L’éradication des « abstractions talmudiques » : l’antisémitisme, la transmisogynie et le projet nazi
Joni Alizah Cohen est étudiante chercheuse en féminisme marxiste, fondatrice d’Invert Journal et l’une des organisatrices de la Women’s Strike Assembly et de la Feminist Antifascist Assembly.
Cet article a été initialement publié sur le blog des éditions Verso et est issu d’une communication présentée au colloque Historical Materialism en novembre 2018. Il a été traduit de l’anglais par Sophie Coudray.
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L’année 2018 a vu une large augmentation de la violence antisémite au niveau mondial, culminant avec le massacre de 11 juifs dans une synagogue de Pittsburgh en novembre. De la même façon, la violence à l’encontre des personnes trans, et des femmes trans non-blanches en particulier, a continué d’augmenter de façon exponentielle ; il y a, à présent, pour cette seule année, 368 meurtres reportés dans le monde. Cette année a également connu une attaque concertée contre les protections limitées dont bénéficient les personnes trans aux États-Unis, avec l’inauguration de plans visant à supprimer toute possibilité de changement légal de genre ainsi que la suppression des mesures de protection contre le viol et la violence pour les personnes trans incarcérées. Cela se couple à une résurgence des politiques nationales-socialistes et fascistes dans le monde entier, ce qui rend de plus en plus urgent la compréhension des logiques qui gouvernent la pensée, l’action et les politiques fascistes de manière à mieux les combattre et à éviter leur influence rampante dans nos vies quotidiennes.
Ainsi, y a-t-il un lien entre la montée simultanée de l’antisémitisme et celle du transféminicide ? Au niveau le plus élémentaire, la réponse est, bien sûr, oui. Cependant, nous devons penser de quelles façons celles-ci sont connectées. Le lien fondamental est que l’éradication de ces deux groupes et leur croisement fait partie, parmi d’autres choses, du projet national-socialiste (nazi). Néanmoins, nous devons chercher à savoir s’il s’agit simplement de deux éléments distincts du nazisme, unis seulement par le fait d’être porté par les mêmes acteurs politiques, ou si leur lien est plus profond. Est-il possible qu’il y ait une seule et même logique à l’oeuvre à la fois dans l’antisémitisme et la transmisogynie nazis ?
Partie 1 – Le nazisme historique et la variance de genre : de l’institut aux camps
La toute première intrication de l’antisémitisme et de la transmisogynie nazis est apparue en réponse à l’émergence du mouvement de libération gay et trans dans l’Allemagne de Weimar. Les débuts du développement d’une volonté organisée en vue de la libération gay et trans ont émergé en Allemagne à la fin du 19e siècle et atteint un nouveau niveau de pouvoir en 1919, avec la fondation à Berlin de l’Institut de sexologie. Le fondateur de l’Institut était le scientifique marxiste juif et militant politique Magnus Hirschfeld. Hirschfeld était un organisateur engagé du Parti social-démocrate allemand et dirigeait le Comité scientifique-humanitaire, le premier groupe de défense gay et trans du monde. On attribue à Hirschfeld l’invention du terme « travesti » et « transsexuel », et dans ses recherches et plaidoyers, il s’opposait à la science de la sexologie eugénique et homophobe qui avait émergé en Allemagne à la fin du 19e siècle, une science qui était parvenue à dominer, au niveau gouvernemental, les conceptions des questions de sexualité et de genre et qui a profondément influencé les politiques en matière de sexualité et de genre du national-socialisme.
De manière à comprendre le contexte dans lequel s’inscrit cet Institut, il nous faut d’abord comprendre un peu mieux la tendance eugéniste des débuts de la sexologie. Les personnes gays et trans étaient regroupées dans une seule et même catégorie, l’« homosexualité », définie comme une « inversion sexuelle ». Il est important de noter que pour les Nazis, l’homosexualité était un état applicable seulement à ceux qui avaient été assignés hommes à la naissance. La sexologie eugénique comprenait essentiellement l’homosexualité à travers le prisme du genre, en particulier comme la corruption du corps et de la psyché masculins par la féminité. Dans cette catégorie « homosexuelle » se trouvaient quatre sous-catégories : premièrement, une légère inversion sexuelle, qui n’affectait que le désir ; deuxièmement, une attitude féminine ; puis le fait de s’habiller avec des vêtements de femmes ; plus sévèrement, les fantasmes sur le fait d’être une femme et le désir d’un corps différent. On peut ainsi observer que les personnes transféminines étaient considérées comme incarnant la forme d’homosexualité la plus sévère et, par conséquent, la plus déplorable. Le fait d’être trans (transness) est ici compris comme un défaut biologique dysgénique devant être éradiqué pour le bien de l’espèce. Il est sans doute important de noter ici l’existence d’un petit groupe de nazis attirés par le même sexe, incluant Ernst Rohm ainsi que d’autres membres de la SA. Ces hommes envisageaient leur nazisme comme correspondant à leur désir pour les personnes du même sexe qu’eux et, plus encore, considéraient que cela ne relevait pas de l’« homosexualité » du fait qu’il s’agissait d’un « Éros viril » et non d’une féminisation, reflétant les distinctions au sein de la déviance sexuelle, énoncées dans le modèle de sexologie[1]. Il semble par conséquent que l’homophobie, telle que nous la comprenons aujourd’hui, bien que très importante en pratique, n’était pas fondamentale ni universelle dans l’idéologie du nazisme, alors que l’était ce que nous appellerions maintenant la « transmisogynie ».
