Dossier : Daniel Bensaïd, marxiste intempestif
Daniel Bensaïd est mort le 12 janvier 2010. Indissociablement militant révolutionnaire et théoricien marxiste, il était le fondateur et un animateur inlassable de la revue Contretemps. Auteur de nombreux ouvrages et articles (qu’on pourra trouver sur le site Daniel Bensaïd, impulsé et animé par la regrettée Sophie Bensaïd), il a contribué à faire vivre l’héritage de Marx et Engels à rebours de toute tentation doctrinaire et à distance des orthodoxies d’État ou de Parti.
Lancé en 2001, le projet initial de Contretemps visait à s’inscrire dans la dynamique de renouvellement des mouvements sociaux en tissant des liens entre engagement militant et recherches universitaires ; entre la génération formée dans l’effervescence des années 1970 et la nouvelle formée dans le contexte des contre-réformes néolibérales ; entre les controverses nationales et les recherches internationales ; entre les marxismes et les sociologies critiques.
Après vingt-deux numéros thématiques parus entre 2001 et 2008, mis à disposition sur notre site, un nouveau dispositif articulant revue papier et revue web a été lancé à l’automne 2008 à l’occasion de la fusion avec la revue théorique de la LCR, Critique Communiste, qui a permis de construire une nouvelle revue, indépendante de toute organisation et dont Daniel présentait le projet ici. Fidèle à l’exigence de penser le monde comme totalité pour le changer, cette revue était conçue comme un outil de réflexion visant à donner un contenu programmatique et une visée stratégique à l’anticapitalisme.
Pour Daniel, ce fut un moment de passage. Soucieux de préserver l’interaction féconde entre les développements de l’analyse critique et l’action politique, il s’agissait pour lui de soutenir l’émergence d’une nouvelle équipe d’animation. Si celle-ci a évolué avec le temps, nous tentons de faire vivre au présent l’héritage politique et intellectuel de Daniel Bensaïd, à distance du dogmatisme rigide comme de l’éclectisme facile, en cherchant à combiner l’exigence de l’élaboration intellectuelle et la nécessité de l’intervention politique.
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