Trajectoires du fascisme en Turquie [Podcast]
Le meurtre récent en plein Paris de trois membres de la communauté kurde, ainsi que la grande manifestation en l’honneur de Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez, trois militantes du mouvement kurde assassinées il y a dix ans à Paris également, réclamant qu’enfin justice soit faite, est venue rappeler la brutalité de la persécution que subissent les populations kurdes en Turquie, de la part du régime de Recep Tayyip Erdoğan, mais aussi des mouvements d’extrême droite.
Avec Emre Öngün, militant franco-turc et docteur en science politique, Ugo Palheta revient dans ce nouvel épisode du podcast « Minuit dans le siècle » sur les trajectoires du fascisme en Turquie. Ce podcast est disponible sur Spectre et sur toutes les plateformes d’écoute.
Le fascisme est principalement incarné en Turquie, depuis près d’un demi-siècle, par une organisation : le MHP (parfois connu à travers son symbole, le « loup gris »). Mais il trouve ses racines intellectuelles chez Nihâl Atsiz, un écrivain qui fut proche du nazisme et qui élabora les principaux fondements idéologiques du fascisme turc.
Le MHP est depuis 2015 un allié d’Erdoğan, qui se trouve lui-même engagé depuis une dizaine d’années dans un processus de fascisation marqué par une répression féroce des mouvements kurdes, l’enfermement de milliers de militant·es (notamment du HDP), la suppression de nombreux médias indépendants du pouvoir, le licenciement de centaines de milliers d’employé·es de la fonction publique n’ayant rien à voir avec la tentative de coup d’État, et plus profondément la concentration des pouvoirs dans les mains du chef, la soumission de la justice, etc. Ainsi se nouent au sein du pouvoir turc une droite conservatrice en voie de fascisation et une extrême droite fasciste ancrée dans l’histoire du pays.
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Pour aller plus loin sur le régime d’Erdoğan, on pourra lire notamment cet entretien avec Emre Öngün, « Panaroma et perspectives pour la gauche et le mouvement kurde », ainsi que cet article sur la tentative de coup d’État en 2016 et la manière dont le pouvoir turc l’a instrumentalisé pour légitimer une accélération brutale de la répression.