Pour avoir commis le crime de s’être opposé à ce courant de la science eugénique, il n’est guère étonnant que l’on rapporte qu’Hitler ait désigné Magnus Hirschfeld comme « le Juif le plus dangereux d’Allemagne » et que les militants nazis aient régulièrement placardé sa résidence d’affiches sur lesquelles on pouvait lire : « Dr Hirschfeld un danger public : les Juifs sont notre défaite[2] ! » L’Institut avait été le centre des débuts du mouvement d’émancipation homosexuelle en Allemagne. Parmi ses nombreuses réalisations, on compte : une étude scientifique sur la variance sexuelle et de genre, qui ne cherchait pas à corriger ni à soigner, mais à libérer ; ce qui incluait le développement des premières techniques de thérapie de substitution hormonale ainsi que des chirurgies d’affirmation de genre ; des cartes d’identité spéciales fournies par l’État pour les personnes (alors désignées comme) travesties, reconnaissant leur identité de genre et les noms choisis, et les protégeant, légalement du moins, du harcèlement et de l’arrestation par la police ; et, fondamentalement, un refuge et une communauté pour les personnes gays et trans.
Le 6 mai 1933, le mouvement étudiant nazi et les sturmabteilung ont fait une descende dans le bâtiment, ont emporté des années de documents de recherche et les ont brûlé publiquement dans la rue. De nombreuses personnes vivant dans l’institution ont été arrêtées et envoyées dans les camps de concentration récemment ouverts. Hirschfeld, qui effectuait à ce moment-là une tournée de conférences en Suisse, a vu sa citoyenneté révoquée et il mourut en exil deux ans plus tard.
Il ne fait aucun doute que les motivations politiques sous-tendant la destruction de cet institut n’étaient pas seulement basées sur l’homophobie et la transphobie, elles étaient entendues comme fondamentalement liées à une conception antisémite des Juifs et de la conspiration juive. Hirschfeld et nombre des scientifiques et intellectuels impliqués dans l’Institut étaient juifs ; même Walter Benjamin y est resté quelque temps. L’Institut était considéré par les nazis comme une plaque tournante pour les intellectuels juifs marxistes et leurs plans funestes pour affaiblir la pureté de la biologie et de la culture de la race aryenne. Ce lien historique qu’établissait le nazisme entre la libération juive et trans sera abordé de façon plus approfondie dans la suite de cet article.
Ce qui a suivi cet événement, qui a été à la fois un acte fondateur du nouveau régime nazi et un cataclysme dans l’histoire de la libération trans, a été une campagne durable, menée par la police d’État allemande, d’arrestation, de condamnation et d’incarcération d’« homosexuels ». Nombre de ceux qui étaient libérés après leur incarcération pour crime de droit commun étaient ré-arrêtés par la Gestapo et déportés dans des camps de concentration. Il est intéressant de noter que de nombreux cas de jugement de personnes pour crimes d’homosexualité n’étaient, en pareil cas, pas punis par l’exécution ou la déportation, mais restaient dans le système carcéral de droit commun. Une zone de recherches historiques que j’entends explorer, mais qui, à ma connaissance, n’a pas encore été étudiée, est la corrélation entre les déportations en camps de concentration par la Gestapo et la féminité, le travestisme et l’identité trans des accusés. On peut noter cependant que le 13 novembre 1934, l’administration de la ville de Hambourg a demandé au chef de la police de « prêter une attention spéciale aux travestis et de les livrer aux camps de concentration si nécessaire[3] ». On peut en déduire, a priori, que le principal objet de la persécution nazie des « homosexuels » était en fait la variance du genre implicite dans leur compréhension de l’homosexualité, plus prononcée chez les personnes montrant manifestement des traits féminins tels que le fait de s’habiller avec des vêtements féminins et d’adopter des noms féminins.
