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Nous publions en trois parties une étude de Laurent Lévy sur les rapports du PCF avec le marxisme au cours des deux décennies de sa plus grande influence, les années 1960 et 1970, qui sont celles de sa lente « déstalinisation » : comment ce parti, qui se considérait comme étant « le parti de la classe ouvrière » considérait-il la théorie marxiste ? Quelle importance accordait-il à son développement ? Quel contrôle entendait-il exercer sur ce dernier ? Quel rôle a-t-il joué dans sa production ? Quelles étaient dans les différents domaines du marxisme les contributions respectives de la direction et des intellectuel·les militant·es ? Quelle était la place de la théorie dans l’élaboration de la politique du Parti ?

Cette étude conduit à nuancer l’idée suivant laquelle au XXe siècle le « marxisme occidental » se serait développé essentiellement en dehors du mouvement ouvrier. Elle est divisée en trois parties : la place de la culture marxiste et des débats philosophiques (1re partie) ; la théorie marxiste dans le domaine économique publiée ci-dessous (2e partie) ; la place de la théorie dans les réflexions stratégiques du Parti (3e partie), dans ce présent article.

***

Renouvellement de l’historiographie du PCF

En 1966, à la même époque que le Comité central d’Argenteuil évoqué dans la première partie de cette étude et que la conférence de Choisy-le-Roi évoquée dans la deuxième, la direction du PCF crée un institut d’histoire, qui est baptisé Institut Maurice Thorez (IMT) en hommage au dirigeant disparu deux ans plus tôt. Conçu pour valoriser l’héritage de l’ancien secrétaire général (il avait occupé cette fonction de 1930 à 1964…), cet institut, qui publiera une revue trimestrielle, Les Cahiers de l’Institut Maurice Thorez, va devenir le laboratoire d’un complet renouvellement de l’historiographie interne du PCF.

Ce renouvellement n’est toutefois pas immédiat. Le travail de l’IMT est dirigé par Georges Cogniot et Victor Joannès, deux collaborateurs très proches de Maurice Thorez, contributeurs essentiels du Manuel d’histoire du Parti communiste français publié en 1964, livre certes richement informé et documenté, mais conçu pour l’édification des militant·es et qui relève plus d’une histoire apologétique que du travail scientifique.

Le type d’histoire qu’ils pratiquent est un peu l’équivalent pour le parti communiste de ce qu’est « le roman national » pour l’histoire de la France : même fondée sur une étude et une connaissance réelle, il s’agit surtout de justifier chaque étape de cette histoire, de lui donner une cohérence d’ensemble laissant dans l’ombre tout ce qui pourrait donner lieu à la critique. Une histoire écrite par et du point de vue de ses protagonistes, dans laquelle les fautes éventuelles, les erreurs ou les manquements ne sont envisagés que dans la mesure où ils ont été rectifiés par le Parti lui-même, par la clairvoyance de ses dirigeants.

Mais cette attitude n’est pas totalement unilatérale : l’époque ne s’y prête guère, entre autres parce qu’elle est précisément celle de changements politiques et culturels importants, dont les évolutions évoquées dans les deux premières parties portent témoignage. Les Cahiers d’histoire s’adjoindront assez rapidement de jeunes historiens communistes, comme Danielle Tartakowsky ou Roger Martelli.

Au fil des ans, la revue sera de plus en plus soucieuse de recherches précises et d’une approche objective et étayée de l’histoire du parti communiste français, progressivement dégagée des soucis de justification a posteriori et de la démarche hagiographique des années précédentes. Loin d’une histoire « partisane », il s’agira bientôt de restituer au PCF la place que lui conteste une historiographie dominante biaisée par ses propres parti-pris politiques.

C’est principalement à partir de 1972, lorsque Victor Joannès est remplacé après son décès par Jean Burles, dirigeant « ouvrier » du Parti d’une grande ouverture d’esprit, que ces changements se feront jour. La revue change de nom cette année là pour devenir les Cahiers d’histoire de l’Institut Maurice Thorez. C’est ainsi paradoxalement quand est refermée la période thorezienne que, après quelques années d’inertie, L’institut Maurice Thorez pourra prendre son envol.

Ainsi, l’IMT organise en octobre 1972 un « séminaire des historiens communistes », qui brasse assez largement diverse questions d’histoire du PCF et du mouvement ouvrier : un premier thème, « Syndicalisme révolutionnaire et naissance du Parti communiste » est introduit par Jean Charles et Maurice Moissonnier ; un deuxième, « Parti communiste et Front populaire », est introduit par Jean Bruhat et Jean Gacon ; un troisième sur « Les conditions objectives et subjectives de l’existence en France d’un puissant Parti communiste aux lendemains de la seconde guerre mondiale » est préparé par Jean Burles, Jacques Chambaz, Jean Elleinstein, Claude Willard et Germaine Willard.

