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« On fabrique, on vend, on se paye ». C’est ce qu’ont fait les grévistes de Lip en 1973, il y a cinquante ans. La grève des Lip porte en elle les aspirations d’égalité et d’émancipation qui nous anime, elle nous parle, elle nous inspire, elle est notre patrimoine commun. Contretemps soutient les initiatives collectives pour les 50 ans de Lip, en signant l’appel qu’on lira ci-dessous, et en s’associant à l’organisation de deux journées de rencontres et d’échange les 17 et 18 juin 2023, dont le programme est publié à la suite du texte d’appel. 

Le texte de l’appel

« On fabrique, on vend, on se paye ».

C’est ce qu’ont fait les grévistes de Lip en 1973, il y a cinquante ans.

Ouvrières et ouvriers de l’horlogerie à Besançon ont défié l’ordre et la légalité capitaliste des mois durant.

Parce qu’elle a incarné l’insubordination ouvrière des années 68 et la convergence des combats de cette période, notamment avec celui du Larzac ;

Parce qu’elle a rendu vivante, en pratique, l’idée d’autogestion avec la remise en route de la production de montres et le versement de « payes sauvages » pour financer la grève ;

Parce qu’elle a été traversée, percutée, par l’affirmation féministe ;

Parce qu’elle a été une importante lutte contre les licenciements en ces premiers temps de montée au chômage de masse :

La grève des Lip porte en elle les aspirations d’égalité et d’émancipation qui nous animent, elle nous parle, elle nous inspire, elle est notre patrimoine commun.

Nous souhaitons faire vivre la mémoire de cette grève et l’interroger au présent, au travers de nos résistances, de nos luttes et de nos espoirs d’aujourd’hui.

Et nous n’en manquons pas à l’heure des imposantes et décisives mobilisations pour la défense du droit à la retraite.

Nous proposons que des initiatives soient prises nationalement, en lien avec celles existant à Besançon.

Nous invitons à deux temps forts pour ce cinquantenaire :

Les samedi 17 et dimanche 18 juin 2023 : parce que la date du 18 juin 1973 est celle de l’AG des grévistes de Lip qui décida de la relance de la production.

Les samedi 30 septembre et dimanche 1er octobre 2023 : en écho à la manifestation nationale du 29 septembre 1973 à Besançon de 100 000 personnes en solidarité avec les Lip.

*

Hier comme aujourd’hui : Lip, Lip, Lip, hourra !

Les premiers signataires de l’appel : 

  • Alternative ESS
  • Amis de Tribune socialiste
  • Association Autogestion
  • Ateliers Travail et Démocratie
  • Attac
  • Cerises, la coopérative
  • Confédération paysanne
  • Contretemps, revue de critique communiste
  • Éditions Syllepse
  • FSU
  • Institut Tribune socialiste
  • Politis
  • Réseau AAAEF
  • Réseau féministe « Ruptures »
  • La Révolution prolétarienne
  • Syndicollectif
  • Union syndicale Solidaires
  • Les Utopiques

Le programme des journées du 17 et 18 juin 2023

Les samedi 17 et dimanche 18 juin prochains se tiendront deux journées d’échanges et de partages autour de la lutte des Lip de 1973 dans les locaux de l’Union syndicale Solidaires à Paris. Autogestion, anticapitalisme, émancipation, féminisme : 50 ans après, que nous dit cette lutte emblématique aujourd’hui ? 

Dans les locaux de l’Union syndicale Solidaires, 31 rue de la Grange-aux-Belles, Paris 10 (M° Colonel Fabien)

Samedi 17 juin

9h30 : ouverture des journées / Projection de La marche sur Besançon – Lip II de Carole Roussopoulos (1973, 20 mn)

11h, Table-ronde n°1 : Sur les luttes ouvrières des années 1970 : 

  • Animée par Daniel Richter, de l’Institut Tribune Socialiste (ITS). Les années 1970 ont été des années « d’insubordination ouvrière », la lutte des Lip s’y inscrit pleinement. 

Intervenants : 

  • des militant·es des luttes de la période ;
  • Georges Ubbiali, sociologue, Université de Bourgogne Franche-Comté

14h30, Table-ronde n°2 : « Comment la lutte des ouvrières de Lip a changé leur vie »

  • Animée par Monique Dental du Réseau Féministe « Ruptures »

La lutte et la réflexion collectives ont brisé l’isolement des femmes dans leur famille et remis en cause la division sexuelle du travail. Elles ont pris la parole pour poser des questions qui, souvent, dérangent car elles contestent « l’ordre établi » au travail, mais aussi bien au-delà. Ce faisant, elles donnent à l’évènement sa dimension globale. Il s’agira aussi de questionner les rapports entretenus entre les femmes de Lip et le mouvement féministe.

Projection de Christiane et Monique – Lip V de Carole Roussopoulos (1976, 30 mn)

Intervenantes : 

  • Hélène Fléckinger, historienne du cinéma et de la vidéo légère, maîtresse de conférences en études cinématographiques à l’université Paris 8 ;
  • Lucie Cros, chercheuse en sciences sociales, Université Bourgogne Franche -Comté

Dimanche 18 juin

10h, Table-ronde n°3 : Sur l’unité syndicale et l’auto-organisation

  • Animée par Théo Roumier, de Solidaires

Après un retour sur les rapports qu’entretenaient unité syndicale et auto-organisation pendant la lutte des Lip, en 1973 et dans les années qui ont suivi, nous débattrons de ce qu’il en est aujourd’hui avec des responsables syndicaux et syndicales.

Intervenants : 

  • Simon Duteil et Murielle Guilbert, porte-paroles de Solidaires ;
  • Benoît Teste, secrétaire général de la FSU ;
  • un·e responsable de la Confédération Paysanne ;
  • un·e responsable de la CGT

14h, Table-ronde n°4 : Sur les reprises d’entreprises

  • Animée par François Longérinas, de Politis

Nous discuterons de ce que posent comme questions les stratégies de reprises de production dans le cadre des luttes (comme à Lip) et ce que permettent/promettent les reprises/récupérations d’entreprise (notamment sous forme de Scop).

Intervenants : 

  • Robi Morder, Association Autogestion ;
  • Richard Neuville, Réseau international de l’économie des travailleurs ;
  • Kamel Guemari, de l’Après M ;
  • Maxime Quijoux, sociologue et politiste, chargé de recherche au CNRS

Durant les deux jours :

  • Exposition d’affiches autour de la lutte des Lip, réalisée par l’ITS
  • Librairie des éditions Syllepse et tables de presse
  • Café
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