Il est de notoriété publique que dans les camps de concentration, les prisonniers qui étaient catégorisés comme « homosexuels » étaient contraints de porter des triangles roses sur leurs uniformes de prisonniers. Ce qui est moins connu, c’est que des expérimentations médicales étaient menées sur les prisonniers portant un triangle rose, avec le projet de trouver un remède médical à l’inversion sexuelle. Un médecin nazi danois, Carl Værnet, a mené des expériences au camp de concentration de Buchenwald, près de Weimar, dans le sud de l’Allemagne[4]. Les expériences incluaient l’insertion chirurgicale de glandes hormonales artificielles dans l’aine de prisonniers portant un triangle rose, pour tenter de rectifier le dérèglement hormonal que l’on considérait avoir causé cette inversion sexuelle. Ces expériences étaient supervisées par Heinrich Himmler et on peut ainsi concevoir les méthodes et discours entourant ces « traitements » comme correspondant totalement à la conception nazie de la variance sexuelle en tant que stade ultime de l’homosexualité. Il semble, ainsi, que l’image de la persécution des « homosexuels » par les nazis pouvant être déduite de ces éléments peut être mieux comprise à travers le prisme du genre et de ce que nous nommerions aujourd’hui la « transmisogynie ».
Partie 2 — le nazisme tardif et l’« idéologie transgenre »
Mais de quelle façon cette obsession nationale-socialiste pour la transmisogynie concorde-t-elle avec leur vision du monde antisémite ? Pour mieux le comprendre, il nous faut regarder la pensée néonazie et d’extrême-droite dans ses formes actuelles. Une grande part de la pensée néonazie sur le sexe et le genre prend la forme d’une historiographie concernant précisément les débuts de la sexologie émancipatrice abordée précédemment, de même qu’un accent mis sur la pensée antifasciste des célèbres penseurs juifs de l’École de Francfort pendant et juste après la période nazie.
On peut commencer avec la figure de Kevin Macdonald, un psychologue évolutionniste antisémite et, selon la Ligue anti-diffamation, l’« universitaire préféré des néonazis ». Son travail peut être considéré comme la clé de voûte de l’idéologie antisémite contemporaine et constitue l’épine dorsale théorique d’une grande part de la pensée nationale-socialiste contemporaine, en ce qui concerne les rapports entre les Juifs et le soi-disant « transgendérisme ». Macdonald a publié une série de quatre livres connus comme la Culture of Critique Series, qui cherche à retracer et à expliquer l’influence juive au sein des mouvements sociaux émancipateurs des 19e et 20e siècles. Classiquement, il attribue un immense pouvoir social aux Juifs, considérant de manière générale les Juifs comme des agents clandestins embusqués derrière divers mouvements tels que le bolchevisme, la sociale démocratie et, plus tard, la lutte anticoloniale, la libération gay et trans, le féminisme et le mouvement du Black Power ; tous étant destinés à saboter la culture occidentale et les normes sociétales[5]. Tout cela, explique-t-il, de façon à produire le type de société dans laquelle les conditions de l’émergence de l’antisémitisme seraient détruites. Il cite l’étude sur la psychologie nazie et fasciste entreprise par Adorno et d’autres sur la personnalité autoritaire, qui explique que le fascisme est plus à même de se développer dans des sociétés dans lesquelles il existe un contrôle strict des moralités sexuelles et des rôles liés au genre[6]. Il considère par conséquent qu’il est dans l’intérêt des Juifs de saper ces normes sociétales — la famille nucléaire, l’obligation à hétérosexualité, ainsi qu’une stricte binarité des genres — afin d’empêcher le développement du fascisme. En substance, les Juifs orchestrent la transformation de la société à travers les mouvements sociaux en tant qu’il s’agit d’un projet motivé par leur intérêt propre de sécurité ethnique. La libération sociale accomplie par la gauche (dans son sens large), est reconfigurée comme l’effet d’une offensive de darwinisme social de la part du groupe ethnique juif pour se protéger et se multiplier. Un grand récit de la politique est construit en tant que lutte darwinienne entre les Juifs et les Aryens, les vies et la libération des autres n’étant considérées que comme de simples pions dans cette partie d’échecs générale.
On peut observer les disciples de Macdonald dans la revue en ligne The Occidental Observer (fondée par Macdonald), pour voir comment cette perspective a été appliquée au « moment transgenre » contemporain. Dans son article Jill Soloway and the « Transgender » Agenda, Brent Sanderson analyse l’émission télévisée emblématique de Soloway, Transparent (ironiquement, il s’agit justement de l’émission qui m’a fait réfléchir à ce sujet) comme une arme de l’industrie culturelle dominée par les Juifs pour propager l’« idéologie transgenre ». Il affirme que :
Avec la légalité apparemment assurée du « mariage gay » (qui résulte en grande partie des efforts des Juifs) l’objectif du programme « politique de l’identité » [juive] a maintenant évolué vers une déconstruction du point de vue occidental traditionnel de ce que cela signifie que d’être un homme ou une femme[7].
Il est ravi de pouvoir citer Jill Soloway en replaçant leur travail au sein d’une tradition juive de la production culturelle destinée à « recréer une culture pour nous défendre après l’Holocauste[8] ». La solidarité avec d’autres groupes marginalisés sur des questions intersectionnelles est redéfinie comme servant implacablement des intérêts personnels. En fait, ailleurs, une blague dit que l’« intersectionnalité est un mot hébreu », montrant comment cette relation entre mouvements de justice sociale et judéité est simplement et continuellement renforcée au niveau vernaculaire chez les néonazis[9].