Dans le premier numéro de 1973 des Cahiers de l’IMT, Claude Willard rend compte du séminaire et donne une indication sur son état d’esprit. Après avoir estimé que l’historien communiste était le mieux placé pour écrire l’histoire du mouvement ouvrier, il ajoute que « les historiens communistes doivent se garder – ce qu’ils n’ont pas toujours su faire – d’une certaine subjectivité, d’une tendance à idéaliser l’histoire du PCF, plus ou moins conçue comme une voie royale, à gommer certaines aspérités… ». Il cite à cet égard Jean Burles, le nouveau directeur de l’IMT disant dans son introduction au séminaire :

« Autant il serait négatif de vouloir écrire une histoire linéaire montante du Parti, autant nous ne pouvons abstraire les retards et les erreurs de leurs conditions historiques. Non pour les justifier, mais pour rechercher et étudier les solutions apportées alors pour résoudre les contradictions nées de cette situation ».

Dans son propre compte rendu, Jacques Chambaz (historien et dirigeant du PCF), s’exprime dans le même sens, insistant sur les questions de méthode comme sur les enjeux, pour le Parti, de l’étude de son histoire :

« Il n’y a pas de méthode spécifique de l’histoire du PCF, qui lui soit propre, différente de celle proposée par le matérialisme historique. C’est dans ce seul cadre que peut être analysé l’objet donné, fût-ce dans ses particularités. Cette problématique est d’autant plus importante que l’histoire du Parti communiste est un lieu privilégié de la lutte politique et idéologique, qu’en mettant en évidence la nature réelle et le rôle de ce parti, on contribue à gagner des forces nouvelles aux idées et à la lutte du socialisme scientifique. »

Autrement dit, si le PCF est un objet spécifique d’étude et si son importance politique est grande pour lui, son étude ne relève pas pour autant d’une méthode spécifique, qui se distinguerait de la méthode marxiste applicable en général à propos de toutes les questions d’histoire.

Résultat de plusieurs années de travail par tout un collectif d’historiens de l’IMT, c’est en 1981 que paraîtra un gros volume intitulé Le PCF, étapes et problèmes – 1920-1972[1], qui représente à certains égards l’antithèse du Manuel de 1964 : un ensemble d’études sérieuses, couvrant une longue période sans avoir la prétention de constituer une histoire complète du PCF et moins encore une histoire officielle.

De domaine réservé de la direction, l’histoire du Parti est devenue un domaine ouvert à la recherche, à laquelle les institutions du Parti elles-mêmes apportent leur soutien. Une école historiographique se constitue autour de l’Institut Maurice Thorez et de ses Cahiers d’histoire. Elle poursuivra une série de travaux, tant individuels que collectifs, sur toutes les grandes périodes de l’ histoire du PCF, prolongeant et précisant ceux recueillis dans ce livre.

Ces travaux marxistes sur l’histoire du PCF contribueront dans la suite à certaines de ses évolutions. Les historiens communistes produiront également d’importantes recherches sur le réformisme[2], qui seront mobilisées par la direction du Parti lorsqu’elle en viendra à réviser son attitude à l’égard de ses partenaires de l’union de la gauche.

Histoire critique de l’URSS

L’histoire de l’URSS est elle aussi revisitée, non sans tensions. Entre 1972 et 1975, à la demande de la direction, l’historien communiste Jean Elleinstein, tire des cours qu’il donnait aux cadres du Parti à l’école centrale une histoire fortement critique de l’URSS, en quatre tomes.[3] 

Sa publication aux Éditions sociales fait l’objet de résistances internes, en particulier pour le second volume, qui traite de la montée du stalinisme et de la répression des années 1930 et dont le manuscrit livré dès 1972 ne sera publié que l’année suivante, après que des corrections auront été demandées à l’auteur.

Il fera l’objet d’une recension très critique dans L’Humanité. Elle n’en est pas moins massivement diffusée, et prendra à son tour un aspect informellement « officiel ». L’évolution spectaculaire dans les mois et les années qui suivent des relations du PCF avec le PCUS ne doit en définitive pas peu à ces travaux, expressément invoqués lorsque le PCF, en 1975, condamne officiellement le stalinisme.

En novembre 1977 La Nouvelle critique publie un gros dossier sous le titre L’URSS et nous dans lequel un certain nombre d’intellectuel·es communistes échangent sur l’analyse – tant historique que politique, économique et culturelle – de l’Union soviétique.

C’est sous le même titre que sera publié à l’été suivant un nouveau livre aux Éditions sociales[4] ; à la différence de celui d’Elleinstein un peu plus tôt, la démarche, plus critique encore et appelant à un approfondissement du travail sur cette question est expressément approuvée par la direction, qui invite à lire et à diffuser le livre. Il est vrai qu’entre temps une brouille très sévère a opposé le Parti communiste français, qui avait adopté explicitement la démarche eurocommuniste, et son homologue soviétique, et qu’il a pris fortement position contre les atteintes aux libertés en URSS et dans les pays de l’Est.

