudiée au niveau international et a inspiré de nouvelles recherches dans les domaines les plus divers du savoir. Sa réception est pourtant paradoxale, en particulier en France, où, souvent citée et instrumentalisée par les forces les plus réactionnaires, elle reste mal connue, y compris parmi celles et ceux qui se réclament de son héritage politique.

Comment se réapproprier sa pensée, et la remettre au travail dans la situation contemporaine ? Comment l’actualiser, c’est-à-dire à la fois la transformer en fonction des spécificités de notre temps, et pouvoir la traduire en acte ? Nous affronterons ensemble ces problèmes, et nous nous entraînerons à manier les outils intellectuels et les armes théoriques que Gramsci a forgés en son temps, comme les notions de subalternité, de crise organique, de révolution passive, d’hégémonie ou encore de lutte hégémonique.

Ce faisant nous tâcherons, comme Gramsci lui-même nous y enjoignait, à combiner dialectiquement « pessimisme de l’intelligence » et « optimisme de la volonté » : comprendre dans toute leur profondeur les différentes logiques de domination à l’œuvre dans notre monde en crises, afin de mieux éclairer les luttes émancipatrices des subalternes et d’ouvrir ainsi la perspective historique d’une hégémonie nouvelle. 

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Programme de la journée

14h30 – 16h30 / Pessimisme de l’intelligence : penser la domination avec Gramsci

Maririta Guerbo – Repenser la subalternité à partir de Gramsci

Marlène Rosano-Grange – Gramsci comme ressource dans l’étude des relations internationales

Jean-Claude Zancarini – Gramsci et le fascisme

17h – 19h / Optimisme de la volonté : penser nos luttes avec Gramsci

Yohann Douet – Hégémonie et révolution

Stefano Palombarini – Une analyse gramscienne de la conjoncture française

Jean Quétier – Repenser la question du parti avec Gramsci

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