Un autre article du même site internet, The Assault on Gender and the Family : Jewish Sexology and the Legacy of the Frankfurt School, fait un récit détaillé de l’engagement juif dans les débuts de la sexologie émancipatrice. Il considère les politiques émancipatrices et la science basée sur un respect de la différence comme une invention juive :
L’unique rôle du judaïsme dans l’histoire mondiale a été de revendiquer le concept de différence contre les forces homogénéisantes considérées comme représentant l’essence de la civilisation occidentale. Les sexologues juifs et les commentateurs sociaux se sont unis pour avancer des théories de l’inversion sexuelle s’écartant d’interprétations incluant des questions telles que la dégénérescence, le déclin démographique et la réalité biologique, pour se diriger, à la place, vers des abstractions talmudiques incluant la nature de l’amour romantique et la nature prétendument fluide du genre et du sexe[10] (C’est moi qui souligne).
Il convient de noter que « talmudique » est utilisé ici dans un sens duel. Premièrement, il s’agit d’une référence aux livres juifs de commentaire de la Torah et ainsi à la judéité en tant que telle. Deuxièmement, le terme est utilisé familièrement pour faire référence à la difficulté et à la complexité ou, dans ce cas, à l’abstraction pour lesquelles est connu le Talmude. Cela donne par conséquent un exemple parfait de la façon dont le discours nazi regroupe les Juifs et la pluralité de genres en tant qu’abstractions. Cette opposition à l’abstraction va s’avérer essentielle à la compréhension de la logique du National socialisme plus tard dans cet article.
Parmi les productions plus dissimulées de l’extrême-droite, la chaîne vidéo indépendante InfoWars, dirigée par Alex Jones, a notoirement averti de la conspiration juive — via le terme à double sens (dogwhistle) de « mondialistes » — pour corrompre la biologie et en particulier pour affaiblir les niveaux hormonaux masculins. L’un de ses éclats les plus célèbres impliquait de répandre l’idée que les mondialistes (lire Juifs) empoisonnaient les réserves d’eau avec des hormones féminines, « rendant ces satanées grenouilles gay[11] ». InfoWars a notamment déclaré être entièrement financé par la vente de produits pour la vie courante, dont des compléments vitaminés, des filtres à air et eau, ainsi que du café. Pour chacun de ces articles est mentionné, comme effet principal, la protection du niveau hormonal normal dans le corps — « Super Male Vitality est conçu pour aider le corps de façon à assurer un niveau normal de testostérone chez les hommes[12] ». On peut entendre résonner, dans cette publicité, l’écho de Buchenwald.
On peut voir que le nazisme se considère comme engagé dans une guerre culturelle avec les Juifs sur la question des rôles liés au genre et la variance de genre/sexuelle. Mais, comme nous l’avons vu dans le régime national socialiste originel, le nazisme considère également que le terrain fondamental de cette guerre est la biologie. Une grande angoisse est exprimée dans la pensée nazie et d’extrême-droite, qui est certes constamment liée à l’affaiblissement biologique de la race blanche, mais aussi de l’homme blanc et de son équilibre hormonal, de son niveau de testostérone. L’ontologie politique nazie considère la biologie comme l’un des terrains, sinon le plus important, du combat politique. C’est une chose que nous savons et qui participe de notre compréhension de la théorie raciale nazie, mais ce qui a été négligé, c’est la centralité de la pureté et de la sécurité endocrinologiques dans l’idéologie nazie. En ce sens, la pureté endocrinologique est le corollaire de genre/sexe du projet eugénique nazi de la pureté raciale.
Partie 3 – La logique isomorphe de l’antisémitisme et de la transmisogynie
Ainsi, on pourrait dire sans risque que la transmisogynie et l’antisémitisme sont tous deux partie intégrante de la vision du monde national socialiste. Cependant, ce qui précède a été principalement une description des perspectives et des actions du national-socialisme, explicitant l’imbrication de leur transmisogynie dans leur antisémitisme ; mais cela n’explique pas pourquoi ils sont si enchevêtrés ni, d’ailleurs, la logique essentielle d’où ils proviennent tous deux. Sans une étude minutieuse de la logique qui sous-tend ces éléments de l’idéologie nazie, nous risquerions de ne considérer le nazisme que comme un simple conglomérat de discriminations distinctes et contre lesquelles on pourrait lutter séparément. Je pense que si le nazisme doit être vaincu une fois pour toutes, nous ne devons pas le sous-estimer en le prenant pour un simple phénomène psychologique occupant une large place, mais nous devons affronter sa structure cohérente en tant que logique politique, même si elle peut apparaître comme un ensemble désordonné de haines incohérentes et parfois contradictoires. Cependant, et en suivant Postpone, « Mon intention n’est pas de nier les explications sociopsychologiques ou psychanalytiques, mais de mettre en lumière un cadre historico-épistémologique de référence, à l’intérieur duquel des spécifications psychologiques peuvent s’inscrire[13]. »
L’antisémitisme comme anticapitalisme tronqué — le Juif comme abstraction
Ce projet, qui consiste à dévoiler une logique fondamentale du National socialisme, s’inscrit dans l’héritage du grand théoricien marxiste juif Moishe Postone qui, dans son étude emblématique Antisémitisme et national-socialisme, avance une théorie très convaincante, dont le pouvoir explicateur englobe une grande part des éléments en apparence contradictoires de la théorie et de la pratique nationales-socialistes. Dans le paragraphe qui suit, je vais tenter de reproduire ce que je pense être les points essentiels de son argumentation.