Même si cette démarche sera en définitive sans véritable suite[5] – et l’eurocommunisme lui-même plus ou moins progressivement enterré –, elle témoigne une fois de plus de l’attitude de la direction du Parti : même sur une question aussi sensible au regard de l’histoire du parti communiste, elle invite désormais ses intellectuel·les à travailler librement et à faire progresser la connaissance et l’analyse, qui en retour lui permet d’ajuster son propre discours et sa propre attitude.

La chasse gardée de la stratégie

La stratégie politique est certainement le domaine dans lequel la revendication de la direction d’incarner la pensée marxiste reste la plus ferme. Cela entre dans la définition même que se donne le parti communiste comme « parti de la classe ouvrière » disposant en tant que tel d’une « théorie scientifique, le marxisme-léninisme ».

C’est ainsi qu’en 1964, devant le XVIIe Congrès, lorsqu’il devient secrétaire général d’un PCF qui, comme on l’a vu, est en pleine discussion sur ces questions, Waldeck Rochet, après avoir rappelé comment Lénine disait (en réalité à la suite de Kautsky) que « ce sont de grands intellectuels d’origine bourgeoise, comme Marx et Engels qui, au début du mouvement ouvrier, ont apporté à celui-ci la conscience socialiste », énonce :

« Cependant, depuis Marx, depuis Lénine, la situation s’est profondément modifiée, car, il existe aujourd’hui des partis ouvriers marxistes-léninistes et c’est à ces partis qui représentent la classe ouvrière qu’il appartient de développer la théorie marxiste-léniniste et la politique qui en découle pour chaque pays. »

Quant aux intellectuel·les, si « le développement de la théorie et de la politique du Parti sont le fruit de l’effort de tous les communistes, qu’ils soient ouvriers, paysans ou intellectuels » et si « ces derniers occupent dans cet effort collectif une place importante », leur rôle essentiel réside dans leur propre domaine de compétence : ainsi, s’ils ne constituent pas un simple « ornement » pour le Parti, c’est en ce sens que ce dernier élabore « ses positions dans les multiples domaines de l’activité culturelle avec la contribution des intellectuels communistes et progressistes qui ont l’expérience directe des conditions du travail scientifique, de l’enseignement, de la création artistique. » Mais la théorie, elle, reste le fait du Parti.

La résolution sur les statuts du Parti adoptée à ce XVIIe Congrès précise à cet égard, sous l’influence d’un Roger Garaudy encore tout puissant en la matière : « Le parti communiste propose aux intellectuels, notamment une conception du monde et une méthode de pensée, le marxisme-léninisme qui, préservant tout l’acquis de millénaires de culture et de civilisation, ouvre la perspective d’un humanisme nouveau. »

Ainsi « instruits » par le Parti, leur rôle est quant à lui plus modeste : communistes ou non, ils ont simplement « un rôle irremplaçable de création scientifique et artistique. » En outre, comme le disait déjà Waldeck Rochet à propos des philosophes communistes deux ans plus tôt : « les intellectuels communistes doivent apporter une contribution efficace au Parti en défendant les positions de la classe ouvrière et en s’intégrant dans l’activité générale du Parti. » Quant à la théorie elle-même, la résolution retient des premiers débats consécutifs aux débuts de la déstalinisation :

« Le Parti, tirant les leçons des erreurs passées et considérant le dogmatisme comme le danger principal à l’heure actuelle, veille et veillera à ne pas laisser transformer en dogme l’instrument de combat politique, de recherche scientifique et de création artistique que constitue le marxisme-léninisme. »

Comme on l’a vu dans la première partie, la conception d’une théorie dont le Parti seul est le garant, maintenue au XVIIIeCongrès en 1967, ne sera explicitement pas remise en cause en 1966 à Argenteuil.

Le Manifeste de Champigny qui synthétise en décembre 1968 la stratégie du Parti élaborée depuis quelques années ne fait pas de référence explicite à la théorie, sinon pour dire que cette politique « s’inspire du marxisme-léninisme », mais il n’en est pas moins traversé de théorie ; ses auteurs[6] ont fait fond sur leur culture marxiste, et y ont même élaboré un nouveau concept, qui trouvera plus tard sa place dans le Dictionnaire critique du marxisme : le concept de démocratie avancée.[7]

En 1970, au XIXe Congrès, Georges Marchais évoquera simplement le « lien intime qui existe entre la pratique politique de notre Parti et sa théorie scientifique. » Trois ans plus tard, au XXe Congrès, il notera :

« Nous avons, nous communistes, une doctrine, une conception du monde, de caractère scientifique, le marxisme, développé et enrichi par Lénine et qui continue de s’enrichir en permanence de l’expérience des luttes révolutionnaires mondiales […]. Elle est une source irremplaçable d’efficacité de nos combats. Nous ne serions pas un parti d’avant-garde si nous ne nous appuyions pas sur une théorie d’avant-garde. »

Entre « avoir » une théorie et « s’appuyer sur » elle, on peut bien sûr distinguer une nuance, et le discours flotte un peu entre les deux idées. En 1974, la résolution du XXIe Congrès retient simplement que le PCF « fonde son action sur une théorie révolutionnaire ».