L’approche de l’antisémitisme moderne de Postone est porteuse d’une logique unificatrice pour un certain nombre d’éléments disparates du projet national socialiste, à la fois dans ses idées et dans la manière dont le régime a, dans les faits, agi. Certains des principaux aspects de l’antisémitisme national-socialiste devant être expliqués sont :
– Les Juifs se voient attribuer un grand pouvoir, mais ce pouvoir n’est pas directement manifeste, mais médié à travers de nombreuses modalités d’apparition.
– Les Juifs sont reconnus comme la personnification, non seulement de l’argent et du capital financier, mais aussi du capitalisme comme totalité : les modes d’antagonisme qu’il produit (le bolchevisme, un prolétariat organisé) et, en outre, les transformations culturelles de la modernité qui accompagnent son développement.
– Le national-socialisme vise l’éradication complète des Juifs, pas seulement comme un moyen de parvenir à ses fins, mais comme une fin en soi[14].
– Le national-socialisme envisage tout antagonisme politique à travers le prisme biologisant du darwinisme social, dans lequel la santé et la pureté biologique de groupes raciaux précis sont primordiales dans la lutte universelle pour la suprématie.
– Le national-socialisme affirmait défendre la Volksgemeinschaft (communauté nationale) « prémoderne » authentique et enracinée, avec son unité délimitée de sang, de terre et de travail artisanal. Mais dans le même temps, il a mis en œuvre un effort de productivité et une industrialisation complète de l’économie allemande appliqués par l’État — « Hitler, s’il a parlé de sang, a néanmoins construit la machine[15]. »
– Fondamentalement, le national-socialisme est « un mouvement qui, dans la compréhension qu’il avait de lui-même, se pensait comme une révolte[16]. »
Tous ces divers éléments du projet national socialiste doivent être expliqués correctement et leurs contradictions apparentes doivent être montrées en tant qu’elles sont issues d’une logique cohérente préalable. Comment les Juifs peuvent-ils être responsables du capitalisme, de sa crise, du socialisme, de la « dégénérescence » gay et trans puis, plus tard, de tous les mouvements sociaux émancipateurs de la période d’après-guerre ? Comment Hitler peut-il se voir lui-même comme un révolutionnaire contre la modernité tout en imposant une modernisation complète de l’économie allemande ? Le pouvoir explicateur de Postone s’ancre dans son propre marxisme et en particulier dans sa critique du « marxisme traditionnel » via une focalisation sur la forme-valeur.
La théorie de la forme-valeur explique que « quand les marxistes [du mouvement ouvrier] insistaient sur la “théorie de la valeur-travail”, ils le faisaient au niveau de la question quantitative de la substance et de l’ampleur de la valeur plutôt qu’au niveau de la question qualitative de la forme de la valeur[17]. » Cet accent mis sur la substance plutôt que sur la forme a conduit à ce que Postone appelle un « anticapitalisme tronqué ». Endnotes en donne une explication claire :
Pour Marx, la forme-valeur est une expression du caractère duel du travail dans le capitalisme — son caractère de travail concret apparaissant dans la valeur d’usage de la marchandise et son caractère de travail abstrait apparaissant dans la forme-valeur. Ainsi, le travail abstrait est, historiquement, quelque chose de spécifique au capitalisme, l’échec de la distinction correcte de ces deux aspects du travail signifie que la forme-valeur [et donc le travail concret et la valeur d’usage] est considérée comme une expression du simple travail humain naturel en tant que tel[18].
Ce qui apparaît, dans cet anticapitalisme tronqué, c’est le postulat que le travail concret produit des valeurs d’usage comme un substrat naturel et a-historique sur lequel différentes formes sociales de valeur sont construites. Cela mène alors à une fétichisation du concret, du travail, de la valeur ; la critique du capital est réduite à une bataille entre la pureté du concret contre les abstractions pernicieuses de la valeur d’échange, de l’argent et du capital financier. Cela exclut toute critique de la forme du travail concret et ainsi les misères de la production industrielle concrète sont absoutes et parfois vénérées contre les abstractions vampiriques de la monnaie et de la finance (qui en vient à représenter le capitalisme dans sa totalité).
Postone diagnostique que c’est cette forme d’anticapitalisme tronqué qui est reprise dans le national-socialisme et qui permet à celui-ci d’apparaître et de se concevoir lui-même comme une révolte. Le projet national-socialiste est « socialiste » seulement dans la mesure où il vise à libérer la communauté concrète de la nation des influences pernicieuses du (seulement un élément du) capitalisme. « Le capital industriel peut donc apparaître en tant que descendant direct du travail artisanal “naturel”, en tant qu’“organiquement enraciné”, par opposition au capital financier “parasite” et “sans racines”. […] Cette forme d’“anticapitalisme” repose donc sur une attaque unilatérale de l’abstrait […] une attaque unilatérale contre la raison abstraite et le droit abstrait ou, à un autre niveau, contre le capital-argent et le capital financier[19]. »
De ce point de vue, il n’y a qu’un pas, de la fétichisation du travail concret et de la valeur d’usage, à une politique complète de la fétichisation du concret. Cela devient manifeste dans les politiques matérialistes vulgaires dans lesquelles les catégories sociales sont réduites à des catégories biologiques. Cette forme de fétichisation du concret prend naissance dans le 19e siècle, quand « les processus organiques commencent à supplanter la mécanique statique en tant que forme du fétiche. […] Désormais, la forme phénoménale du concret est plus organique[20]. » Il poursuit : « Cela se traduit […] aussi par la prolifération des théories raciales et la montée du darwinisme social à la fin du XIXe siècle. La société et les processus historiques sont de plus en plus compris en termes biologiques » — nous avons vu que cela est mis en évidence dans la pensée nazie, analysée précédemment, dans laquelle le biologique est considéré comme le terrain fondamental de la politique et de l’histoire.
Là où la force réelle de son analyse ressort, c’est avec l’idée que ce n’est pas seulement le « côté [concret] de l’antinomie qui peut être naturalisé et biologisé, mais aussi le côté abstrait, lequel est biologisé — dans la figure du Juif. Ainsi, l’opposition fétichisée du matériel concret et de l’abstrait, du “naturel” et de l’“artificiel”, se mue en opposition raciale entre l’Aryen et le Juif, opposition qui a une signification historique mondiale[21]. » Le Volk aryen « organiquement enraciné » s’oppose aux Juifs errants « sans racines, cosmopolites » qui, dans leur état diasporique, abstraits de tout territoire ou nation, deviennent des candidats parfaits pour représenter l’abstraction transnationale du système mondial capitaliste. Le fond essentiel du national-socialisme, ainsi, est « une biologisation du capitalisme saisi sous la forme de l’abstrait phénoménal, biologisation qui transforme le capitalisme en “juiverie internationale”. » Le projet national-socialiste est par conséquent une « suppression du capitalisme et de ses effets sociaux négatifs » à travers l’éradication totale des Juifs[22].
La transphobie comme critique tronquée du genre — les femmes trans comme abstraction
Maintenant que nous avons apporté ces éléments de compréhension marxistes de l’antisémitisme du projet national-socialiste, nous pouvons mobiliser le même pouvoir explicateur pour nous concentrer sur la transmisogynie nazie et montrer comment, fondamentalement, ils sont liés l’un à l’autre en formant un tout cohérent.
Pour ce faire, je voudrais faire intervenir les réflexions de Maya Andrez Gonzalez et Jeanne Neton dans leur ouvrage The Logic of Gender. Dans ce livre, les auteures mobilisent la notion de critique tronquée de Postone, mais en l’appliquant à une approche du genre par la théorie de la forme-valeur. Elles avancent l’idée que le caractère duel de la forme-valeur est homologue au caractère duel du sexe/genre :
« La valeur, comme le genre, nécessite son autre pôle “naturel” (i.e. sa manifestation concrète). En effet, le rapport duel entre le sexe et le genre, comme deux facettes de la même pièce, est analogue aux aspects duels de la marchandise et du fétichisme de celle-ci[23]. » En ce sens, « le sexe est l’autre facette du genre », tout comme la valeur d’usage est l’autre facette de la valeur d’échange. En suivant cette analogie : « le sexe est le corps matériel, qui, comme la valeur d’usage vis-à-vis de la valeur (d’échange), s’attache au genre[24]. »
Tout comme il y a le fétichisme de la marchandise, il y a le fétichisme du genre. Le genre est l’abstraction réelle qui agit sur les « corps [matériels] de telle façon qu’il apparaît comme une caractéristique naturelle des corps eux-mêmes. » Cependant, nous ne pouvons pas penser ce fétichisme comme s’il apparaissait toujours sous la même forme à travers l’histoire du capitalisme. En effet, les efforts des mouvements de libération féministes, queer et trans ont permis de grandes avancées dans la dénaturalisation du genre ; malheureusement, le néolibéralisme s’est quelque peu approprié ces avancées et a marchandisé la dénaturalisation du genre en tant que forme de consommation « subversive »[25].