Lorsque, en 1975, la direction du Parti décide de prendre une initiative de fond à propos des libertés publiques, elle mettra en place une commission de travail comportant entre autres une théoricienne marxiste subtile, collaboratrice de La Nouvelle critique, et autrice d’un ouvrage essentiel sur Gramsci[8], Christine Buci-Glucksmann.

Au XXIIe Congrès, en 1976, les formules de Georges Marchais à propos de la théorie sont encore plus floues. Il y dit des communistes :

« Ils ont […] une théorie qui leur permet d’orienter leur action avec sûreté — le socialisme scientifique, fondé par Marx, Engels et Lénine. C’est une théorie vivante, qui s’enrichit sans cesse de l’expérience du socialisme existant, des enseignements qu’on peut tirer des luttes des peuples, du développement des connaissances. […] Loin de se réfugier dans le confort du dogme et les expressions rituelles, ils font l’analyse de chaque situation concrète, s’efforcent de discerner ce qui est nouveau et ce qui a cessé d’être valable parce que cela ne correspond plus à la réalité.

Ils n’hésitent pas à corriger les erreurs commises que l’expérience révèle, ils font preuve, ils doivent faire preuve d’un esprit créateur constamment en éveil. Comme Maurice Thorez et Waldeck Rochet en ont donné l’exemple, et comme l’indique le préambule du document préparatoire au congrès, c’est un effort permanent que notre Parti accomplit pour enrichir et préciser sa politique. »[9]

Malgré une référence plus ou moins formelle aux fondateurs du marxisme, la « théorie vivante » invoquée semble bien être surtout la politique communiste elle-même, détachée de véritables préoccupations théoriques, et le refus affirmé de « se réfugier dans le confort du dogme » ressemble fort au choix de privilégier à la théorie un certain empirisme pragmatique. Le point est d’autant plus notable que ce congrès est précisément celui au cours duquel le PCF décide de ne plus employer une expression ayant longtemps été essentielle dans la théorie marxiste : la « dictature du prolétariat ». Pour qui a en tête les débats de ce congrès, c’est de façon très claire d’elle qu’il est question dans le passage cité avec l’expression « ne correspond plus à la réalité ».

Les formules selon lesquelles le Parti se fonde dans l’élaboration de sa politique sur « sa » théorie ne sont pas sans ambivalence : s’agit-il de dire que le marxisme, existant par ailleurs et s’élaborant selon ses dynamiques propres, sert au Parti à fonder son action, ou au contraire que le marxisme trouve sa source et peut être identifié dans la politique qu’il élabore ?

Théorie et rhétorique

Les débats consécutifs au XXIIe Congrès donnent à cette question toute son amplitude : après que, en pleine préparation du congrès et sans discussion préalable, le secrétaire général, suivi par le Comité central, eut annoncé que « l’abandon » y serait décidé[10], puis dans l’immédiat après-coup du congrès lui-même, de nombreuses publications, dans toute la presse communiste et en particulier dans La Nouvelle critique et Les Cahiers du communisme, mais aussi dans L’Humanité et dans France Nouvelle viendront tenter de justifier ce choix à partir de considérations théoriques ou politiques, dans une argumentation hésitant entre ces deux registres.

Plusieurs intellectuel·les et théoricien·nes communistes y contribueront : entre autres Guy Besse, Lucien Sève, Michel Simon, ou François Hincker, mais aussi des membres de la nouvelle génération du comité de rédaction de La Nouvelle critique, comme Christine Buci-Glucksmann ou Béatrice Henry. D’autres, en particulier les théoricien·nes du courant althussérien comme Étienne Balibar, Georges Labica ou Nicole-Edith Thévenin argumenteront avec vigueur contre le fameux « abandon ».

S’ensuivit un débat sur une question théorique de principe : la recherche marxiste devait elle s’aligner sur les choix politiques du Parti, ou devait-elle au contraire l’orienter en amont ? Dès 1963, Louis Althusser avait fortement pris parti pour la deuxième solution ; il jugeait en un sens que la théorie passait avant la politique :

« Tous les communistes, quels qu’ils soient, et toutes les organisations communistes ont un devoir fondamental vis-à-vis de la science marxiste-léniniste, sans laquelle n’existerait aucune organisation communiste au monde. Ce devoir est le premier devoir fondamental de tous les communistes. Tous leurs autres devoirs, y compris leurs devoirs politiques, en découlent. »[11]

Il était ainsi déchiré par le choix du XXIIe Congrès, alors même qu’il était chaudement favorable à l’orientation politique qui y avait été dessinée[12] malgré « l’abandon » pour lui injustifiable (« on n’abandonne pas un concept comme on abandonne un chien ») : 

« Le parti communiste français vient d’abandonner officiellement, dans son XXIIe Congrès, la dictature du prolétariat, mais le même congrès a voté à l’unanimité une résolution qui repose toute entière […] sur la dictature du prolétariat, il est vrai sans jamais la nommer. »[13]

En réalité, malgré le débat théorique qui avait commencé, ce n’est pas sous un angle théorique que le congrès lui-même avait tranché la question, mais – comme Argenteuil à propos de l’humanisme – sous un angle politique et même rhétorique : ce n’est pas le concept mais l’emploi de l’expression « dictature du prolétariat » qui était « abandonné ». Dans cet exemple d’une importance symbolique certaine, s’agissant du sort d’un concept central, les choix de la direction n’ont pas été forgés à partir de réflexions théoriques préalables.