Cependant, on peut dire de ce processus qu’il « dé-naturalise le genre en même temps qu’il naturalise le sexe[26] ». Cela aboutit à une compréhension du genre/sexe dans laquelle le genre est considéré comme une construction sociale (une abstraction), mais la naturalisation du sexe est redoublée. Le genre est par conséquent historique et modifiable lorsque le sexe forme le substrat naturel et transhistorique sur lequel il est écrit. En suivant Postone, les auteures expliquent que « la transhistoricisation du sexe est analogue à une critique raccourcie du capital, qui prétend que la valeur d’usage est transhistorique plutôt qu’historiquement spécifique au capitalisme ». Si nous prenons la structure de l’argument de Postone concernant l’antisémitisme et que nous l’appliquons ici, on commence à percevoir où la critique tronquée du genre situe le sexe comme la réalité concrète devant être protégée des abstractions pernicieuses du genre[27]. Dans la perspective nationale-socialiste de la fétichisation du concret, la réalité biologique concrète du sexe apparaît comme fondamentale et pure, parallèlement à une renaturalisation rigoureuse du genre comme réaction contre l’intégration d’une nature dénaturalisée sous le capitalisme tardif. Pour le national-socialisme, la primauté du sexe est renforcée, en opposition aux « abstractions talmudiques » des genres multiples et fluides, puis présentée comme la force pernicieuse qui cherche à dominer voire même écraser le dimorphisme sexuel sensuel, simple et concret ainsi que la binarité naturelle des rôles genrés qui en découlent.
De la même manière que les Juifs deviennent les manifestations concrètes de l’abstraction du capitalisme et de la loi de la valeur, la femme trans devient la manifestation concrète de l’abstraction et de la dénaturalisation du genre. La femme trans est une femme sans le fond biologique concret de la féminité. Elle est une femme au niveau abstrait, séparée de sa base biologique et, par conséquent, de son utilité dans la conduite de la reproduction de la race aryenne dans cette grande lutte darwinienne. Elle est tout ce qui est détestable dans la féminité, pour le nazisme, sans aucun des intérêts biologiques pour compenser. De plus, elle représente le pire excès de la dégénérescence culturelle de la modernité et du capitalisme contemporain. Tout comme les Juifs « sans racines, cosmopolites » représentent l’abstraction en n’étant enracinés dans aucune nation, les personnes trans font preuve d’un déracinement cosmopolite vis-à-vis du genre/sexe — au mépris de l’ancrage du sexe et de l’allégeance au genre. Elle est un produit de la culture si abstraite et si malade, à leurs yeux, que cela encourage activement la corruption de la pureté du sexe biologique et la destruction des rôles genrés si essentiels dans la bataille pour la domination raciale. Pour le nazisme, l’idée que des hommes aryens de bonne souche renient résolument la masculinité, la virilité et la fertilité — et le faisant avec une intervention hormonale et chirurgicale sur le sexe biologique — est plus qu’ils ne peuvent supporter. En tant que telles, les femmes trans, et d’ailleurs les personnes trans en général (bien que la majeure partie de la haine soit dirigée vers ceux assignés mâles à la naissance), sont ajoutées à la liste des abstractions à éradiquer dans la mise en œuvre du projet national-socialiste.
Conclusion : la conspiration juive du « transgendérisme »
Cette théorie soulève, bien sûr, des questions en ce qui concerne les rapports entre l’antisémitisme nazi et la transmisogynie. Est-ce que l’une des modalités de ce projet d’éradication de l’abstraction prime sur les autres ou est-ce qu’elles opèrent simultanément ? Est-ce que les femmes trans se voient dotées de la même agentivité totale et abstraite que les Juifs ? À quel point la transmisogynie du national-socialisme est-elle essentielle à sa logique de gouvernance ? Est-ce que la fétichisation du concret mène nécessairement aux atrocités de la Shoah ?
Je voudrais répondre provisoirement, bien que je pense que cette question trouvera sa réponse dans le cours des événements réactionnaire, que l’antisémitisme et la transmisogynie ont émergé tous deux simultanément de la logique du fétichisme du concret. Ils ne sont pas identiques, mais ils sont nés de la même logique fondamentale. Le fétichisme du concret ne mène pas inexorablement à la mise en œuvre du projet d’extermination national-socialiste. C’est heureux, puisque cette logique se retrouve historiquement et aujourd’hui à la base de nombreuses autres positions politiques. Cela devient effectivement national-socialiste quand les Juifs (ou d’ailleurs les femmes trans) sont identifiés comme la personnification de l’abstraction. Aussi longtemps que perdure la haine fétichisée de l’abstraction, dans l’abstrait, c’est simplement la simple condition de possibilité de l’antisémitisme et de la transmisogynie.