Théorie et politique

Quoi qu’il en soit, le XXIIe Congrès donnait un réel élan à la recherche théorique des communistes. Ainsi, dès février 1976 – le mois même du congrès – La Nouvelle Critique annonçait un cycle de conférences du CERM, entre février et mai, sur « la théorie de l’État et le marxisme », avec des interventions d’Albert Soboul (De la Révolution Française à la Commune de 1871 : problèmes de l’État révolutionnaire) ; de Guy Besse (Marx, Proudhon et le politique) ; de Georges Labica (L’État dans Le Capital) ; de Jean Bruhat (Révolution et dictature du prolétariat chez Marx) ; de Gilbert Badia (Nation et nationalité) ; de Jacques Texier (Observations sur l’analyse de l’État par Marx et Engels) ; de Jean-Pierre Delilez (L’État et la Révolution de Lénine) ; d’Étienne Balibar (Lénine et la dictature du prolétariat) ; de Jean Elleinstein (État et démocratie chez Lénine) ; de Lucien Sève (Lénine et le passage pacifique au socialisme)…

Cet élan était un an plus tard encouragé par la direction. Dans le relevé de décisions de sa réunion du 2 février 1977, le Bureau politique du PCF indiquait :

« L’enrichissement de la théorie et de la pratique du Parti est l’affaire de tous les communistes. Les intellectuels y apporteront une contribution indispensable. Cette activité est inséparable de l’assimilation de nos principes et de notre stratégie et de l’effort politique et idéologique pour gagner à nos idées, en faisant reculer l’influence de l’idéologie bourgeoise. […] Cette activité est inséparable de l’assimilation de nos principes et de notre stratégie et de l’effort politique et idéologique pour gagner à nos idées. »

Ces formulations, alors que des débats importants étaient suscités par « l’abandon », étaient une inflexion par rapport à la position traditionnelle du PCF : « l’enrichissement de la théorie » et même « de la pratique » n’étaient plus seulement l’affaire du Parti en tant que tel ou de sa direction, mais bien celle de « tous les communistes », y compris les intellectuel·les. Mais encore fallait-il s’assurer de leur assimilation des « principes » et de la stratégie du Parti.

Parmi les questions théoriques auxquelles le Bureau politique estime « nécessaire d’attacher une importance particulière », le relevé de décisions mentionne les « problèmes de la démocratie et de l’État, tels que les a précisés le XXIIe congrès. »

À la même époque, trois dirigeants du PCF (Jean Fabre, François Hincker et Lucien Sève) publiaient dans cet esprit, en synthétisant et prolongeant un débat auquel ils avaient chacun contribué au cours de l’année précédente, un livre intitulé Les communistes et l’État[14], qui était certes loin de se limiter à la question de la dictature du prolétariat, mais était traversé par les discussions – en particulier stratégiques – auxquelles son « abandon » avait donné lieu. Dans l’introduction de leur livre, ils expriment leur conception de ce rapport entre théorie et politique :

« Formuler théoriquement les lois de la réalité sociale et déterminer politiquement la ligne d’action pour la transformer sont choses inséparables, mais spécifiques, elles se nourrissent tour à tour sans se confondre. […] S’il est donc bien vrai de dire que la théorie ne saurait « justifier » au jour le jour et après coup des décisions politiques, pour la même raison, elle ne saurait être non plus un formulaire préétabli dont il n’y aurait qu’à « déduire » ces décisions. »[15]

Plus loin, ils affirment :

« Le XXIIe Congrès n’a rien d’un voyageur sans bagages : il s’appuie sur des travaux marxistes poursuivis depuis des années […]. Intégrant les acquis antérieurs de la recherche théorique dans une ligne politique, il a fourni une base concrète pour la définition renouvelée d’une ligne politique de la recherche théorique elle-même. »[16]

Le sociologue communiste Olivier Schwartz dira dans La Nouvelle critique que le XXIIe Congrès « présuppose et permet en même temps une véritable « critique de gauche » des déformations liées à la période stalinienne », ajoutant : « critique pratique, que nous avons faite et que nous approfondissons continuellement ; critique théorique que nous avons déjà amorcée et que nous avons les moyens d’engager à fond. »[17] L’historien François Hincker dira plus simplement encore à propos de la dictature du prolétariat et de son « abandon » : « Le XXIIe Congrès a fait coïncider la théorie et la pratique. »[18]

En définitive, ce qui s’exprime le plus ici est malgré diverses nuances la primauté de la politique élaborée par le Parti sur la recherche théorique. S’il est bien dit que cette recherche doit s’approfondir sur la base des orientations politiques, il n’est en revanche pas clair que cette orientation politique doit prendre elle-même appui sur des réflexions théoriques indépendantes.

La crainte de théorisations déconnectées de la vie l’emporte sur celle de constructions politiques fondées sur l’empirisme pragmatique, sur l’expérience des dirigeant·es et militant·es : leur simple culture marxiste, acquise dans les écoles du Parti et leur « conscience de classe », leur semble pouvoir y suppléer.

Quoi qu’il en soit, cette conception, exprimée dans Les communistes et l’État par trois membres du Comité central, même à titre personnel, si elle évitait la question d’une hiérarchie entre théorie et politique, ouvrait la porte à une indépendance de la recherche théorique, hors du contrôle a priori de la direction du PCF. En un sens, elle marquait ainsi la fin d’une époque.

Épilogue

Marxisme pour tout le monde

Deux ans plus tard, alors qu’un débat politique houleux avait agité le PCF[19], et particulièrement ses secteurs intellectuels, depuis la rupture de l’union de la gauche en 1977 et son échec consécutif aux élections législatives de 1978, à la suite duquel Georges Marchais notait que le PCF « avait pris du retard – en particulier après 1956 – pour mettre à jour sa politique et sa théorie »[20], le Parti procédait à une réorganisation de ses outils théoriques.

D’une part, La Nouvelle critique, qui avait été dans ce débat le lieu de dissidences marquées, disparaissait dans sa fusion avec l’hebdomadaire France Nouvelle elle-même à un moindre degré marquée par la contestation politique interne, dans un nouvel hebdomadaire, Révolution, confié à la direction de Guy Hermier. Contrairement aux craintes exprimées alors par nombre d’intellectuel·les, cette nouvelle publication n’avait rien d’un étouffoir pour la réflexion – même si sa densité théorique était très éloignée de celle de la défunte Nouvelle critique.

De son côté, la revue Économie et politique, qui avait évolué vers une publication surtout destinée à l’information des militant·es en entreprise par des dossiers d’analyses très concrètes, avait lancé fin 1978 une revue axée sur la recherche théorique marxiste en science économique, Issues. Enfin et surtout, le CERM et l’IMT étaient fusionnés dans un Institut de recherches marxistes, l’IRM[21].

Entre temps, au printemps 1979, le PCF avait adopté de nouveaux statuts précisant que dans l’élaboration de sa politique, il « s’appuie sur le socialisme scientifique, fondé par Marx et Engels, puis développé par Lénine et d’autres dirigeants et théoriciens du mouvement ouvrier. » Ce qui sera surtout remarqué ici, c’est la disparition – tout à fait volontaire, discutée et explicitée – des mots « marxisme » ou « marxisme-léninisme » qui prévalaient jusqu’alors, au profit de l’expression « socialisme scientifique ». Mais dire que le PCF « se fonde » sur cette théorie, cela ne signifie pas, ou plus, qu’elle est la « sienne ».

Cette évolution est certes pondérée par la référence aux auteurs du développement de cette théorie, les « dirigeants et théoriciens du mouvement ouvrier », ce qui semble laisser au « parti de la classe ouvrière » une prérogative théorique ; pourtant, comme le note Claude Gindin, « le préambule des nouveaux statuts a été voulu et compris comme une rupture avec l’idée d’une « responsabilité de la théorie » incombant à une direction politique. »[22]

L’évolution est d’ailleurs formulée de façon bien plus claire lors de l’inauguration du nouvel Institut de recherches marxistes, le 19 octobre 1979. Francette Lazard, membre du Bureau politique du Parti qui en prend la direction affirme ainsi, après avoir noté qu’on ne pouvait « se satisfaire » de l’état actuel du développement du marxisme :

« Nous considérons qu’il est de notre responsabilité de parti communiste d’œuvrer, pour la part qui nous revient […] à un nouvel essor du marxisme en France. […] Le marxisme ne saurait être une doctrine d’État. Et comme parti, nous n’en sommes ni les propriétaires attitrés, ni les conservateurs vigilants. »[23]

Dans un discours prononcé à La Mutualité le mois suivant, Georges Marchais lui-même sera parfaitement explicite sur ce point :

« Pas plus que la connaissance n’est la propriété des marxistes, la théorie et la recherche marxistes ne sont la propriété des communistes. »[24]

On pourrait se demander si cette reconnaissance d’un marxisme extérieur au PCF – qui constitue une avancée indiscutable dans l’ouverture théorique du Parti – dans la mesure où elle coïncide avec l’abandon dans son vocabulaire du mot « marxisme » – ne porte pas dans son sillage un relatif abandon de la chose elle-même et ne contribue pas à vider un peu de son sens l’affrmation renouvelée de sa référence au « socialisme scientifique ».