Je pense, cependant, que dans la cogitation consciente des penseurs nazis, c’est le Juif qui prime quant aux effets pernicieux de l’abstraction. En effet, c’est le Juif qui a inventé le « transgendérisme » comme une arme dans son vaste arsenal mobilisé pour affaiblir la pureté et la suprématie de la race aryenne (comme nous l’avons vu précédemment). Pour le national-socialisme, le Juif est l’abstraction par excellence et il est par conséquent responsable de la conception et de la dissémination de toutes les autres abstractions. Cela sous-tend la conception de l’idéologie du genre comme étant l’un des projets de la conspiration juive. Ce n’est pas seulement que les Juifs représentent l’abstraction, c’est que l’abstraction elle-même est, dans sa nature, juive, talmudique. La femme trans représente le couronnement du projet de l’abstraction talmudique — un être si perverti par rapport à tout ce qui est concret, naturel, pur et bien. Elle est le monstre de Frankenstein, ou, de façon plus appropriée, le Golem de Rabbi Loeb, conçue contre la nature par les abstractions numériques de la Kabbale. Elle est la création la plus abominable des Juifs et doit être éradiquée avec lui.
Notes
[1]Laurie Marhoefer, « Queer Fascism and the End of Gay History », NOTCHES (blog), 19 June 2018, http://notchesblog.com/2018/06/19/queer-fascism-and-the-end-of-gay-history/.
[2]Eleni Mancini, Magnus Hirschfeld and the Quest for Sexual Freedom: A History of the First International Sexual Freedom Movement (London: Macmillan, 2010). p. 101.
[3]« Remember Our History», Transgender Day of Remembrance (blog), 1 August 2011, http://www.tgdor.org/2011/08/01/history/.
[4]Peter Tatchell, « The Nazi Doctor Who Experimented on Gay People – and Britain Helped to Escape Justice», The Guardian, 5 May 2015, sec. Opinion, https://www.theguardian.com/commentisfree/2015/may/05/nazi-doctor-gay-people-carl-vaernet-escaped-justice-danish.
[5]Kevin Macdonald, The Culture of Critique: An Evolutionary Analysis of Jewish Involvement in Twentieth-Century Intellectual and Political Movements, 2002.
[6]Theodor W. Adorno, The Authoritarian Personality, Abridged ed. (New York: New York, 1982).
[7]« Jill Soloway and the “Transgender” Agenda, Part 1 » – The Occidental Observer, accessed 14 December 2018, https://www.theoccidentalobserver.net/2015/10/09/jill-soloway-and-the-transgender-agenda-part-1/.
[8]Ibid.
[9]Andrew Anglin, « Satanic “Genius Healer” of the Jews Peterson Appears with Turkish Necromancer for Dark Ritual », Daily Stormer (blog), accessed 14 December 2018, https://dailystormer.name/satanic-genius-healer-of-the-jews-peterson-appears-with-turkish-necromancer-for-ritual/.
[10]« The Assault on Gender and the Family: Jewish Sexology and the Legacy of the Frankfurt School, Part One » – The Occidental Observer, accessed 14 December 2018, https://www.theoccidentalobserver.net/2015/12/26/the-assault-on-gender-and-the-family-jewish-sexology-and-the-legacy-of-the-frankfurt-school-part-one/.
[11]Terrance the Psychonaut, Alex Jones ‘Turning the Freaking Frogs Gay’, accessed 14 December 2018, https://www.youtube.com/watch?v=_ePLkAm8i2s.
[12]« Super Male Vitality», Alex Jones Infowars Store, accessed 14 December 2018, http://www.infowarsshop.com/Super-Male-Vitality-_p_1227.html.
[13]Moishe Postone, « Antisémitisme et national-socialisme », Marx est-il devenu muet ? Face à la mondialisation (La Tour d’Aigues : Editions de l’Aube, 2003), p. 86.
[14]C’est évident dans la décision en apparence suicidaire du régime nazi, alors qu’il était en train de perdre la Seconde Guerre Mondiale, d’utiliser en priorité les ressources pour l’extermination continue des Juifs, plutôt que de mobiliser ces ressources pour combattre l’Armée rouge.
[15]Moishe Postone, « Antisémitisme et national-socialisme », art. cit., p. 97.
[16]Ibid., p. 83.
[17]Endnotes, « Communisation and Value-Form Theory by Endnotes », accessed 15 December 2018, https://endnotes.org.uk/issues/2/en/endnotes-communisation-and-value-form-theory.
[18] Endnotes.
[19]Moishe Postone, « Antisémitisme et national-socialisme », art. cit., p. 96 et 99.
[20]Ibid., p. 95–96.
[21]Ibid., p. 99–100.
[22]Ibid., p. 100–101.
[23]Endnotes, « The Logic of Gender by Endnotes », accessed 26 November 2018, https://endnotes.org.uk/issues/3/en/endnotes-the-logic-of-gender.
[24]Endnotes.
[25]Pour voir cela en action, il n’y a qu’à regarder les atrocités telles que la supposée bière non-binaire Brew Dog : « NO LABEL – THE WORLD’S FIRST NON–BINARY, TRANSGENDER BEER », BrewDog, accessed 15 December 2018, https://www.brewdog.com/lowdown/blog/no-label.
[26]Endnotes, « The Logic of Gender by Endnotes ».
[27]C’est en effet la logique qui domine le féminisme transphobe contemporain. J’aborderai ce sujet de façon plus approfondie dans un prochain article.