Ce risque n’échappe pas à la direction. En décembre 1978, alors que la réforme des statuts était en discussion, les Cahiers du communisme publiaient un article du philosophe Jean-Yves Bourdin insistant sur le caractère « scientifique » de la politique communiste, et sur le fait que l’engagement politique des communiste, s’il peut être vécu comme affaire « d’opinion » ou de « sensibilité » est en réalité le résultat des réalités objectives de la lutte des classes – dont l’opinion ou la sensibilité ne sont que des effets :

« Parce qu’ils veulent agir dans l’histoire, les communistes se contraignent à une sorte particulière d’ »ascèse » ou de « discipline mentale » en matière politique : celle même que tout chercheur scientifique s’impose dans sa pratique, la discipline de l’esprit scientifique.[25] » 

L’idée que le marxisme est « pour tout le monde », qui s’impose en 1979, n’est pourtant pas très éloignée de celle qui consisterait à dire qu’il n’est « pour personne ». Si le marxisme n’est plus la théorie propre du « parti de la classe ouvrière », le risque est en réalité grand que son intérêt pour lui s’estompe petit à petit. Mais cela concernera la période qui suit celle qui a fait l’objet de cette étude.

Un « guide pour l’action »

Toute l’histoire que l’on vient d’esquisser pourrait en définitive être expliquée, voire résumée par une remarque : jusqu’à l’époque de leur plus grande puissance politique, les communistes viennent au marxisme parce qu’ils sont communistes et non au communisme parce qu’ils auraient préalablement été marxistes.

Cela est également vrai de la plupart des intellectuel·les communistes. Leur marxisme est en un sens instrumental : le moyen de donner sens à leur engagement, de lui donner cohérence, force et efficacité. Ce n’est pas d’abord un choix théorique. Il peut arriver, et il arrive parfois, que la théorie elle-même s’en ressente, mais le plus souvent c’est au contraire son aliment essentiel.

C’est particulièrement net, comme on l’a vu, à propos de la théorie économique marxiste élaborée par les économistes du PCF, la théorie du CME : elle a été utilisée par le PCF pendant de nombreuses années. Il a pris appui sur elle pour élaborer le Manifeste de Champigny en 1968, puis pour concevoir son programme en 1971, pour négocier le Programme commun en 1972, et pour chercher à le renégocier en 1977. Le cas est d’autant plus notable que ce qui est ici utilisé est bien un « développement » de la théorie marxiste, quels qu’en soient les mérites ou les limites, et non la simple utilisation d’un marxisme intemporel conçu comme achevé.

Les développements proprement philosophiques du marxisme ont sans doute été d’une utilisation moins directe, mais la direction du Parti les a néanmoins parfois mobilisés, en particulier autour de la session d’Argenteuil du Comité central en 1966, qui a eu une grande importance dans l’élaboration et l’évolution de sa politique générale.

De même les travaux marxistes des historiens du Parti sur le réformisme ou sur les rapports du Parti et de la société française ont à l’occasion contribué de façon effective à la formation de sa politique. La direction prendra aussi par exemple souvent appui sur les analyses qu’elle demande au sociologue marxiste Michel Simon, un temps membre du Comité central.

CERM, IMT ou IRM ne sont pas de simples dérivatifs pour intellectuel·les en mal de théorie, ni ne sont détachées de la vie du Parti, pas plus que ne le sont La Nouvelle critique ou La Pensée, sans parler bien sûr des Cahiers du communisme, de France nouvelle ni de L’Humanité ou des Éditions sociales. Les instituts de travail théorique du PCF comme ses publications travaillent effectivement, sont traversés de débats parfois très riches, et leurs travaux se diffusent d’une manière ou d’une autre dans le corps militant, entre autres à travers les actions de formation interne, et l’effort personnel – certes inégal – des unes et des autres, en particulier des responsables à tous niveaux du Parti.

La presse communiste laisse une place aux travaux de réflexion théorique, qui irriguent également le Parti. L’incitation à la lecture est permanente. Chaque initiative militante comporte une « table de diffusion » permettant la vente des livres publiés par les Éditions sociales et d’exemplaires des revues du Parti. Économie et politique est diffusée parmi les militant·es des cellules d’entreprise et les syndicalistes.

De nombreux et nombreuses intellectuel·les, parmi lesquel·les des théoricien·nes marxistes de toutes disciplines, participent par ailleurs, comme les autres militant·es, à la vie du Parti, non seulement dans ses écoles de formation, mais aussi dans son encadrement, dans les cellules, sections et fédérations comme au Comité central (tant parmi ses membres que parmi ses collaborateurs et collaboratrices) et au Bureau politique.

Les dirigeant·es du PCF, qui se considèrent d’abord fort·es de leur conscience de classe, stimulée ou enrichie par leur culture marxiste de base, mais aussi bien souvent par leurs lectures et leurs efforts d’étude, aiment à citer une formule devenue canonique : celle de Lénine, citant lui-même Engels, selon laquelle la théorie marxiste « n’est pas un dogme, mais un guide pour l’action. »

La formule permet sans doute à l’occasion d’évacuer à bon compte les argumentations théoriques qui pourraient faire douter des choix politiques du moment, mais quelles que soient ses limites, et à travers les contradictions qu’une interprétation paradoxalement dogmatique a parfois pu en produire, elle dit en définitive la vérité des rapports entre le PCF et le marxisme.

Même si l’on peut constater que – à l’exception notable d’Argenteuil – on ne trouve que peu de trace de questions directement théoriques dans les travaux du Comité central du Parti, et qu’elles sont relativement rares dans les relevés de décision du Bureau politique, on ne saurait prétendre que la direction du PCF ne s’appuie pas, dans la période que nous avons étudiée, sur la théorie marxiste, quand bien même on renoncerait à inclure dans cette notion la politique communiste elle-même.

On peut ainsi dire que l’on est ici assez loin de ce que serait un « marxisme occidental » déconnecté du mouvement ouvrier : le Parti communiste français, qui entendait être « le parti de la classe ouvrière » a bien tout au long de ces deux décennies, comme intellectuel collectif, que ce soit à travers sa direction ou à travers ses intellectuel·les, ses publications ou ses institutions, produit de la théorie marxiste, et celle-ci a bien souvent été pour lui un véritable « guide pour l’action ». Mais c’est toujours sa réflexion politique qui fixe la mesure dans laquelle il se laisse guider.

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Photo : Mémoires d’Humanité/Archives départementales de la Seine-Saint-Denis

Notes

[1]Roger Bourderon, Jean Burles, Jacques Girault, Roger Martelli, Jean-Louis Robert, Jean-Paul Scot, Danielle Tartakowsky, Germaine Willard et Claude Willard, Le PCF, étapes et problèmes – 1920-1972, Éditions sociales, 1981.

[2]Collectif, histoire du réformisme en France depuis 1920, Éditions sociales, 1976.

[3]Jean Elleinstein, Histoire de l’URSS, Éditions sociales, T1, La conquête du pouvoir (1917-1921), 1972, T2, Le socialisme dans un seul pays (1922-1939), 1973. T3, L’URSS en guerre (1939-1946), 1974, T4, L’URSS contemporaine, 1975.

[4]Alexandre Adler, Francis Cohen, Maurice Décaillot, Claude Frioux et Léon Robel, L’URSS et nous, Éditions sociales, 1978.

[5]À noter toutefois la publication huit ans plus tard sous la direction de Francis Cohen d’un nouvel ouvrage collectif, moins critique mais dans le même esprit d’analyse objective, concernant l’ensemble des « pays socialistes » : Socialisme(s), Éditions sociales, 1986.

[6]Waldeck Rochet et surtout Jean Kanapa.

[7]Dictionnaire critique du marxisme, sous la direction de Georges Labica et Gérard Bensussan, PUF, 2e édition, 1982. La notice Démocratie avancéeest de Georges Labica. Sur ce concept et son devenir, voir Laurent Lévy, Histoire d’un échec, op.cit.

[8]Christine Buci-Glucksmann, Gramsci et l’État, Fayard, 1975.

[9]Rapport de Georges Marchais au XXIIe Congrès, Le socialisme pour la France, Éditions sociales, 1976.

[10]Sur les conditions de cet « abandon » et sa portée, on renvoie à l’analyse proposée dans Laurent Lévy Histoire d’un échec, op.cit.

[11]La Nouvelle critique, janvier 1964

[12]En témoigne un important texte écrit dès 1976, Louis Althusser, Les vaches noires – interview imaginaire, op.cit.

[13]Louis Althusser, Conférence sur la dictature du prolétariat donnée à Barcelone le 6 juillet 1976. Texte publié par la revue en ligne Période.

[14]Jean Fabre, François Hincker et Lucien Sève, Les communistes et l’État, Éditions sociales, 1977

[15]Op.cit.

[16]Idem.

[17]La Nouvelle Critique, avril 1977, « Une conception résolument anti-étatiste : « Les communistes et l’État » », Entretien de Béatrice Henry et Olivier Schwartz avec François Hincker et Lucien Sève.

[18]Idem.

[19]Voir Laurent Lévy, Histoire d’un échec, op.cit.

[20]Georges Marchais, rapport devant de Comité central, 26 avril 1978, publié dans L’Humanité le 28 avril 1978.

[21]A noter que lors de la création de l’IRM, la direction du Parti a souhaité qu’y soient associés Jean Elleinstein et Louis Althusser, qui avaient pourtant tous deux, de manière différente, contribué à la « dissidence » née en suite de l’échec électoral de 1978, et été accusés de vouloir « liquider » le Parti.

[22]Claude Gindin, Du marxisme-léninisme à Marx au Parti communiste français, La Pensée, n°394, 2018.

[23]Texte publié dans Les intellectuels, la culture et la révolution, Éditions sociales, 1980.

[24]Idem.

[25]Jean-Yves Bourdin, La théorie politique marxiste est-elle scientifique ?, Cahiers du communisme, décembre 1978. L’auteur – qui mobilise par ailleurs des philosophes « non marxistes » – décrit le parti communiste comme une « institution scientifique de masse »

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